La loi « séparatisme » va sans doute s’ajouter à la longue histoire du contrôle de plus en plus précis de l’Etat sur l’ensemble de nos vies.
Quelques articles pour s’informer, suivis de remarques :
- La loi « séparatisme » concernera l’ensemble du monde associatif et tous les cultes - L’Assemblée nationale poursuit cette semaine les débats sur la loi « confortant les principes républicains ». Plusieurs mesures veulent renforcer les contrôles de l’État sur toutes les associations et les religions.
- « Séparatisme » : le Parlement expédie les débats de fond sur la loi de 1905 - L’examen en accéléré du projet de loi « confortant les principes de la République » a quasiment évacué, vendredi et samedi, tout débat approfondi sur la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Il s’attaque pourtant à ces trois piliers de la démocratie que sont la liberté d’expression, la liberté de culte et la liberté d’association.
- Sur le Monde, on voit la volonté de contrôle liberticide du régime :
- Loi séparatisme, un contrôle toujours plus étendu de l’Etat sur l’ensemble de nos vies
- Ancien dispositif panoptique en prison
La loi « séparatisme » s’ajoute aux mesures policières sensées endiguer le terrorisme. Le problème c’est que le terrorisme est notamment lié à l’existence de l’Etat, de systèmes autoritaires (et du capitalisme). Remarquons au passage que l’Etat et le capitalisme font infiniment plus de dégâts et de morts que les terroristes, qui ne sont que leurs imitateurs amateurs.
Donc, par un surcroit de présence liberticide, l’Etat français prétend lutter contre le terrorisme qu’il contribue à générer. C’est comme si un assassin étrangleur prétendait soulager les conséquences de sa prise d’étranglement en resserant davantage son étreinte !
L’Etat et ses gouvernements ne veulent rien laisser leur échapper, il leur faut simplifier et surveiller pour régner et soumettre, détruire et empêcher toute menace réelle ou supposée de manière préventive, toute velléité d’autonomie et de liberté, avant même qu’elles n’émergent.
C’est bien sûr impossible, c’est pourquoi le moloch étatique doit sans cesse boucher les failles potentielles, empiler de nouveaux dispositifs de contrôle intrusif, de surveillance panoptique et de répression, d’état d’urgence permanent, des dispositifs toujours plus sophistiqués, étendus, autoritaires, liberticides, coercitifs, des dispositifs de technopolice privée ou publique dessinant un système totalitaire, où même les sujets ordinaires sont "invités", enrôlés, à participer au système policier (ce fameux "continuum de sécurité globale") d’une manière ou d’une autre (chasseurs enrôlées, personnes de confiance pour les renseignements généraux, délation, cellule DEMETER Fnsea, citoyens vigilants, stages policiers massifs pour les jeunes...).
La loi « séparatisme » est l’un de ces dispositifs, qui vise aussi bien les musulmans, que les désobéissants et toutes les associations un tant soit peu déviantes, ou encore les familles qui veulent que leurs enfants échappent au casernement scolaire.
- Loi séparatisme, un contrôle toujours plus étendu de l’Etat sur l’ensemble de nos vies
- Nouveau dispositif panoptique, étendu à l’ensemble de l’espace publique : caméras, IA et reconnaissance faciale automatisée
L’Etat doit paraître fort, omniscient et infaillible. En réalité, c’est un colosse aux pieds de sable, il est aveugle et échoue en permanence, la pandémie covid-19 le montre. Alors il doit faire illusion, réduire en cendre les traces de sa violence et de ses failles abyssales, il doit sidérer toute résistance par la permanente démonstration juridique et militaire d’une force spectaculaire, il doit faire en sorte que la servitude volontaire soit la plus répandue possible afin d’éviter d’être submergé et anéanti.
A présent, malgré les protestations et la mise à nu des violences policières structurelles, le gouvernement ne veut pas du tout endiguer le système policier, bien au contraire, il veut surtout changer son image par de nouvelles campagnes de communication positive (séries télévisées, mise en scène, vidéos sur les réseaux sociaux...).
Il est donc impossible d’endiguer véritablement les velléités totalitaires et terroristes intrinsèques à l’Etat (à la culture de la civilisation), on peut éventuellement les ralentir moyennant beaucoup d’efforts.
Comme le capitalisme, son complice et miroir, l’Etat est irréformable, les mouvements de résistances doivent donc forcément viser à le réduire, si ce n’est à le détruire.
Trois articles pour creuser de manière critique ce sujet :
- L’Etat et le capitalisme, agents permanents d’insécurité et de séparatisme violents - Le système en place détruit, contrôle et sépart sous prétexte de « votre sécurité »
- JAMES C. SCOTT - L’ŒIL DE L’ÉTAT - Moderniser, uniformiser, détruire [Fiche de lecture]
- Affaires privées. Aux sources du capitalisme de surveillance [Note de lecture] - Nos amis d’Antiopées nous ont transmis une nouvelle note de lecture sur le livre de Christophe Masutti intitulé Affaires privées. Aux sources du capitalisme de surveillance, (Caen, C&F éditions, mars 2020). En plus d’éclairer quelques facettes de notre présent numérique et panoptique, on y apprend quelques éléments sur la naissance de l’expression « Capitalisme de surveillance », très en vogue depuis la publication d’un livre éponyme de Shoshana Zuboff.
- Loi séparatisme, un contrôle toujours plus étendu de l’Etat sur l’ensemble de nos vies
- L’empire de l’Etat s’étend sur nos vies, « protégées » par des soldats en armure
Conseil de lecture de Nantes Révoltée :
➡️Après l’indispensable ouvrage "Répression, l’Etat face aux contestations politiques", Vanessa Codaccioni revient chez Textuel avec un livre sur la surveillance ("La société de surveillance - Auto-surveillance, délation et haines sécuritaires"), et plus particulièrement sur la façon dont l’Etat nous utilise pour nous surveiller, et nous réprimer, les uns les autres. Elle démontre que dans nos sociétés ultra sécuritaires, les gouvernements déploient diverses technologies et techniques tout en mettant à contribution notre responsabilité individuelle afin de mieux nous contrôler. Nous ne sommes plus seulement des êtres surveillés, nous participons également à cette surveillance et adoptons des comportements policiers. Même si le principe de délation existe depuis plusieurs siècles, l’autrice observe que de nos jours de nombreux moyens se mettent en place dans notre vie quotidienne pour créer une soi-disante « société de vigilance ». Faire de nous des « citoyen.n.e.s antiterroristes » qui aident l’Etat. Il s’agit évidemment de stigmatiser une partie de la population afin de mieux la réprimer. Plus qu’une simple vigilance c’est derrière, en réalité, tout un processus qui incite à plus de contrôle et qui vise l’obéissance de chacun.e d’entre nous.
voir : Sécurité Globale, De quel droit ? - Un film réalisé par Karine Parrot et Stéphane Elmadjian
« On a le sentiment d’un mouvement sans fin, d’une succession continue de lois qui donnent toujours plus de pouvoirs à l’État pour contrôler, surveiller et réprimer la population dans le cadre d’une politique de tolérance « zéro ». Mais la délinquance ne va jamais disparaître, elle est un phénomène normal, comme disait Durkheim, elle se réorganisera toujours pour s’adapter aux nouveaux moyens de surveillance. Or, le résultat ultime de ce mouvement vers toujours plus de surveillance ce sera une société )totalitaire où les citoyens seront surveillés du matin jusqu’au soir. Là, il y aura peut-être des résultats en terme de lutte contre la criminalité mais ce sera au prix d’une société Orwellienne. »
« Cette texte va légaliser plusieurs mesures de technopolice, plusieurs pratiques de surveillance dites intelligentes, utilisant des capteurs sonores, thermiques, des capteurs d’odeurs et aussi des capteurs d’images. Ces dispositifs sont très attentatoires aux libertés, ils menacent nos vies privées mais aussi les libertés d’opinion et d’expression parce que, logiquement, quand on se sent surveillés, on a tendance à se censurer. Or, la loi surprend par la faiblesse des garanties qui entourent l’utilisation de ces dispositifs de surveillance ».
« A mon sens, il ne faut pas saisir le débat autour de cette loi sur la sécurité globale uniquement en terme de grandes libertés fondamentales. Ce qui est en jeu à travers chacune des mesures de cette loi – qu’il s’agisse des polices municipales, des agents de sécurité privé ou de la surveillance par drone – c’est la qualité d’espace public ouvert. Ce texte, en quadrillant l’espace public, cherche à remettre en cause sa qualité de chose commune dont nous pouvons jouir et user collectivement. Il cherche à isoler et étiqueter les personnes qui circulent dans cet espace dont en principe personne ne peut être exclu ».
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