Réponse du CNNR Valence

lundi 15 février 2021, par Lila.

Cet article répond à une publication de Ricochets en mai 2020 concernant le CNR et le CNNR

Valence, le 14/02/2021

"Indiens du futur",

C’est une femme du présent qui vous écrit. Maman, enseignante et militante depuis toujours pour la protection ( la survie) du vivant, le respect de la planète et la dignité des espèces.

Accessoirement, je suis référente du collectif CNNR de Valence.

Vos articles acerbes et méprisants concernant le CNR et le CNNR m’ont profondément blessée. Jusqu’alors, je "buvais" les articles éclairants de ce journal comme du petit lait.

Citation d’un article : CNNR & GREEN NEW DEAL : évitons de refaire les erreurs d’avant
Mai 2020, je cite : "Le CNR (Conseil national de la résistance) n’avait pas pour but de nous libérer de la double tyrannie de l’État et du capitalisme, d’en finir avec l’aliénation nationale (le mythe de la nation), mais au contraire de restaurer ou d’instaurer une digne servitude moderne, une aliénation (nationale) heureuse, avec congés payés et abondance en magasin, « c’était le compromis fordiste intégrant les travailleurs dans la consommation pour tous et la culture de masse marchandisée »
Les instigateurs de ce CNNR proposent des choses du même ordre, c’est grotesque, mais ça plaît. "

Carrément ?!

Pourtant voici ce qu’écrivait Camille Pierrette en décembre 2019 : " Cette insurrection est cruciale. Elle permet d’imposer la plus grande vague de conquêtes sociales du siècle. Le patronat français,qui a massivement collaboré avec les nazis, est totalement discrédité. Il n’a le droit que de se taire ou de se faire tirer dessus. La résistance communiste est armée, les maquis sont nombreux sur le territoire. Le rapport de force populaire est énorme. Il permet d’imposer le programme du Conseil National de la Résistance. Un programme intitulé « les jours heureux », qui comprend un « plan d’action immédiat » : la sécurité sociale et des retraites généralisées, le contrôle des « féodalités économiques », le droit à la culture et à l’éducation pour tous, une presse délivrée de l’argent et de la corruption, des lois sociales ouvrières et agricoles. A l’époque, tout le monde s’accorde à dire que la lutte contre le fascisme, passe par le progrès social.

C’est donc, dans un pays exsangue et ruiné - infiniment plus pauvre que la France actuelle -, la mise en œuvre d’une gigantesque opération de redistribution des richesses. Chacun doit avoir accès à la santé gratuite et à la retraite sans condition. Nous l’avons oublié, mais cet acquis immense, qui parait évident a été arraché de haute lutte, gagné par le sang des Résistants.

Aujourd’hui, le gouvernement Macron incarne l’opposé des idéaux de la résistance. Il y a quelques années, le vice-président du MEDEF, à la tête du patronat, déclarait : « il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du CNR ». A présent, les descendants des patrons collabos sont au pouvoir. Macron massacre littéralement le programme de la Résistance. Un programme dont tout le monde profite encore aujourd’hui, grâce au courage de quelques uns.
L’attaque du système de retraites est un des derniers héritages – sans doute l’un des plus importants – du CNR qu’il reste à détruire
."

Que rajouter de plus ? Que ces hommes et ces femmes ont risqué leurs vies et sont morts pour un idéal de justice et d’équité. Nous ne pouvons imaginer le climat de terreur et de lâcheté qui régnait à ce moment-là.... pas sûre de faire mieux qu’eux. Sûre aussi qu’il leur était impossible d’anticiper jusqu’à quel point abject leur beau projet serait détourné et avili. Facile de les critiquer aujourd’hui ...

Toujours dans l’article de mai 2020 : "La gauche, du moins, cette gauche, du CNNR et du Green New Deal (ou New Deal Vert), qui ne comprend pas quels sont les problèmes actuels, qui se propose donc, pour l’essentiel, de les préserver, c’est tout de même une sacrée blague. "

C’est une insulte donc d’être de gauche aujourd’hui ? Tout comme ceux qui pensent que faire de la politique c’est un gros mot, un hobby de bobo en mal d’occupation ... bravo. Les financiers de droite qui sont ultra-présents et combatifs sur ces rings-là on encore de beaux jours devant eux.
Vous êtes aveuglés par votre colère (je le suis aussi certainement) et tous les boucs émissaires sont bienvenus. Le mot gauche ( comme démocratie, citoyen, lanceur d alerte) est à présent perverti, je suis d’accord. Mais je rejoins les propose de Geoffroy de la Gasnerie sur ce qu’est la vraie gauche ( et pas la gauche progressiste actuelle qui a glissé et s’est perdue) :
https://www.youtube.com/watch

Concernant à présent le programme du CNNR, qui je le rappelle est une instance toute récente, avec ses balbutiements et ses erreurs, voici ce que préconise le Manifeste " Ensemble créons de nouveaux jours heureux :
Aujourd’hui, quelles sont les oppressions ? Nous en voyons trois, « les barbaries » :
La première barbarie regroupe ces systèmes qui permettent de dominer, d’exclure, par extension de détruire des groupes humains : capitalisme, sexisme, autoritarisme, totalitarisme, fascisme, nationalisme, racisme, colonialisme, etc...
La seconde c’est la combinaison du management, de la bureaucratie et de la compétition généralisée.
La troisième est la gigantesque domination des humains sur les « autres qu’humains » c’est à dire de tous les êtres vivants qui partagent notre maison commune.

L’interaction de ces 3 barbaries provoque un écocide : destruction de notre maison commune à nous les vivants.
« ... qui ne comprend pas quels sont les problèmes actuels, qui se propose donc, pour l’essentiel, de les préserver,... », je ne peux pas vous laisser affirmer un mensonge pareil.

Pour en terminer avec cet article, sur quelle base factuelle vous appuyez-vous pour associer dans un titre racoleur digne de Libération ou Le Parisien, CNR et New Green Deal ?


Forum de l’article

  • Réponse du CNNR Valence Le 8 mars 2021 à 16:00, par Indiens du Futur

    Quelques remarques (un peu en retard) :

    Tout d’abord, en relisant les titres de nos articles qui critiquent le CNNR (en reprenant des propos d’autres personnes), on s’est dit que sans doute qu’ils étaient un peu trop provocateurs, désolé, le but n’était pas de blesser des personnes, juste de secouer le cocotier, on en a un peu marre de voir les choses se répéter dans des ornières. Pour la suite, on essaiera de faire mieux.

    Ok le CNNR c’est encore nouveau, c’est pas forcément figé et ce mouvement (?) pourrait évoluer dans diverses directions.

    Ok y a des généralités « sympas », mais quand on lit certaines phrases (voir sur le site) on se dit que ce type de mouvement tourne en rond :

    • Dans le préambule : « La rupture avec le capitalisme financier et clandestin est la condition absolue de toute transition écologique. » Bof, le capitalisme est un problème, quelle que soit sa forme et son secteur. La « transition écologique » ça ne veut plus rien dire, tout le monde le reprend pour évoquer tout et son contraire
    • « refondation de la démocratie » : la démocratie ne peut pas être « refondée » vu qu’elle n’a jamais existé en france. Et le paragraphe n’évoque pas l’option de la démocratie directe
    • paragraphe « travail et emploi » : aucune remise en cause du concept de travail ni du salariat ni de la monnaie, ni du concept fondamental de « Valeur »
    • paragraphe « éducation » : aucune remise en cause de l’éducation nationale étatique, que ce soit dans ses buts, ses orientations ou son fonctionnement. On voit aussi que « la recherche » est valorisée, sans remise en cause de l’innovation technologique et des buts (militaires et économiques) de cette recherche

    Dans la déclaration fondatrice on ne voit aucune trace d’une critique de la civilisation ni même de l’Etat.
    Au contraire, le rôle omniprésent de l’Etat est renforcé, on semble rester dans la technocratie.
    Ce qui augure mal des possibilités futures de transformations positives.

    # Le fait que le CNR et les résistant.e.s aient eu de grands mérites à une époque n’interdit pas de critiquer certaines de leurs orientations, ou de critiquer le fait qu’ils participaient à une culture comprenant de gros problèmes fondamentaux

    On ne voit pas non plus de remise en cause de l’industrialisme ni du « progrès » technologique.
    Et puis les autres êtres vivants ne semblent pas avoir d’importance en soi pour le CNNR, qui parle surtout de biens communs (L’air, l’eau, la biodiversité, la santé, l’éducation, la culture, les connaissances, la recherche, le climat). On dirait que le vivant non-humain est envisagé surtout en fonction des besoins humains et des ressources pour l’humanité.
    Tout ça annonce mal des transformations radicales écologiques et sociales, mais ressemble plutôt à un simple « relookage » des anciennes conceptions de gauche concernant l’Etat, la civilisation et l’écologie.

    Dans le passé, quasi toutes les composantes de gauche, y compris les anarchistes, à part quelques personnes et courants, se sont fourvoyées dans le rêve d’émancipation par la croissance de la production et du progrès technologique, dans la poursuite de la civilisation, de la civilisation industrielle,. On a vu ce que ça a donné.
    Et la plupart des courants de gauche ont accepté/intégré, bon an mal an, le capitalisme. Là aussi on voit le résultat. Le capitalisme reprend petit à petit les concessions qu’il avait été contraint de laisser. Tant qu’il n’est pas mort, que ses fondements idéologiques et matériels sont là, il renaît et s’étend.

    On n’est pas contre la gauche, on ne pense pas que la gauche c’est de la merde en soi, mais que malgré de bonnes bases y avait des gros pans fondamentaux à côté de la plaque, qu’on pourrait dire incomplets, impensés, pas vus, et qui continuent hélas à être très-trop présents, à entraîner personnes et mouvements vers des impasses, des désastres, des cul de sac qu’on ne peut plus trop se permettre si on croit les urgences écologiques et sociales qui menacent l’ensemble du vivant et des mondes qui le soutienne.

    Et puis l’objectif du CNNR reste bien flou non ?
    Qu’est-ce que c’est ? Un cercle de réflexion, une organisation de lobbying en direction de partis et d’élus ? Un mouvement destiné à ratisser des gens au profit d’un parti de gauche pour les élections ?

    - Voir également notre article : Ecologie et luttes sociales : faux-amis et vrais ennemis, une clarification vitale : Evitons de nous enliser davantage dans des impasses mortelles

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