CNNR ET GREEN NEW DEAL : PERPÉTUER LES ERREURS DU PASSÉ
Le CNR (Conseil national de la résistance) n’avait pas pour but de nous libérer de la double tyrannie de l’État et du capitalisme, d’en finir avec l’aliénation nationale (le mythe de la nation), mais au contraire de restaurer ou d’instaurer une digne servitude moderne, une aliénation (nationale) heureuse, avec congés payés et abondance en magasin, « c’était le compromis fordiste intégrant les travailleurs dans la consommation pour tous et la culture de masse marchandisée », c’était l’idéal des « Trente Glorieuses », trente années de désastres socio-écologiques maquillées en Progrès, d’où le merdier actuel (pour plus de détails, lire : http://www.palim-psao.fr/article-la-misere-d-hier-et-d-aujourd-hui-des-jours-heureux-du-conseil-national-de-la-resistance-l-altermondialisme-en-question-51388174.htm). Les instigateurs de ce CNNR proposent des choses du même ordre, c’est grotesque, mais ça plaît.
De la même manière, le New Deal de Roosevelt a « sauvé le système capitaliste de lui-même » (Michael Ignatieff, recteur de l’Université d’Europe centrale de Budapest). C’est-à-dire qu’il a sauvé la civilisation industrielle d’elle-même. Ce que se propose de faire, à son tour, le Green New Deal. Sauver la civilisation industrielle d’elle-même, quel bel objectif. S’assurer que cette formidable entreprise d’asservissement total des êtres humains et du monde naturel plus généralement puisse perdurer.
La gauche, du moins, cette gauche, du CNNR et du Green New Deal (ou New Deal Vert), qui ne comprend pas quels sont les problèmes actuels, qui se propose donc, pour l’essentiel, de les préserver, c’est tout de même une sacrée blague.
(post de Nicolas Casaux)
- CNNR & GREEN NEW DEAL : évitons de refaire les erreurs d’avant
- + Agir contre la réintoxication du monde : appel à bifurquer le 17 juin (Illustration : Alessandro Pignocchi)
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Méfions nous des écologies de synthèse !
Les appels à faire front commun pour le climat sans proposition de fonds sont un danger même pour l’écologie. Plus qu’un coup de peinture verte, un tournant radical doit être pris.
Depuis près de deux ans désormais, la question écologique est devenue centrale dans le débat public citoyen en France. Auparavant simple cheval de bataille d’une partie de la gauche, elle s’est fait peu à peu une place centrale dans le débat politique de tous bords, jusqu’à presque devenir un incontournable dans chaque discours ou dans chaque programme. D’aucuns y voient ici la reconnaissance tant attendue, celle pour laquelle ont œuvré pendant tant d’années les mouvements et partis écologistes, mais la réalité ressemble plutôt à s’y méprendre à un enterrement en bande organisée.
L’on voit depuis quelques semaines sortir çà et là tribunes et autres appels à se rassembler, à faire front commun derrière l’écologie, en sortant des clivages politiques et des doctrines de partis. Outre le fait que tous ces grands manifestes sont toujours signés par des « célébrités », et jamais le reflet de la volonté collective, ils présentent un grand danger, car si la forme peut séduire, le fond reste introuvable, et le lyrisme de façade peine à cacher les ambitions qui se trouvent derrière, comme la ligne de mire de 2022. Si l’union d’une partie du spectre politique peut sembler intéressante pour certaines valeurs ou certains combats, un rassemblement au nom de l’écologie ne peut se faire au prix d’aucun sacrifice, ni aucun compromis.
L’écologie a souffert pendant trop d’années de la vision apolitique qu’on lui associait, de son côté absolument déconnecté des enjeux économiques et sociaux. Aujourd’hui, dans la crise que nous traversons et face à celles qui nous attendent, il est indéniable que l’écologie et la justice climatique ne sont pas de douces utopies, mais bien le liant nécessaire à l’articulation de toutes les composantes de notre société, une ligne de conduite organisatrice des nébuleuses politiques qui l’entourent. Aussi, c’est un système entier qui doit changer et s’adapter à un mode de vie résilient, et non pas l’écologie qui doit se conformer à des logiques économiques libérales, comme on a pu l’entendre à droite et à gauche (et malheureusement à gauche).
Dans la période cruciale que nous vivons, à un moment où le tournant écologique doit être pris plus que jamais, et de façon radicale, il serait destructeur que de se ranger derrière celles et ceux qui nous promettent pouvoir insérer la question écologique dans l’agenda politique actuel. Comment croire que des intérêts si puissants qui sont précisément la cause de ce contre quoi l’écologie se bat pourraient subitement s’adapter à elle ? Non, une écologie libérale n’existe pas. Non, une écologie apolitique n’est pas possible. Non, une écologie dans le système actuel ne sera jamais une écologie aboutie. Et toutes celles et ceux qui prétendent le contraire cachent derrière cela des intérêts incompatibles avec le combat pour une justice climatique. Car cette justice climatique est indissociable de la justice sociale, fondamentalement entravée par le système libéral-économique, et qu’une écologie des privilèges n’est plus de l’écologie.
L’écologie aujourd’hui ne peut plus se permettre le luxe de n’être qu’un argument à une table de négociations, qu’une part de marché qui donne un droit d’entrée dans un gouvernement. L’écologie aujourd’hui ne peut être que populaire, sociale et radicale. L’écologie aujourd’hui n’a plus le droit de fricoter avec le système qui la tue. Et si certain·es tentent de la déposséder de ses valeurs fondamentales, pour s’en faire un tremplin personnel, refusons leurs avances, et continuons de construire ensemble notre écologie, celle qui n’accepte pas de se faire piétiner et récupérer.
Méfions-nous alors des écologies de synthèse, des politiques environnementales diluées et vaines, qui ne seront qu’un maigre coup de peinture verte sur un système corrompu jusqu’à la moelle. Ne tombons pas dans le piège de celles et ceux qui ont intérêt à nous faire croire que l’écologie doit être faite de compromis, et qu’elle doit savoir s’intégrer au système libéral hégémonique. Refusons qu’elle soit arborée partout comme un engagement sincère de longue date, quand elle ne sert que des intérêts politiques temporels. Affranchissons-nous enfin des grands projets et des grandes ambitions qui nous viennent d’en haut, pour construire à plusieurs l’écologie que nous voulons mener, la vraie, celle qui vient d’en bas, celle qui n’a pas été négociée dans les hautes sphères, celle qui ne sera rien d’autre que populaire, celle qui ne cédera pas.
Noé Gauchard étudiant en sciences sociales, jeune militant pour le climat (sur liberation.fr et Désobéissance écolo Paris)
Mieux que les tribunes de Nicolas Hulot and co ou autre voeux pieux, cet appel :
Agir contre la réintoxication du monde - Écologistes, ZAD et syndicalistes appellent à bifurquer le 17 juin
Voir aussi : L’importance de distinguer effondrement de la civilisation industrielle et fin du monde - Nous n’avons pas le temps de continuer à considérer ce que l’on nomme « effondrement » comme étant fondamentalement une catastrophe.
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