Pour le régime, les associations non-alignées sont pénibles, elles peuvent être des nids de gauchistes, des refuges pour échapper au sinistre marché du travail ou des endroits de contre-pouvoir.
Alors le bloc bourgeois veut poursuivre l’éradication du milieu associatif, l’affaiblir davantage, le mettre au pas, comme tout ce qui pourrait lui échapper et le gêner.
Finis les substituts à bas coût des aides sociales et autres services publics assurés par des bénévoles et des salariés au rabais, les tyrans veulent faire place nette, pour qu’il ne reste que les fonctions choisies de l’Etat (essentiellement le dressage, la répression et la surveillance) et la froide main du Marché.
Avec un peu de charité, 100 balles et un mars de temps en temps pour endormir les gueux. Et s’ils montrent les crocs, ce sera la répression quoi qu’il en coûte.
Des individus démunis, dépendants, atomisés, seuls face à l’Etat et au Marché tout puissant, c’est le projet du régime.
Mais les régimes tyraniques et les projets totalitaires, ça se défait, ça se destitue, ça se dynamite.
- Nouvelle attaque du gouvernement pour détruire le monde associatif
La fin soudaine des services civiques : en marche pour détruire le monde associatif
Fin du service civique, coups de tronçonneuse dans les subventions : les 1,4 millions d’associations qui font vivre nos territoires sur la sellette
Jeudi 30 janvier, le mail de l’agence du service civique a fait l’effet d’une bombe au sein des associations : “Il est demandé à tous les organismes d’accueil de suspendre toute entrée en mission à partir du samedi 1er février, quand bien même un contrat a été signé”. Ainsi, ce sont des milliers de jeunes que l’on abandonne à 2 jours de commencer leur service civique.
Même pour ceux ayant démarré au 1er janvier, le flou persiste pour le versement de leurs indemnités : 620€ pour vivre – moins que le RSA donc – dont l’État prend 504,98€ à sa charge. Ce dispositif permettait depuis 2010 aux jeunes d’être – maigrement – rémunérés pour des « missions d’intérêt général » au sein d’associations. Il vient d’être suspendu.
Chaque année, ce sont 150.000 contrats en service civique qui sont signés pour les jeunes de moins de 25 ans. 150.000 personnes qui sans ce service civique, devront aller se battre pour des boulots sous payés sur le marché du travail, où le taux de chômage des jeunes – 17,2% – est déjà largement supérieur à celui de la population globale. Dans le même temps, les contrats aidés, qui profitaient aussi majoritairement aux jeunes, disparaissent avec le nouveau budget imposé par 49.3.
Pour beaucoup, le service civique était la dernière chance de ne pas rester sur le carreau, après avoir cherché un travail pendant des mois. Les engagé-es se trouvent en outre majoritairement dans des structures associatives qui ont cruellement besoin de forces vives pour continuer à fonctionner. Beaucoup d’associations reposent quasiment exclusivement sur les bénévoles et les services civiques.
Le monde associatif est la cible de tellement d’attaques ces dernières semaines qu’il est difficile d’en faire la liste. Les coupes budgétaires astronomiques qui lui ont été imposées sont telles que le secteur craint tout simplement pour sa survie. C’est tout un tissu économique et une vision du monde qui s’effondrent.
Qu’on ne se méprenne pas : il s’agit de choix idéologiques. Les milliards coulent à flot pour l’armée, la police et les aides au patronat, mais il n’y aurait pas le budget pour payer une misère à des jeunes remplissant des missions au service du bien commun ? Voilà où nous mènent les politiques ultralibérales : un monde où les associations n’existeront plus, où toute production devra être marchande.
Le Mouvement associatif, auquel adhèrent plus de 700.000 associations – soit la moitié des 1,4 millions d’associations recensées en France – publiait le 28 janvier dernier une lettre ouverte pour tirer la sonnette d’alarme. “Au-delà des enjeux financiers, c’est tout un modèle de société qui est remis en question” rappelle-t-il.” Quand une association de solidarité perd des subventions, ce sont des familles en grandes difficultés financières qui ne pourront plus partir en vacances”.
Si l’on devait schématiser, le néolibéralisme qui domine depuis les années 1980 a consisté à désengager progressivement l’État de ses missions essentielles : l’aide aux démunis, l’accès à la nourriture et au logement pour tous, l’éducation, l’accueil… Et si le système ne s’est pas effondré, c’est parce que les associations ont joué, de façon bénévole ou presque, le rôle de supplétif de l’État pour celles et ceux qu’il a abandonnés.
Les devoirs de l’État ont été comblés par des personnes dévouées sur tout le territoire. Les gouvernants ont renoncé depuis longtemps à résorber les inégalités, mais accordaient au moins aux associations les moyens de sauver les meubles. À présent, le système devient tellement violent envers les pauvres qu’il détruit même cette roue de secours, cette soupape de sécurité. C’est marche ou crève.
Le Mouvement associatif cite en exemple le Secours Populaire du Val de Marne, qui va perdre 77% de sa subvention, alors qu’au même moment, la précarité explose et que le nombre de bénéficiaires a augmenté de 50% depuis 2018. Les associations sportives, les colonies de vacances, l’aide aux réfugié-es, les associations de solidarité, les associations culturelles, les associations d’aide aux personnes âgées… Dans certaines communes, elles sont les seules présentes sur le terrain pour répondre aux besoins des populations locales. Le Mouvement associatif a par exemple rappelé l’énorme travail abattu par les associations à Mayotte suite au cyclone Chido.
200 000 associations se déclarent déjà aujourd’hui dans le rouge. Daniel Goldberg, président de l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux – uniopss – rappelle que les associations gèrent 30% des EHPAD, et 85 à 90% des associations de protection de l’enfance ou l’accueil des personnes en situation de handicap.
Mais ça, le gouvernement s’en fout. Ses idoles s’appellent Javier Milei et Elon Musk. Laisser crever les pauvres et les faibles pour continuer à enrichir les plus riches, le capitalisme n’a pas changé sa recette. Il s’agit de darwinisme social.
source, et liens : https://contre-attaque.net/2025/02/06/la-fin-soudaine-des-services-civiques-en-marche-pour-detruire-le-monde-associatif/