Nétanyahu est en train de perdre la bataille de Gaza

Relations Israel-Hamas

samedi 16 décembre 2023, par Gérard S.

Évolution des relations Israël-Hamas à la suite du cessez le feu et de l’échange d’otages contre prisonniers politiques palestiniens

Alors qu’on ne l’espérait plus le cessez-le feu tant attendu est arrivé. Il est essentiel pour permettre à l’aide humanitaire de lever partiellement la catastrophe sanitaire à Gaza où déjà 14.000 palestiniens ont été tués sous les bombes. Ce cessez-le-feu a été négocié entre Israël et le Hamas par le Qatar et a fait l’objet d’un accord mutuel entre les deux parties avec échanges d’otages du Hamas contre des prisonniers politiques palestiniens en Israël.

Dès le 7 octobre, Israël avait adopté une position très agressive et ferme : blocus complet de Gaza, bombardement intensif de Gaza et déplacement de la population vers le Sud de Gaza. A aucune condition un cessez-le-feu ne serait accepté avant d’atteindre deux objectifs : détruire complétement le Hamas en tant qu’organisation et libération de tous les otages. Avec le soutien inconditionnel des occidentaux, notamment les États-Unis, cette position a été maintenue fermement et répétée par Nétanyahu pendant plus de 6 semaines malgré les pressions des opinions publiques internationales

Lors de l’attaque du 7 octobre, l’un des principaux objectifs du Hamas était en échanges des otages la libération des prisonniers palestiniens, et en particulier des femmes et des enfants, détenus par Israël.
De son côté, Israel était persuadé que son offensive lancée dans le nord de Gaza allait neutraliser le Hamas en tant que menace militaire et permettre la libération des otages ou au pire leur mort sous les bombardements, conformément à la directive Hannibal
(qui stipule que les Israéliens faits prisonniers doivent être tués par l’armée plutôt que d’être laissés entre les mains de militants palestiniens) et ainsi éviter toute négociation avec le Hamas (des animaux). Le cessez-le-feu, quelle que soit la justification humanitaire, ne ferait que donner du temps à l’ennemi vaincu du Hamas pour se reposer, se rééquiper et se regrouper.

En fait, l’attaque du Hamas le 7 octobre est un plan précis, méticuleux élaboré depuis des années avec la mise en place d’une logistique de résistance importante : plus de 500 kilomètres de tunnels ("métro de Gaza") comprenant de profonds bunkers interconnectés et d’autres réseaux pour les opérations défensives et offensives. L’ensemble est suffisamment enterré pour résister aux bombardements à un siège de 90 jours. Les services de renseignement et les forces militaires israéliennes déployées autour de Gaza ont été étudiées en détail pour exploiter leurs faiblesses comme on l’a vu le 7 octobre.

A l’opposé le gouvernement israélien, malgré les informations du renseignement était convaincu que le Hamas n’était pas en position d’attaquer s’appuyant sur sa politique d’achat du Hamas à l’aide du programme élargi de permis de travail délivrés par Israël aux Palestiniens vivant dans la bande de Gaza.

Par son attaque du 7 octobre le Hamas avait trois objectifs :
1)Remettre sur la scène internationale la question d’un État palestinien.
2)Libérer les milliers de prisonniers politiques palestiniens détenus par Israël (7000) en échange de centaines d’otages israéliens pris lors de l’attaque et détenus dans Gaza.
3)Contraindre Israël à cesser de profaner la mosquée Al Aqsa, le troisième lieu saint de l’Islam. Ce dernier élément que les occidentaux sous-estiment (pénétration de la police dans la mosquée en avril 2023, multiples profanations par les colons juifs) est essentiel pour le Hamas pour unifier les différents groupes de résistances et mobiliser les populations arabo-musulmanes. Il a d’ailleurs donné son nom à l’attaque « Déluge d’Al-Aqsa
 »
A ces trois objectifs, des facteurs irrationnels sont intervenus pour que le gouvernement israélien se précipite sur la doctrine Dahiya, bombardement massif par Israël d’une banlieue de Beyrouth en 2006 pour punir la population et effacer pour l’affront du Hezbollah. La violence, la soudaineté, l’importance de l’attaque largement diffusée sur les médias, brisant le mythe de l’invincibilité israélienne et humiliant le gouvernement à la face du monde, celui-ci dans son besoin émotionnel de vengeance s’est précipité dans le piège tendu par le Hamas qui consiste à bombarder massivement Gaza pendant plusieurs semaines causant un nombre énorme de morts civils largement documentés sur les médias du monde entier, puis profitant de la mobilité et de la puissance de feu de leurs troupes blindées pénétrer dans dans les zones moins urbanisées du nord de la bande de Gaza avec des progrès illusoires comme le montre la réticence à communiquer le nombre de blindés perdus et de soldats blessés ou morts et surtout l’échec de la libération des otages.

Dans les premiers jours de l’attaque, Israël bénéficiait du soutien inconditionnel la communauté internationale mais sa réaction manifestement excessive et inappropriée a retourné l’opinion publique mondiale contre lui ainsi qu’un certains nombre de pays. Maintenant, Israël est de plus en plus isolé, les sentiments pro-israéliens aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Europe ont tendance à faiblir. La pression de la population Israélienne, notamment des familles des otages, les incertitudes sur l’efficacité de l’offensive terrestre, les otages toujours retenus après 6 semaines de recherche ont finalement contraint Netanyahu a accepté un cessez-le-feu avec l’échange de prisonniers signant ainsi l’échec de son attitude intransigeante du départ et la remise en cause de son avenir politique.

Pour le moment, le Hamas survit, il a semble-t-il obtenu l’immobilisation des forces israéliennes sur le champ de bataille, la libération de prisonniers politiques palestiniens, il possède toujours de nombreux otages. Netanyahu a été contraints de négocier avec des terroristes qui respectent leur engagement. Loin d’être éliminé en tant que force militaire et politique, il s’est imposé dans le monde arabo-musulman comme la voix et l’autorité les plus pertinentes pour défendre les intérêts du peuple palestinien. Surtout sur le plan international, la solution à deux États comme condition préalable à l’instauration d’une paix durable dans la région est à nouveau à l’ordre du jour.

Gérard Schmutz, Professeur Associé de l’Université de Sherbrooke


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