Continuons les remarques amorcées par l’article La police de Macron met des scientifiques en garde à vue ! concernant l’absence de prise en compte adaptée des catastrophes climatiques, écologiques et sociales générées par le système en place.
On voit bien en ce moment que les Pouvoirs écoutent les arguments scientifiques seulement quand ils y sont vraiment obligés ou que ça ne perturbe pas trop le système en place.
Commençons par ce bon édito de Reporterre :
- Le coronavirus fait la grève générale - La crise du coronavirus ébranle le monde d’une manière ahurissante. Et le confinement a le même effet qu’une grève générale : la mise à l’arrêt d’un système qui a failli sur les plans sanitaire et économique. C’est l’occasion de rebondir et de préparer une issue écologique et sociale. (...) Tout ceci rappelle que la question de la biodiversité est tout aussi importante que celle du changement climatique, sur lequel l’attention écologiste a tendance à se focaliser. En fait, il ne faut pas les traiter indépendamment l’une de l’autre. (...) Le Covid-19 est un symptôme du saccage écologique que le développement industriel ahurissant de la Chine a causé en quelques décennies. Un saccage qu’elle a choisi de ralentir, pas de stopper, continuant à se fixer des objectifs de croissance de plus de 5 % par an, qui sont délirants compte tenu de la taille de son économie et de l’état de la biosphère (...) la crise indique de la pire des manières que pour faire face à la catastrophe écologique, il faut bouleverser le capitalisme. (...) Le coronavirus rebat les cartes. Très bien. Usons le confinement pour préparer le nouveau jeu.
- Macron écoute les scientifiques ? Il va donc vouloir arrêter la Croissance et le productivisme ?!
- Bientôt une sortie du capitalisme et de la civilisation industrielle orchestrée par le gouvernement ? LOL
Dans des circonstances douloureuses, cette grave épidémie de coronavirus montre une fois de plus :
- La nocivité du capitalisme, qui attise ce type de crise sanitaire, qui facilite la diffusion accélérée et planétaire des virus, qui préfère le maintien des profits à la santé des travailleurs, qui veut socialiser ses pertes et privatiser les profits. Une économie dont l’instabilité et la violence structurelles vampirisent les moyens humains pour sa perpétuation mortifère et empêchent son dépassement.
- La nocivité et l’inutilité des Etats et de leurs gouvernements, qui protègent le capitalisme, sont perméables au monde totalitaire de l’économie de marché, négligent les services publics de santé à même de minimiser l’impact des pandémies (en favorisant la privatisation, le zéro stock, le management ultra-libérale, la fermeture des lits et des hôpitaux...), sont incapables de tenir compte de l’expérience des autres pays, se limitent au rôle de répression, de coercition et de surveillance
- La dangerosité extrême de l’infantilisation des peuples (transformés matériellement et psychiquement en consommateurs nombrilistes, égoïstes, individualistes, narcissiques, ignorants et inaptes à l’autonomie), qui, rendus impuissants et soumis par la non-démocratie élective, les merdias et le système capitaliste, ont tendance à s’en remettre à des régimes autoritaires, à des chefs forts, ce qui appelle des mesures très coercitives menant à une disparition accélérée des libertés individuelles comme collectives
Avec le coronavirus, les Etats sont au pied du mur, ils sont obligés de réagir, de ralentir la machine économique (en la protégeant au maximum à coup de milliards, issus de l’argent public) et d’indemniser un minimum les travailleurs afin d’éviter une implosion totale et un rejet trop marqué. Et les populations s’adaptent aussi, pas le choix.
En revanche, avec les catastrophes climatiques/écologiques en cours, qui sont pourtant bien plus graves, et tout aussi inexorables/prévisibles, que le coronavirus, les autorités et structures dominantes continuent à se payer de mot, à différer, à faire des mesurettes, du greenwashing, ou de nouveaux business « verts » profitables pour que rien ne change vraiment, à compter de manière illusoire sur de futures éventuelles innovations technologiques pour apporter des solutions « miracles ».
Ce qui est logique, car pour limiter l’ampleur de ces catastrophes et se préparer au mieux à ce qui est déjà inévitable, il faudrait que les pouvoirs s’autodétruisent et sabordent le capitalisme. Ce qui leur est bien sûr inconcevable, impossible. Une structure de pouvoir, de surcroît folle et avide, ne va jamais se « suicider » volontairement pour le bien commun. Les oligarchies et les blocs bourgeois ne vont jamais (ou disons, au dernier moment, quand il sera trop tard) renoncer à leurs rentes et à leur pouvoir volontairement, même pour sauver leur peau ou celle de leurs enfants.
Dans ce domaine tout particulièrement, les Etats, les gouvernements et les structures capitalistes n’ont donc plus de légitimité, de crédibilité, d’autorité, on ne leur doit plus aucun respect ou allégeance. Leur « échec » est total, il ne peut pas en être autrement, et ce n’est en réalité pas un échec, mais plutôt la marque de leur habileté à faire durer la civilisation industrielle et son monde malgré les évidences croissantes qui appellent à sa bénéfique disparition.
- Macron écoute les scientifiques ? Il va donc vouloir arrêter la Croissance et le productivisme ?!
- Non bien sûr, car les oligarchies, le capitalisme et les gouvernements ne veulent pas perdre le pouvoir et disparaître
Si suffisamment de monde ne se rebelle pas au plus tôt pour renverser la civilisation industrielle et imposer radicalement d’autres directions, alors les institutions en place, dirigées par des sociopathes, attendront pour agir plus sérieusement d’être au pied du mur, de prendre de plein fouet de dantesques destructions écologiques et climatiques ingérables. Mais ce sera trop tard.
Et alors, dans 10, 20, 30 ans, on subira sans rémission possible plusieurs très graves problèmes (n’oublions pas que des désastres irrémédiables sont déjà en cours dans d’autres régions) :
- Le climat s’auto-emballera, on ne pourra plus stopper la spirale et la planète deviendra à peu près inhabitable pour cause de températures d’étuve (+4, +5, +6, +7°..., en moyenne, bien plus sur les continents)
- Les écosystèmes, les sols, l’eau, les forêts seront très très abîmés, bon nombre d’animaux et d’espèces auront été détruits
- Pour ces deux raisons, il sera très difficile de construire et maintenir une autonomie locale, notamment alimentaire, dans l’urgence et avec de telles conditions hostiles. Ce qui signifie des famines de plus en plus graves.
- Les systèmes autoritaires en place, qui donc n’auront pas été renversés, risquent fort de muter en des sortes de dictatures encore plus féroces vivant à contrôler les populations en colère et à gérer la pénurie généralisée (peut-être que des groupes de résistances arriveront à faire vivre d’autres voies si les régimes centralisés sont affaiblis du fait des crises) que leur cynisme violent a créé (souvenez-vous du film « Soleil Vert »...)
Et là ce sera bien pire que le coronavirus, car on ne pourra plus rien faire pour arrêter l’auto-emballement catastrophique du climat. Le confinement et les gestes barrières n’auront pas d’effets, on ne pourra pas pomper le CO2 ni restaurer des espèces et des écosystèmes détruits et disparus, l’océan sera à l’agonie, les forêts en feu comme en Australie cet hiver. On ne pourra pas s’adapter, la résilience ne sera plus possible. Les désastres ne s’arrêteront pas après un pic de nombre de morts, il n’y aura pas d’immunité acquise. L’armée et les services de santé ne pourront pas sauver grand chose. Même les ultra-riches qui tenteront de survivre dans leur bunkers sur des îles seront au final balayés par le souffle brûlant.
On pourra juste tenter de survivre temporairement alors que la plupart des espèces restantes seront détruites (à part les petits animaux, certains insectes, et bien sûr les virus), et ensuite sans doute aussi la nôtre.
Certains pourraient toujours espérer un moyen terme même si les pays réagissent très tardivement une fois tous les plafonds de CO2 explosés : de gros gros problèmes avec des millions de morts partout mais une planète restant quand même en grande partie habitable. Mais à ce stade des connaissances, ça paraît assez improbable, mieux vaut ne pas compter dessus, sans parler du fait que ce serait survivre dans des ruines sinistres.
Les catastrophes climatiques/écologiques (et donc sociales) et leurs causes (croissance, capitalisme, extractivisme, productivisme, fausses démocraties et dictatures, course aux technologies, consommation effrénée, agriculture industrielle, bétonnage, marchandisation, civilisation industrielle...) sont connues précisément depuis au moins les années 70, et pourtant tout continue quasiment de la même manière, et même empire. Les Pouvoirs et leurs structures omnicidaires ne peuvent rien faire de bon... Hélas les peuples les laissent faire, pour l’instant trop peu se soulèvent contre la civilisation industrielle et son monde omnicidaire.
C’est la réalité, inutile de fuir, comme le coronavirus les faits nous rattraperont. Oui ça fait peur, c’est terrifiant, c’est horrible, et c’est en réalité bien pire que ce qu’on peut imaginer, et j’espère bien que vous allez vraiment flipper afin de prendre la mesure des choses, ...et ensuite vous battre avec acharnement.
Le plus vite sera le mieux.
Comme pour endiguer le coronavirus, chaque jour compte.
Oubliez "la-normalité", dépassez les peurs du chômage ou de la précarité, les petits conflits locaux, là on est dans une autre dimension.
Comprenons bien que la sinistre pandémie du coronavirus c’est de la rigolade, de la petite bière par rapport à ce qui nous attend de manière certaine si on laisse se continuer la civilisation industrielle et ses nuisances.
N’oublions pas aussi que si on oblige l’arrêt de cette méga-machine, pour bifurquer vers des horizons vivables, ce sera difficile certes, mais on pourra également résoudre et alléger pas mal des dramatiques problèmes sociaux causés par la civilisation industrielle.
Au lieu de s’acharner en vain et en ordre dispersé sur certaines conséquences, attaquons ensemble les causes, les racines.
Compléments :
- Une priorité ultime parmi toutes les priorités particulières... - Voici une courte nouvelle édifiante géniale, où les passagers d’un bateau se préoccupent de multiples problèmes « secondaires » au lieu de s’inquiéter de la menace croissante du naufrage de leur navire.
- Climat, écologie : il est grand temps d’avoir très peur et d’agir de manière conséquente ! (avec davantage d’explications - déjà il y a un an...) - De nos jours, l’optimisme, le positivisme, les fausses solutions et les illusions sont suicidaires et criminels
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