Les morts et blessés au travail, un sujet peu mis en avant dans les médias du pouvoir et des milliardaires, tandis que les petits déboires des stars ou de grands patrons occupent les ondes.
Une raison de plus pour remettre en cause le capitalisme, le productisme et le marché du travail, où tout le monde, et surtout les plus pauvres et précaires, s’abime dans la compétition et la souffrance ?
Car, si des accidents peuvent survenir partout, le mode de production et de travail très particulier de l’économie de marché (et de l’industrialisme productiviste en général) favorise structurellement les risques, le mépris des travailleurs, l’exploitation et les négligences.
CRASH DE L’HÉLICOPTERE DE DASSAULT : LA CLASSE POLITIQUE N’A PAS UN MOT POUR LE PILOTE
Dimanche dernier, l’héritier du groupe Dassault et député Olivier Dassault décédait dans un accident d’hélicoptère. La presse comme la classe politique française a rendu hommage à ce brave homme, grand bourgeois député, mais n’a pas eu un mot pour son pilote, Jean-Claude Bedeau, tué lui aussi dans l’accident.
De Macron à Roussel, pourtant dirigeant du parti communiste, son nom ou même sa présence n’a pas été mentionné. Pourtant, à en croire Le Point, Bedeau est victime du caprice de Dassault qui avait demandé à se poser à l’écart de la zone d’atterrissage dédiée, dans la résidence privée d’amis. Le redécollage leur a été fatal à tous les deux.
- Les accidents du travail, nombreux et invisibilisés, pour la gloire du productivisme et de la croissance
- Les souffrances au travail font structurellement partie du mode de production capitaliste et productiviste
C’est loin d’être la première fois qu’un accident du travail mortel est invisibilisé : chaque année, des centaines de personnes meurent au travail et l’évènement est au mieux traité à la rubrique fait divers des journaux locaux. Nous en avons parlé avec Mathieu Lépine, professeur d’histoire-géographie qui recense et dénonce ces morts du travail :
"Les articles [qui parlent d’accident du travail] sont le plus souvent des brèves très courtes : on a à peine la profession, l’âge ou le nom. À la fin de l’article, on apprend que la personne est en urgence absolue mais on ne connaît jamais la suite, il n’y a jamais de suivi sur ces sujets et c’est souvent dans la rubrique faits divers. Ça a le mérite d’exister, car sans ça je ne pourrais pas faire ce que je fais, mais ce n’est pas du tout suffisant. Les médias nationaux vont évoquer ces sujets uniquement s’il s’agit de Paris et si ça va toucher une entreprise d’ordre national, mais si c’est l’ouvrier du coin, ils n’y consacreront que très peu de temps. Quand les chiffres de la sécurité sociale tombent une fois par an, tout le monde écrit son article. Mais après ça, c’est un sujet qui reste très peu évoqué dans les médias “mainstreams”. Les partis politiques ne sont pas exempts de reproches, car pendant les différentes campagnes, le sujet n’intéressait quasiment personne à part certains syndicats, forcément."
SUITE de l’article dossier sur « 1 à 2 accidents mortels au travail par jour, et tout le monde s’en fout »