Deux articles édifiants et documentés sur les Alpes envahis par le béton, la gentrification, les maisons secondaires... Une épuration sociale légale qui sélectionne par la fortune qui peut habiter.
En Drôme et d’autres régions, même phénomène délétère, anti-social et anti-écologique (voir plus bas).
- La Drôme ne peut pas accueillir tous les riches du monde !
- Le rêve individualiste des nantis se transforme en cauchemar pour tous
1. Les Alpes ne peuvent pas accueillir toute la richesse du monde ! - Les Alpes ne peuvent accueillir toute la richesse de France, ni tous les projets destructeurs…. Depuis des années, les Alpes, attirent de plus en plus d’heureux propriétaires de maisons secondaires. La gentrification en cours, se voit accélérer par une coulée de béton du plan de relance des Alpes. Des projets destructeurs et inutiles fleurissent.
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Ne plus artificialiser la nature est aussi essentiel que de lutter contre le climat. Mais sur cette catastrophe, le déni est encore plus grand.
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Si les propriétaires de ces maisons devaient payer le prix réel des routes, des stations d’épuration et des réseaux électriques, ils seraient très surpris et certainement freinés ! Sûrement que nombre d’entre eux, souvent favorables au « chacun -chez -soi et chacun-pour-soi », réviseraient leurs opinions... La facturation des réseaux se fait sur la proportion de la consommation d’eau ou d’énergie et non sur la distance entre le fournisseur et l’usager. Il en va ainsi pour l’épuration d’eau ou le réseau électrique. Pour les maisons secondaires, ce mode calcul est très avantageux.
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Dans ce contexte, la possibilité de posséder une maison secondaire parait indécente face à la catastrophe écologique. Une maison de 12 millions d’euros se construit actuellement dans le Briançonnais ! Il s’agit d’un record mais les prix donnent le tournis. Pendant ce temps, le pouvoir Macronien taxe les HLM
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Car si le climat se réchauffe, ici les lits se refroidissent ! Nous sommes atteints par le phénomène nommé « lit froid », une maladie des maisons secondaires. Chaque année, des « lits chauds »sont retirés de la location car leurs proprios souhaitent les garder sous le coude. Ils n’ont pas besoin de les louer. Ils ont assez de pognon et désirent les avoir libres à tout moment. Certes, ils ne viennent pas souvent et les logements sont vides, donc nous appelons cela les lits froids. Pour lutter contre cette maladie inévitable du capitalisme, présentée comme fatale et insoluble, une seule solution : le camion à toupie. Il faut démouler à chaud, c’est-à-dire mettre en location un nombre de lits identique au nombre de lits refroidis par les rentiers. En clair, il faut construire chaque année pour maintenir une offre touristique constante.
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à côté du tourisme nous assistons à la délocalisation de la logistique dans les Alpes. De nombreux entrepreneurs florissants du web décident de localiser leur entreprise dans les Alpes. Ce sont des intermédiaires, des commerçants,qui achètent des produits et les revendent sur internet. Ils ont compris que le transport des marchandises est actuellement lui aussi en partie mutualisé : si vous êtes au fond d’une vallée des Alpes, le prix du frêt n’est relativement pas beaucoup plus cher. Vous pouvez maintenant expédier au fin fond des Alpes sans grever vos marges. Ils s’installent ici et souhaitent profiter d’un cadre de vie après 8 h d’écran. La noria de petits camions est de jour comme de nuit de plus en plus importante. Le web entrepreneur est cool et écolo. Le développement des offres de livraison gratuite favorise le chalet perdu dans la montagne : on ne se déplace plus, on clique sur internet.
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Les Alpes sont à l’avant-poste du changement climatique avec le tout-tourisme Nos glaciers disparaissent et nous continuons à faire tourner des camions toupies ! Le grand remplacement des habitants est en route, la richesse du monde, vient ici expulser à coup de projets immobiliers les non-propriétaires. L’état, la région, le département financent une dernière salve de béton pour des infrastructures qui paraîtront bien futiles dans 10 ans.
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Rq :
En Drôme, on a "les sublimes routes du Vercors", imposées par Marie Pierre Mouton et les élus majoritaires du département de la Drôme...
2. Dans les Alpes, épuration sociale en cours, à coup de maisons secondaires.... - Épuration sociale en cours, on a retrouvé une des armes du crime, la maison secondaire.... Nous, habitants des hautes vallées alpines, sommes victimes d’une épuration sociale sans bruit ni fureur. Chaque mois, nous apprenons le départ d’un ami, d’une connaissance, qui va ailleurs chercher un terrain pour cultiver, un logement pour se loger.
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Le laisser-faire-le-marché-ça-va marcher (mais pour qui ?), l’abandon de toute politique de logement social, le trop-plein d’épargne des riches, font partie des coupables. Certes, mais au rang des accusés, il y a un absent de marque : le choix de la maison individuelle sur le collectif. Et ce choix est rarement dénoncé, absent des débats, pas questionnable. Pourtant, il renchérit les coûts, il mange énormément de matériaux et artificialise des dizaines de milliers d’hectares. Ce choix a un impact sur la consommation de terres agricoles plus important que toutes les zones commerciales, zones artisanales et les projets de golfs, d’aéroports. Son appétit est bien plus que tout leurs projets inutiles et imposés que nous dénonçons haut et fort depuis des années, en luttant contre.
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En résumé, les habitants des HLM financent l’assainissement des maisons individuelles.
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Il est sûr que nous comprenons les rêves d’habiter à la campagne, loin dans la nature quand nous saturons de la ville. Les rêves d’avoir son pied-à-terre(sic), la campagne pour s’oxygéner des villes. Ses rêves sont compréhensibles, humains, mais ces rêves sont un cauchemar pour le monde vivant et l’avenir. Ils ravagent la nature en extraction et artificialisent nos sols. Cet urbanisme ne sera pas tenable dans un monde à énergie chère. La sobriété, notre seul avenir possible, doit être aussi foncière. Une autre critique moins objective du lotissement du monde et ses conséquences est qu’il individualise encore et toujours plus notre monde. Tout le monde veut sa bulle a grande baie vitrée sur beau paysage naturel communiquant avec les autres électroniquement.
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Ici, c’est la pire des plaies, une maison sur deux. Nous assistons à la ruée de riches boomers sur la montagne. Cette montagne qu’on trouvait trop isolée il y a 20 ans mais qui avec Amazon propose tous les facilités de la ville. Ces maisons secondaires sont un fléau. La maison secondaire chasse aussi indirectement le paysan. Comme dans toute gentrification, l’objet attirant le gentrificateur est chassé par lui-même.
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Nous revendiquons de pouvoir piétiner à deux pieds les lois du marché et réclamons la construction des petits collectifs sociaux et privés. Nous revendiquons la taxation progressive des maisons secondaires qui alimenterait le logement social. Nous revendiquons un changement culturel, le rejet de l’invention du 20e siècle, le lotissement-bagnoles-individuel, et proclamons que le collectif est le choix le plus respectueux de la terre, du vivant et des humains.
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En Drôme et Vallée de la Drôme : pas mieux
Il paraît que la 3CPS en Vallée de la Drôme veut se remettre à se préoccupper de ce sujet important : le logement.
Après des années de jachères, les élus ont courageusement décidé de ...refaire un état des lieux, les éventuelles décisions viendront plus tard, ...s’ils arrivent à s’entendre, ...ce qui risque d’être un peu difficile tant que la mairie de Crest est occupée par la bande à Mariton.
L’ouverture aux habitats légers, la saisie de biens immobiliers vides et abandonnés, la mutiplications des habitats groupés/partagés/collectifs, des formules d’habitats libérées des contraintes de la propriété privée et du « libre » marché.... sont des options qui risquent de coincer dans certaines têtes éprises d’économie de marché et de chacun pour soi.
Pourtant on sait bien dans ce monde capitaliste marchandisé que la « liberté de chacun » c’est la domination assurée des plus riches et des plus requins. Les autres n’ont qu’à partir, sur Mars ou dans une banlieue béton.
En Drôme, les jeunes pas riches, les pauvres, les précaires, les saisonniers, les non-propriétaires n’ont qu’à aller voir ailleurs, à subir des logements non-isolés loués très chers ou à se cacher au fond des bois dans des caravanes pourries ou des campings cars rafistolés. Place aux riches des villes, aux startupeurs, aux cadres en distanciel, aux touristes étrangers fortunés...
C’est ça la philosophie de la majorité des maires, toujours encastrée dans la sacralisation de la propriété, dans la déférence aux riches, dans le tapis rouge aux touristes et dans le conservatisme borné, la « connivence » avec les promoteurs immobiliers et le BTP.
Ici aussi les maisons secondaires, au coeur des villes/villages et en campagne, pullulent.
Les bloquages et archaïsmes ne sont pas seulement au niveau national au gouvernement les campagnes et les petites villes en tiennent aussi une bonne couche.
Voir sur Ricochets.cc :
Drôme : étalement urbain et maisons individuelles sur terres agricoles, encore et encore - Un modèle anti-écologique et anti-social toujours pratiqué partout, business oblige
Avec le Covid et le goût de la fuite des grands centres urbains, les prix de l’immobilier, déjà indécents, augmentent encore de manière faramineuse.
Des biens s’arrachent à distance à prix d’or, sans même que le client les ai visités.
Les agences immobilières ne savent plus quoi vendre, elles se battent pour le moindre bien disponible à la vente, les vieux ne décèdent pas assez vite pour libérer des maisons.
De plus en plus de personnes, des jeunes notamment, sont outrés par cette situation bloquée, mais les structures ancestrales et sacralisées de la propriété privée (le moindre squat génère un tollé quasi général), l’absence de démocratie (c’est pas mieux au local qu’au national), la frilosité de la plupart des élus (ils veulent se faire réélire, alors pas trop de vagues), les habitudes (renforcées par la pub et les réglementations) de la maison individuelle, le pouvoir laissé au libre marché... douchent vite leurs envies de faire bouger les choses.
Alors ils partent, ou essaient de trouver des combines pour passer au travers des mailles de plus en plus serrées de la tyrannie immobilière.
Que faire ?
La même chose que pour améliorer/transformer fortement toute problématique : la révolution anti-capitaliste et pour la démocratie directe.
Et en attendant, s’organiser collectivement, lutter, passer à l’offensive pour commencer à faire tomber ce système de mort, créer des brèches importantes, étendre des zones autonomes, créer des communs inaliénables, retrouver de la puissance en démolissant le pouvoir, prendre nos vies en main au lieu de s’en décharger sur quelques personnes, se donner les moyens nécessaires pour agir.
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