Le lobbying de l’enseigne commerciale LIDL pour son projet de supermarché à Aouste-sur-Sye s’intensifie. Les élus aoustois sont sous pression, vont-il résister ?
Aidons-les à éviter l’aggravation du conflit entre pour et contre LIDL, à tenir compte sérieusement des graves questions climatiques, sociales et écologiques, et à inventer d’autres projets que la continuation du modèle techno-industriel destructeur dont LIDL est un des (trop) nombreux représentants.
Tout d’abord, si on vivait dans une vraie démocratie, et qu’on se souciait vraiment d’enrayer les catastrophes climatiques, sociales et écologiques produites par la civilisation industrielle, on ne se poserait même pas la question de « pour et contre LIDL » et on ne ferait même pas de référendum, car il aurait été tranché depuis belle lurette que toute nouvelle implantation de supermarchés industriels-commerciaux est interdite, et qu’il faudrait s’efforcer de faire disparaître au plus vite ceux qui existent.
- LIDL Aouste : pas besoin de référendum pour refuser définitivement tout projet d’implantation
- Une plateforme logistique régionale LIDL - L’envers du décors des « jolis » petits supermarchés Lidl
Bien sûr il faut pouvoir se nourrir et disposer localement des biens et services dont on a décidé l’usage collectivement et démocratiquement (et pas via les décisions de technocrates, de commerciaux, de publicitaires, d’actionnaires, et suivant les exigence du Marché capitaliste et des flatulations boursières).
Si on décide de ne plus créer de nouveau supermarchés industriels-commerciaux et de démanteler ceux qui existent, il faudrait bien sûr créer d’autres manières de répondre aux besoins. Ce qui au fond inviterait à revoir toute la chaîne de production, fabrication et distribution.
Ce n’est pas le lieu de détailler ici à quoi ça pourrait ressembler, d’autant que ça pourrait varier suivant les souhaits et les conditions géographiques de chaque territoire, mais voici quand même quelques idées pour exciter l’imaginaire et s’extraire de la gangue techno-industrielle capitaliste représentée par LIDL et son monde de la marchandise :
- Favoriser les paysans et micro-productions prêts des lieux d’habitation
- Avoir des petites unités de transformation
- Favoriser l’artisanat low-tech local pour les produits techniques et les objets
- Distribuer en circuit-court sans emballages via des magasins ou petits supermarchés avec des salarié.e.s en coopérative ou avec des associations autogérées sans salarié.e.s (voir « Les supermarchés coopératifs », où Les clients sont remplacés par des coopérateurs bénévoles. Voir par exemple « La Louve » à Paris)
- En attendant la fin de l’économie de marché et des inégalités sociales, trouver des moyens pour que les pauvres puissent se fournir eux-aussi dans ce type de réseau écologique/coopératif au lieu d’être contraints de dépendre d’une aide alimentaire ou de « hard discount ».
On a trouvé sur Ricochets un article traitant en partie de ces sujets :
- Nouveau supermarché bio La Vie Claire à Aouste/Crest, un modèle archaïque ? - Pour des magasins bio coopératifs, soutenables et solidaires
C’est un choix de société, qui dépasse la question de LIDL et de la commune de Aouste
Le rôle d’une mairie réellement soucieuse de l’avenir commun, de limiter l’ampleur des catastrophes climatiques, sociales et écologiques produites par la civilisation industrielle serait de peser pour favoriser des idées telles que celles listées plus haut, et pas de livrer un territoire et ses habitant.e.s à un énième supermarché commercial, dont l’objectif est le profit, et dont le modèle économique repose fatalement sur la circulation de marchandises en flux tendu à l’échelle nationale et internationale, via des entrepôts logistiques (bientôt automatisés via des robots et IA), des porte-containers, des autoroutes, des emballages en plastique jetables, des produits industriels dont les ingrédients proviennent des 4 coins du monde et des norias de poids-lourds.
Au lieu de, peut-être, organiser un référendum, toujours simpliste et réducteur (pour ou contre Lidl), ou de s’en remettre aux votes de quelques élus soumis au lobbying des grandes enseignes et à la pression électorale, il serait plus opportun et démocratique d’organiser un large débat approfondi sur ces sujets dans toute la région concernée (de Saillans à Eurre en gros, voir toute la vallée de la Drôme), et de rendre les habitant.e.s décisionnaires et pas juste « consultatifs ». Il émergerait sûrement des options plus intéressantes que « pour et contre LIDL » et on éviterait sans doute l’envie d’implantation de tout supermarché industriel-commercial (quel que soit le groupe industriel ou la multinationale auquel il est rattaché).
La mairie de Aouste redoute le conflit sur ce dossier Lidl et invite à l’avance chacun.e à accepter SA décision.
Elle a raison d’avoir peur du conflit potentiel.
Il faudrait qu’elle comprenne que, vus les enjeux et les résistances, le conflit n’est pas prêt de se terminer et de s’intensifier si elle choisissait d’accepter la venue de Lidl.
Et ce conflit sera bien plus facile à résoudre si LIDL est refusé, et plus facile à transformer en initiatives positives telles que celles décrites plus haut qu’en s’enlisant dans le modèle techno-industriel capitaliste porté par toutes les enseignes industrielles-commerciales telles que LIDL.
- LIDL Aouste : pas besoin de référendum pour refuser définitivement tout projet d’implantation
- Plateforme logistique LIDL : des parkings, des voitures, des camions, du carburant, des terres agricoles ou naturelles détruites...
Derrière les « jolis » petits supermarchés LIDL prétendument vert...
...il y a toute une chaîne logistique nationale et mondialisée pour produire et acheminer les marchandises.
Une chaîne industrielle polluante et consommatrice d’énergies et de matières premières faite de parkings, de voitures, de multitudes de camions, de carburants brûlés, de terres agricoles ou naturelles détruites, d’infrastructures portuaires gigantesques, de travailleurs pauvres exploités à l’autre bout du monde (y compris via des pays très peu démocratiques comme la Chine, la Birmanie, la Turquie...), de porte-containers géants, de robots de manutention, etc...
Au fait, LIDL a t-il cessé sa collaboration avec la junte birmane et ses entreprises depuis la venue d’une dictature qui tue les gens dans les rues à coup de flingues ?
Voyez par exemple ci-dessous la liste des fournisseurs fournie par LIDL sur sa page de communication « transparente ». Et encore, n’oubliez pas qu’il ne s’agit que de "Nos fournisseurs directs, ou « de premier niveau », basés en France et dans le monde entier, ont tous des chaînes d’approvisionnement complexes liées à leurs activités, au produit, à l’emballage, à la main-d’œuvre et à la logistique." C’est à dire qu’il manque tous les autres niveaux, notamment les fournisseurs des matières premières...
Pour la nourriture, la fourniture est nécessairement (pour l’instant ?) moins éloignée du fait de la fragilité, des produits, il n’empêche que quantité de produits sont importés (et on ignore bien sûr la proportion des matières premières utilisées pour la fabrication des produits fabriqués en France ou en Europe), que des tas de produits « exotiques » sont acheminés, que les procédés industriels sont favorisés, que les agriculteurs sont mis en concurrence, etc.
Les quelques efforts de LIDL en communication marketing et les quelques initiatives de réduction des nuisances ne peuvent en aucun cas « compenser » l’énormité des dégâts produits continuellement et mondialement par la chaîne logistique et de production et distribution décrite plus haut.
De plus, dans ce système capitaliste de la marchandise qui réclame toujours plus de croissance et de consommation pour continuer à exister, les quelques économies ou « non-pollution » réalisées ici ou là sont balayées et annulées par l’augmentation des échanges.
La multiplication des normes et labels ne change pas le fait que LIDL s’inscrit comme toutes les autres enseignes dans le système marchand capitaliste mondialisé dont le but est la création de valeur pour des actionnaires, ce qui implique fatalement l’exploitation et la destruction des peuples et du vivant vu la concurrence sans pitié et le désir de profits, et vu que des tas de produits viennent en masse de contrées lointaines et en étant fabriqués par des procédés industriels.
- LIDL Aouste : pas besoin de référendum pour refuser définitivement tout projet d’implantation
- Infrastructure portuaire industrielle mondialisée pour alimenter les « jolis » petits supermarchés des enseignes commerciales
Voir aussi l’article publié dans le numéro papier d’avril 2021 de RICOCHETS