L’impérialisme de l’Etat-capitalisme fabrique la guerre et les ennemis intérieurs ou extérieurs

L’impérialisme et le réarmement, c’est la guerre

mardi 15 avril 2025

Pour le techno-capitalisme, la guerre armée est la poursuite de la guerre commerciale permanente par d’autres moyens.
L’Etat-capitalisme fabrique des ennemis selon ses besoins tout comme il fabrique de l’offre et des clients.
Pour les impérialismes, la guerre n’est qu’un moyen courant parmi d’autres de maintenir leur puissance et de s’étendre.
En temps de problèmes économiques et de tensions sur l’accès aux matières premières, la violence militaire appuie ou remplace la violence économique quotidienne.

Les armes ne sont pas seulement une marchandise comme une autre, mais un des moyens majeurs de l’hégémonie et de la puissance.
Derrière les variations historiques et culturelles du moment, ces mécanismes tragiques sont inéluctables.

Généralement, après les grosses périodes de réarmement, la guerre arrive, pas l’équilibre de la terreur armée dissuasive.

Reste aux peuples, notamment ceux des pays industrialisés et des zones extractivistes, le choix de se révolter radicalement contre cet ordre du monde et ce modèle de société, ou d’accepter de gré ou de force le capitalisme et les Etats (quelles que soient leurs variantes et promesses réformistes), et donc les carnages récurrents et désastres croissants qui vont avec derrière les promesses, rarement tenues, de prospérité et de ruissellement de richesses ensanglantées de toute façon par l’exploitation continue des humains et de la Terre, laquelle produit en grand la misère, la dépendance, la domination et les catastrophes climato-écologiques bien connues.

Au passage, il est "comique" de voir des chefs d’Etat européen, dont le sinistre Macron en tête, faire mine de s’offusquer de la guerre commerciale que veut lancer Trump, alors qu’ils défendent tous à fond le capitalisme, qui n’est entre autre qu’une gigantesque guerre commerciale permanente et tout azimut. Quand la guerre commerciale profite aux européens, au détriment des africains par exemple, tout va bien bien, mais quand la guerre commerciale inhérente au capitalisme frappe les pays européens, ça va pas du tout, sacrilège !
C’est le même topo quand des gens s’offusquent de la "concurrence déloyale" qui les frappe, comme si la concurrence était loyale et "saine" le reste du temps !

L’impérialisme des multinationales

- L’impérialisme des multinationales - Première contribution à la critique de l’impérialisme et de la restructuration autoritaire de l’État.
(...)
La reconfiguration des rapports de force internationaux au sortir de la Seconde guerre mondiale s’accompagne d’une évolution dans l’organisation de l’entreprise capitaliste vers la forme de la firme multinationale. Lieu de production de la plus-value, elle joue désormais aussi un rôle central dans l’exportation et l’importation des capitaux : exportation par l’investissement direct à l’étranger, importation par le placement et l’investissement de portefeuille (prise de participation minoritaire dans le capital d’une société). Cette transformation formelle historique de l’entreprise capitaliste s’accélère pendant les années 1980 avec l’explosion des investissements directs à l’étranger, liée à des politiques conjointes de dérégulation des marchés intérieurs entraînant une profonde restructuration des prérogatives et de la conception de l’État dans les centres impérialistes. La mondialisation et la révolution néolibérale sont un moment de cette accélération au niveau mondial, qui s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui à travers les ajustements imposés par le FMI ou les politiques des gouvernements libéraux-autoritaires.
(...)
L’impérialisme, c’est la guerre
L’impérialisme, c’est toujours la violence armée, qu’elle se dévoile explicitement sous la forme de compagnies de mercenaires et de pillages, qu’elle se présente comme une coopération à base de présence militaire antiterroriste et d’ingérence, ou qu’elle parvienne à faire oublier le bâton par la carotte du « développement ». Nous vivons toujours une ère d’affrontements interposés, de proxy wars et de contre-insurrection généralisée. La lutte de l’impérialisme occidental pour l’élargissement de son aire d’influence et de sa base productive, qui se heurtait hier au social-impérialisme soviétique, semble désormais mis à mal par les impérialismes régionaux des puissances dites émergentes d’une part, et par l’impérialisme de leurs chaperons chinois et russes, chefs de file du projet de monde multipolaire. Le spectre de la guerre hante à nouveau le monde. Congo, Ukraine, Palestine, Liban, Irak, Libye, Sahel, Soudan, Syrie : la guerre est toujours là. L’heure est aux prévisions morbides : où s’ouvriront les nouveaux conflits pour le repartage impérialiste du globe, et quels conflits « régionaux » sont susceptibles de s’internationaliser ? La guerre est par essence la voie privilégiée par laquelle l’impérialisme résout ses crises. Elle permet aux vainqueurs d’élargir leur base productive aux dépens des vaincus, et garantit une destruction de capitaux, de marchandises et de force de travail autorisant une reprise ultérieure du cycle économique. Elle permet également à chaque puissance impérialiste de retarder la lutte des classes dans sa propre aire nationale, où les contradictions s’accumulent à un rythme menaçant : concentration des capitaux, hausse inexorable du chômage, médiocrité des phases de reprise systématiquement suivies de nouveaux ralentissements, radicalisation du mouvement social, étatisation de la société, etc.

Pour entrer sereinement en guerre, une puissance doit au préalable pacifier et unifier son arrière – l’entrée en guerre représente généralement le point culminant de ce processus de longue haleine. Mais qu’on ne s’y trompe pas : l’antagonisme inter-impérialiste s’estompe aussitôt que semble advenir la révolution. Qu’on se souvienne des circonstances de l’anéantissement de la Commune de Paris. Toute crise précédant l’aventure guerrière portant la perspective d’un durcissement du conflit de classe et de l’affirmation de formes antagonistes de la lutte, c’est bien en temps de paix que naissent les unions sacrées. Et c’est bien dans la paix que mûrit la guerre et son cortège de barbaries. Si l’affrontement de classe devait gagner en intensité, si la crise devait menacer de devenir irréversible, les forces réactionnaires et les forces révolutionnaires se retrouveraient face à l’impératif suivant : pour les forces réactionnaires, assurer le passage à la guerre impérialiste en laminant toute force potentiellement hostile à son déclenchement ; pour les forces révolutionnaires, partisanes de la paix entre les peuples et de la guerre de classe, transformer la guerre impérialiste naissante en guerre civile. Il ne faudra alors pas s’étonner de voir les derniers masques tomber, et des franges entières de la gauche réformiste se muer en défenseurs acharnés de la patrie, des valeurs républicaines, de l’ordre public et de la croissance. La rhétorique du réarmement – de l’Europe face à la Russie, de Frontex face aux « passeurs », des démographies nationales face au vieillissement et au délire fasciste de « submersion migratoire » – remplace le fiasco du SNU, et n’est qu’une étape supplémentaire dans la préparation psychologique du passage d’une économie de crise à une économie de guerre. Ces offensives idéologiques nationalistes et militaristes doivent être considérées et combattues comme autant de pas en avant vers le prochain massacre de masse.
Les tensions inter-impérialistes se répercutent dans le débat public et se manifestent par une politisation, parfois obsessionnelle, des rapports commerciaux entre les États. On pense aux déclarations tapageuses de Donald Trump sur la Chine pendant sa campagne électorale de 2016, et aux mesures tarifaires ciblant les produits importés en provenance de Chine renforcées par l’administration démocrate Biden-Harris. Au-delà des dénonciations habituelles de concurrence déloyale (exportation massive de marchandises à bas prix) et de vol de propriété intellectuelle dans le domaine technologique, il y a le cas des semi-conducteurs : la Chine lorgne sur la production de semi-conducteurs taïwanaise, qui représente 68% du marché mondial, et cherche à recruter des ingénieurs Taïwanais en leur proposant des postes sur-rémunérés pour les éloigner de la sphère d’influence américaine dans le cadre de la course à l’intelligence artificielle. La Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), qui travaille étroitement avec plusieurs géants américains et produit 90% des conducteurs de pointe utilisés dans ce domaine, cherche pour sa part à développer ses capacités productives aux États-Unis (en Arizona), tandis que des firmes américaines s’implantent désormais à Taïwan. La crise des semi-conducteurs haut de gamme dépasse donc largement une simple question douanière ; elle recouvre évidemment la concurrence dans l’Océan Pacifique et sur le continent africain, et met le développement capitaliste chinois devant un dilemme : faire primer l’exportation de marchandises ou de capitaux d’investissement. La dimension commerciale et culturelle des conflits économiques inter-impérialistes fait elle aussi partie intégrante de la marche vers la guerre, déjà bien avancée sur le plan numérique et cybernétique. Elle s’intègre aux discours sur l’expansionnisme russe, l’ascension chinoise ou encore la menace nucléaire iranienne, essentiels dans la fabrique de l’ennemi extérieur et du syndrome de la citadelle démocratique assiégée. Mais c’est bien la rhétorique de l’ennemi intérieur qui reste motrice dans la restructuration autoritaire des États et ses grandes inversions : le progressisme est rebaptisé « wokisme » pour pouvoir être fustigé sans état d’âme ni autocensure, l’humanisme est dénoncé comme une idéologie totalitaire menaçant les libertés individuelles et l’égalité des chances, les projets de déstabilisation et de mise au pas dictatoriale des institutions se font passer pour des tentatives de défendre la démocratie

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