Gilets jaunes and co : actions symboliques et de communication / actions efficaces pour faire tomber le régime et son monde

Quelques distinctions utiles pour résister aux enfumages et injonctions du régime et des merdias

jeudi 14 mars 2019, par Camille Pierrette.

Si l’objectif est de faire tomber le régime et son monde, si on ne veut pas se contenter de quelques miettes et promesses, alors il est important de bien distinguer les diverses actions possibles et leurs effets.

Distinguer actions symboliques et de communication des actions susceptibles de faire tomber le régime et d’entraîner de vrais changements

Rappelons-nous bien une chose importante : tous les outils conseillés par le régime, ses merdias et ses alliés sont sans effets notoires. Les manifs ordinaires, les pétitions, les élections, les grands débats, les actions en justice, les protestations symboliques ne peuvent pas faire plier/partir le régime ni obtenir de changements profonds.
C’est encore plus vrai à notre époque où Pouvoirs et économie sont verrouillés et ultra-concentrés.
Et bien sûr, les autorités, par la persuasion ou la force, pousseront dans ces voies là.

Pour justifier l’immobilisme, le régime et ses alliés répèteront les mantras frelatés de leur monde mortifère et de ses impératifs : nous sommes en démocratie, ce n’est pas la rue qui gouverne, compétitivité, Croissance, création d’emplois, élections, nous sommes légitimes car avons été élus, il n’y a pas d’alternatives, attirer les investisseurs, ne pas faire peur aux premiers de cordées, ruissellement, il y a toujours eu des riches et des pauvres, égalité des chances, gagnants et perdants, etc. Avec tous les mensonges et la novlangue nécessaires pour enrober et faire avaler des boas de plus en plus obèses.

Les diverses actions « d’expression » peuvent avoir leur utilité : communication, rallier d’autres personnes, se tenir ensemble, montrer qu’on est là, se donner du courage, lancer un avertissement, alerter... Mais elles sont inopérantes pour obtenir satisfaction sur de vraies améliorations matérielles, écologiques et sociales, et encore plus concernant des changements de fond concernant la politique ou l’économie.

Si on était en démocratie, avec des sociétés et structures soutenables au service des peuples et contrôlées par eux, il y aurait des moyens pour faire changer les choses sans devoir aller dans la rue affronter les polices ou pratiquer l’illégalité.
Mais comme nous subissons un système de plus en plus antidémocratique, totalitaire et centralisé, violent et verrouillé, les soulèvements collectifs, révolutions et insurrections demeurent indispensables.

En parallèle, il faut bien sûr aussi construire d’autres organisations sociales, politiques et économiques, mais ce n’est pas l’objet de cet article.

- Voici un tableau pour mieux voir les divers types d’actions :

Taxonomie de l’action : action d’omission, action indirecte, action directe...

Quelles actions sont efficaces ?

Comme actions efficaces, il reste donc tout d’abord la grève, qui a hélas de plus en plus de mal à se mettre en route étant donné l’atomisation générale, la peur du chômage, le manque de syndicats vraiment combattifs, l’individualisation du travail, le nombre croissant d’auto-entrepreneurs et de professions indépendantes en fait soumis aux donneurs d’ordres, le nombre croissants de chômeurs et précaires, etc.
Même les fonctionnaires ayant la garantie de l’emploi ont peur de faire grève pour ne pas se faire mal voir et perdre des augmentations de revenus ou de statuts !

Tag Valence manifestation 2 février : les casseurs sont là, derrière

Des actions de désobéissance civile non-violente à grande échelle, avec beaucoup de monde, peuvent arriver dans certains cas à faire bouger les lignes, surtout pour des revendications précises, c’est nettement plus compliqué pour des changements structurels de fond.
Ces actions se heurtent à deux obstacles majeurs :

  1. Il est dur de « mobiliser » un grand nombre de personnes
  2. Les régimes au pouvoir étant souvent très violents, ils répriment sans pitié les résistances non-violentes qui alors sont inadaptées, sans effets et écrasées

Les autres actions efficaces sont toutes plus ou moins illégales : blocages, filtrages, occupations, sabotages, émeutes, destructions de biens capitalistes et étatiques, menaces, pressions...
Evidemment le Pouvoir et ses merdias les critiquent violemment et les pourchassent par tous les moyens légaux et illégaux (menaces, mensonges, mutilations, tirs de LDB à la tête, arrestations préventives...) à leur disposition (lesquels moyens ne cessent d’augmenter, notamment au niveau des lois répressives, comme on peut encore le constater en france dernièrement avec la loi « anti-manifestation » dite « anti-casseurs »).

Toulouse, 8 décembre : tous les manifestants ont participé aux manifestations sauvages et ont soutenu les émeutes

En décembre 2018 et par le passé, on a pu constater que les Pouvoirs ont peur et lâchent du lest seulement quand il y a des émeutes, des incendies et autres.
Les manifs déclarées se déplaçant tranquillement d’un point A à un point B encadrées par des polices ne gênent pas grand chose, tout le monde a pu le constater depuis des années, que ce soit pour les questions écologiques, climatiques, la loi Travail, etc.

Les actions ayant potentiellement une vraie portée sont logiquement décriées de partout comme « violentes », factieuses, anti-démocratiques, terroristes.
Pour se protéger, le système salit et dénonce toutes les actions offensives pouvant amener à le destituer et à de vrais changements en faveur des peuples et de la planète.

Et on observe que la plupart du temps les manifestant.e.s et protestataires marchent hélas à deux pieds dans la propagande et répètent les mêmes discours formatés que les Pouvoirs et leurs merdias :

  • restons pacifistes !
  • non aux casseurs et aux pilleurs !
  • pas de violences !
  • ne gênons pas les commerçants (les entreprises, les routiers, les automobilistes, les travailleurs, les transports, etc.)
  • les casseurs sont des flics ou sont manipulés par eux

- Ils disent ça pour plusieurs raisons :

  1. par philosophie personnelle strictement non-violente (ça resterait à définir)
  2. par simple mimétisme et soumission non consciente aux dogmes établis et bien pratiques pour la perpétuation des Pouvoirs
  3. par peur des campagnes merdiatiques de dénigrement
  4. par peur de perdre le soutien d’une partie de la population
  5. en raison d’objectifs réformistes de surface, donc ne nécessitant pas d’aller « plus loin » que les seuls traditionnels moyens légaux (pas sûr que ce soit encore vrai de nos jours vu l’extrémisme violent des régimes au pouvoir...)
  6. par peur de la répression policière
  7. l’habitude de vivre dans un monde faussement pacifié, où les véritables violences sont cachées, niées, minimisées, délocalisées dans d’autres pays.

Bien sûr, ça évolue, on constate que nombre de gilets jaunes ont compris que « la police n’était pas avec nous », que les merdias étaient des outils de destruction de toute contestation sérieuse, que le régime répondait aux aspirations démocratiques par le flashball dans la tête, et que les simples manifs n’avaient pas de portée.
D’ailleurs, il y a eu des émeutes et de nombreux blocages partout en france !

Bien sûr, tout le monde préférerait ne pas avoir à risquer son oeil, sa vie ou la prison, mais malheureusement les systèmes oppressifs et destructeurs en place sont bien ancrés et ne partiront pas tout seuls.

Les points 2, 3 et 4 peuvent être dépassés en analysant plus en profondeur la situation et par l’expérience.
Le point 5 peut évoluer face à la dure réalité si les motivations sont réelles.
Le point 6 peut être atténué par la solidarité, l’expérience, les contre-informations, le grand nombre de personnes impliquées.
Le point 7 peut vite être démonté dès qu’on sort de sa bulle.

Il nous faudrait comprendre qu’il n’est pas possible d’avoir un vrai assentiment/soutien de l’ensemble de la population, et qu’il vaut mieux mener des actions efficaces même si elles font peur et sont souvent mal vues. Une fois les résultats là, la plupart des français seront contents et « oublieront » les moyens employés pour les obtenir.

Il faut comprendre que ce ne sont pas les actions de sabotage, de casse, de destructions qui nuisent au soulèvement, mais le matraquage merdiatique et politicien qui va toujours tenter de les mettre en avant pour dénigrer, diviser, réprimer et faire peur.
Les rebelles, s’ils veulent agir comme bon leur semble pour atteindre leurs objectifs, doivent donc accepter d’être violemment critiqués et pourchassés par l’oligarchie au Pouvoir, leurs merdias et leurs polices.
Il leur faudra aussi accepter d’être « lâchés » par une partie de l’opinion publique, au moins temporairement.

C’est là où les actions de communication - manifs, tracts, médias indépendants contrôlés par les rebelles, communiqués, débats, rencontres... - ont leur importance pour contrecarrer la propagande merdiatique et faire comprendre aux autres français (au moins aux plus ouverts) les raisons des actions illégales et/ou dites « violentes ».

Bien sûr tout le monde n’aura pas envie ou la capacité de participer à ce type d’actions, il faudrait alors que les rebelles qui n’y participent pas ne rejettent pas celleux qui utilisent ce moyen.
C’est à dire qu’au lieu de décrier les casseurs et autres émeutiers, au lieu de les pourchasser ou de les dénoncer, il faudrait plutôt les soutenir, les approuver publiquement, ou au moins ne rien dire.
Plus il y aura de manifestant.e.s qui soutiendront, approuveront publiquement ou resteront neutres par rapport à ce type d’actions, plus les merdias et le régime auront du mal à faire leur sale boulot, et plus ces actions offensives à même d’obtenir de vrais résultats pourront prendre de l’ampleur et être mieux comprises/acceptées.

Si la plupart des protestataires disaient par exemple « on est tous des casseurs » et se masquaient le visage tout le temps, ça aurait un impact plus constructif que de dénigrer « la violence » (des manifestant.e.s) et d’obéir aux injonctions policières.

Les gilets jaunes et autres qui adoptent trop vite les postures des Pouvoirs (non-violence stricte, pacifisme intégral, critique systématique des « casseurs ») ne se rendent pas compte qu’ils risquent de rendre le soulèvement inopérant.

Pour la réussite d’un soulèvement, l’ensemble des rebelles devraient essayer de comprendre l’intérêt de pratiquer une grande diversité d’actions, y compris celles décriées par les Pouvoirs.
Ce qui n’empêche pas de réfléchir à ce qui est fait, à la stratégie, de peser le pour et le contre, car tout dépend du contexte, du moment, de ce qui se passe, ou pas, autour.

Contre la loi « anti-casseur », soyons tou·te·s hors-la-loi !

Toute lutte contre l’oppression doit passer par un conflit avec l’Etat. » Le pouvoir ne redoute pas l’opinion publique, contrairement à ce que répètent en boucle pacifistes, politiciens et éditorialistes. Le pouvoir redoute l’opinion publique adossée à une menace d’explosion de violence. En somme, le pouvoir ne redoute rien d’autre que la violence s’exerçant contre lui. Aussi a-t-il un intérêt majeur à prôner l’opposition pacifique et modérée, la manifestation sans heurt, la pétition sans impact, c’est-à-dire la phrase sans violence. - Pour le pouvoir, est extrémiste celui qui veut se défendre des attaques de la police, et non celui qui se laisse pacifiquement arrêter et sanctionner. C’est en ce sens que l’auteur voit dans le pacifisme une forme d’impuissance induite par le pouvoir pour défendre ses intérêts : « un pacifiste se comporte comme un chien bien entraîné battu par son maître ».

En complément

- Sur "la violence" et les casseurs, quelques liens pour aller plus loin que l’émotionnel et la propagande du régime et de ses merdias :

- Et aussi :

L’objectif principal de la loi « anti-manifestations » est de chercher à diviser les divers émeutiers des autres manifestants. Comme tout le monde pourrait être arrêté et poursuivi dès qu’il y a des actions offensives (feu de poubelle, barricade, vitrines de banques brisées, projectiles), les manifestants « ordinaires » seront encore plus enclin à mettre des services d’ordre et à vouloir empêcher les émeutiers d’agir, voire à les dénoncer à la police !


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