Fin d’année : le monde va de mal en pis, de nouveaux cycles de destructions s’annoncent

Ni faux espoirs ni résignations : résistances !

lundi 31 décembre 2018, par Les Indiens du Futur.

La fin de l’année et le solstice d’hiver portent l’idée de cycle et de recommencement. Malheureusement, et depuis quelques temps déjà, nous sommes — et la planète avec nous — pris dans des cycles de destructions, d’étiolements et de dégradations en tous genres. Face à cela, l’espoir est un des moyens que la société industrielle utilise pour continuer de faire trimer ses galériens. Peut-être devrait-on parler de faux espoirs pour les distinguer des quelques maigres dynamiques et évènements véritablement positifs. Quoi qu’il en soit, comme en chaque fin d’année, des vidéos et des articles circulent suggérant ou affirmant que les choses ne vont pas si mal, voire, pour les plus hallucinés d’entre eux, que les choses vont de mieux en mieux dans le Meilleur des mondes.

Ainsi de la vidéo de Brut qui a déjà fait plus d’un million de vues et qui nous rapporte 24 bonnes choses qui se seraient produites en 2018. Plusieurs de ces 24 points sont trompeurs, plusieurs sont exacts, mais, dans l’ensemble, ils ne sont pas grand-chose en regard de l’empirement global et inexorable de la situation. Ainsi de l’article du Monde intitulé « Planète : les (plutôt) bonnes nouvelles de 2018 ». Toujours le même schéma, quelques nouvelles véritablement bonnes (des espèces dont les populations augmentent, par exemple), et des mauvaises nouvelles qu’on fait passer pour des bonnes (le développement des industries des énergies dites « vertes », principalement, qu’on fait passer pour quelque chose de formidable alors que toutes ces industries impliquent différentes destructions et dégradations environnementales et participent à la perpétuation du fléau écologique et social global qu’est la civilisation industrielle). Toujours pareil, l’espoir attaché au bout d’un fil comme une carotte sert à convaincre les ânes de continuer d’avancer. Et ainsi aussi de cet entretien avec l’apôtre du capitalisme et fanatique de l’idéologie du progrès Steven Pinker publié aujourd’hui même sur le site du Monde, dans lequel « le professeur de psychologie rappelle qu’il faut prendre conscience que la vie sur Terre s’améliore et défendre les institutions qui ont permis ces avancées, au lieu de vouloir les renverser ».

Contrairement à ce qu’affirme Steven Pinker (auquel on fait toujours appel lorsqu’il s’agit de remotiver les troupes de l’armée capitaliste) sur la base de quelques misérables statistiques dont beaucoup sont simplement absurdes, « le monde » ne va pas « de mieux en mieux », mais de mal en pis. Les océans se vident de la vie qu’ils abritaient, se remplissent de plastique, se réchauffent, etc., de même que l’atmosphère, avec les désastres que cela génère ; la déforestation continue inexorablement (et assez souvent, lorsque l’on mentionne des grands projets de reforesteration, de reboisement, l’on parle insidieusement de monocultures d’arbres qui n’ont rien à voir avec des forêts, qui sont autant de désastres pour les territoires où elles sont implantées, et qui sont, comme le dit un spécialiste, la pire chose qui pourrait leur arriver après le fait d’être entièrement bétonnés) ; l’urbanisation (la civilisation) progresse très rapidement, et avec elle le pillage et la destruction d’écosystèmes en tous genres, les inégalités sociales augmentent imperturbablement, et le mal-être, et toutes sortes de problèmes. La liste est longue des désastres en cours. Et elle s’allonge d’année en année.

Les sociopathes comme Pinker — qui va quand même jusqu’à affirmer que : « L’essor de réacteurs nucléaires modulaires est une autre bonne nouvelle », entre autres parce qu’ils « ne produiront pas de déchets radioactifs » (quitte à raconter n’importe quoi, autant y aller franchement) — voudraient nous faire marcher docilement vers l’enfer le sourire aux lèvres. Plus encore que l’espoir ou que les faux espoirs, c’est cette vision béate de la situation qui est le pire des fléaux.

Au passage on rappellera que le délire de Steven Pinker est promu en France par le moine bouddhiste Matthieu Ricard, qui a préfacé la version française de son livre « La Part d’ange en nous » (livre encensé par le New York Times, le Wall Street Journal, Bill Gates, qui affirme même que c’est un des livres les plus importants de tous les temps, The Economist, etc.)

Plus de banquise, moins de banquiers

Bref, une année se termine, et de nouveaux cycles de destructions se profilent. Et si nous voulons avoir la moindre chance d’y mettre un terme un jour, nous devons d’abord en avoir pleinement conscience. Ainsi que l’écrivait Simone Weil en 1933 : « Si nous voulons traverser virilement cette sombre époque, nous nous abstiendrons, comme l’Ajax de Sophocle, de nous réchauffer avec des espérances creuses. » Et nous nous abstiendrons de nous réchauffer avec les visions du monde hallucinées et démentielles du genre de celle de Steven Pinker. Comprendre ce qui ne va pas, ce qui pose problème, ce qui est bon, ce qui est mauvais, et ce que nous voulons, est un préalable essentiel.

Un post de Nicolas Caseaux, 31 décembre

- Pour aller plus loin et résister :
https://frama.link/references + http://partage-le.com
http://editionslibre.org + http://deepgreenresistance.fr


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