Dans la(les) crise(s) [1] en cours, les chiffres s’affichent comme le principal déterminant de l’action politique. La croyance en la toute-puissance du chiffre est effectivement une tendance lourde dans notre société : « l’incontestabilité des faits scientifiques » comme l’a formulé Macron (encore faudrait-il s’entendre sur « les faits » observés).
En premier lieu, l’économicisation du monde consiste à ramener tout ce qui existe à une valeur économique quantifiable, ; c’est l’extension du calcul économique à tous les domaines comme celui de la « valeur » d’une vie vie humaine calculée par les assurances, la « valeur » qu’apportent les services éco-systémiques (novlangue désignant la nature) au sacro-saint PIB. Ensuite, le principe de l’évaluation quantifiée se généralise à tous les domaines de l’existence : à l’échelle individuelle (paramètres physiologiques, « intelligence », « réussite » scolaire puis sociale …), au travail (productivité, performance …), indicateurs du mauvais état – très préjudiciable aux humains – de la planète (climat détraqué, disparition massive d’espèces, pollutions en tout genre … chimique, radioactive, de l’air, des sols, des mers … et même de l’espace !). On peut aussi citer les 25000 morts de faim chaque jour, les victimes de toutes sortes de violences dont les guerres …
Alors que faisons-nous de tous ces chiffres ?
Pour l’instant à peu près rien d’autre que de produire de nouvelles données, plus alarmistes que les précédentes. Il faudrait donc prendre acte que notre société ne changera pas de trajectoire en conservant le même système de pensée que celui qui nous a conduit aux catastrophes passées et présentes.
Au-delà des considérations scientifiques, nos vies ne prennent sens que dans les liens qui fondent notre humanité. L’être humain est d’abord un être relationnel, avec tout ce, toutes celles et ceux qui l’entourent. Nous verrons ci-après qu’une bonne partie des études scientifiques confirment ce qui semble évident avec le bon sens, pour qui est suffisamment relié à ses perceptions (et non aux réseaux).
Tenter d’appréhender le monde est une chose, être au monde est une vie.
Un monde (de) malade(s)
Pour rappel, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».
Il est à peu près évident que la séquence Covid que nous subissons dans la plupart das pays ne répond à aucun critère d’une bonne santé globale :
- avec les interdictions [2] de fréquentation de ses proches ou des sorties pour s’aérer le corps ou l’esprit, il ne peut y avoir de bien-être social (sans parler des populations déjà toujours reléguées comme les migrants ou dans les banlieues) ;
- chaque jour qui passe nous rappelle que l’avenir ne peut que s’assombrir : le virus de la peur se répand depuis le pouvoir – la classe politique au service du capital – via ses organes médiatiques (faut-il rappeler qui détient les principaux médias ?). La peur paralyse la pensée, renforce l’obéissance et le conformisme. Le bien-être mental est donc rendu impossible.
- Quant au bien-être physique, tout le monde s’accordera à dire qu’il a disparu. La différence d’appréciation résidera dans le « quand a-t-il disparu ? »
- Cette dernière question en appelle une autre : quelles sont les causes portant atteinte au bien-être physique ?
- Aujourd’hui, les chiffres du Covid éclipsent tous les autres. Encore faudrait-il s’entendre sur leur signification : quand une personne a le Covid et une autre pathologie (facteur de comorbidité), faut-il considérer qu’elle est morte du Covid ? Comment interpréter le fait qu’il n’y a quasiment pas de surmortalité en France entre le 1er mai et le 19 octobre (chiffres INSEE [3]) ?
En France, l’âge moyen des décès est d’un peu moins de 80 ans et l’âge médian de 83 ans. Pour le Covid, l’âge moyen des décès est de 81 ans et l’âge médian de 84 ans … donc les gens meurent au même âge, Covid ou non. Olivier de Soyres, médecin Anesthésiste-Réanimateur à Toulouse, a ainsi déclaré le 16 août : « à condition d’avoir des réanimations en état de fonctionner, on ne meurt pour ainsi dire plus du Covid-19. Cette phrase peut choquer mais c’est notre expérience. Quand les services n’étaient pas débordés, seulement très mobilisés, avec des personnels préparés et formés, ce qui a été notre cas à Toulouse, les patients ont survécu. Certains sont morts avec le Covid, mais pas du Covid. » [4]
Pour agir sur la « mortalité » du Covid, il faudrait donc considérer les facteurs de comorbidité, dont les principaux facteurs sont : pathologies cardiaques, hypertension, diabète, insuffisance rénale, cancers, cirrhose, obésité … c’est-à-dire à peu près les mêmes que les principales causes de mortalité dans le monde [5] et plus particulièrement dans les pays à revenu élevé. Et si nous cherchons les causes de ces causes de mortalité, nous arrivons à la mise en cause de nos modes de vie dans la civilisation industrielle dont les nuisances ont été rappelées plus haut. Sauf qu’aucun pouvoir politique ne mettra en cause le système qu’il cautionne [6]. Le ferait-il que cela demanderait une ré-orientation globale impliquant toute la société et sur un temps certainement bien plus long qu’une gestion dans l’urgence permanente [7].
Détaillons un peu en quoi la santé est mise à mal ; celle-ci reposant sur l’hygiène dont celle du corps avec :
- l’oxygénation qui est le premier besoin primaire. Mais comment éviter les pollutions de l’air sans éviter de (se) transporter de plus en plus et répondre à tous nos besoins de confort (thermique notamment) ? Par ailleurs, la généralisation du port du masque ajoute une nouvelle nuisance respiratoire (sans parler des autres effets psychiques, des entraves à la communication et aux apprentissages du langage pour les enfants …) : il est déjà reconnu qu’il ne faut pas porter le masque lors d’activités physiques. Alors que télés et radios bénéficient d’une dérogation justifiée [8] permettant aux intervenants, journalistes et invités, d’être exemptés du port du masque ; pourquoi, pour le reste de la population, le masque est-il imposé partout et en toute circonstance ? Et que dire de l’obligation du port du masque en extérieur ? Sachant qu’aucune étude n’a prouvé l’existence de cluster en extérieur (hormis pour des foules rassemblées des heures durant), il est à peu près admis que le taux de contamination en extérieur est très faible.
- L’hydratation, à savoir principalement de l’eau de qualité ; les boissons industrielles frelatées sont bien sûr à éviter et il vaut mieux ne pas abuser d’alcool et autres excitants – même si ces derniers nous permettent de mieux supporter l’insupportable.
- La nutrition, de préférence saine ; sauf que la pâtée industrielle qui nous est proposée en rayon n’est ni équilibrée, ni variée (à ne pas confondre avec la profusion de choix pour l’étiquette).
- L’activité physique régulière, qui n’était déjà pas assez pratiquée par la plupart et qui est maintenant circonscrite à un périmètre autorisé d’un kilomètre autour de chez soi.
- De respect des cycles, notamment veille et sommeil, qui sont mis à mal par les rythmes de nos vies (qui accélèrent sans cesse) et encore plus avec les écrans partout [9], notamment quand on est enfermé chez soi. Ainsi, le manque de sommeil augmente « les risques d’obésité, de diabète, d’hypertension, de pathologies cardiaques, d’accidents, [...] l’irritabilité et perturbe les relations familiales ainsi que la qualité de vie et de travail » [10]
Et qui dit mauvaise hygiène de vie, dit mauvaise immunité. Même si les scientifiques ont l’honnêteté de reconnaître que le tout de l’immunité – comme de la vie – n’est pas complètement compris [11], il est reconnu que les facteurs environnementaux comptent dans notre immunité. Ce que le bon sens peut saisir directement. Et ce n’est pas en multipliant les gestes hygiénistes à l’infini que l’on soutient l’immunité puisque le propre du vivant est d’être en interaction avec son environnement, et non d’en être coupé. Rendu à ce stade, nous avons deux options :
- soit nous laissons s’installer le monde sans contact [12] et notre système immunitaire devra être de plus en plus assisté par une prise en charge médicale et la population surveillée/contrôlée par la quincaillerie numérique et les forces de répression [13] (sans parler de l’absurde auto-contrôle quand on remplit son auto-attestation de déplacement et la délation envers les récalcitrants) ;
- soit nous revenons à plus d’interactions avec notre entour (en présence/réellement et non à distance/virtuellement, faut-il le préciser ?) et nous pourrons alors renforcer notre immunité [14] individuelle et sociale, ainsi que psychique.
Évidemment, il ne s’agit pas de défendre l’idée qu’il faudrait rechercher la contamination par n’importe quel virus, mais à tout le moins ne pas craindre les virus à faible létalité [15] comme le Covid 19. A force de nous seriner que beaucoup de personnes sont mortes, après avoir été malades, après avoir été contaminées, l’équivalence suivante s’installe : « contamination = malade = mort » … quand bien même on nous répète que de nombreux cas sont asymptomatiques ou bénins.
Certes, le Covid a des conséquences qui peuvent être graves pour les plus vulnérables, les plus âgés. Mais pourquoi les mêmes mesures pour tout le monde ? Ne faudrait-il pas des mesures différenciées selon les profils ? Considérer que les mêmes mesures doivent s’appliquer à tous est absurde ; un raisonnement similaire pourrait consister à interdire à tous les pratiques qui ne sont pas accessibles aux personnes handicapées. Il s’agit bien plutôt de construire avec les personnes les plus fragiles des pratiques limitant les risques, dont nous en connaissons un certain nombre maintenant avec les nouveaux mantras des gestes barrières.
D’autres, y compris parmi les plus fragiles, considèrent qu’une vie par trop artificielle (sans relation de proximité, sans possibilité de sortir, port du masque) ne mérite pas d’être vécue et ne veulent pas « s’habituer », malgré ce que le pouvoir cherche à nous faire supporter. Au fond, il serait temps pour notre société d’aborder les questions de fin de vie, et non de les reléguer dans des maisons de retrait(e)s. Plutôt que de combattre la mort – comme le proposent les transhumanistes – il serait plus juste de reconnaître que la mort fait partie de la vie.
La peur, c’est toujours la peur de ce qu’on ne connaît pas. Pour l’apprivoiser, il faut accepter de ne pas savoir, ni maîtriser … approches tombées en désuétude avec la modernité, mais que nous pourrions retrouver dans le partage et la simplicité.
Contre le virus de la peur, contaminons-nous par la joie !
version pdf :
Forum de l’article