Avec les faits qui s’accumulent, toujours pires que les prévisions, on sait plusieurs choses :
- Les idées climatosceptiques sont bonnes pour la poubelle
- Les désastres climatiques, sociaux et écologiques s’aggravent et s’étendent
- Ces catastrophes risquent fort de basculer dans un emballement auto-alimenté incontrôlable menant à une planète à peu près inhabitable pour nous et les autres animaux (+5 ou +7° en moyenne, sur fond de biodiversité détruite et de fertilité des sols très affectée), où les îlots de survivalisme et d’autonomie seront balayés tout comme les bunkers des riches
- Ces désastres sont dus à la civilisation industrielle, à son capitalisme et son étatisme
- Cette civilisation capitaliste ne peut pas être réformée, elle ne peut que continuer les mêmes folies suicidaires
- Pour limiter la casse et espérer garder une planète à peu près habitable on ne peut guère compter sur les élus, les institutions en place (qui de plus ne sont pas démocratiques) et les entreprises capitalistes. Car, de gré ou de force, ils défendent et appliquent le même système mortifère
- Donc les nécessaires et de plus en plus urgents changements radicaux ne peuvent être portés que par les peuples, depuis la base
- Les petits gestes individuels sont très insuffisants, on a besoin de fortes résistances et d’alternatives collectives puissantes
- Vu la gravité de la situation et la volonté arrêtée du système en place d’accélérer vers le mur, il est essentiel de s’opposer à toutes les nuisances, de les stopper
- Vu l’ampleur de la tache et vues les entraves et répressions exercées par les Etats et le système capitaliste, il faudrait en action de fortes minorités, avec des franges déterminées, soutenues par une part croissante des populations
- Luttes écologico-sociales : David contre Goliath ?
Même si les dirigants du système sont minoritaires et extrémistes, ils ont le pouvoir politique et économique, ils dirigent un Etat policier et une économie totalitaire, avec toute la rigidité et le conservatisme autoritaire qui va avec, ils ont avec eux : forces de l’ordre et armées, gros médias, lobbies capitalistes, éducation nationale, publicité, lois faites pour eux et par eux, une idéologie distillée depuis longtemps au point qu’elle imbibe tout et tout le monde, le soutien de quasi tous les riches et bourgeois…
On observe ainsi depuis des années que les actions symboliques, déclarations, procès, manifestations classiques, grèves épisodiques, boycotts, écogestes, consomm’action, marches climat, colloques, suppliques aux dirigeants… seront très loin de suffire.
D’autant qu’on voit plutôt se renforcer l’arsenal de la répression et de la propagande destinés à contrer toute contestation, et spécialement les combats écologico-sociaux dès qu’ils pourraient perturber l’ordre en place.
Au lieu de partir et de favoriser la sobriété et une forme de « décroissance » choisie salvatrice permettant des sociétés vivables et viables, la plupart des dirigeant.e.s ne jurent que par la croissance économique, le bétonnage, l’innovation technologique, la 5G, l’IA…
Beaucoup trop croient encore au rêve d’être sauvé par une croissance « verte », par des inventions techniques, par la dictature, par les énergies « renouvelables », par des transitions gentillettes et très étalées… Ils voudraient en fait continuer le même système politico-économique, le même mode de vie, mais en le rendant « écolo-comptatible ». Or c’est impossible, ils ne font alors que perpétuer et aggraver les désastres.
En réalité, si on voulait vraiment être à la hauteur, il faudrait qu’un nombre croissant de personnes se rencontrent régulièrement dans chaque commune, pour jauger la situation locale, puis lancer rapidement des actions radicales de résistance et d’alternatives dans tous les domaines, en les reliant dans un écosystème solide et résilient. On a besoin d’une forte culture de résistance, permanente, mouvante et volontaire, d’abord localement, et qui pourrait se relier à d’autres communes pour former des fronts plus larges.
La plupart du temps, ça devra se faire sans les élus et les institutions, voire contre eux. Ce sera donc des assemblées parallèles, des communes libres.
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Or, malgré certaines initiatives intéressantes, ce n’est pas du tout ce qu’on observe, l’ampleur requise n’est pas au rdv.
On voit plutôt à peu près les mêmes personnes surchauffer, pendant que la plupart des autres observent, continuent la même vie, privilégient loisirs, consommation et emploi, participent épisodiquement de loin, voire rejoignent les dirigeants du système dans l’hostilité aux résistances.
On connaît bien toutes les raisons à cet immobilisme : passivité, résignation, peur de penser librement, peur des autres, peur de l’Etat, individualisme, replis sur la sphère privée, galères, précarité, confort, course au temps, hédonisme, narcissisme etc.
Mais à présent nous allons devoir faire le contraire de nos habitudes et de ce que le système nous a inculqué.
Au lieu de nous retrancher dans la sphère familiale et amicale, de laisser faire politiciens et capitalistes, nous allons devoir prendre directement nos vies en main collectivement, nous allier, agir et lutter ensemble ou en concertation, mutualiser, débattre, nous disputer, partager, faire jouer la solidarité, l’entraide, accepter des mode d’action différents mais s’inscrivant dans des objectifs similaires, faire vivre des assemblées et des groupes d’action, désobéir…
Il faudra aussi forcément démolir les classes sociales et les barrières qui vont avec en transformant leurs mécanismes culturels et structures matérielles (propriété, niveau de richesse, facilité d’études supérieures…) exacerbées par le monde capitaliste et ses strates hiérarchiques, ses dominations patriarcales, colonialistes, racistes…
Il faudra sortir du marché du travail, inventer des modes d’échange coopératif hors du Marché , de la croissance et des dogmes capitalistes.
Si nous ne parvenons pas à faire vivre assez vite ces changements radicaux et profonds de manière suffisamment large, alors organisons une grande cérémonie funèbre pour acter notre échec et nous préparer à la destruction violente de la plupart des humains et des autres animaux par les conséquences de la civilisation industrielle. Il faudra aussi expliquer aux enfants qui se prendront les désastres en pleine poire qu’on est incapable de se bouger le cul pour leur préparer un avenir vivable.
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