Dans les médias on lit souvent que le vivant subit une extinction, qu’on assiste à une extinction de la biodiversité, un déclin du nombre d’espèces.
Cette expression inadaptée masque la réalité et détourne l’attention. Elle fait croire que ce serait une calamité naturelle, inévitable, abstraite, neutre, une extinction malencontreuse venue de nulle part, pas de chance.
A l’heure du congrès mondial de la nature UICN à Marseille début septembre 2021, où la biodiversité est auscultée sous toutes les coutures, il serait temps de prendre la mesure de ce qui se passe, et surtout de faire cesser le système irréformable qui produit toutes ces nuisances dramatiques et autodestructrices.
- Congrès mondial de la nature UICN - Il ne s’agit pas de l’extinction de la biodiversité, mais de sa destruction systématique par le techno-capitalisme
- Pollutions plastiques ou chimiques, pesticides ou déforestations, les animaux sont tués par le techno-monde et ses effets
Même Reporterre reprend le terme d’extinction : Entretien — Nature : Tout comprendre à l’effondrement de la biodiversité
Tout comprendre à l’effondrement de la biodiversité - Alors que s’ouvre, vendredi 3 septembre, le Congrès mondial de la nature à Marseille, Reporterre révise les fondamentaux avec Hélène Soubelet, directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité. Qu’est-ce que ce mot recouvre ? Assiste-t-on à une extinction de masse ? Que faire pour la contrer ?
(...) Selon l’IPBES, nous ne sommes pas encore dans une extinction de masse. Lors des extinctions précédentes, de l’ordre de 80 % des espèces ont disparu... ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. En revanche, on en prend la direction. Le taux d’extinction est actuellement 100 à 1 000 fois supérieur à celui calculé au cours des temps géologiques. [2] C’est un processus, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Mais le déclin se fait à un rythme très rapide. Les écosystèmes se dégradent trop vite pour que les espèces s’adaptent, beaucoup risquent donc de disparaître.
(...)
Pourtant on sait bien que ces disparitions dramatiques en série des espèces et individus (animaux ou végétaux) ne sont pas dues au hasard, mais bien à la civilisation industrielle, à son idéologie et à ses structures (Etat, capitalisme, technologie, progrès, croissance, productivisme...).
Il faudrait donc plutôt parler de destruction programmée, de massacre accéléré volontaire, de mise à mort cynique du vivant au profit du Capital des riches actionnaires et de la mégamachine dans son ensemble, de remplacement des mondes vivants libres par un monde techno-machinique sous cloche et sous surveillance, d’écocide administré...
- Congrès mondial de la nature UICN - Il ne s’agit pas de l’extinction de la biodiversité, mais de sa destruction systématique par le techno-capitalisme
- La biodiversité est volontairement sacrifiée par l’expansion techno-industrielle
UICN : un système écocidaire et des écologistes main dans la main ?!
Sur la page d’accueil du congrès ça commence mal, la vidéo « la résilience c’est dans notre nature » semble faire l’apologie de l’adaptation aux désastres du techno-capitalisme plutôt que de faire cesser ce qui les causes.
Quand on voit la liste des partenaires et sponsors (Nutella et Veolia) ça fait peur, exemples : SNCF, Pernod Ricard, Caisse d’épargne, Bouygues immobilier, BNP Paribas, L’Oréal, USA, JCDeacaux, BFM Business, Yves Rocher, Onet...
Dans le programme, on retrouve des saloperies techno-libérales de type :
- L’engagement des entreprises pour la biodiversité - Venez découvrir comment des grandes entreprises qui impactent la biodiversité ont trouvé des solutions pour que sa préservation devienne une opportunité. (avec EDF, Engie, Veolia, Primagaz, Eqiom, Nestlé...)
- Outil de gestion innovant pour la relance de l’économie et le développement durable
- Financement de la compensation de la biodiversité
- Mesure de la biodiversité des entreprises dans le contexte politique mondial actuel et futur
- Intégrer la nature dans la planification du développement grâce à la comptabilité du capital naturel
- Investir dans la nature
- Comment influencer les développements miniers afin d’obtenir de meilleurs résultats pour la nature et les personnes : des mines propres ??
- Autour du One Planet Summit de Macron : la transformation des chaînes de valeur vers une économie positive pour la nature, et l’innovation pour financer la conservation et la restauration des écosystèmes.
- Formation innovante pour les entreprises de conservation : qu’est-ce qui rend un projet de conservation bancable ?
- Premières étapes d’un engagement efficace entre les entreprises et les ONG de conservation - Cette session de deux heures vous permettra d’acquérir une première compréhension des intérêts et du rôle des entreprises dans la protection et la conservation de la nature, d’expérimenter des moyens pratiques pour encourager une collaboration efficace, ainsi que de mieux comprendre et parler le langage du monde des affaires.
- Le business des océans : Entreprises durables et financements innovants - Évalués entre 3 et 6 billions de dollars par an et employant plus de 3 milliards de personnes, les océans sains offrent des avantages considérables au secteur privé. Conscients de cette valeur, les entreprises et les financiers se sont de plus en plus engagés dans la conservation des océans. Cette session explorera les stratégies de financement innovantes qui favorisent les entreprises durables.
- Capital naturel et économie verte : intégrer la biodiversité dans le processus décisionnel, de l’entreprise à la politique - Cette session explorera la manière dont les entreprises, la finance et la politique abordent la biodiversité comme une question matérielle. Chacun d’entre eux est confronté à des défis uniques pour s’assurer que la biodiversité est intégrée dans toutes les décisions qu’ils prennent. La session montrera des exemples de ces communautés et discutera de la manière dont elles peuvent contribuer à une nature positive.
- Congrès mondial de la nature UICN - Il ne s’agit pas de l’extinction de la biodiversité, mais de sa destruction systématique par le techno-capitalisme
- Une vie riche entourée de mondes vivants complexes, ou une sous-vie de termite dépendante de la cybernétique ?
Bref, un grand show médiatique chapeauté par les Etats et les grosses entreprises, pour promouvoir leurs actions « vertueuses », tourner en rond, faire de l’enfumage écoeurant, se rassurer via des exemples de protection de la biodiversité, et soigneusement éviter de parler des vraies options (voir en PS) qui fâchent pour préserver le vivant, pour créer des sociétés vivables et garder une planète habitable.
Multinationales, banques, Etats, population, tous main dans la main pour que le business continue tout en épargnant (un peu) le vivant et en en tirant des profits.
Qui aurait l’idée saugrenue d’associer bourreaux et condamnés pour militer pour l’abolition de la peine de mort ?
C’est pourtant ce qui se passe : les entreprises et les idéologies responsables structurellement du carnage veulent faire croire qu’elles peuvent fonctionner autrement et sauver la mise.
Mais non désolé, les pyromanes acharnés ne font pas de bons pompiers, et les mécanismes du Marché sont le problème, les faire jouer légèrement différemment ne réglera rien, bien au contraire.
Ok c’est chouette de défendre des espèces animales ou végétales menacées ou des peuples autochtones, mais pas n’importe comment.
Et le faire en associant leurs bourreaux est délirant, schizophrène, mensonger, criminel.
Surtout on sait bien que rien ne pourra être préservé au final tant que la civilisation industrielle et son techno-capitalisme (plus ou moins régulé/protégé par les Etats) continueront.
- Congrès mondial de la nature UICN - Il ne s’agit pas de l’extinction de la biodiversité, mais de sa destruction systématique par le techno-capitalisme
- Le système industriel détruit les mondes vivants, quelles que soient les énergies qu’il consomme
Voir : Congrès de la nature - Les aires protégées sous le feu des critiques (...)
Estienne Rodary, chercheur à l’IRD, spécialiste du sujet : « La conservation s’est historiquement faite au détriment des populations locales, me dit-il. Dans l’esprit des promoteurs des aires protégées, notamment les grosses ONG comme le WWF, protéger efficacement une zone signifie nécessairement l’exclusion des populations locales ou la restriction drastique de leurs activités. »
Sauf que... ça ne marche pas. « La multiplication des aires protégées n’a pas fondamentalement changé la manière dont on détruit la nature à l’échelle globale, par nos modes de vie », dit-t-il. Autrement dit : tant que l’on continuera de produire intensivement, de consommer massivement et de polluer, on ne résoudra pas la crise écologique, quand bien même on crée à tour de bras des espaces préservés.
(...)
« Au XIXe siècle, à l’époque coloniale et industrielle, certains Occidentaux se sont rendu compte qu’on détruisait peu à peu la nature, me répond-il. Mais plutôt que de remettre en cause le modèle économique à l’origine du désastre, ils ont préféré limiter les dégâts en plaçant certaines zones de nature dans des enclos. » En Afrique ou en Asie, c’était aussi une manière pour les colons d’imposer concrètement, matériellement, leur domination sur les terres conquises. « C’est horrible à dire, mais on a créé des réserves — et on continue de le faire — pour s’exonérer des destructions que l’on cause ailleurs. Ça permet de se dire “On fait quelque chose pour la planète”. » Et donc dénoncer les aires protégées, c’est remettre en cause tout le système qu’on a bâti « pour sauver la planète ». « Il est plus facile de créer ou de financer une aire protégée en Afrique que de transformer radicalement notre système économique », conclut, amer, le chercheur.
(...)
« 56 % des études sur la conservation sous contrôle “local” — par les communautés — montrent des résultats positifs, tant pour le bien-être humain que pour la conservation. Pour la conservation sous contrôle “extérieur” — par les États ou les ONG — , seul 16 % des études rapportent des résultats positifs et plus d’un tiers ont abouti à une conservation inefficace et des résultats sociaux négatifs. »
(...)
- Congrès mondial de la nature UICN - Il ne s’agit pas de l’extinction de la biodiversité, mais de sa destruction systématique par le techno-capitalisme
- Par nature, le capitalisme ne peut pas être écologique, tout comme il ne peut pas favoriser un réel épanouissement social pour toustes
Ce que veulent en priorité technocrates et capitalistes, c’est la résilience, la survie et l’adaptation du techno-monde industriel, de leurs profits, de leur puissance, de la mégamachine, pas la prise en compte réelle des mondes vivants.
Tout simplement parce que cette prise en compte implique la démolition radicale de la civilisation industrielle.
- Congrès mondial de la nature UICN - Il ne s’agit pas de l’extinction de la biodiversité, mais de sa destruction systématique par le techno-capitalisme
- Le Capital détruit le vivant pour croître, et aussi : la destruction du vivant libre et gratuit permet de développer de nouveaux marchés pour des marchandises mortes et payantes de remplacement
Les seuls capitalistes responsables sont ceux prêts à arrêter leur activité et à léguer leur argent à des mouvements écologistes radicaux.
- Congrès mondial de la nature UICN - Il ne s’agit pas de l’extinction de la biodiversité, mais de sa destruction systématique par le techno-capitalisme
- Remplacer le pétrole par des énergies « vertes », comme l’industrie a remplacé la combustion du bois par le charbon ?
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