Agenda d’événements Vallée de la Drôme et environs : luttes, événements militants, grèves, alternatives...
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Le 10 novembre dernier, à Saint-Étienne, une première journée de rencontres antimilitaristes alertait sur l’instauration encore relativement silencieuse d’un état de guerre en France, détaillant ses discours, dispositifs d’embrigadement, infrastructure et cadre légal.
Depuis, les choses se sont accélérées. Le récent retournement géopolitique a ajouté de nouvelles marches à l’escalator de la violence guerrière. La militarisation suit désormais le style décomplexé de Donald Trump, réélu à la tête des États-Unis et qui n’hésite pas à (faire) tomber le(s) masques. Sa tentative de négocier avec Poutine le partage des ressources minières et des centrales nucléaires de l’Ukraine lui fait remettre en cause le soutien à ses alliés de l’OTAN qui, par ailleurs, selon lui, « ne dépensent pas assez pour leur défense ». À cette version musclée de négociation commerciale – les armes européennes proviennent aux deux tiers des États-Unis ! – l’Union européenne répond en jouant les gros bras à son tour et clame son ambition d’indépendance pour soutenir, par son réarmement, sa propre économie. Les 800 milliards d’euros sur cinq ans qu’elle débloque à cette fin ont de quoi donner un sérieux coup de pouce à ses industries, en stimulant la sacro-sainte concurrence qui, comme on sait, favorise les plus forts : les valeurs boursières de Thalès et de Dassault ont déjà grimpé de 60 % en quelques mois ! En France, les stratèges se frottent les mains. Devenue 2e exportatrice d’armes (mais quand même loin derrière les États-Unis), la Base industrielle et technologique de la défense française compte plus encore que toutes les autres profiter de cette aubaine. Les subventions coulent à flots (50 milliards d’euros pour les armées françaises, sans compter le soutien à l’export en 2025), la production de poudres et d’explosifs tourne « 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 », les marchands de canons débouchent le champagne. Pour justifier cette surenchère, l’État français redouble d’efforts d’embrigadement pour cultiver « l’esprit de défense » de « sa » population et n’hésite pas à ajouter vraiment de l’huile sur le feu pour rendre son discours crédible. Et pendant qu’en Ukraine, en Palestine, en Russie, au Yémen, au Congo, au Soudan et ailleurs, des millions de personnes meurent sous les bombes, dans les tranchées ou en cherchant à prendre la tangente, ici, tous les partis politiques, de concert avec les industriels, cherchent à qui mieux mieux à tirer leur épingle du jeu pour racoler le client, et n’ont plus que les mots patriotisme et souveraineté à la bouche.
Face à cet innommable cynisme et à l’angoisse d’une perspective de guerre « à nos portes », l’antimilitarisme redevient un sujet militant d’importance. Alors que, depuis la fin du service militaire, le refus de la guerre et de l’armée était passé au second plan des luttes sociales, voilà que les « groupuscules antimilitaristes » intéressent de nouveau les services de renseignement (qui cherchent à y débusquer des espions étrangers !) et que les politiciens des Soulèvements de la Terre - ayant pour fâcheuse tendance de se saisir de tout domaine où « ça commence à bouger », signe s’il en est - font de la guerre un nouveau « front » pour de futurs spectacles de masse.
Mais justement parce que tout se précipite et s’emballe, parce que les annonces va-t-en-guerre de l’État font souffler un vent de panique toujours plus fort, nous voulons essayer de ne pas faire les choses dans l’urgence. Parce que nous sommes convaincu.es que se rencontrer autour de ces questions vaut mieux que l’atomisation des soirées angoissantes passées devant Insta ou le journal télévisé, nous proposons à tou.tes celleux qui en ressentent le besoin et l’envie de prendre deux jours pour discuter, échanger, réfléchir. Parce que nous avons encore le luxe de pouvoir le faire. Parce que, même si de plus en plus de personnes se sentent concernées, il reste toujours bien difficile d’oser porter le discours antimilitariste au-delà de nos petits cercles. Parce que nous avons besoin d’étayer nos arguments, nos raisons et nos leviers. Parce que nous n’avons pas fini de subir la propagande guerrière et qu’il n’est jamais de trop de mettre en lumière les relais et l’infamie de son discours. Parce que (re)prendre le chemin des luttes antimilitaristes, c’est relier et relire des années d’histoires de lutte, mais aussi savoir ce qui se passe ailleurs, aujourd’hui même, et créer des liens. Parce que confronter ouvertement nos idées nous paraît plus que jamais nécessaire pour enrayer l’engrenage de la guerre de tou.tes contre tou.tes. Et peut-être aussi parce que, même à contre-courant, nous croyons qu’il est toujours possible d’inverser le cours des choses. Car si nous acceptions le meurtre de masse, la violence institutionnalisée et les nationalismes fétides comme inéluctables, ils auraient déjà gagné.
Rendez-vous le 24 et le 25 mai à Saint-Étienne pour deux journées de discussions !
Des antimilitaristes.
Lors de ces deux journées de mai, nous aimerions aborder collectivement les différentes questions relatives aux perspectives de luttes, entre autres :
Pourquoi et comment s’opposer aux guerres et aux armées ?
Quels acteurs fabriquent concrètement la guerre à côté de chez nous, quelles entreprises et institutions se joignent localement à l’actuel effort conjoint de guerre et de commerce ?
Comment l’État s’y prend pour se faire une réserve humaine et matérielle pour la guerre ?
Comment contrer la propagande ?
Quelles perspectives se dégagent des luttes qui se mènent déjà contre la guerre et la militarisation, comment on peut y inscrire nos actions, les étoffer et les relier ?
Comment, face à ce sujet angoissant, se donner de la force sans jouer les gros bras ?
Samedi 24
11h : Contre-visite de la manufacture d’armes de Saint-Étienne aussi appelée "cité du design" (balade commentée). Rendez-vous à l’angle de la place Carnot et de la rue Ampère.
12h30 : Pique-nique tiré du sac (amène tes provisions !)
à la MJC des Tilleuls (8, rue du pavillon chinois)
14h : Présentation des deux jours
puis discussions à base de la brochure "la guerre se fabrique", notamment :
un « qui suis-je ? » autour de l’industrie de la mort dans la Loire,
un focus sur l’économie duale dans la région.
suivies d’ateliers sur ce qu’on peut faire de tout ça.
17h : Expériences et perspectives de lutte : discussion ouverte avec des antimilitaristes d’ici et d’ailleurs
20h : Bouffe
21h : Karaoké et/ou peut-être autres surprises
Dimanche 25
à la MJC des Tilleuls (8, rue du pavillon chinois)
10h30 : Armées-jeunesse : infiltrer, séduire, recruter. Au-delà de l’éphémère SNU, comment s’opère progressivement et par différents biais une militarisation de la jeunesse. Exposé par une personne du collectif Non au SNU Île-de-France puis discussion.
12h : Bouffe
14h : Jeu de rôles pour répondre à la question « qu’est-ce que je dis à mon daron (collègue, co-voitureuse, etc.) qui me sort "mais que veux-tu, faut bien qu’on se défende", "Poutine, c’est un fou, on doit faire quelque chose", "on doit être armés pour dissuader les autres de nous attaquer" et autres poncifs militaristes ».
17h : Discussion autour de la désertion avec notamment Guy Dechesne autour de ses chroniques sur les réfractaires de la guerre Russie-Ukraine.
19h30 : Clôture des deux jours, récap d’idées, propositions, dates, etc.
20h : Petite bouffe
Pendant tout le we : infokiosques, salle d’écoute de podcasts, arpentage de presse internationale autour des luttes antimilitaristes de par le monde, affiches et autres arts plastiques, etc.