Une écologie qui aide les ravages du techno-capitalisme à durer ?! Allons plutôt aux racines des problèmes

Ni revenir au passé ni faire perdurer un système dévastateur

samedi 12 novembre 2022, par Auteurs divers.

Alors que la farce sinistre de la COP 27 bat son plein, des tas de personnes espèrent sauver ou faire durer la civilisation industrielle un peu plus en rivalisant de projets d’énergies dites renouvelables et d’innovations technologiques à venir.
Mais en réalité, il faudrait surtout viser à démanteler la civilisation industrielle plutôt que vouloir la rafistoler afin qu’elle puisse continuer à tout ravager.
Arrêtons de vouloir aménager la catastrophe (ce qui est de toute façon impossible tant ce système est cohérent et irréformable), ciblons plutôt ses causes profondes.

L’Ecologie ou la Révolution
Le week-end du 28 et 29 octobre, une invitation appelle à se retrouver pour empêcher l’installation d’une nouvelle méga-bassine. L’objectif est très clair mais il faut l’avouer, il semble difficilement atteignable. S’attaquer directement à des projets dévastateurs, à ceux qui les mettent en place et les protègent relève du bon sens, mais comment s’y prendre pour réussir ?
(...)

- Mais n’oublions pas : si on laisse la civilisation industrielle durer et s’effondrer d’elle-même, la planète pourrait ne plus être habitable...

- A propos du livre de Greta Thunberg "Le grand livre du climat" :

LE MOUVEMENT CLIMAT ET SES LIMITES : BULLSHIT AS USUAL

S’inquiéter de ce que l’école sert à manger aux enfants, à la cantine, réclamer moins de viande et davantage de haricots, plutôt que s’inquiéter de ce à quoi l’école sert, de ce qu’elle est (un outil de reproduction des inégalités sociales, une cause majeure de la perpétuation du désastre social et écologique, un instrument de propagande au service de l’État, du capitalisme, de la domination). Aspirer à ce que les multinationales et les riches soient davantage taxés (façon Oxfam ou Attac) au lieu d’aspirer à ce qu’il n’y ait plus de riches et plus de multinationales (plus de capitalisme). Espérer que Macron ou X dirigeant prenne des mesures pour améliorer la situation ci et là au lieu d’aspirer à ce qu’il n’y ait plus de dirigeants…

Tant que les rares qui trouvent à redire à la présente situation et souhaitent changer les choses se contenteront de vouloir superficiellement aménager la catastrophe en cours, elle continuera. Le problème, ce n’est pas ce que les enfants mangent à l’école (bœuf ou brocolis), c’est l’école. Pas les mauvaises décisions de tel ou tel dirigeant/président/organisme international, mais l’existence de dirigeants/présidents/organismes internationaux. Etc.

C’est toute l’importance d’une analyse et d’une critique radicales. Comprendre l’étendue des problèmes actuels, avoir conscience de leur profondeur, ne pas accepter la définition terriblement partielle/superficielle des problèmes sociaux/écologiques véhiculée par les médias de masse, les intellectuels, les gouvernants, etc.

Tant qu’on ne s’attaquera pas au fond du problème, le désastre continuera. C’est bien de pousser pour que Macron interdise l’exploitation minière des fonds marins. C’est encore plus important d’avoir pour objectif de démanteler les structures sociales démesurées, autoritaires, dont d’innombrables problèmes jailliront toujours, nécessairement.

Le problème n’est jamais tel ou tel aspect ou détail du désastre social et écologique actuel. Mais le fait de vivre dans des organisations sociales et gigantesques, démesurées, dans lesquelles le pouvoir est nécessairement centralisé, et où l’individu se trouve largement dépossédé de tout pouvoir significatif sur le cours des choses, qui lui échappe totalement (et qui échappe finalement à tout le monde, même aux principaux dirigeants, chefs d’État et d’entreprise).

Les ONG écologistes, qui d’un certain point de vue font un travail important en militant pour que telle ou telle nuisance soit évitée ou arrêtée, passent néanmoins leur temps à courir derrière le rouleau-compresseur du désastre techno-industriel pour tenter de limiter ou colmater les dégâts toujours plus nombreux qu’il génère nécessairement. Une course sans espoir.

Dans le livre qu’elle vient de publier, Greta Thunberg réunit de multiples et éminents contributeurs (Naomi Klein, George Monbiot, Bill McKibben, Kate Raworth, etc.) qui ont ça de commun de s’accorder tous pour passer à côté de nos problèmes les plus fondamentaux. Les principaux problèmes évoqués sont le réchauffement climatique, la sixième extinction de masse et diverses pollutions et dégradations du monde naturel, l’utilisation des combustibles fossiles, les inégalités économiques, les excès du « consumérisme ».

La démesure des organisations sociales (la « question de taille »), l’État en tant que système de domination et de dépossession, les implications sociales et écologiques de la technologie (la stratification sociale, la division hiérarchique du travail, l’autoritarisme, la centralisation du pouvoir qu’elle requiert) ne sont jamais évoqués. Le capitalisme est mentionné quatre fois en 470 pages. Et si Jason Hickel le considère comme un problème — mais en le réduisant à « la croissance perpétuelle du PIB » —, Naomi Oreskes dénonce, elle, « le capitalisme, tel qu’il est actuellement mis en œuvre » (un autre capitalisme est possible ! Bio et équitable !).

Les contributeurs proposent à peu près tous un même horizon, un même objectif à atteindre, une sorte de civilisation techno-industrielle basse consommation, durable, basée sur un système marchand affranchi de la croissance, avec des « emplois verts » (le travail c’est la liberté), etc. Une décroissance des mauvaises industries, une croissance des bonnes industries. Le développement des énergies dites propres, renouvelables ou vertes (mais n’étant rien de tout ça en réalité) est particulièrement encouragé :

« Les mouvements sociaux et politiques peuvent s’associer au développement technologique afin d’accélérer l’indispensable transition énergétique. Les outils de base existent : le monde sait créer de l’électricité grâce au solaire et à l’éolien, stocker l’énergie dans des batteries ou de l’hydrogène, et créer des transports non polluants. »

« Le design et la technologie ont bien sûr un rôle à jouer dans la transition écologique : comme l’a montré l’AIE, l’“amélioration du rendement des matériaux” peut contribuer à réduire la demande de produits industriels et l’énergie nécessaire pour les fabriquer. »

« D’ici 2030, l’industrie éolienne offshore pourrait générer plus de 200 gigawatts d’électricité à l’échelle mondiale. Il existe aussi une technologie en développement visant à exploiter l’énergie des vagues et des courants, ainsi qu’à créer des panneaux solaires flottants. »

« Nous possédons des technologies prometteuses […]. Nous avons également la capacité d’investir davantage dans ces technologies […]. »
Parmi les principales choses à faire listées à la fin du livre, on trouve « investir dans l’énergie solaire et éolienne » et « investir dans la science, la recherche et la technologie », car si « la technologie seule ne nous sauvera pas […]. Néanmoins, nous en avons désespérément besoin […]. »

(Le livre illustre bien ce fait que la plupart de ceux qui dénoncent le « technosolutionnisme » sont des technosolutionnistes qui ne s’assument pas comme tels. C’est simplement qu’il y a différents degrés dans le technosolutionnisme.)

Cela dit, de bonnes choses sont encouragées, comme le réensauvagement et la restauration de la nature, ou encore une meilleure distribution des richesses (mais à côté de platitudes nébuleuses telles que « la justice climatique »). La démocratie est également défendue (« il n’existe pas meilleur outil que la démocratie pour résoudre cette crise »), mais la « démocratie » telle qu’elle existerait aujourd’hui en France, au Royaume-Uni, en Suède, etc. C’est-à-dire que ce n’est pas la « démocratie » qui est ainsi défendue, mais le régime politique des pays occidentaux, qui est loin d’être réellement démocratique, qui s’apparente plutôt à une sorte d’oligarchie ou aristocratie élective.

Somme toute, on retrouve dans ce livre toutes les contradictions et les incohérences du mouvement climat. Vouloir sauver la nature ET la civilisation techno-industrielle ET la démocratie (qui n’en est pas vraiment une) ET conserver les principales composantes du capitalisme (travail, argent, marchandise, valeur). Une évaluation incroyablement naïve des forces en présence. Rien sur le problème de la technologie. Rien ou presque sur l’imposture des « démocraties » modernes. Mais des propositions et des horizons qui paraitront rassurants pour beaucoup. Des mensonges agréables.

On retrouve même une contribution d’Erica Chenoweth, éminente universitaire d’Harvard, très appréciée des plus prestigieux médias de masse (New York Times, Guardian, etc.), connue pour sa thèse (qui a donné naissance à une prétendue « règle des 3,5 % ») selon laquelle la non-violence serait plus efficace que n’importe quelle autre méthode de lutte. Mais de lutte pour quoi ? Pour Chenoweth, la démocratie capitaliste des États-Unis d’Amérique constitue le nec plus ultra en matière de sociétés humaines. Que des mouvements qui se prétendent plus ou moins anticapitalistes ou anarchistes se base sur ses travaux semble assez absurde.

Bref, encore un ouvrage qui aidera assez peu à la constitution d’un véritable mouvement écologiste en faveur de la nature et de la liberté.

(message de Nicolas Casaux)
- sur le web : https://www.partage-le.com/2022/11/10/le-mouvement-climat-et-ses-limites-sur-le-nouveau-livre-de-greta-thunberg-par-nicolas-casaux/

Un écologie qui aide les ravages du techno-capitalisme à durer ?! Plutôt aller aux racines des problèmes
Alimenter les bulldozer au solaire ou arrêter les mines géantes et la société de masse ?

Petit rappel pour les techno "écologistes", sur la photo il s’agit d’un CAT994A.

Il brûle environ 1000 litres de carburant en 12 heures, déplace environ 250 tonnes de saletés pour extraire les matériaux nécessaires à produire UNE seule batterie Tesla.

Pour fabriquer chaque batterie, il faut traiter :
- 12 tonnes de saumure pour le lithium,
- 15 tonnes de minerai pour le cobalt
- 3 tonnes de minerai pour le nickel,
- 12 tonnes de minerai pour le cuivre

Et déplacer 250 tonnes de la croûte terrestre.

Pour juste - une - batterie, qui comporte environ :
- 12 kg de lithium
- 30 kg de nickel
- 22 kg de manganèse
- 15 kg de cobalt
- 100 kg de cuivre
- 200 kg d’aluminium, d’acier et de plastique

Et les gens croient encore à "zéro émission" lorsqu’ils conduisent leur voiture électrique....et on n’a pas abordé le « recyclage ».

(post FB de Kryssa Quiniou)

- L’effondrement, parlons-en ... les limites de la collapsologie - Depuis une dizaine d’années, la collapsologie a le vent en poupe. L’accélération des bouleversements climatiques, la perte de repères politiques et collectifs -favorisée notamment par l’épidémie de COVID-19 et sa gestion chaotique-, et le spectre d’une énième crise financière généralisée sont autant de facteurs qui alimentent le sentiment diffus mais largement partagé d’un "effondrement" imminent.
Initialement paru sur barricade.be, ce texte critique analyse les éléments de discours et les logiques en vogue au sein de la galaxie collapsologue. Tout en soulignant la réalité de l’urgence écologique en cours, l’auteur pointe les limites de la pensée collapsologue, son caractère confus et l’impuissance politique dont elle s’accomode parfaitement.

Un écologie qui aide les ravages du techno-capitalisme à durer ?! Plutôt aller aux racines des problèmes

« L’activité des industriels nécessite l’extraction massive des ressources, un système mondialisé de transport, de distribution, de communication, etc. Ils voient notre monde comme un ensemble de ressources à exploiter, parmi lesquelles les « ressources humaines », stock de consommateurs et de travailleurs corvéables.
Comme l’ont fait remarquer deux chercheurs australiens, la meilleure chose qu’une entreprise puisse faire pour mettre un terme à la destruction de la nature, c’est de mettre la clé sous la porte.
Ça veut dire que notre objectif, c’est que le monde économique ne puisse pas continuer sa guerre contre le monde vivant. Concrètement, ça passe par l’action directe, le sabotage, des actions musclées contre tout ce système mortifère. »

- voir :
https://www.vert-resistance.org/strategies/ecologie-comment-faire-pour-ne-pas-deprimer-face-a-notre-impuissance%e2%80%89/
https://www.vert-resistance.org/strategies/appel-a-ceux-qui-nont-pas-le-pouvoir/
https://www.vert-resistance.org/strategies/contre-lepuisement-militant-penser-strategiquement/
https://paris-luttes.info/appel-au-mouvement-ecologiste-16044
https://ricochets.cc/Resister-penser-strategiquement-en-fonction-des-objectifs-et-des-forces-disponibles.html


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