Un point après les élections - Mise en perspective plus large

« Nous nous retrouvons coincés entre la renaissance fébrile et bancale des illusions de gauche, la stabilité effective du parti de l’économie et le ressentiment rance de la réaction »

mercredi 10 juillet 2024

Quelques remarques, puis des actus et analyses.

Non victoire du RN, non victoire (ou demi victoire) de la gauche + absence de révoltes et de mouvement social conséquent : la situation est mauvaise.
Notre sursaut a permis de (faire) battre le RN.
A présent, on a besoin d’un sursaut bien plus grand pour déborder partout et porter une vraie rupture. Et il ne s’agit pas d’un sursaut sur quelques semaines, mais d’un effort long, difficile et essentiel sur plusieurs mois et années, d’un effort quotidien et permanent, bref d’un changement de perspectives, d’objectifs et surtout de modalités d’action. Ce qui nécessite de nombreux et actifs renforts...

Mise en perspective large

Je tente une synthèse politique résumée englobant la dernière séquence électorale, en m’appuyant sur diverses articles.

Dans cette répugnante démocrature autoritaire capitaliste (oligarchie élective), une pseudo alternance politique droite/pseudo-gauche a lieu depuis le Miterrand des années 80 pour faire croire à la démocratie et à la pluralité politique.
Sur le fond, tous ces gouvernements ont appliqué la même politique de merde (répression, privatisation, destruction des communs, lois en faveur du capitalisme...). Forcément, ils doivent suivre les impératifs que leur imposent l’Etat et le capitalisme, la civilisation industrielle (Croissance, concurrence, productivisme, quête de la puissance, techno-solutionnisme, libéralisation, flexibilisation, méritocratie, mondialisation...), et de toute façon ils sont tous parfaitement en phase avec ce modèle de société.

A force ces partis ont été rejetés et leur poids politique a chuté. Le PS et la droite se sont écroulés.
Bourgeois et capitalistes, en perte de soutiens, avaient alors besoin d’une force de remplacement, et ce fut en 2017 l’extrême centre avec le bellâtre Macron et le « ni droite ni gauche ». Devenus trop décriés et minoritaire, il leur fallait se réunir dans un pseudo nouveau bloc central pour continuer à imposer leur politique anti-sociale et anti-écologique aux peuples.

Puis le bloc central, l’extrême centre, s’écroule à son tour. Forcément, il repose sur une faible assise et applique la même politique de merde qu’avant.
Et on arrive aux Européennes de 2024 avec une extrême droite en forte progression.
Macron lance alors la dissolution pour redonner du pouvoir au « bloc bourgeois », en misant soit sur une victoire du RN, soit sur une recomposition du bloc central (qui en profiterait pour essayer d’en finir avec la gauche LFI). (sans doute s’agissait-il d’éviter que la gauche et l’extrême droite aient le temps d’acquérir trop de forces avant les élections de 2027)
Semi-échec pour le macronisme : le Nouveau Front Populaire arrive en tête, poussé par la diversité de la gauche avec un sursaut antifasciste et des efforts de communication, de contre-information... (aidée par le mode de scrutin et le vote barrage)

Mais le « bloc bourgeois » n’en a cure, il essaie de former une nouvelle coalition « social-démocrate » (comme ils disent) en lorgnant de partout, aussi bien du côté de LR que du PCF, des Ecologistes ou du PS, peu importe le vin surcoupé pourvu qu’ils gardent la main. Tout en sachant que sur la plupart des sujets et des votes il aura le soutien ou l’abstention du RN (comme c’est le cas déjà depuis 2022).
Le RN étant un autre bloc capitaliste/patronal/étatiste/technosolutionniste, il reste pour le bloc bourgeois davantage un concurrent plutôt qu’un ennemi, et en cas de besoin un partenaire et un allié, une roue de secours un peu voilée mais quand on a rien d’autres pour rouler...

Aucun parti n’ayant de majorité absolue, la France est pour l’instant en grande partie ingouvernable, et chaque camp essaie de faire de l’intox, de l’intimidation et des coups de poker pour essayer de s’imposer.
Même si le Front Populaire est en tête, sans majorité et tous les autres ligués contre lui, il n’a pas la capacité de mettre en oeuvre son programme, au mieux il arrivera à en faire passer certaines parties avec le soutien par moment de certains députés macronistes ou RN.
En cas de troubles (de contestations dans les rues, avec menaces sur les JO ou autres) et si aucune coalition stable n’émerge, le tyran Macron pourrait très bien s’auto-octroyer les pleins pouvoirs via l’article 16 de la Constitution (qui porte en germe la dictature), jetant un peu plus d’huile sur le feu comme il sait si bien faire.
La 5e république terminerait alors comme elle a commencé, dans l’état d’exception et le coup d’état.

Si l’ensemble de la gauche s’est mobilisé contre le RN et souvent aussi pour le Nouveau Front Populaire, elle est restée timorée, avec peu de manifs, utilisant les médias alternatifs, le porte à porte, le tractage, le collage, les tags... Il n’y a pas eu de grandes grèves et de grandes émeutes, et à présent c’est très calme. Ca reste dans les cadres autorisés et l’électoralisme.
Or, pour obtenir une bifurcation radicale, disons une rupture conséquente, on sait qu’il faut au minimum, et en même temps, une grève générale longue et dure, des grandes manifs, des émeutes et des sabotages, avec des occupations et blocages.
Pour l’instant on en est loin, donc le RN et le bloc bourgois ont le champ libre pour que rien ne change.

- Autre problème, même LFI présentée à tord comme d’extrême gauche reste très timorée. La France Insoumise essaie en fait de ressuciter quelque chose qui ressemble au PS du début des années 80, en moins offensif. Les autres composantes de gauche « institutionnelle » rêve aussi de refonder les mêmes voies pourraves. On a vu plus haut qu’en rester là est voué d’avance à l’impasse. Donc même si LFI réussisait (à prendre le pouvoir) elle échouerait (à porter de vraies ruptures, mais réussirait à maintenir la civilisation industrielle). A moins que, comme en 36 et à d’autres moments (68), de très forts soulèvements populaires (ouvriers, paysans, jeunes, rebelles) émancipateurs poussent à aller beaucoup plus loin, à déborder le cadre étatiste, capitaliste et de la « sociale démocratie » (démocrature bourgeoise), tout en maintenant en respect le bloc bourgeois et son joker l’extrême droite (prêts à faire des coups d’Etat et des guerres civiles pour s’imposer). Ou encore mieux, qu’une révolution vise franchement le démantèlement du techno-capitalisme et de l’Etat, pour en finir avec les gouvernements et le productivisme, et donc s’engager vers des sociétés vivables et soutenables.

Sans ces débordements salutaires, la pente vers le pouvoir complet à extrême droite deviendrait (quasi) inéluctable, que ce soit en 2027 ou lors d’une possible nouvelle dissolution d’Assemblée qui interviendrait en 2025 ou 2026.

Et il existe aussi l’autre joker du bloc bourgeois : la guerre.
La guerre, ses destructions et ses carnages, est toujours un moyen pratique pour relancer le capitalisme et le nationalisme, pour mater les contestations, pour embrigader tout le monde dans l’union nationale patriotique, dans l’effort de guerre sacré, et pour qualifier les récalcitrants et rebelles de traitres.
Après les médiatiques et policières « guerres au terrorisme » et « guerre au virus », on a vu que le macronisme ne cesse de parler de réarmements, de SNU, d’uniformes à l’école, avec des milliards pour les armées et la recherche militaro-industrielle.
Que ce soit en Ukraine ou ailleurs, le bloc bourgois pourrait très bien embarquer la France dans une guerre d’ampleur pour garder le pouvoir, stimuler la machine économique et faire taire les rebellions.

- Le bloc bourgeois choisira/attisera fatalement la guerre ou l’extrême droite, ou les deux.
Si le joker de l’extrême droite ne fonctionne pas, soit qu’elle n’arrive pas au pouvoir malgré tout ou qu’elle n’arrive pas à suffisamment mater les soulèvements (d’autant que les votants RN non riches seront fatalement déçus concernant leur « niveau de vie » - les lois racistes ne rempliront pas davantage le frigo que les lois ultra-libérales), la guerre reste classiquement l’option de secours.

- La voie de salut éventuel n’est pas dans « l’adoucicement » de LFI et dans l’electoralisme, mais au contraire dans la radicalisation de LFI (dans un sens anticapitaliste et de démocratie réelle radicale) et dans l’émergence d’insurrections, de forts soulèvements et de mouvements sociaux puissants.

- Dis autrement, sans profonde remise en cause du modèle productiviste étatico-capitaliste (coincé dans des pôles insolubles : Croissance infinie, climat et limites écologiques, productivité et chômage, pression sur le travail et maintien d’un mode de vie, libertés individuelles et contraintes économiques...) des régimes encore plus autoritaires, voire des franches dictatures, semblent inévitables.
Le bloc bourgeois devra donc soit poursuivre dans l’instauration d’une dictature « à sa sauce », soit laisser la place à une forme de dictature de l’extrême droite, les deux se rejoignant en réalité sur la plupart des points comme on a pu le constater déjà.

- Quand on connaît les scénarios et penchants conservateurs habituels, c’est plus facile de les déjouer. Y a plus qu’à...

Un point après les élections - Mise en perspective plus large

VERS UN COUP D’ÉTATGAL ? POINT D’ÉTAPE

Il est désormais évident pour tout le monde que Macron voulait gouverner avec le RN. Il a dissout l’Assemblée au moment où l’extrême droite venait de réaliser le plus gros score de son histoire alors que la gauche était en miettes, a lancé une campagne éclair au début de l’été, et savait que l’empire médiatique ferait campagne pour Bardella.

Macron étant allé au bout de ce que la Cinquième République lui permettait en terme d’autoritarisme, de passage en force et de casse sociale, il avait besoin d’une cohabitation avec l’extrême droite, dont il partage quasiment toutes les idées, pour aller plus loin. Mais le plan ne s’est pas passé comme prévu. Maintenant, le pouvoir tente un coup d’Etat légal, pendant qu’une partie de la gauche annonce déjà qu’elle trahira. Point d’étape ce 10 juillet, 3 jours après le scrutin.

🔴Déni de démocratie

Macron refuse de prendre la parole depuis dimanche, comme un enfant qui fait un caprice et reste enfermé dans sa chambre.
Lundi, il a rejeté la démission de Gabriel Attal. Une anomalie, car après une telle défaite électorale, un gouvernement ne peut pas rester en place. Pourtant, tous les ministres continuent à travailler comme avant, les projets de lois continuent d’être examinées ... Macron, en bon trumpiste, fait comme s’il n’y avait pas eu d’élection.
Un politiste s’alarme dans Le Monde. Selon lui, Emmanuel Macron « refuse de reconnaître sa propre défaite ». Des constitutionnalistes – juristes experts de la Constitution – sont tout aussi inquiets : « Cette décision est constitutionnellement incompréhensible et démocratiquement irresponsable », déclare Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’université de Lille. Que pouvions nous attendre d’autre d’un manager sociopathe élu à deux reprises grâce à un braquage électoral, et qui gouvernait à coups de 49.3 et de grenades ? Nous le savions, c’est confirmé : nous avons un forcené autocratique à l’Élysée.

🔴Diner avec les fascistes

Thierry Solère est au cœur de la machine macroniste : ancien député LR, proche d’Édouard Philippe, entré en même temps que l’ancien Premier ministre en macronie, il est conseiller politique à l’Élysée. Cet homme organise, avec Edouard Philippe, des rencontres secrètes entre Marine Le Pen, Jordan Bardella et des représentants du camp présidentiel depuis des semaines.
Libération révèle que « la dernière fois que Jordan Bardella a été vu dans la rue où réside Thierry Solère remonte au 12 juin, soit trois jours après la dissolution ». Les macronistes et les fascistes préparaient ensemble la transition vers une coalition néofasciste à l’issue des élections.
Embêté par ses révélations, Edouard Philippe a reconnu mardi soir l’existence de ces diners mondains, en prétendant qu’ils avaient permis de discuter de « désaccords ». Comme s’il y avait besoin de manger du homard dans la maison d’un copain pour connaitre un désaccord.
C’est le même Édouard Philippe qui a passé la campagne a exclure la France Insoumise du « barrage républicain », à dire qu’« aucune voix ne doit se porter sur les candidats de la France insoumise » et à répéter que la gauche était le vrai danger. La manœuvre est à présent limpide. Et son clan veut, même malgré sa défaite électorale, une coalition du RN à Renaissance.

🔴Des élections ? Quelles élections ?

Xavier Bertrand, dirigeant de Les Républicains, dit à la télévision : « Si on veut mettre un coup d’arrêt à Jean-Luc Mélenchon et à La France Insoumise, la seule solution, c’est un gouvernement d’urgence nationale dirigé par les Républicains ».
Darmanin sillonne les médias de Bolloré ce mercredi pour déclarer : « les électeurs RN veulent davantage de fermeté. Je suis leur homme ». Le même appelle à « gouverner à droite » et à « ne pas avoir de coalition avec la France insoumise et le Front populaire ». Les députés LR étudient la piste d’un « pacte législatif » avec le camp présidentiel. Pendant ce temps, le MEDEF a fait une tribune contre le Front Populaire adressée à Macron.
Tout est comme s’il n’y avait pas eu d’élection ni de victoire du Front Populaire. Nos dirigeants « républicains » sont tous des fascistes en puissance, qui se revendiquent de la démocratie quand elle les avantage mais qui la nient totalement dans le cas contraire.
Et que dire des médias ? Si le RN l’avait emporté dimanche, même sans majorité absolue, toutes les chaines parleraient d’une victoire idéologique de Le Pen, leurs éditorialistes répéteraient qu’il faut « écouter les français », respecter le verdict des urnes, répondre à la demande de sécurité et lutter contre l’immigration.
Qu’avons nous entendu depuis la victoire du Front Populaire ? Un seul chroniqueur a-t-il évoqué l’immense soif de justice sociale qui s’est exprimée ? Les médias sont-ils revenus sur les réformes néolibérales rejetées par la population ?
Non, pas une seule fois. Le message du pouvoir est : faisons comme s’il n’y avait jamais eu d’élection.

🔴Socialistes et communistes ont déjà trahi

Johanna Rolland, maire de Nantes et négociatrice du PS se disait mardi « ouverte » à une coalition avec les « macronistes de gauche » et ajoutait « nous sommes clairs mais pas sectaires ». Il paraît qu’il existe des poissons volants. En revanche, les macronistes « de gauche » n’existent que dans le cerveau perturbé des socialistes.
Le PS a réalisé le braquage du siècle. 2% à la dernière présidentielle, un parti quasiment rayé de la carte. Grâce au Front Populaire et à l’alliance avec la France Insoumise, il vient de doubler ses élus. C’est le retour de François Hollande, qui était tellement détesté qu’il n’a pas pu se représenter en 2017. Le Front Populaire est un cadeau inespéré pour ce parti de la traitrise. Les socialistes sont-ils reconnaissants ? Pas du tout. A présent, ils tente de recruter des députés non inscrits pour gonfler leur groupe et organiser un coup d’état au sein du Front Populaire, pour imposer un Premier Ministre socialiste. Continuer à faire confiance au PS en 2024 est suicidaire ou masochiste.
Même son de cloche du côté du PCF. Fabien Roussel n’a même pas été capable d’être élu député, mais on le voit partout à la télévision pour cogner la France Insoumise. Jamais un politicien représentant aussi peu de voix aura été autant médiatisé.
Pire, un enregistrement pris dans l’entre-deux tour le montre en train de négocier avec la droite, et dire au téléphone : « Moi j’ai eu Darmanin, j’ai eu Véran. Le plus simple c’est de faire sans les insoumis », « est-ce que sans les insoumis, on est un poids suffisant pour que ça fasse une majorité avec les autres ? » et « si ça, ça forme une majorité, quel contenu on lui donne, qui dirige ? ».
Le soir même du 7 juillet, il publiait une vidéo avec Glucksmann, qui ne représente rien non plus mais est lui aussi surmédiatisé, où les deux hommes déclarent : « nous sommes totalement prêts, ouverts, et on va apaiser ce pays. Dans le dialogue ». Apaiser, ça veut dire renoncer aux mesures de gauche.

🔴Tout sauf Mélenchon

Les macronistes préparent une coalition. « Nous allons travailler avec l’ensemble des groupes de l’ancienne majorité présidentielle » annonce le macroniste Sylvain Maillard : « Nous allons créer une alliance avec une majorité relative pour les trois prochaines années ».
Sa collègue Maud Bregeon estime « un gouvernement incluant LFI, tout comme l’application du programme délétère du NFP, devra être censuré dans la foulée ». Même chose pour l’autre macroniste Benjamin Haddad : en cas de « gouvernement avec le moindre ministre insoumis », il « votera la motion de censure ». Idem pour leur camarade Mathieu Lefebvre : « Un gouvernement comprenant un seul membre de la France Insoumise ? Inscription immédiate dans l’opposition parlementaire et motion de censure dans l’heure ».

🔴Résumons

Le clan Darmanin et Philippe veut une coalition avec l’extrême droite. Les « macronistes modérés », élus grâce aux voix de la gauche, comptent empêcher tout gouvernement de gauche en dépit des résultats électoraux. Et Macron l’autocrate se tait, maltraite la Constitution et prépare un sale coup.
Tout ce petit monde piétine le verdict des urnes. Et jusqu’au sein du Front Populaire, le PS et le PC ont déjà trahi. Comme nous le disions, le seul barrage, c’est la rue. Nos destins sont trop précieux pour les laisser entre les mains de tels dangers publics.

Un point après les élections - Mise en perspective plus large

LES SERVICES DE RENSEIGNEMENT TRAVAILLENT AVEC LES FASCISTES

Les services de renseignement français - c’est à dire la police politique - collaborent ouvertement avec un média fasciste. Le média « Frontières », autrefois baptisé « Livre Noir », diffuse ce mardi 9 juillet « en exclusivité » la fiche S du nouveau député de gauche Raphaël Arnault.

« Livre Noir » est un média identitaire et pro-Poutine, fondé en 2021 par Erik Tegnér, avec le soutien financier de riches mécènes d’extrême droite, pour pousser la candidature de Zemmour à la dernière présidentielle. Il a notamment embauché le youtubeur fasciste Georges Matharan qui estimait encore le 13 juin dernier, sur le plateau de LCI que la police devait « buter d’abord » les personnes qui font un refus d’obtempérer. En octobre 2023, le secrétaire général du « Livre noir » était condamné pour des violences sur sa compagne. En juin 2024, le média s’est rebaptisé « Frontières » et disait vouloir « peser encore davantage dans le paysage médiatique ».
C’est à ce média que des policiers du renseignement ont envoyé la fiche S de Raphaël Arnault, alors que ce document est sensé rester confidentiel. La fiche S est un document interne aux services de police et très opaque. N’importe quel policier du renseignement peut délivrer une fiche S, non signée à propos d’un militant qu’il a dans le collimateur.

Darmanin indiquait en octobre dernier que « près de 10 000 personnes étaient suivies pour leur appartenance à l’ultra-gauche dont 3000 fichées S ». Comment se présente une fiche S concrètement ? C’est une note anonyme, qui peut mentionner des faits banals, tels que : « Monsieur X a participé à une manifestation contre les mégabassines et présente un risque ». Dans le cas de Raphaël Arnault, c’est très vague, il serait "susceptible de se livrer à des actions violentes". Un militant d’Extinction Rebellion qui avait bloqué le tour de France en 2022 de façon non violente avait par exemple une fiche S. En mars 2023, la police politique faisait fuiter que les deux manifestants de Sainte-Soline, dans le coma après avoir reçu des grenades, avaient des fiches S.

La fiche S n’a aucune valeur légale, n’est pas une condamnation et ne prouve rien, à part que la police française fiche des opposants politiques. Mais dans les médias, elle sert à discréditer et salir les personnes fichées, à insinuer que, si elles sont surveillées, c’est qu’elles sont dangereuses, ou qu’elles ont « bien mérité » de se faire arrêter ou blesser. En réalité, c’est le fait de ne pas être fiché S quand on s’engage dans les luttes sociales et écologistes qui est suspect. Tout responsable de gauche devrait être fiché S.

Revenons à cette collaboration assumée entre les services de renseignement et le média « Frontières ». C’est une preuve de plus de la collusion assumée entre police et extrême droite, et la démonstration que toutes les barbouzeries et les coups tordus de la police politique sont possibles. Il y a quelques jours, le chef du syndicat policier Alliance, le premier de la profession, appelait à voter RN et alertait ses adhérents sur « la menace de voir l’extrême gauche au pouvoir ».

Si les renseignements français donnent avec aussi peu de complexe des infos confidentielle sur un élu aux fascistes, on n’ose imaginer quelles informations ils peuvent faire fuiter secrètement … On parle de services qui connaissent les noms, les adresses et la vie privée de dizaines de milliers de militants et militantes écolos, anti-racistes et anticapitalistes...

Quiconque au Front Populaire croit encore qu’il est possible en France d’avoir un gouvernement de gauche, même social-démocrate, et de passer des réformes sociales sans risque de sédition policière se trompe lourdement. La police doit être démantelée pour des raisons de sécurité.

Le risque réel, c’est un scénario à la chilienne, avec un coup de force policier et militaire en cas de gouvernement Front Populaire. Rappelons nous qu’en 1973, le général Pinochet avait renversé le président de gauche Allende et tué des milliers de syndicalistes et d’opposants politiques, soi-disant pour rétablir l’ordre et empêcher la bordélisation du Chili.

(posts de Contre Attaque)

Un sursaut pour un sursis - Législatives, fascisation et retour de la gauche, Un petit point d’étape

- Un sursaut pour un sursis - Législatives, fascisation et retour de la gauche, Un petit point d’étape
Au lendemain de ce 2d tour des législatives, un constat s’impose : la situation est politiquement quantique. On peut dire que chaque camp a perdu et gagné à la fois. Ce qui d’une certaine façon ne fait qu’acter le contraire de la conclusion qu’en tirent Gabriel Attal ou Raphaël Glucksmann : l’orbite de gravitation du pouvoir n’est pas passé du Président au Parlement. Le Président vient simplement de crasher le Parlement.
(...)
Qui détient aujourd’hui la souveraineté - le pouvoir de décider ? Personne. La situation antérieure a simplement été précipitée et le lieu du pouvoir politique reste pour l’instant vacant. Cela signifie surtout qu’il n’y a plus, entre les âmes des brutes et nous, la médiation institutionnelle et légale. L’institution politique vient de buguer sous nos yeux.

Le parti macronien n’a de fait rien à perdre : son moment est machiavélien, son énergie inertielle. Il a pour dernière vocation la conservation – par tous les moyens – de sa position dans l’appareil gouvernemental. Sa légitimité ne se fonde plus sur son électorat mais sur cette vérité effective : il est là.

Quant aux gauches, des électeurs s’y investissent encore, toute alliance avec le centre les détruirait.
Malgré sa « défaite » l’extrême droite s’offre une retraite apaisée. Exclue du champs des alliances politiques, confortée dans son statut de première et numériquement plus puissante opposition, elle n’a plus qu’à attendre, le temps joue pour elle.
Purgés des Ciottistes, Les Républicains sont mûrs pour une alliance au centre. Et l’on doit au mépris de classe leur conjuration du RN.
(...)
Ces trois dernières semaines, et pour la première fois depuis des décennies, le pays s’est retrouvé face à la possibilité tangible et à la menace bien réelle d’un parlement et d’un gouvernement d’extrême droite. Fascisme ou révolution, nous avons pu mesurer l’état des forces en présences et constater la dispersion des nôtres.

Nous n’avons pas vu de raz-de-marée dans les rues, à peine quelques petites manifestations sauvages. Pas de grandes banderoles aux fenêtres ni d’assemblées populaires dans les théâtres. Comme si toutes les forces qui ont bouillonné ces dernières années restaient paralysées par la sidération ou suspendues par l’espoir électoraliste.
(...)
Mais l’événement s’est essentiellement passé sur nos écrans et comme dans tout bon film d’horreur, la peur et l’excitation se chevauchaient.
On s’est accroché à cette campagne éclair comme à une série télé irréelle, avec ses intrigues, ses alliances et ses trahisons, son scénario parfois ubuesque, — Ciotti barricadé seul en son manoir —, ses nouveaux personnages venus sauver le monde — la veste verte de Marine Tondelier —, ses figurants grotesques — les candidats RN et les vidéos virales de leurs hésitations risibles— et surtout, son commentaire live permanent sous la forme d’un brouhaha constant de sondages anxiogènes et de tweets plus ou moins bien trouvés. L’ambiance était bizarre, suffocante et comme suspendue : comme si avant d’agir, il s’agissait d’éviter le pire — et nous pouvons en effet dire que le pire a été évité. M. Bardella ne sera pas premier ministre, en tout cas pas tout de suite. Et si nous ne plaçons aucun espoir dans la gauche parlementaire, affirmer que tout se vaut serait une insulte à toutes celles et ceux qui subissent directement le fascisme dans leur chair et leur corps. Mais faut-il le rappeler ? Non seulement les victoires et les acquis sociaux du Front Populaire de 1936 ont été permis par des grèves et des blocages massifs ; mais à la liesse de 1936 a succédé 1939.

Il ne s’agit pas ici de jouer les oiseaux de mauvais augure, ni de placer un signe égal absolu entre fascistes et fascisateurs, ni d’entendre des échos par plaisir ou de se faire tristes prophètes – “Les années trente sont devant nous” – mais de ne pas perdre de vue la double exigence qu’appelle ce double risque : comprendre et anticiper la fascisation en cours tout en refusant d’en devenir les spectateurs médusés, ne pas se laisser contaminer par la paranoïa tout en balayant les promesses d’un sauvetage sorti des urnes.
« La marée continue de monter et notre victoire n’est aujourd’hui que différée. », twittait Marine Le Pen au soir du 7 juillet. Il serait démentiel d’avoir pour seule perspective politique de s’accrocher aux dernières bouées d’un électoralisme défait.
(...)
Quant à la (dé)composition du gouvernement, on ne peut qu’être réduits à des conjectures de plateau-télé. Le RN ne gouvernera pas et sa position de vainqueur perdant est probablement la plus confortable. Pour le reste, tout se jouera dans les petits arrangements et le bluff mais à la fin, si le NFP gagne, ses adversaires l’empêcheront de gouverner et si Macron parvient à recomposer le centre, idem. Rappelons-nous que la Belgique a été administrée sans gouvernement pendant 541 jours.
(...)
Que se passe-t-il actuellement dans les viscères d’un “garde-côte de l’ordre racial” (Félicien Faury) ? Un ressentiment paradoxal - un sentiment de minorité majoritaire, et donc, un potentiel paranoïaque explosif. Que ressentent celles et ceux qui ont choisi de politiser leur racisme, de souhaiter qu’il se greffe à l’appareil d’État, qui ont gagné numériquement mais perdu politiquement ?

On peut entendre et supposer qu’affectivement, se joue en eux l’alliage dynamique d’une immense déception démoralisatrice stimulant la nervosité et le ressentiment, avec la joie cruellement patiente de se savoir majoritaire pour 2027. Déception, ressentiment, et assurance paradoxale d’une victoire à venir, le tout énervé à vif par le sentiment général d’être confronté à un système de “parti unique” allant de “Philippe Poutou à Édouard Philippe”, c’est là probablement la fluctuation affective la plus risquée
(...)
N’oublions pas que si le NFP est une coalition de partis fratricides, le Rassemblement National n’est qu’un seul parti, rallié par les ciottistes. Autrement dit, on doit s’attendre à la reprise de leur combat à une échelle encore jamais vue.
(...)

Selon lui, la non-victoire de LFI ou sa victoire seulement apparente dans le NFP, permettra à l’extrême droite ’d’agiter la menace sans avoir à la subir”. Et il conclut sur la nécessité vitale d’élargir cette fenêtre d’Overton et de reprendre l’offensive audiovisuelle : “Notre rôle d’influenceurs, écrivains, journalistes, artistes, politiques (reconquête ?) etc. est également très important dans les années à venir dans la mesure où il doit déplacer en permanence la fenêtre d’Overton pour centrer toujours plus le RN. Il faut aussi que nous fassions un effort supplémentaire pour toucher bien plus les jeunes et proposer, tous, beaucoup plus de contenus audio visuel.
(...)
Nous nous devons d’être honnêtes et lucides, la situation est mauvaise. L’Assemblée Nationale nous a ravi le projet de devenir ingouvernables et des abrutis racistes se prennent pour des rebelles. Mais des périodes sombres, « nous » en avons traversé et nous savons ce qu’il faut faire ou du moins par où recommencer : se retrouver, penser, s’organiser. Le reste en découle.

- article en entier : https://lundi.am/Un-sursaut-pour-un-sursis

[Brochure] Actions directes contre les partis de gauche de 2014 à 2024

Si nous défendons la révolution sociale, alors notre critique, et l’action qui en découle, ne peut épargner cette gauche politicienne et autoritaire

Introduction de la brochure :

Voilà une brochure pour faire bondir ton pote social-démocrate, ce bon citoyen respectable qui glisse son bulletin dans l’urne et se couche la conscience apaisée par le sentiment du devoir accompli. Ce citoyen de gauche qui appelle tous les quatre matins à la sacro-sainte unité. Qui prétend vouloir du changement, mais qui veut préserver le cadre. Qui déteste les débordements, les révoltes, les ingouvernables… oui, le partisan de cette gauche qui espère à chaque élection prendre possession de l’appareil d’État, en faisant de belles promesses et en se présentant comme une alternative désirable.

Mais faut-il le rappeler ? La gauche électoraliste est un piège tendu par le capital pour récupérer les colères et les pacifier. Elle n’aura jamais pour but la destruction de l’État, l’abolition des frontières et des armées, la fin du travail. Pour gouverner, elle a besoin des prisons, des tribunaux, des commissariats et des fonctionnaires qui vont avec. Parce qu’elle est constitutive du système politique dans lequel nous vivons, elle ne peut être qu’une ennemie des anarchistes.

Si nous défendons la révolution sociale, alors notre critique, et l’action qui en découle, ne peut épargner cette gauche politicienne et autoritaire. Et c’est aussi parce que nous croisons cette gauche au gré des luttes et des mobilisations que nous ne savons que trop bien à quel point il est nécessaire de l’attaquer, de l’affaiblir, de la combattre.

A bas les chefs et les représentants !
Pour l’autogestion et la révolution !

- Format PDF (page par page) : https://trognon.info/IMG/pdf/contrelespartisdegauche.pdf

un extrait :

Un point après les élections - Mise en perspective plus large
Un point après les élections - Mise en perspective plus large

MARCHE POPULAIRE SUR MATIGNON SI MACRON VOLE L’ELECTION

Contre le vol des élections par Macron s’il y a une alliance de dernière minute entre LREM, Edouard Philippe et LR pour que Macron puisse leur donner le gouvernement, Quatennens évoque le possibilité d’une marche populaire en direction de Matignon.

Cela peut-être à l’image de la marche des femmes sur Versailles en octobre 1789
Le 5 octobre 1789, c’est ce que les historiens appellent "la marche des femmes sur Versailles", l’un des événements les plus importants de la Révolution. L’étincelle, c’est une info qui arrive aux oreilles des Parisiens. Alors que c’est la misère à Paris et que les gens ont faim, on ripaille à Versailles, une fête somptueuse a été donnée pour un régiment des Flandres et à l’arrivée de la famille royale au banquet, des chants royalistes ont été entonnés. Car, il y a bien eu en juillet la prise de la Bastille, mais le roi est toujours roi et vit à Versailles. 7 000 Parisiennes vont alors prendre le chemin de Versailles, avec des piques, des fourches et même quelques canons, et elles entendent se faire recevoir par le roi. Mais dans un premier temps, elles vont envahir le parlement (qui se tient à Versailles). Les révolutionnaires se baladent dans les travées, quelques-unes s’installent sur le siège du président, d’autres interpellent des parlementaires. C’est panique à bord. Le lendemain, la reine échappera même de peu aux révolutionnaires en s’enfuyant par une porte dérobée.

(post de J Chastaing)

DIVERS

  • Une association de paysans-artisans vandalisée par l’extrême droite - Sur fond de montée de l’extrême droite, l’association des paysans-artisans A4 à Lannion a été victime à deux reprises d’actes de vandalisme. Ils viennent s’ajouter aux insultes racistes subies quotidiennement par leurs membres. (...) Pour A4 et sa trentaine de membres à Lannion, dont l’antenne locale existe depuis désormais un an et demi, les dégâts les plus importants sont surtout psychologiques : élections législatives anticipées ou pas, « au quotidien, on subit des insultes racistes dans la rue, n’importe où dans Lannion », regrette Seid, avant d’ajouter : « Le vandalisme vient se rajouter à ça. »
  • On vous présente les nouveaux députés RN, climatosceptiques et anti-écolos - « Totalitarisme vert », « propagandistes du Giec »... Des députés du Rassemblement national fraichement élus à l’Assemblée sont déjà connus pour leur remise en cause du changement climatique et leur haine des écologistes.
Un point après les élections - Mise en perspective plus large

Le bal des hypocrites.

On apprend opportunément mais sans surprise que les deux comparses ont diné « secrètement » au domicile de l’ex-député Thierry Solère, en compagnie d’autres « personnalités » politiques de la Macronie.
Ex député qui au passage et à tout hasard se trouve avoir été poursuivi pour 13 infractions. Champion de France.
Quoi de plus normal pour un tel filou, d’avoir participé à réunir ces deux là.
Que l’on ne vienne pas nous dire que ces sinistres personnages ne contribuent pas à la montée du front national ( rebaptisé depuis mais on s’en fiche ).
Et encore moins tenter de nous faire croire qu’ils ne sont pas du tout disposés à frayer avec cette extrême droite.
Malgré leurs cris d’orfraie pendant cette pitoyable campagne, qui n’était qu’un cirque électoraliste.

(post de CND)


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