Du fait de l’inflation et des réquisitions forcées de travailleurs, la grève semble vouloir se généraliser, tandis que des citoyens et des gilets jaunes appelent au soutien et aux blocages.
Vers la grève générale ? Vers quels objectifs ?
- Un appel au blocage des dépôts pétroliers en soutien à la grève
- à partir du 17 octobre
🔴 APPEL AU BLOCAGE CITOYEN DES DÉPÔTS PETROLIERS EN SOUTIEN À LA GRÈVE !
Après 24 jours de grève dans les dépôts pétroliers, les gendarmes entrent désormais dans les foyers des grévistes pour les obliger à aller travailler. Un refus expose le gréviste à une lourde amende et 6 mois de prison. Esclavagisme moderne. L’inacceptable.
➡️ Le mardi 18 octobre, une grève générale est appelée par l’intersyndicale pour l’augmentation générale des salaires et contre les atteintes au droit de grève.
➡️ La grève dans les dépôts pétroliers n’est pas un blocage physique des lieux de stockage. C’est un refus de travailler de la part des salariés. Depuis les réquisitions à Dunkerque et Gravenchon, les flux ont repris.
➡️ Les dépôts pétroliers sont des endroits extrêmement stratégiques pour créer un rapport de force avec l’État. En 2016, contre la loi travail et en 2018/2019 lors du mouvement des gilets jaunes, certains dépôts de l’hexagone étaient bloqués. Tantôt par des syndicalistes, tantôt par des citoyens.
➡️ Avec les réquisitions, le seul moyen de garder le rapport de force est de revenir à un blocage physique et matériel des dépôts pétroliers.
En ce sens, à partir du lundi 17 octobre et le plus longtemps possible, nous appelons au blocage citoyen des dépôts pétroliers. Mais également de l’ensemble des infrastructures nécessaires à la bonne circulation des biens et des services : dépôts de transports (camions, bus de ville, autocars), plateformes logistiques, ports maritimes et fluviaux etc.
Pour des millions d’entre nous, la situation n’est plus acceptable. Les salaires sont trop bas, les logements trop indignes, les prix de l’énergie trop élevés, les violences de l’état injustifiables.
Le dialogue social gît dans un cercueil. Le mouvement social se réveille.
Un long week-end pour faire ses stocks de palettes et de pneus, choisir sa cible, rassembler du monde et avoir du poids dans une semaine qui s’annonce cruciale.
Le CABO22 - le Comité Autonome des Blocages d’Octobre 2022
- Un appel au blocage des dépôts pétroliers en soutien à la grève
- Carte des raffineries, oléoducs et stockages (source Le Monde)
Pour mieux comprendre les circuits des carburants en France et de leurs stockages :
Pénurie de carburant : comprendre le circuit d’approvisionnement des stations-service en France, de la raffinerie à la pompe - Le mouvement de grève dans les raffineries et les dépôts pétroliers en France interrompent l’approvisionnement par camions-citernes des 11 000 stations-service.
(...)
Les carburants sont également stockés, avant d’être transportés vers les 11 000 stations-service du pays. La France dispose d’une capacité de stockage globale de produits pétroliers de l’ordre de 46 millions de m3, écrivait en juin le ministère de l’écologie dans un document sur « la chaîne pétrolière », stable par rapport à 2014. Les raffineries et leurs dépôts annexes représentent environ 33 % de cette capacité, les cavernes de stockage 20 %, les aéroports (1 %). Un maillage d’environ 200 dépôts secondaires de tailles variées, répartis sur tout le territoire, irrigue la métropole. Ils représentent 47 % de la capacité de stockage française.
La répartition des stocks sur le territoire métropolitain n’est pas homogène.
(...) Ainsi, 50 % de la capacité de stockage française se concentre sur les régions Normandie et Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Par ailleurs, la France dispose de stocks stratégiques équivalents à trois mois de consommation. Ces stocks gérés par la Société anonyme de gestion des stocks de sécurité (Sagess, créée en 1988), représentent 13,9 Mt (en 2018) et sont répartis dans près de 90 sites. Un important dépôt souterrain de 9,2 millions m3 est situé à Manosque, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Stocké dans d’immenses cavités salines, entre 350 mètres et 1 000 mètres sous terre, il est relié aux raffineries et usines de Fos, Marseille et aux réseaux internationaux de pipelines.
(...)
- Un appel au blocage des dépôts pétroliers en soutien à la grève
- Où sont les plus grosses zones de stockage des carburants ? (source Le Monde)
- Un appel au blocage des dépôts pétroliers en soutien à la grève
- Des gilets jaunes soutiennent les grévistes
✊ PARIS ET LYON : BANDEROLES DE GILETS JAUNES EN SOUTIEN AUX GRÉVISTES
Alors que les grèves s’amplifient et qu’une grande journée de lutte s’annonce mardi 18 octobre, des banderoles de soutien aux grévistes commencent à fleurir.
➡️ À Lyon l’Assemblée Générale des Gilets Jaunes a déployé une banderole au dessus de l’autoroute 17, proche de la raffinerie Total de Feyzin : « Grévistes, prenez-nous en otages ». Voici leur communiqué :
« Alors que l’État essaie de monter les citoyen.ne.s les un.e.s contre les autres avec ses accusations de "prise en otage du pays" par les salarié.e.s en lutte (stratégie habituelle du "diviser pour mieux régner"), alors que les médias aux ordres répandent des chiffres trafiqués pour faire passer les ouvrier.e.s des raffineries pour des nanti.e.s, (c’est sûr que si on prend en compte la rémunération de 6 millions d’euros annuels que se verse le PDG de Total, le montant moyen des salaires dans l’entreprise augmente mathématiquement…). Nous devons rester solidaires avec celles et ceux qui se battent chaque jour pour une augmentation généralisée des salaires - pour faire face à l’inflation qui va nous réduire bientôt au stade de la survie - pendant que dans le même temps Banque, Grande Distribution, Transport et entreprises de l’Énergie se gavent. Partout où c’est possible, rejoignons les appels syndicaux. Dans les petites structures, organisons-nous pour défendre nos droits collectivement. Soutenons les caisses de grève, car la solidarité est notre arme Ensemble faisons plier ce gouvernement ! »
➡️ En région parisienne, des Gilets jaunes ont déployé des banderoles en Seine-Saint-Denis et dans l’Essone. Voici leur message :
« Soutenir la grève est essentiel dans ces temps où le prolétariat est plus divisé que jamais, où le dialogue social n’existe plus, il faut soutenir les via des banderoles a vos fenêtres, aller sur les piquets de grève et être présent des que les grévistes en auront besoin. Les actionnaires se gavent depuis si longtemps que le temps des blocages est venu, les employés qui produisent toute la richesse de Total doivent avoir un soutien populaire massifs. Quel bonheur de voir politiques, journalistes et tout les pions du système être terrorisé de voir des salariés mettre la pression sur le patronat. Un patronat français qui exploite toujours plus, avec des cadeaux gouvernementaux, de la fraude fiscale, et qui se permet de faire des plans sociaux durant des années où ils font des bénéfices records. Soutien a toutes les personnes qui se lèvent contre l’exploitation salariale, la grève paie. À très vite camarades »
Faisons vivre le soutien populaire aux luttes en cours.
(post de Contre Attaque)
- Un appel au blocage des dépôts pétroliers en soutien à la grève + extension à d’autres secteurs
⛽CE N’EST QUE LE DÉBUT ! ✊
Les salariés grévistes de TotalEnergies ont finalement reconduit leur mouvement sur l’ensemble des sites du groupe pétrolier, en dépit de la signature d’un accord sur des augmentations salariales conclu dans la nuit avec deux syndicats, qui n’avaient pas pris part à la grève (CFDT et CFE-CGC).
Plus que jamais, amplifions le mouvement, avec des grèves de partout, des blocages et des occupations. Avec deux temps forts déjà annoncés : dimanche 16 et mardi 18 octobre !
✊18 OCTOBRE. BLOCUS 🚸
Le syndicat @laforcelyceenne appelle à bloquer les lycées le mardi 18 octobre, pour accompagner le grand mouvement de grève en cours partout en France.
Dans tous les secteurs, des appels émergent pour faire grève et bloquer. Le secteur de l’éducation est évidemment essentiel dans l’optique d’une grève durable et générale. N’hésitez pas à vous rendre sur les blocus et les piquets de grève. Que des dizaines, voire des centaines, de petites poches de résistance se forment dans les prochains jours... Comme autant de cailloux pour faire dérailler la machine
(posts de Cerveaux non disponibles)
Mélissa, pompiste chez Total : « Nous, on est le bas de la chaîne »
« Ça va faire bientôt dix ans que je travaille dans cette station Total, depuis 2013. Dix ans ans que je touche le Smic, 1313€ en net. »
On a appelé Mélissa sur son lieu de travail, en Normandie.
Derrière elle, sur l’écran Zoom, les rayons de Ricard et de Whisky.
« Quand je suis du matin, je me lève à 4 heures et demie, pour démarrer à 6h. Je fais tout, le nettoyage intérieur, extérieur, les commandes, les réceptions, la gestion, les encaissements… Je suis toute seule, la seule employée, jusqu’à la relève par ma collègue. Et on est là les week-ends aussi.
Avec votre salaire, comment vous faites ?
Mon mari gagne sa vie aussi, ça nous fait un peu plus de 3 000 € à nous deux, mais avec nos trois enfants, depuis un an, on ne s’en sort plus. Avant on vivait, maintenant on survit. On travaille pour payer le crédit, les factures.
Alors, avec les collègues, on offre nos services à d’autres stations. On fait des CDD pour avoir des compléments de salaire. Cet été, pendant mes congés, j’ai fait jusqu’à 65h par semaine. Je n’ai pris que deux jours de repos, zéro vacances.
Et avant, vous partiez en vacances ?
Ah oui, l’été d’avant, on était partis en Bretagne, même dans un petit hôtel. Maintenant, c’est terminé. Tout a augmenté.
Vous vous privez sur quoi ?
Sur tout. Les cafés, les sorties, les restaus, la salle de sport… Mais l’alimentation aussi. J’ai trois grands enfants. Avant j’achetais deux packs de lait, maintenant c’est un un seul pack. Pour le petit déjeuner c’est un verre de lait et un morceau de pain. Fini les Kellogg’s, le bol de céréales.
Et alors, la viande… Un petit poulet, il est passé de 5 € à 9€ ! On n’achète plus de bœuf, plus de viande hachée, plus de rôti, juste des saucisses et des lardons pour avoir un peu de viande.
Le chauffage, on avait déjà réduit il y a un an. Il me fait rire Monsieur Le Maire avec son col roulé : nous, on est déjà à la robe de chambre ! On ne met plus le chauffage électrique. Et pourtant on paie 180 € alors que l’an dernier on payait 110€. Je paie plus cher en utilisant moins !
Mais vous avez touché à la prime Macron ?
Rien. On ne touche rien. Même après la crise Covid, alors qu’on travaillait sept jours sur sept, on n’a rien touché. Total a versé 1000 €, mais pour nous, rien. Ils ont donné des cartes cadeaux pour les hôpitaux, mais nous, rien.
Parce que vous n’êtes pas salariés Total ?
Non, c’est un franchisé. Les locaux appartiennent à Total, l’essence vient de chez Total, sur nos tenues y a marqué Total, les objectifs de vente sont fixés par Total, même sur les bonbons, on a des objectifs à atteindre… C’est Total partout, sauf sur la fiche de paie.
Et la grève chez les raffineurs, vous en pensez quoi ?
C’est juste. Il en faudrait pour tout le monde. Même si ça viendra jamais jusque chez nous. Nous, on est le maillon en bas de la chaîne. Tu crois qu’on va relever notre salaire, toi ? »
Mélissa s’adresse, hors écran, à sa collègue.
Elle tourne son téléphone, Ophélie apparaît, dans sa veste Total.
« On n’a plus le choix, on doit courir après les heures pour éviter les découverts. Moi, entre mon contrat ici et mes CDD dans les autres stations, je travaille environ 15h par jour et tous les week-ends. Et pourtant, il ne nous reste pas grand-chose pour vivre à côté, rien à la fin du mois avec le crédits sur la maison, sur la voiture, les factures, les courses.
Et ici, on n’a pas de treizième mois, pas de Comité d’entreprise. Ça me fait rire quand je les entends raconter qu’on a eu des primes…
Aller travailler jusqu’à 55h par semaine, c’est misérable. C’est injuste et décevant. Alors qu’on est courageuses. »
(post de François Ruffin)
NOTES
Gouvernement et grosses entreprises semblent un peu emmerdés.
S’ils cèdent aux demandes d’augmentations de salaires conséquentes ça incitera des tas d’autres secteurs à faire grève pour obtenir la même chose.
S’ils ne cèdent pas aux augmentations de salaires, multiplient les réquisitions, la colère se maintient et la grève continue voire s’étend.
Dans les deux cas la grève continue.
Alors peut-être qu’ils vont se dire : quitte à avoir de la grève, autant ne pas lâcher grand chose ?
A moins que trop de secteurs économiquement stratégiques continuent ou rejoignent la grève, et là ils seront obligés de céder des avantages conséquents ?
- Un appel au blocage des dépôts pétroliers en soutien à la grève + extension à d’autres secteurs
- Détournement d’un visuel d’Attac : expropriation et démocratie directe
Mieux répartir les richesses produites par un système social néfaste et criminel ??
La gauche et la plupart des travailleurs se contentent de demander une meilleure répartition des richesses, surtout en ces temps d’inflation.
On ne peut pas être contre ça, c’est essentiel tellement les inégalités et injustices se creusent, il faut le soutenir notamment pour les personnes en galère, mais :
A quand la volonté de reprendre la main directement sur les moyens de production, à quand l’expropriation des actionnaires, à quand la remise en cause du productivisme (capitaliste et/ou d’Etat) et du technologisme ?
A quand d’autres perspectives que le marché concurrentiel du travail et la « valeur travail » qui enchaînent au système capitaliste ?
A quand un vrai mouvement écologiste populaire et social, et donc franchement anti-capitaliste et anti civilisation industrielle ?
Car cet anticapitalisme tronqué partout répandu qui se contente de cibler les super profits (qui sont parfaitement « logiques » dans le système social capitaliste) pour mieux les répartir mène à l’impasse.
Le problème de fond n’est pas les multinationales et les profits reccord, le problème , c’est notre dépossession de tout pouvoir politique et économique, c’est le techno-capitalisme, l’Etat, la civilisation industrielle.
Voir aussi mes développements précédents
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