La culture de la sécurité et la sécurité opérationnelle, quand elles sont efficaces, empêchent les forces répressives de se renseigner sur nos activités criminelles, mais aussi sur nos vies, nos relations, nos déplacements, et ainsi de suite. Ces renseignements sont un énorme atout pour préciser une liste de suspects et mettre en place de la surveillance ciblée. Cet article va présenter quelques stratégies pour tuer le flic dans ta poche.
La localisation de ton téléphone est pistée en permanence, et ces données de localisation sont récoltées par des entreprises privées, ce qui permet à la police de les obtenir sans avoir besoin de mandat. Les identifiants matériels d’un téléphone et le nom lié à l’abonnement téléphonique sont enregistrés par chaque antenne à laquelle il se connecte. Grâce à des services de piratage à distance comme Pegasus, même des unités de police locales peuvent prendre le contrôle d’un téléphone, et ces services sont « zero-click, » ce qui veut dire qu’il n’y a pas besoin que tu cliques sur un lien ou ouvres un fichier pour que ton téléphone soit piraté. D’un autre côté, après avoir échoué dans leur enquête sur plus d’une trentaine d’incendies volontaires dans une petite ville en France, des enquêteurs se sont plaint que « l’exploitation de la téléphonie ou des immatriculations de véhicules est impossible puisqu’ils opèrent sans téléphone et sans voiture ! »
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Si tu ne sors pas de chez toi avec un téléphone, les flics vont devoir recourir à la surveillance physique pour te localiser, ce qui leur demande beaucoup de ressources et peut être détecté. Et si jamais tu es placé·e sous surveillance physique, l’enquêteur va commencer par chercher à comprendre à quoi ressemblent tes déplacements habituels, et les données de localisation de ton téléphone offrent justement un aperçu détaillé de tes déplacements quotidiens.
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Le seul moyen d’empêcher nos ennemis de cartographier nos relations est d’utiliser exclusivement des moyens de communication chiffrés quand on communique avec d’autres anarchistes par l’intermédiaire de la technologie.
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Pour minimiser l’empreinte laissée par tes métadonnées, tu dois laisser ton téléphone chez toi par défaut.
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L’anarchie ne peut être qu’anti-industrielle. On doit apprendre à vivre sans les commodités qui nous sont vendues par les entreprises de télécommunications, on doit défendre (ou raviver) notre capacité à vivre sans être connecté en permanence à Internet, sans les itinéraires en temps réel d’un GPS, et sans la possibilité de pouvoir toujours changer de plans à la dernière minute.
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C’est souvent possible d’emprunter le téléphone d’un passant dans la rue pour passer un appel d’urgence si on lui dit que notre téléphone n’a plus de batterie. Si on ne peut pas recevoir d’appels d’urgence, on peut prévoir de passer les un·e·s chez les autres ou de s’envoyer des messages chiffrés à des moments convenus à l’avance. Quels scénarios nécessitent vraiment que tu sois disponible pour recevoir un appel à tout moment ? Si c’est le cas dans ta vie, tu peux t’organiser en fonction de ça sans projeter cette urgence sur tous les aspects et moments de ta vie.
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Avec les immenses quantités de données facilement accessibles à propos de tout et de tout le monde à tout moment, le contrôle social et la surveillance ont atteint de nouveaux sommets. Cela va bien plus loin que la surveillance des téléphones et des SMS (comme on a pu voir pendant les émeutes de 2011 au Royaume-Uni). L’accès à une telle quantité d’informations permet aux agences de renseignement de définir ce qui est « normal ». Ils peuvent déterminer quels endroits sont « normaux » pour nous, quels contacts sont « normaux », etc. En bref, ils peuvent repérer rapidement et presque en temps réel si des gens dévient de leur comportement « normal ».
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Ces smartphones ont l’air d’avoir besoin d’un peu plus que juste un peu d’électricité... Au sein de notre génération, qui a au moins connu un monde sans smartphones, il y a peut-être encore quelques personnes qui comprennent ce dont je parle, qui savent encore ce que c’est que d’avoir une conversation sans vérifier son téléphone toutes les trente secondes, de se perdre et découvrir de nouveaux endroits, ou de débattre sans demander immédiatement la réponse à Google. Mais je ne veux pas revenir au passé, même si ce ne serait de toute façon pas possible. Mais plus la technologie pénètre nos vies, plus cela semble difficile de la détruire. Et si nous étions une des dernières générations à pouvoir empêcher l’évolution des êtres humains en machines entièrement contrôlées ?
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La communication directe entre individus autonomes est la base de toute rébellion partagée, c’est le point de départ de rêves partagés et de luttes communes. Sans communication directe, toute lutte contre ce monde et pour la liberté est impossible.
Donc débarrassons-nous du smartphone et rencontrons-nous en face-à-face dans une insurrection contre ce monde ! Devenons incontrôlables !
Article complet, avec les liens qui vont bien sur : https://trognon.info/Tue-le-flic-dans-ta-poche-342