Quelques observations après ce qui s’est passé à Sainte-Soline, les réactions et critiques que l’on peut lire ici ou là.
La lutte est asymétrique : nous n’avons jamais lutté autrement que face à des ennemis plus forts. Il y eut malgré cela des victoires. De toutes sortes, par tous les moyens.
A la lumière de cela, il n’y a pas de résistance qui serait plus adaptée qu’une autre pour « gagner ». Il y a des moments différents où les stratégies se transforment. Et la guerre d’usure en vaut bien d’autres. Celle-ci rend les choses publiques et met éventuellement d’autres gens en mouvement, participe d’une conscientisation effective.
Elle n’empêche pas le sabotage, les interventions surprises sur les noeuds, les flux du capitalisme. Mais cela demande une sacré préparation, dont tout le monde n’est pas capable. La clandestinité, les actions secrètes supposent forcément des décisions prises par quelques-uns que les autres ne peuvent, ne doivent pas connaître. Est-ce un pouvoir, un risque pour l’avenir du mouvement ? N’est-ce pas cela qui est reproché aux Soulèvements de la terre par quelques-uns ?
Pas facile de faire la différence entre des groupes révolutionnaires qui serviraient de « détonateurs aux masses » ou ce qui servirait plutôt de ferment au levain. Les Soulèvements de la terre peuvent avoir ce rôle, de même que de petites unités mobiles et discrètes. L’Etat réagit de façon paniquée face à leurs actions, avec une disproportion évidente entre l’attaque et la riposte, comme un homme qui écraserait une souris sous un marteau-pilon. L’Etat y perd sa propre définition politique (son manque de démocratie, son autoritarisme) et toute la violence de son terrorisme d’Etat mis à nu est révélée par notre contre-violence, inefficace dans l’instant présent, mais substitué un moment à l’ordre du réel et abolissant le vieil ordre de valeur. Alors peut-on encore parler d’échec ?
Les comités locaux des Soulèvements qui se créent sont peut-être une chance pour joindre les divers bouts des luttes : actions emblématiques, actions souterraines, diversification des moyens de notre communication.
On peut vraiment poser la question de savoir si critiquer les stratégies des autres mouvements est essentiel. Et en quoi cela permettrait de légitimer nos propres stratégies ? Il me semble qu’il y a mieux à faire. Soutenir ceux qui sont réprimés, créer des solutions alternatives d’autonomie qui dessinent le monde que l’on veut et qui peuvent servir de bases arrières à ceux qui ont besoin de sécurité.
Et puis encore : on ne peut imaginer que les luttes à mener ne provoquent pas des pertes et blessures de notre côté. Il ne s’agit pas de jouer les héros, ni de prendre des risques inutiles mais juste de prendre en compte l’ultra violence de ceux d’en face et que même rester dans la non-violence ne nous épargnera pas.
Encourager, faire vivre toutes les puissances d’agir.
- Tout combat poussé jusqu’au bout rencontre tous les autres
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