Tandis que partout la sève vitale monte, le soleil se couche de plus en plus tard, les jours allongent, le soir nous appelle, la nature s’éveille, et on se retrouve piégés comme des rats à devoir s’enfermer entre quatre murs, sous la menace d’amendes et de contrôles policiers !
Et si le trop long cycle de soumission s’arrêtait ? Et si le printemps revenait pour de bon ?
Les merles chanteuses s’égaillent avant le crépuscule, les chats s’allanguissent sur les vieux murs guettant les derniers rayons du soleil, le vent du Nord se calme dès que le jour diminue, et nous accepterions dès 19h d’être relégués derrière un écran sous la lumière des ampoules électriques ?
Au nom de quoi le régime policier en place veut nous priver de l’expérience sensorielle vitale et irremplaçable d’éprouver charnellement en plein air le rythme des saisons ?!
Au nom de quoi des flics et des technocrates perchés se permettent de nous interdire de circuler librement dans les rues, les chemins, les prés et les forêts ?!
Contempler la lune ou la voir se refléter dans une rivière serait-il un crime mettant en danger les martiens de passage ou la sûreté de l’Etat ?!
Pour quelles raisons inavouables le régime nous traite comme de simples bagnards numérotés, des sujets à mater par la contrainte, des machines tout juste bonnes à obéir, à bosser et à consommer ?!
- Stop au couvre-feu : une mesure de guerre absurde et autoritaire qui nous prive d’expériences sensorielles vitales
- Des individus isolés, solitaires, pris dans des mondes virtuels, livrés corps et âme à la Machine
Ils veulent peut-être nous faire muter à leur image en vampires livides coupés du souffle de la vie, déjà morts sans s’en rendre compte ?!
Ils veulent peut-être achever de nous transformer en machines, en coquilles vides et perdues qui ont absolument besoin pour exister des oukases du Grand Guide Suprême de la République Démocratique de France et de ses ouailles ?!
Ils veulent peut-être nous mater préventivement, pour tenter d’empêcher une éventuelle rébellion libératrice ?!
Ils veulent nous priver du goût de vivre afin qu’on se contente d’une vie sans attrait et qu’on réclame leurs marchandises mortes qui tuent partout le vivant pour supporter nos prisons permanentes ?!
Ils veulent qu’on s’habitue au remplacement de la réalité sensible et mouvante éprouvée directement par des ersatz virtuels fabriqués sur mesure par leurs machines numériques qui dévorent les restent du vivant ?!
Ils veulent nous faire subir des mesures tellement absurdes et contradictoires pour qu’on ne comprenne plus rien, pour qu’on ne sache plus faire la différence entre le juste et l’injuste, entre le beau et le laid, pour que seules émergent leurs injonctions et leurs lumières « salvatrices » dans leur brouillard d’ondes ?!
Mais peut-être qu’ils ne veulent rien, qu’ils déroulent juste leurs plans sans réfléchir, qu’ils ne sont que des agents esclaves de la méga-machine qu’ils ont décidé de servir en se servant grassement au passage ?!
Peut-être qu’ils ne sont que des pantins sans idées qui se rassurent et croient vivre en possédant autrui ou des objets marqueurs sociaux ?!
- Stop au couvre-feu : une mesure de guerre absurde et autoritaire qui nous prive d’expériences sensorielles vitales
- Pire qu’un vampire, un capitaliste. Le vampire lui, se repose durant le jour, et tue avec ses dents sans technologies
Peut-être qu’on est tellement isolés, invidualisés, repliés, impuissants, dépendant qu’on ne peut plus rejetter la matrice ?
Peut-être que la matrice-Machine qui tue lentement mais sûrement est devenue tellement vitale pour nous que couper ses tuyaux nourriciers entraînerait notre mort rapide ?
Pourtant, qui sait si se couper de la Machine n’entraînerait pas uniquement la mort de nos illusions, de nos esclavages, de notre servitude volontaire ou contrainte, et ne libéreraient pas nos mains et nos énergies pour ensemble enfoncer de gros pieux dans le coeur des vampires ?
Pourtant, peut-être qu’une fois sortis de la Machine on serait capable de bâtir des sociétés sans matrice, sans hautes-technologies, sans nécessité de couvre-feu, de polices, de gouvernements, d’Economie, de Croissance, d’esclavage gratuit ou rémunéré ?
Pourtant, toutes les idoles peuvent brûler, toutes les matrices sont des artefacts dont il possible de se défaire, toutes les armées ne tiennent qu’à force de soumission et d’absence d’imagination.
Pourtant, la survie de tout Empire ne tient qu’à un fil. Il suffit de trancher dans le vif, et de ne plus revenir en arrière.
Après cette version poétique, voici une version en mode anlayse politique :
🌙 6 MOIS SOUS COUVRE FEU : JUSQU’À QUAND ?
Enrayer le cycle de soumission
Samedi 17 octobre 2020 à minuit, le gouvernement français instaurait un couvre-feu sous prétexte d’état d’urgence sanitaire. Cela fait aujourd’hui 6 mois jour pour jour que cette mesure de guerre, interdisant de sortir de chez soi la nuit, est imposée sans débat, sans bilan, sans remise en cause. Le choix du 17 octobre était déjà un funeste symbole, puisqu’il rappelait le massacre par la police de manifestants algériens contre le couvre-feu, déjà, le 17 octobre 1961 à Paris.
Il y a 6 mois, ce couvre-feu « exceptionnel » était rapidement étendu à tout le territoire, puis durci, en commençant dès 18H. Pas la moindre minute de liberté en dehors des heures de travail, pas un moment de sociabilité. Le gouvernement annonçait son intention de détruire « l’effet apéro ». « Bosse, consomme, et ferme ta gueule » instauré en devise nationale.
- Stop au couvre-feu : une mesure de guerre absurde et autoritaire qui nous prive d’expériences sensorielles vitales
- Remplacer les relations vivantes par des mondes virtuels sous contrôle
Les crottes de nez en costards qui nous gouvernent se moquent bien d’un quelconque effet sur la santé de la population : cette incroyable restriction des libertés se fait sur fond de suppression de milliers de lits d’hôpitaux et de mépris du personnel soignant. Pire : ce couvre-feu a immédiatement provoqué des bouchons monstrueux, des transports en communs encore plus bondés et des ruées massives dans les commerces aux heures de pointe. Absurde, autoritaire, criminel.
Y-a-t’il eu un impact sanitaire à cette mesure ? Les faits sont là : la situation ne s’est pas améliorée. Elle n’a jamais cessé de s’aggraver, avec un nombre de contaminations et de personnes hospitalisées en hausse constante. Cette destruction des libertés, quant à elle, laisse déjà des traces indélébiles. Nous nous sommes collectivement soumis à cette mesure. Les gestes de désobéissance sont restés bien trop rares et isolés pour devenir hors de contrôle. Les rues sont désertes quand le soleil se couche, arpentées seulement par des livreurs précaires, des patrouilles de police, et une poignée de téméraires. Des milliers d’amendes tombent. Et le couvre-feu est une carte blanche supplémentaire pour la police qui peut violenter quiconque durant ces heures où les libertés suspendues.
6 mois plus tard, nous nous habituons à nous faire arracher les libertés les unes après les autres. Ce qui semblait inconcevable il y a quelques années encore est devenu banal. Quelles seront les prochaines étapes ?
Pourtant, notre équipe et notre lectorat l’a constaté sur le terrain : il est impossible pour la police de quadriller toute une métropole une nuit entière, et les filets de la répression sont larges. Ce qui fait tenir cette mesure, c’est la soumission générale, le climat de résignation, de désespoir, de peur. C’est sans doute cela le pire : l’état d’urgence sanitaire a insufflé son contrôle dans nos corps et nos esprits. Il est toujours possible de sortir, de se promener, de rejoindre des ami.e.s ou d’agir la nuit. Nous ne retrouverons pas nos libertés sans retrouver le goût de la désobéissance de masse, sans multiplier les gestes de défiance. En attendant un véritable soulèvement.
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