Les calamités électorales ne sont pas le seul événement du moment :
Sabotage de la production de deux géants des semi-conducteurs à Villard-Bonnot, en Isère
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L’incendie rappelle celui ayant touché la société ST Micro à Crolles, ce lundi 4 avril. Le lien entre les deux événements a été fait, annonce Eric Vaillant, le procureur de Grenoble. La section de recherches de la gendarmerie a été saisie. Ce mardi matin, de la fumée se dégageait encore des câblages incendiés, le pont de Brignoud étant fermé à la circulation. La gendarmerie a bouclé tout le secteur et interdit les accès au pont, d’importants bouchons étant enregistrés dans tout le secteur.
- Sabotage de la production de deux géants des semi-conducteurs à Villard-Bonnot, en Isère
Parmi les neuf câbles visés par les incendiaires, on compte un câble très haute-tension de 225 000 volts de RTE. Au plus fort de l’incendie, 5539 clients ont été privés d’électricité. La plupart ont pu être raccordés avant 6h30. 350 clients restaient sans électricité à 14h30, ce mardi 5 avril, a annoncé la préfecture de l’Isère. Le courant a été coupé dans les villes de Crolles et Bernin et sur la zone industrielle qui rassemble notamment ST Micro et Soitec, deux entreprises majeures du Grésivaudan, et plus largement du bassin Grenoblois. La production de semiconducteurs a été stoppée en pleine nuit chez ces deux société qui emploient plusieurs milliers de personnes.
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Les usines de Soitec à Bernin sont à l’arrêt depuis l’incendie. « Si nous n’avons pas été affectés par l’incendie du site RTE de Froges, dans la nuit du 3 au 4 avril, nous sommes, au moment où nous parlons [ 11 h 30 ce mardi], toujours sans électricité. Toutes les lignes de production sont donc à l’arrêt, explique au Dauphiné Libéré Thomas Piliszczuk, vice-président exécutif global business de Soitec. Nous nous préparons régulièrement à une coupure d’électricité, c’est une situation que nous savons donc gérer et il n’y a aucun risque, tout est sécurisé. Nous nous préparons au redémarrage, nous espérons dans les prochaines heures. »
Le vice-président de Soitec assure que cette coupure n’aura pas d’impact financier pour l’entreprise – « un arrêt de quelques heures ou quelques jours, on sait gérer, on sait rattraper » – mais « bien sûr s’inquiète de voir que l’industrie des semi-conducteurs peut être la cible d’attaques. Les incidents de ces deux derniers jours se sont produits en dehors des entreprises. Tout le monde reconnaît que nous sommes une industrie stratégique pour le pays mais on voit qu’aujourd’hui des actes de malveillances, des attaques peuvent viser cette industrie, il faut donc une réflexion collective pour parvenir à sécuriser l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement des sites industriels ».
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STMicroelectronics, dont le site est implanté à Crolles, a été concernée par la coupure d’électricité. « Une coupure d’alimentation électrique de notre site de Crolles s’est produite suite à un incendie sur des câbles d’alimentation haute et moyenne tension situés à l’extérieur du site. Tous les systèmes et procédures assurant la sécurité des salariés et des installations ont été déclenchés. Depuis 8 heures du matin, l’alimentation électrique du site est rétablie [soit tout de même une interruption de la production de plus de 6 heures d’affilée]. Les évaluations et vérifications sont en cours. Le redémarrage progressif des installations est en cours”, a indiqué mardi en fin de matinée la direction de l’entreprise au Dauphiné Libéré.
STMicroelectronics a déjà été visée dans la nuit de dimanche à lundi par un incendie volontaire sur un poste haute tension de RTE à Froges. Des lignes de 225 000 volts ont été incendiées dans l’enceinte même de cette unité électrique, ces câbles alimentant le transformateur de ST Microelectronics après un parcours de trois kilomètres sous terre, via le pont de Brignoud. Il est donc probable que l’incendie volontaire allumé la nuit dernière sous ce pont visait les mêmes lignes électriques alimentant notamment STMicroelectronics.
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Cible de ces actions : la société STMicroélectronics, géant franco-italien de la fabrication de semi-conducteur, dont l’une des unités de production, qui compte 4300 salariés, est installée à Crolles. Alimentée par les lignes électriques qui ont été incendiées, l’entreprise a été nommément visée par les inscriptions retrouvées en début de semaine, dénonçant une consommation électrique jugée excessive. Alors que le premier incendie, survenu sur un poste à haute tension n’avait occasionné qu’une coupure temporaire de courant sur le site, ce second acte de malveillance a entraîné une coupure d’alimentation électrique de plusieurs heures et une suspension de la production. Une source connaissant bien le fonctionnement du site indiquait au Figaro mardi matin l’important travail désormais nécessaire pour redémarrer les installations : « Il va falloir reprogrammer toutes les machines et nettoyer les salles blanches, qui ont été en contact avec de la poussière, à cause de l’arrêt des recycleurs d’air. Ça peut prendre un certain temps. »
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Il est très probable que les deux derniers faits du Grésivaudan aillent rejoindre les quelque 25 dossiers déjà réunis au sein d’une commission rogatoire confiée à des juges d’instruction grenoblois. À l’heure actuelle, aucun des faits concernés n’a été élucidé.
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Au siège de la Communauté de communes du Grésivaudan, à Crolles, privé d’électricité après les incendies de la nuit, trois générateurs doivent livrés par Enedis afin de rétablir l’activité sur le secteur. Des services et équipements publics ont été touchés : sans téléphone ni serveur, « depuis ce matin c’est le système D avec des lignes rapatriées sur d’autres lignes » ; les sorties scolaires prévues à la piscine, située juste à côté, ont été annulées.
[NDLR : Soitec est une entreprise qui conçoit et produit des matériaux semi-conducteurs, utilisés pour la fabrication des puces qui équipent les smartphones, les tablettes, les ordinateurs, les serveurs informatiques ou les data centers.
STMicroelectonics est l’un des premiers fabricants mondiaux de composants électroniques et plus particulièrement de semi-conducteurs (puces électroniques), destinés notamment à l’industrie de guerre, au secteur automobile, à la communication (5G, Cloud), à la gestion des énergies et aux objets connectés.]
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Voilà plus de cinq ans que les groupuscules de l’ultra-gauche libertaire mènent des attaques très ciblées en Isère, notamment contre des objectifs liés aux technologies de pointe, qu’ils considèrent comme des outils d’asservissement.
Il y a un reproche que l’on ne saurait adresser aux groupuscules anarchistes soupçonnés d’être à l’origine des deux dernières actions dirigées contre ce vaste plateau de haute technologique qu’est devenu le Grésivaudan : celui du manque de constance dans la ligne de ce qu’ils pensent être un noble combat.
Des premières luttes menées au creux des années 2000 contre la construction de Minatec (acronyme de Micro et nanotechnologies) à Grenoble jusqu’à ces actions directes visant à couper l’alimentation électrique de STMicroelectronics, en passant par l’incendie du centre de culture scientifique, technique et industrielle (CCSTI) de la Casemate en 2017 et les attaques répétées contre les installations et le matériel d’Enedis, le temps a passé, mais le concept de l’action politique violente et les cibles choisies demeurent invariables.Une forme de violence qui, au fil des revendications mises en ligne par les auteurs de ces attaques, est justifiée généralement par la conviction que cette violence n’est qu’une réponse à celles, plus pernicieuses et omniprésentes à leurs yeux, que la société leur fait subir : inégalités, capitalisme, dictature du travail et des technologies, sexisme, soumission aux élites produites par la démocratie et l’entreprise.
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« Assidûment réfractaires à ce monde qui n’est pas le nôtre, nous avons cru possible de le déserter pour en bâtir d’autres […]. Mais ne pouvant ni ne voulant plus fuir, nous avons cessé de tourner le dos à l’ennemi pour lui faire face », écrivaient les auteurs d’un texte de revendication de saccages d’agences immobilières grenobloises en 2018.
En reprenant les grands standards de la thématique anarchiste du XXe siècle (notamment celles des activistes écologistes américains prônant le sabotage des outils d’asservissement de la nature par l’homme, tels que les grands barrages électriques dans l’Ouest), les libertaires grenoblois l’adaptent à ce qu’ils considèrent être des enjeux plus contemporains. Tout en attaquant à l’occasion les symboles d’une démocratie qu’ils détestent (incendie de la mairie de Grenoble et de la radio France Bleu Isère en 2019), d’un État (incendies sur deux sites de la gendarmerie en 2017) qu’ils ne reconnaissent pas, ces groupuscules de l’ultra-gauche libertaire veulent surtout mettre à bas les avatars technologiques d’une société qu’ils jugent écrasants. Saboter les infrastructures d’Enedis, donc, « qui promeut et propage l’électricité et le désastre […] parce qu’on aime jouer avec le feu. Jouer avec la vie […] qui ne tient qu’à tous ces fils électriques […] qu’on aimerait couper partout où on peut », écrivent les auteurs d’une attaque incendiaire contre l’opérateur à Seyssinet-Pariset en 2020.
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Se plaçant parfois résolument à l’extrême limite de la lutte armée, les commandos qui, depuis plus de six ans, sèment la perturbation en Isère, n’ont jamais pu être inquiétés, notamment parce que leurs attaques ont toujours été visiblement soigneusement préparées et réalisées de façon quasi professionnelle.
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