Pour cause de restrictions budgétaires, le « joujou » militariste des macronistes, le SNU, devrait être ralenti/reporté.
En sera-t-il de même pour les coûteux et archaïques uniformes scolaires ?
- SNU : enterrement ou simple répit ?
SNU : enterrement ou simple répit ?
On le savait, le macronisme se moque des promesses, des faits, des institutions et même des résultats électoraux. Quand le monarque fait un caprice, même s’il est massivement rejeté, il suffit de l’imposer par 49.3, à coup de grenades ou tout simplement d’ignorer une élection perdue. Parmi les caprices de Macron : le SNU.
Ce « Service National Universel » est une lubie du président depuis son élection. Il s’agit d’enrôler de force des adolescent-es dans des stages encadrés par des militaires, pour dresser la jeunesse : lui apprendre à se tenir au garde à vous, à chanter la Marseillaise et à lever le drapeau. Et tout ça en se faisant bourrer le crâne par l’armée française.
C’est une sorte de service militaire, mais en pire : il s’agit d’endoctriner des mineurs avec un magma idéologique réactionnaire – Gabriel Attal parlait de « renforcer l’unité républicaine de notre jeunesse » – mais sans leur apprendre à se défendre les armes à la main. Le SNU ressemble davantage aux « Chantiers de la jeunesse française », une organisation paramilitaire française créée sous Vichy entre 1940 et 1944, qu’au bon vieux service obligatoire à partir de 18 ans, aboli en 1996.
Le coût du SNU a été évalué entre 3,5 et 5 milliards d’euros, prélevés au budget de l’Éducation pour le transférer à l’armée. Une somme pharaonique pour une mesure qui n’a aucune véritable utilité. En septembre, la Cour des comptes avait déjà émis de sérieuses réserves sur le SNU, parlant d’un « gadget » trop coûteux et pas nécessaire.
En plus, le gouvernement a complètement échoué à rendre son projet attractif pour la jeunesse : l’objectif initial était d’attirer des volontaires en 2025 pour le généraliser ensuite en 2026 à toute une classe d’âge. Sauf que sur 66.000 volontaires attendus, seuls 35.700 jeunes se sont inscrits, malgré des campagnes de pub et le paiement d’influenceurs.
Pire, lors des phases d’expérimentation ces dernières années, des cas d’agressions, des propos racistes voire des faits de harcèlements sexuels ont été commis par les militaires sur les lycéen-nes. D’autres volontaires ont subi des punitions humiliantes, et certain-es ont fait des malaises après avoir été forcé-es de rester au garde à vous en plein soleil.
Bref, le SNU est un fiasco typiquement macroniste, mais il est surtout devenu injustifiable sur le plan financier : alors que le gouvernement prépare un plan d’austérité XXL, avec des dizaines de milliards de coupes dans les dépenses publiques, le SNU apparaît comme une fantaisie infinançable.
Il y a quelques jours, Gil Averous, le nouveau Ministre de la Jeunesse et des Sports, déclarait : « Très clairement aujourd’hui on n’a pas les moyens de le faire, financièrement ». Un recul net par rapport aux annonces de Gabriel Attal qui parlait de généralisation du SNU il y a encore quelques mois.
Mercredi 30 octobre au soir, les deux chambres du Parlement ont voté pour enterrer le projet et réaffecter les crédits qui lui étaient dédiés vers d’autres dépenses. L’Assemblée et le Sénat, composés de deux majorités différentes, ont chacun supprimé le SNU dans le budget de l’État. À la place, 128 millions d’euros ont par exemple été redirigés vers le sport amateur.
Mais comme nous le disions, les votes des parlementaires, les rapports de la Cour des comptes et mêmes certaines déclarations officielles ne comptent pas vraiment sous Macron. Il suffit d’un caprice présidentiel pour tout changer. Le 31 octobre, la porte-parole du gouvernement annonçait aux médias une volte face : finalement, le gouvernement « ne souhaite pas supprimer le SNU » malgré les votes au Parlement.
Pour le moment, les macronistes expliquent qu’ils veulent poursuivre l’expérimentation de ce projet, à défaut de le généraliser tout de suite comme prévu, faute d’argent.
Ce n’est donc pas une victoire contre le SNU, mais un simple sursis. La mise au pas de la jeunesse est toujours au centre des préoccupations du pouvoir, et s’il pouvait embrigader tout le monde dès la rentrée prochaine, il le ferait sans hésiter. Le gouvernement n’est contraint que par des questions budgétaires.
Il faut donc maintenir la pression, relancer la mobilisation contre le SNU et combattre tout projet qui irait dans le même sens. Par exemple, l’intrusion de l’armée en milieu scolaire, les uniformes à l’école et les discours inquiétants de Macron sur le « réarmement » de la population ou le nécessaire « sacrifice » de la jeunesse. Des menaces qui restent, quant à elles, plus que jamais d’actualité.
source, avec des liens complémentaires : https://contre-attaque.net/2024/11/02/snu-enterrement-ou-simple-repit/