Retour de Trump : nouvelle étape de la montée des régimes autoritaires assumés sur les cendres des « démocraties libérales »

Remplacer la pseudo-démocratie par la dictature, ou viser de vraies ruptures ?

samedi 11 janvier 2025

Comment comprendre l’actuelle convergence vers l’illibéralisme (Trump, Milei, Macron...), vers des régimes ouvertement autoritaires qui supplantent la traditionnelle pseudo-démocratie libérale.
Finies les apparences de bonne figure, sauve qui peut nationaliste et agressif ?
Voici quelques articles et analyses sur Trump et ses semblables, pour essayer d’y voir plus clair.

10 questions sur la victoire de Trump

- 10 questions sur la victoire de Trump - Un lundisoir avec Eugénie Mérieau, Michalis Lianos & Pablo Stefanoni

Trump incarne-t-il un élan fasciste de masse ou, paradoxalement, le triomphe d’un individualisme libertarien ?A-t-on affaire, avec lui, à un suprématisme ou bien plutôt un infantilisme politique au service d’une refondation mythique des USA ? L’antagonisme entre fasciste et “wokiste“ est-il le nœud qui divise l’Amérique ou bien la fiction qui recouvre une division plus profonde entre celles et ceux qui se sont insurgés suite à l’assassinat de George Floyd et la panique électorale des propriétaires ? Que peut encore le parti de la subversion, lorsque la droite s’est réapproprié les affects de la rébellion ? La démocratie en Amérique est-elle formellement soluble dans l’illibéralisme ? Sommes nous sur le point d’entrer dans le capital-cloud ou le techno-féodalisme ? Elon Musk relance-t-il le mythe colonial de la conquête de terres vierges dans l’espoir de soumettre une population extraterrestre et rejouer le pacte colonial où métropole démocratique et colonies dictatoriales fonctionnent de concert ? En décrétant la fin de l’Empire, Trump va-t-il ramener la violence coloniale à l’intérieur de ses frontières ? Le paradigme de la guerre civile est-il plus éclairant que celui de la fascisation ? L’humiliation est-elle la condition de possibilité du capitalisme ? L’effondrement de l’hypothèse libérale démocratique et de la mondialisation impériale appellent-ils à repenser la souveraineté ou à propager le communalisme ?

Nous vivons un interrègne dont la première des évidences est que les catégories politiques depuis lesquelles nous pensons achoppent. Parce que dans ce clair-obscur, il va bien falloir commencer à y voir quelque chose, nous recevons trois invités. Eugénie Mérieau, constitutionnaliste autrice de La dictature, une antithèse de la démocratie ? et Géopolitique de l’état d’exception [1], Michalis Lianos, sociologue spécialiste des dynamiques sociales et contestations contemporaines [2] et Pablo Stefanoni, auteur de La rébellion est-elle passée à droite ? et spécialiste des hybridations capitalisto-fascisantes les plus étonnantes [3]. Au vu de la confusion de nos propres intervieweurs, nous avons ajouté un chapitrage sous cette vidéo afin qu’il soit plus simple de naviguer à travers ces deux heures de discussion.

https://youtu.be/TVK0CIDWUU8

[1] Nous l’avions déjà reçu par ici : De la démocratie en dictature
[2] Nous l’avions déjà reçu par ici : Tétralemme révolutionnaire et tentation fasciste
[3] Nous l’avions, lui aussi, déjà reçu ici : La rébellion est-elle passée à droite

- QUELQUES NOTES en vrac sur la discussion ci-dessus :

Il y aurait d’un côté une individuation qui pousse à la démocratie directe et fragmente la « démocratie » représentative, mais de l’autre une poussée communautaire portée par des personnages qui se disent « anti-système » tels que Trump.
Trump propose au fond une forme de « guerre civile », qui porte une idée unifiante/fantasmatique (gros mâles blancs avec grosses bagnoles gavées de pétrole) de l’Amérique contre tout ce qui est différent de ce modèle.
Les libertariens (plutôt d’extrême-droite) proposent une forme de fausse rupture, et plaisent par rapport à la gauche qui veut maintenir un statu quo appuyé surtout sur des postures morales.
Comme la gauche reste hautaine et n’a rien de vraiment différent à proposer, elle est dépassée par les promesses de richesse envers et contre tout des trumpistes and co. C’est un ultime recours fascisant nationaliste du capitalisme aux catastrophes qu’il engendre.
La contestation du discours de la « démocratie » libérale s’étend et s’appuie sur de multiples médias alternatifs décentrés.

Tant que les peuples restent prisonnier des espoirs d’amélioration de la condition sociale dans le cadre du modèle existant, ils vont favoriser les tentatives néofascistes de maintenir ce système délétère par des moyens autoritaires et nationalistes.

L’ingénierie sociale puissante permise par les hautes technologies (internet, IA, contrôle des données) pourrait remplacer la régulation sociale de la pseudo-démocratie et ainsi permettre une forte extension de l’autocratie et du règne du monde marchand/capitaliste.
En somme, l’autoritarisme nouveau s’appuyerait davantage sur la dictacture nouvelle (rendue plus soft par la technologie) que sur la classique pseudo-démocratie.
Un des rouages étant l’utilisation de l’état d’urgence (usage à outrance de l’antiterrorisme), de l’état d’exception.

On compte trop sur la rationalité des peuples, y compris du côté de l’anarchisme, alors diverses croyances irrationnelles sous tendent fortement les modèles sociaux (capitalisme, religion...).
Il manquerait donc du côté de « la gauche » d’autres narrations, d’autres rêves et mythologies pour contrer les mythologies toxiques libertariennes et d’extrême droite ?
Il faudrait que les gauches produisent de nouvelles idées utopistes, cohérentes et novatrices, avec de véritables ruptures, et éviter à tout prix le statu quo et la diabolisation des adversaires.

On pourrait être tenté par une forme de souverainisme, afin de se défaire des vassalisations, mais non, plutôt en revenir à l’internationalisme des peuples loin de la mondialisation et des Etats-Nations, loi de l’Europe forteresse et de ses institutions non-démocratiques, loin de la soumission aux impérialismes.

Refusons d’être humiliés, car le capitalisme repose une distribution, variable, de l’humiliation.

Retour de Trump : nouvelle étape de la montée des régimes autoritaires assumés sur les cendres des « démocraties libérales »

Trump et le retour des empires expansionnistes

Le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage

Le 8 janvier 2025, Donald Trump n’est pas encore investi comme nouveau président des USA, mais il poste sur son réseau Truth Social une carte des États-Unis incluant le Canada. Une volonté affichée d’annexer le pays voisin, le deuxième plus vaste du monde.

Simple provocation ? En partie. Mais lors d’une conférence de presse sur la politique étrangère des USA organisée dans sa résidence luxueuse de Floride, le 7 janvier dernier, Donald Trump a multiplié les annonces agressives et inquiétantes. Dans un discours entrecoupé de remarques étonnantes à propos de baleines rendues « folles » par des éoliennes et de chauffage électrique qui provoque « des démangeaisons », le futur président a promis une tempête diplomatique.

Selon lui, le Canada doit devenir le 51e état des USA, car la relation entre les deux pays coûterait trop cher aux États-Unis, sachant que les USA ont 40 milliards de dollars de déficit commercial avec leur voisin du nord. Par ailleurs, le Canada traverse un moment d’incertitude politique, avec la démission de son Premier Ministre Justin Trudeau. Pour annexer les 10 millions de kilomètres carrés canadiens et leurs immenses richesses, Trump promet l’usage de la contrainte économique. Une guerre commerciale contre le Canada, en augmentant les droits de douanes. Trump le répète régulièrement, les canadiens « veulent » devenir le 51e État. Des propos qui rappellent ceux de Poutine avant d’envahir l’Ukraine.

Dans la foulée, Elon Musk, nouveau bras droit de Trump, s’est même permis de s’adresser à Justin Trudeau sur son réseau social : « Meuf, tu n’es plus le gouverneur du Canada, ce que tu dis n’a donc aucune importance ». L’homme le plus riche du monde insulte un dirigeant démissionnaire et le qualifie de « gouverneur » pour l’humilier. Une vision particulière de la diplomatie…

Autre annonce : annexer le Groenland, qui doit lui aussi devenir un territoire étatsunien pour des questions de sécurité nationale selon Trump. Pour cela, il menace le Danemark, à qui appartient ce grand territoire boréal, et n’exclut pas d’utiliser la force militaire pour lui arracher. Cette annonce est d’une exceptionnelle gravité : c’est la première fois qu’un membre de l’OTAN, l’alliance militaire occidentale, menace un autre État membre. Et cet État qui menace l’un de ses alliés est carrément le pays fondateur de l’OTAN. Du jamais vu.

Trump s’en est également pris au Panama, qui doit lui céder le canal par lequel transitent de nombreuses marchandises. La construction de ce canal, qui traverse l’Amérique centrale et qui permet aux bateaux d’éviter de contourner tout le continent, a été initiée par les français et achevée par les États-Unis. Pour Trump, les USA doivent reprendre la main sur ce passage, et à nouveau l’usage de la violence militaire contre le Panama n’est pas exclu.

Les USA ont déjà tenté de traiter ce petit pays d’Amérique latine comme une colonie, et y ont même installé un dictateur soutenu par la CIA dans les années 1980. Tant qu’à faire, Trump a annoncé que le Golfe du Mexique serait renommé Golfe des États-Unis. Bref, c’est une déclaration de guerre contre les pays d’Amérique latine, qui renoue avec la tradition néocoloniale qui pesait sur tout le sous-continent durant de la Guerre Froide.

Enfin, concernant le Moyen Orient, « l’enfer s’ouvrira sous ses pieds » si les otages israéliens ne sont pas libérés avant son investiture, a déclaré Trump. Il avait déjà dit pendant sa campagne que Gaza pourrait « être mieux que Monaco ». Un propos indécent alors que le territoire est dévasté, mais aussi une façon subtile de suggérer la colonisation du territoire palestinien.

Allons-nous vers une guerre mondiale provoquée par le dirigeant de la première puissance mondiale ? Espérons que non. Comme souvent, Trump aime faire beaucoup de bruit pour pas grand chose, et change régulièrement d’avis en matière de géopolitique. Ces propos sont probablement des provocations pour obtenir des accords commerciaux et des preuves de soumission des pays visés.

Néanmoins, ils restent inédits par leur violence et l’imaginaire qu’ils dégagent. Les soutiens de Trump vantaient un président qui ne fait pas de guerre et qui s’occupent avant tout des USA avant de s’occuper du reste du monde. Il n’en est rien. C’est un dirigeant autoritaire qui menace la stabilité mondiale et l’assume totalement.

Pire, ces annonces s’inscrivent dans le cadre d’un grand retour des Empires agressifs et expansionnistes.

La Turquie, par la voix de son dirigeant dictatorial Erdogan, rêve ouvertement d’une restauration de l’Empire Ottoman, et avance ses pions en Syrie comme en Azerbaïdjan, tout en persécutant les Kurdes et les Arméniens. La Chine s’arme massivement et développe de nouveaux réseaux à travers sa nouvelle route de la Soie, tout en menaçant d’attaquer Taïwan. La Russie est dans une guerre sanglante en Ukraine et Poutine tente de ranimer l’imaginaire tsariste. Les dirigeants fascistes israéliens fantasment sur le « Grand Israël » des textes bibliques, et bombardent tous les pays voisins…

Partout, les dépenses militaires explosent et les discours se militarisent. Le capitalisme porte l’orage, et les nuages sont de plus en plus sombres. Le monde est peuplé d’autocrates qui jouent aux allumettes sur un baril de poudre, risquant de provoquer des guerres généralisées, y compris en occident.

Désarmons-les, et vite.

- source : https://contre-attaque.net/2025/01/09/trump-et-le-retour-des-empires-expansionnistes/

- voir aussi :

  • L’alarmante ascension de l’extrême droite au Royaume-Uni - En juillet dernier, le Royaume-Uni a été le théâtre de violentes émeutes racistes lancées par l’extrême-droite, quelques semaines après l’entrée en fonction du nouveau gouvernement travailliste (la “gauche” britannique). Parallèlement, le parti de Nigel Farage, Reform UK, a pris son envol, faisant entrer l’extrême-droite dans le champ politique institutionnel. Comment cette nouvelle donne est-elle advenue dans un pays plutôt épargné par les mouvements fascistes, contrairement au reste de l’Europe ? Olly Haynes nous raconte cette inquiétante dynamique.
  • La critique démunie - Le résultat des élections américaines ou la nécessité d’aller au-delà des idées convenues - [Temps critiques] : Les analyses des résultats des élections américaines, quand elles sont en provenance de l’extrême gauche, ne sont pas très originales et rejoignent d’ailleurs parfois les interprétations avancées par des journalistes ou politologues indépendants : pas de programme clair chez les démocrates, discours ultra urbain en direction des classes moyennes supérieures, abandon des couches populaires et mépris de classe, adresse aux « communautés » comme si elles étaient homogènes, l’approche erronée de la place de femmes, qui prend tout simplement le contrepied de leur image traditionnelle avec en plus une erreur d’appréciation sur l’importance des « droits reproductifs » dans la campagne électorale, etc. Ces analyses ne sont pas fausses pour autant, mais ce n’est pas là, la question ou le problème.
  • À propos du futur DOGE (ministère de l’efficience gouvernementale) d’Elon Musk - « Déportations massives », disent-ils… : L’un des buts proclamés du Department of Government Efficiency (DOGE, « ministère de l’efficience gouvernementale ») de Donald Trump, avec Elon Musk et Vivek Ramaswamy à sa tête, est de réduire le budget fédéral américain d’environ un tiers, soit 2000 milliards de dollars. Trump a déclaré que le DOGE contribuerait à « démanteler la bureaucratie gouvernementale, à supprimer les réglementations excessives, à réduire les dépenses inutiles et à restructurer les agences fédérales ». (...) Il se trouve qu’en 2024, les électeurs états-uniens viennent de placer à la tête de l’État le plus puissant du monde sur le plan militaire une camarilla de dirigeants aux aspirations totalitaires avouées. (...) Ces éléments de langage et de formalisme institutionnel (ou anti-institutionnel) ne nous semblent pas neutres. Faut-il en tirer comme conclusion que notre avenir est de vivre sous un régime totalitaire ? À un niveau mondial, global ? Et si la réponse est peut-être oui, ou que c’est l’une des perspectives possibles, n’est-il pas temps de nous consacrer à éviter ce totalitarisme qui ne pourra, à terme, que déboucher sur un conflit armé généralisé ? Car ce système n’est pas viable et n’aura peut-être bientôt plus, comme seule ligne d’horizon, que la suppression d’une partie de la population mondiale afin de relâcher la pression que constituent l’ensemble des défis qui le menacent. Autrement dit : la perspective politique proche, c’est la guerre et le totalitarisme.

EN MARCHE VERS L’OLIGARCHIE

Encore un oligarque en faveur de la désinformation.... Mark Zuckerberg - propriétaire de Facebook et Instagram- s’ajoute à la dérive trumpiste de Bezos et Musk

Dans une vidéo ahurissante publiée hier, le milliardaire explique que ,ce sont les fact checkers qui ont empiré la situation sur des sujets aussi sensibles que l’immigration ou le genre et pas l’extrême-droite qui répandait ses mensonges, et donc qu’il allait répondre à cette crise en supprimant ou limitant ces postes de fast-checker, (réputés de gauche),pour laisser les vannes ouvertes de la liberté d’expression la plus absolue, c’est-à-dire les vannes ouvertes aux mensonges d’extrême-droite… Il a délocalisé les postes de fast checkers de la progressiste Californie chez les enragés du Texas... Comme Musk. Sous couvert de "lutte contre la censure et les biais", il ouvre ses tuyaux à la désinformation raciste, xénophobe, aux théories conspirationnistes sur la pédocriminalité et autres joyeusetés.
Pour être certain de s’assurer les bonnes grâces présidentielles, Zuckerberg a également offert un poste d’administrateur de META (la maison mère) à Dana White, qui règne sur la fédération de MMA américaine et est un trumpiste revendiqué.

Comme pour Musk, l’allégeance de Zuckerberg s’inscrit dans une guerre contre l’Europe : contre les règlementations, contre les taxations et les amendes qui se multiplient contre les entraves à la concurrence, aux droits voisins. Les libertariens de la tech pour un capitalisme libre et sans entrave pensent comme Trump que tout impôt est un impôt de trop

De plus la même bande de milliardaires sans entraves veulent maintenant que le débit varie en fonction du contenu et un tribunal américain leur a donné raison....! Ce qui serait la fin totale de l’espace de liberté que reste le net. Les milliardaires le deviennent non pas par leur soit-disant génie mais en exploitant les ressources humaines comme naturelles, et en fraudant massivement le fisc. Et ils veulent imposer leur manière d’ être au monde.

(post de J Chastaing)

P.-S.

Photo en logo : incendies en Californie à Los Angelès début janvier 2025


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