Ce vendredi 24 avril, sur la demande du maire Gilbert Trémolet, la police municipale de Die est venue frapper à la porte d’un appartement situé place de la République, aux fenêtres duquel avaient été déployées des banderoles, pour exiger leur retrait. Ces banderoles n’étaient ni diffamatoires, ni haineuses, ni discriminatoires. Menaçant d’infliger une amende de 135 euros par jour dans le cas contraire, ils se sont appuyés sur le code de l’environnement et les dispositions particulières dont fait l’objet le Parc Naturel du Vercors.
C’est donc la protection de ce cadre et de cet environnement remarquables qui est mise en avant pour exiger sous la menace le retrait de morceaux de tissu de quelques mètres carrés.
NOTE : ajout le 27 avril de ces deux photos de banderoles :
- Die : deux banderoles censurées par la mairie et sa police municipale
- Censure le 24 avril 2020
- Die : banderole « ci-gît la liberté d’expression » et gilet jaune, suite censure
- Après la censure de deux banderoles à Die par la mairie et sa police municipale
Manifestement, ce même souci n’a pas prévalu lorsqu’il s’est agi d’autoriser la construction ou l’extension des grandes surfaces qui jalonnent l’entrée de Die.
De même, l’extension urbaine et l’artificialisation de terres agricoles qu’a provoquées, ces dernières années, aux abords de Die, l’éclosion de lotissements et zones commerciales, n’a de toute évidence pas provoqué l’émoi de nos décideurs. Les bouquetins, gypaètes barbus et autres orchidées sauvages apprécieront, ou pas. Si tant est d’ailleurs qu’on leur demande leur avis, comme le notre du reste.
On pourrait encore citer, dans la thématique de l’affichage, les banderoles de grandes surfaces nous appelant à l’union contre la vie chère ou à venir profiter de la foire au porc ou à la volaille, ou celles qui annoncent la tenue du rallye automobile de Monte Carlo, qui semblent quant à elles ne poser aucun problème. Imaginons les superbes photos, avec le Glandasse en arrière plan, dont on pourrait agrémenter la devanture de l’office de tourisme, par exemple...
- Glandasse, Diois - Manque une belle banderole publicitaire et une vue sur un beau supermarché
Que la protection de l’environnement soit mise en avant pour entraver et réprimer la liberté d’expression est proprement scandaleux.
Qu’un maire qui n’a eu de cesse d’afficher, en acte et en béton, au nom de l’Économie, son mépris pour les enjeux environnementaux vertigineux auxquels nous devons faire face, s’érige en héraut de l’écologie s’agissant de quelques morceaux de tissu l’est d’autant plus.
Quand la mauvaise foi et le ridicule le disputent à l’autoritarisme, il devient difficile de savoir comment réagir. Rire, colère, indignation ? Ou peut être tout cela à la fois.
Face à un état d’urgence sanitaire au nom duquel nous est imposée une restriction sans précédent des libertés publiques, il nous reste très peu d’espaces physiques à partir desquels nous pouvons nous exprimer et échanger, en dehors des murs facebook et comptes twitter. Nos fenêtres et balcons en font partie. La vitalité de la démocratie a plus que besoin de l’expression de la diversité de nos opinions, et ce d’autant plus en ce moment.
Rappelons à nos élus qu’ils n’ont pas seulement en charge la tranquillité et l’ordre publics, mais aussi et peut être surtout la protection des libertés publiques. On aurait trop tendance à l’oublier en cette période où l’autorité et le contrôle social s’affichent de plus en plus ouvertement en principes de gouvernement.
On pourrait d’ailleurs aussi suggérer à ces mêmes élus de défendre avec autant de véhémence le maintien d’un service public de qualité que l’environnement de nos façades...
Nous ne pouvons rester silencieux face à ce qui est une attaque à la liberté d’expression (mal) déguisée en protection de l’environnement.
Il en va de notre responsabilité de citoyens de ce monde en souffrance.
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