Psychologiser la peur des catastrophes climatiques et écologiques au lieu d’agir par rapport à la réalité

Pour noyer le poisson, les pouvoirs nous invitent ...à nous faire soigner !

vendredi 12 juillet 2019, par Camille Pierrette.

Un article du Monde, Eco-anxiété, dépression verte ou « solastalgie » : les Français gagnés par l’angoisse climatique, décrit une nouvelle « maladie », la « solastalgie »

Les catastrophes écologiques et climatiques en cours provoquées par notre civilisation industrielle, productiviste et capitaliste génèrent légitimement de plus en plus de stress, de peurs.
Mais certaines personnes alliées aux puissants voudraient juste en faire une sorte de nouvelle « maladie », en parler uniquement sous l’angle de « problèmes » psychologiques !
Après avoir lu le dernier rapport scientifique, plus alarmiste que le précédent, vous êtes pris soudain d’une peur panique ? Pas d’inquiétudes, de gentils médecins spécialisés viendront à votre chevet pour que vous restiez bien sage à votre place. Un traitement adapté, une petite thérapie cognitive et ça repart, vous pourrez en toute quiétude continuer à consommer des produits industriels et à bosser dans les entreprises qui détruisent le climat et le vivant, vous pourrez continuer à ne pas agir collectivement pour résister puisque le seul problème est votre psychisme qui s’affole exagérément alors que les Etats et les multinationales s’occupent du problème efficacement à votre place...

Il est pourtant parfaitement sain et normal d’avoir peur et d’être angoissé par les dantesques destructions en cours et par celles bien pires qui se profilent (surtout si on continue à ne pas faire grand chose et à laisser les responsables du désastre aux manettes). Ok c’est un passage qui peut être un peu pénible, douloureux, mais c’est salvateur et au combien libérateur.
Pour tenir le choc, il peut être bon de parler de tout ça à votre entourage, voire si besoin de participer à un cercle de parole ou à un groupe de « travail qui relie ». En gardant bien en tête qu’il s’agit d’avancer pour passer à l’action radicale, pas d’enfouir la peur afin de pouvoir retourner à une vie « normale ».

Ce sont plutôt celleux qui n’ont pas peur, qui sont délibérément optimistes et positifs, qui ont peut-être des problèmes psys ? (en réalité juste du déni, des blocages, la peur de changer, la peur de la répression, l’habitude, la courte vue, l’absence d’interrogations sur le monde, l’égoïsme..., etc.).

Face à l’état de la planète vivante, ce sont celleux qui n’ont pas peur qui font très peur, ceux qui ne s’engagent pas pour changer radicalement les choses, croient pouvoir continuer leur vie narcissique comme si de rien n’était, veulent juste « en profiter » et « faire leur trou » tant qu’on peut encore, veulent piller et détruire ce qui reste (comme Macron, ses commanditaires et ses alliés), se donnent bonne conscience via quelques éco-gestes individuels (vélo, bio, trier ses déchets), qui continuent à privilégier chaque jour leurs loisirs et leur consommation au lieu d’entrer sérieusement en résistance, qui continuent à lutter seulement pour circonscrire certaines conséquences partielles d’un système au lieu de s’attaquer aux racines des désastres, qui croient pouvoir s’adapter à un climat à +6° au sein d’écosystèmes qui en plus seront partout dévastés par notre culture écocidaire et ses multitudes de bras armés.

Au lieu de « psychologiser » cette peur légitime, cette réaction de survie, ce salutaire sursaut de lucidité vitale, acceptons pleinement cette peur panique face aux désastres en cours, creusons-là, comprenons-là, et nous trouverons ensuite des ressorts pour agir vraiment en ayant pleinement conscience de la gravité extrême de la situation.
Et ainsi, au lieu de chercher un refuge illusoire dans des cachetons, des séances de psys et autres charlatans, des paroles rassurantes provenant de papa Etat ou de maman Merdias, des pseudo-solutions foireuses à base de développement durable et de capitalisme "vert’, peut-être que davantage de personnes entreront sérieusement en résistance, et ensemble arriveront à enrayer les désastres engendrés par cette civilisation écocidaire, ses blocs bourgeois sociopathiques, son capitalisme extrémiste, ses Etats terroristes, ses brutales répressions policières, ses néo-fascismes, sa quête absurde de Croissance, à les enrayer avant qu’un auto-emballement du dérèglement climatique ne rende la planète à peu près inhabitable.

En même temps, évitons de s’enfermer dans l’émotion, de rester sidéré. Si la peur (on pourrait aussi citer le dégoût, la rage, la révolte) est un stimuli très utile et souhaitable pour faire exploser notre zone de confort et nos habitudes, il ne faudra bien sûr pas en rester là, et interroger aussi rationnellement notre culture et les bases de cette société, pour faire le tri sans tergiverser, garder ce qu’il y a à garder, arrêter, détruire ou faire évoluer tout ce qui pose problème, (re)trouver d’autres voies vers des sociétés solidaires et soutenables.

On n’a pas de planète B

On n’a pas de planète B

Ici, dans la région, au lieu de s’auto-congratuler à coup de Biovallée ® et de taux d’agriculteurs bios, on ferait mieux d’avoir vraiment très peur, de prendre enfin la mesure de la gravité de la situation, et d’agir collectivement en conséquence.

Comme on ne peut pas attendre grand chose de bien de l’Etat, des instances officielles, des ONGs et des entreprises, ainsi que le confirme un rapport de l’ONU du 25 juin 2019, un organisme qui n’est pourtant pas connu pour être d’extrême gauche ou anarchiste, c’est à nous de prendre les choses en main pour faire sécession, destituer tous les pouvoirs, et surtout construire concrètement un changement de direction radical et rapide.

P.-S.

En complément, j’ai retrouvé sur Ricochets d’anciens articles qui restent valables :


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