En 2017 je m’étais forcé à voter Macron au second tour des présidentielles pour être sûr que Le Pen ne soit pas élue, en considérant à l’époque que le lépenisme était globalement plus dangereux que le macronisme.
On a eu 5 ans pour constater profondément dans notre chair la pourriture du macronisme et son penchant récurrent pour l’extrême droite, tandis que la fascisation générale s’est poursuivie, notamment via les médias dominants.
En 2017, Macron n’a pas du tout tenu compte qu’il était largement illégitime car élu notamment via un barrage contre Le Pen (et il faudrait compter l’abstention) et il a mené sans répis sa politique ultracapitaliste et pro-riches.
A présent, l’éborgneur Macron veut draguer à gauche par de belles déclarations sociales et écologistes et via un éventuel futur gouvernement ouvert à d’autres partis car il a peur de se faire dépasser au 2e tour par le RN qu’il a légitimé. Trop tard, on ne croit pas une seconde à ses discours puants, menteurs et opportunistes à mort.
- Pas une voie de gauche pour Le Pen, et aucune non plus pour Macron
- Impossible de voter « Marine Macron » : abstention au 2e tour des présidentielles
Le macronisme a maltraité non-stop les manifestants et les soignants (et à peu près tout le monde sauf les riches et les startupeurs qui innovent la nouveauté, ...et bien sûr la flicaille qu’il a constamment choyée), il a blessé, mutilé, emprisonné sans compter..., il a multiplié les gestes et les paroles de mépris, en menant une politique anti-sociale, archi-sécuritaire et anti-écologique, et il voudrait à nouveau, en 2022, qu’on vote pour lui pour faire barrage à Le Pen ??!
Il rêve, qu’il se mette le doigt et le bras dans l’oeil, qu’il aille se faire voir en orbite de jupiter, je l’emmerde, et j’espère qu’un maximum de personnes apparentées à gauche feront de même.
Evidemment, il m’est encore plus impossible de voter Le Pen.
Donc, je m’abstiendrai même s’il y a un risque que l’autre face pourrie de la même pièce, le lepénisme, soit élue.
Après 5 ans de macronisme, je constate qu’il m’est devenu impossible de déterminer si le lepénisme est réellement pire que le macronisme. Il y a des différences de style, des accents mis ici ou là, du pire pas toujours aux mêmes endroits, mais la somme totale resssemble à la même merde autoritaire et préfasciste, une même politique ultra-capitaliste, une même obsession sécuritaire et policière, une même dévotion servile envers les riches et les puissants, les mêmes penchants pour la manipulation et le mensonge, la même défense de l’Etat et des oligarques/technocrates, la même adoration de la flicaille, la même détestation des contestations de gauche, la même idôlatrie du numérique et la même confortation du système anti-démocratique en place.
Leurs déclarations et les relookages tardifs pour faire passer la pillule ne tiennent pas.
Alors ce sera ni Macron ni Le Pen, je m’abstiendrai au 2e tour, je ne voterai pas Marine Macron. Impossible, no way.
La donne a changé depuis 2017, les groupes néo-fascistes et néo-nazis sont déjà bien boostés par le macronisme et sa politique, par le capitalisme qui est prêt à tout pour pomper le fric et mater les révoltes, par les médias dominants et nombre de politicards, par la valorisation des idées d’extrême droite via la classe dominante et l’échec structurel du réformisme de gauche, les flics (déjà majoritairement à l’extrême droite) sont en roue libre pour leur taf de défense de l’Ordre étatico-capitaliste, tout ce petit monde brun se sent déjà pousser des ailes, ils sont et seront néfastes que ce soit Macron ou Le Pen au pouvoir.
Donc je ne peux plus dire que Le Pen est pire que Macron, donc je ne voterai pas.
Autant on peut se forcer parfois à voter dans cet imbuvable système non-démocratique centralisé quand il y a quelque chance d’améliorer des choses conséquentes ou d’éviter le pire du pire (au 1er tour j’ai voté FI), autant pour ce second tour il me semble que ce serait absurde, et même contreproductif, d’aller voter.
Un néo-fascisme ou un basculement radical ?
Comme pour les castastrophes climato-écologiques, ça fait des dizaines d’années que cette situation politique imbuvable se prépare. Les alertes et les prémices n’ont pas suffit, les désastres sont là, rien ne change, le tapis se déroule encore et encore.
Comment veut-on s’en dépêtrer ? En misant illusoirement sur un néo-fascisme qui, outre ses ravages spécifiques, ne changera rien au fond (ne démolira pas la civilisation industrielle, ni l’Etat ni le capitalisme) ? Ou via des basculements révolutionnaires, des changements radicaux vers des sociétés solidaires, avec écologie populaire, égalité sociale, autonomie locale, démocratie directe, sortie du techno-capitalisme, low-tech, partage, qualité de vie, prise en charge individuelle et collective de la subsistance matérielle et de la politique, voir fin de l’argent et du marché du travail... ?
Si on laisse faire, qu’on se résigne ou qu’on regarde ailleurs, on aura un néo-fascisme sous une forme ou une autre, si on se bat collectivement avec acharnement, peut-être que l’autre option pourrait grandir et triompher.
Certains à gauche envisagent de voter Le Pen !
Certains à gauche envisagent de voter Le Pen, soit pour foutre le bordel, soit par révulsion compréhensible pour Macron, soit en considérant qu’elle pourrait être finalement moins dangereuse que Macron. Je pense qu’ils font erreur, le système en place a intégré (voir souhaite) la possibilité de l’extrême droite, malgré les cris d’horreur de circonstance, les puissants et les bourgeois s’en accomoderaient très bien, d’autant qu’ils savent qu’elle ne risque pas de remettre en cause ou de déranger le capitalisme et les affaires. La contestation (institutionnelle, et même dans la rue) serait probablement très limitée, il ne faut pas surestimer la capacité de révolte contre l’extrême droite and co, on le voit avec la faiblesse des réactions avant et après le 1er tour. Et Le Pen c’est la même politique sécuritaire et capitaliste que le macronisme, et la destruction du climat et du vivant continuera à l’identique, sans parler de son arrière fond raciste ni des groupuscules dangereux qui la soutiennent.
Pour celleux qui compteraient sur l’impossibilité pour le RN de gouverner en espérant l’empêcher d’obtenir une majorité à l’assemblée nationale, sachez que Marine Le Pen a déjà annoncé qu’elles contournerait s’il le faut les députés, via referendum, 49-3 ou autre, et puis elle pourrait faire des tas de nominations, changer le mode de scrutin puis dissoudre l’assemblée nationale, etc.
Comme on n’est pas en démocratie, les pouvoirs des gouvernements sont importants et très difficiles à contrer, comme on a pu le constater avec Macron et les tyrans précédents.
De plus, vu que policiers, soldats et gendarmes sont apparentés extrême-droite à au moins 60%, elle serait encore plus soutenue par la flicaille que Macron, ce qui rendrait difficile les contestations via la rue, la grève, etc.
Je me permet donc de conseiller de plutôt voter blanc ou de pratiquer l’abstention.
- Pas une voie de gauche pour Le Pen, et aucune non plus pour Macron
- Le barrage maintenant c’est contre le capitalisme et ses défenseurs extrémistes
Faisons en sorte que Macron et Le Pen aient le moins de voix possible au second tour, que l’abstention soit énorme, que cette élection de merde soit illégitime, que ce système antidémocratique verrouillé soit moqué et délégitimé, que le capitalisme soit décrié.
Et surtout, retrouvons-nous, organisons-nous. Et pas juste sous le coup de l’émotion pour conjurer la période actuelle, mais dans le temps, pour agir opportunément et renverser la vapeur.
Pour ça, il va falloir revoir certains objectifs, et surtout repenser en profondeur les stratégies et tactiques pour s’en approcher. Et puis il faudra davantage de monde engagé au quotidien contre le techno-capitalisme et l’étatisme, contre la civilisation industrielle, pour renforcer les divers modes de soutiens aux premières lignes et pour bâtir des alternatives radicales. Avec le renfort d’alliances et de coordinations nouvelles ou renouvellées.
Pas le choix, c’est ça ou se résigner, ou s’enliser dans la répétition des mêmes postures.
Si vous êtes à raison effrayé par les catastrophes climato-écologiques en cours et à venir, par les désastres socio-politiques en cours et à venir, si vous êtes légitimement révulsé par les orientations politiques de Marine Macron et de tout le système qui porte au pouvoir ces engeances, alors vous aurez forcément envie d’agir immédiatement avec vigueur, et pas d’attendre 5 ans (ou 7) un nouveau tour de passe passe du cirque électoral.
Vous aurez forcément envie d’agir dans la durée de manière radicale et de ne pas vous contenter de réformettes, de verdissements du techno-monde, de voter aux législatives ou de quelques manifs coup de gueule.
Vous aurez forcément envie de démonter intégralement la civilisation industrielle, ses structures, ses infrastructures, ses idéologies, ses grands prêtres et ses institutions.
Ajout du 17 avril
En choisissant l’abstention, je ne dis pas que Macron et Le Pen sont équivalents, ils ont chacun leurs spécificités même s’ils se rejoignent aussi sur pas mal de points. Je reste conscient que Le Pen, sur certains points, est pire que Macron (répression des descendants d’immigrés, des exilés et des personnes LGBT & co, connivence plus forte encore avec les flics dont l’immense majorité est d’extrême droite...). Néanmoins, je préfère prendre le risque de l’abstention pour maintenir la tension, et parce que je me dis que Macron l’emportera malgré tout, alors autant que l’abstention soit forte et que les deux candidats aient le moins de voix possibles. Symboliquement et psychologiquement, ce sera plus facile de lutter ensuite.
Et puis je crois qu’il y a avec Macron un stade de révulsion physique tel que ce « choix » de l’abstention dépasse un peu les calculs et les analyses rationnelles , hasardeuses dans tous les cas. Quand le corps ne veut pas, l’esprit s’incline.