Un nouveau rapport du GIEC est sorti, qui se limite encore et encore à se préoccuper de certains effets de la civilisation industrielle, mais ne nomme pas les véritables problèmes.
- Nouveau rapport du GIEC qui ne cible toujours pas les causes des désastres
- La civilisation industrielle ne veut pas s’auto-incriminer
C’est comme pour la guerre ou la pandémie, les décideurs et leurs roquets répétiteurs constatent avec effroi que ça va mal, ouh là là, et ensuite ils s’en remettent aux Etats et au capitalisme pour endiguer les horreurs que ces entités ont très largement créées.
Ils se moquent de la réalité et des alertes, ils veulent continuer à tout brûler pour que la mégamachine carbure.
On n’éteind pas un incendie en y balançant du white spirit et en allumant un ventilateur.
NOUVEAU RAPPORT DU GIEC, OH MON DIEU ÇA VA MAL
Énième rapport du GIEC. Énième éructation médiatique. Énième rien du tout. Évidemment.
Dans le « résumé à l’attention des faiseurs de lois » — aussi appelé « résumé à l’intention des décideurs » — de son dernier rapport, le GIEC continue de faire ce qu’il est conçu pour faire. Mentir. Prétendre que les problèmes dont il s’inquiète — ou plutôt, LE problème dont il s’inquiète, le réchauffement climatique — pourrait être résolu par l’entité qui est en train de le produire. Autrement dit, le GIEC prend les choses à l’envers. Au lieu de chercher à s’attaquer au vrai problème, à savoir l’existence de la civilisation industrielle, il se préoccupe uniquement d’un de ses nombreux effets : le changement climatique. L’existence de la civilisation industrielle est une donnée à conserver.
« Car la société de masse (c’est-à-dire ceux qu’elle a intégralement formés, quelles que soient leurs illusions là-dessus) ne pose jamais les problèmes qu’elle prétend “gérer” que dans les termes qui font de son maintien une condition sine qua non. On n’y peut donc, dans le cours de l’effondrement, qu’envisager de retarder aussi longtemps que possible la dislocation de l’agrégat de désespoirs et de folies qu’elle est devenue ; et on n’imagine y parvenir, quoi qu’on en dise, qu’en renforçant toutes les coercitions et en asservissant plus profondément les individus à la collectivité. » (Semprun & Riesel, Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, 2008)
C’est ainsi que dans le « résumé à l’attention de ceux qui font les lois » (c’est-à-dire pas à votre attention ni à la mienne) du dernier rapport du GIEC, le mot « développement » apparaît 125 fois, l’expression « développement durable » 15 fois, résilient ou résilience 102 fois, etc. Pour sauver le monde, ce qu’il nous faut, c’est un « développement durable pour tous », un « développement climatiquement résilient », une « résilience infrastructurelle », des « marchés énergétiques adaptatifs au climat », c’est « développer » les « énergies renouvelables (éolien, solaire) », c’est « développer » la « résilience climatique des systèmes de santé », développer « des partenariats efficaces entre les gouvernements, la société civile et les organisations du secteur privé ». Fort heureusement, tout ceci fournit « de multiples possibilités d’investissements ciblés », l’occasion de développer une « finance adaptative », car bien entendu « les finances publiques sont un facteur important d’adaptation », de même, plus généralement, que « les ressources technologiques et financières ». C’est pourquoi il nous faut développer des « technologies de réseau intelligent » (smart-grid technologies), mais aussi « une planification inclusive, intégrée et à long terme aux niveaux local, municipal, infranational et national, ainsi que des systèmes de réglementation et de suivi efficaces ». D’ailleurs, par chance, « l’urbanisation mondiale rapide offre des possibilités de développement climatiquement résilient ». Etc. (Blablabla développement, blablabla résilience, blablabla durable, blablabla vite, vite, vite, blablabla investir, blablabla technologie, bref, la langue de bois des experts et des scientifiques).
En vérité, le seul moyen d’endiguer le problème dont les productions du GIEC s’inquiètent (le réchauffement climatique), ainsi que la plupart des autres problèmes majeurs auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés (la dépossession politique totale sous le règne de l’État, c’est-à-dire l’érosion totale de la liberté ou de l’autonomie humaine, les inégalités monstrueuses, la destruction ou pollution de la nature tous azimuts), c’est d’en finir avec le monde qui produit le GIEC. (Le GIEC, c’est comme les satellites. Un outil d’observation de la destruction du monde conçu grâce à cette destruction du monde, et incapable de se retourner contre son créateur.)
En finir avec le technocapitalisme, avec la civilisation industrielle dans son intégralité. Faire machine arrière, désindustrialiser, détechnologiser, démanteler l’État, désurbaniser, décroître tous azimuts.
(Mais évidemment, ceux qui apprécient la domination, qui ont appris à aimer leur servitude, la planification intégrale de leur existence par l’État, les gouvernements, le « secteur privé », etc., préfèreront s’en remettre aux « faiseurs de lois », aux « décideurs », et croiser les doigts en espérant qu’une civilisation techno-industrielle écodurable puisse vraiment voir le jour.)
OMERTA TOTALE SUR LE GIEC DANS LES GRANDS MÉDIAS !!!!!
#Complot #IlsNeVeulentPasQueTuSachiezLaVérité #Honte
En fait, non, pas exactement. Mais les demeurés de la gôgauche frappés d’éco-anxiété à l’idée que la civilisation industrielle puisse pâtir du réchauffement climatique sont prêts à tout pour nous le faire savoir. Non-sens. Les mièvreries et autres platitudes capitalo-compatibles, développementistes, éco-industrielles du GIEC ne dérangent pas grand-monde.
Certes, à la télévision, l’écologie en général est loin d’être un sujet très discuté. Mais, chers abrutis de gauche, cela n’a rien d’une nouveauté. Si vous étiez moins cons, vous auriez réalisé il y a fort longtemps que les médias occultent ou ignorent systématiquement — évitent de promouvoir — les idées réellement critiques du capitalisme, de l’État, de la technologie, de l’industrialisme, etc., bref, tout ce qui s’oppose sérieusement au système sociotechnique dominant. Vous auriez remarqué que de la même manière que le français ou la française type n’est pas très au fait du désastre écologique, il ou elle n’est pas particulièrement rodé à la technocritique ou à la critique anti-industrielle, à la critique du capitalisme, etc.
Sauf qu’évidemment, vous ne l’êtes pas non plus. Paloma Moritz (journaliste qui s’occupe entre autres de la rubrique « écologie » ou plutôt carbologie pour le génialissime média alternatif et indépendant Blast, qui nous propose un endroit alternatif et indépendant où entendre les mêmes bêtises qu’ailleurs) et Camille Étienne (employée de l’IDDRI) se sont fendues d’une affligeante vidéo, publiée aujourd’hui, dans laquelle elles lamentent le manque de promotion médiatique, et notamment télévisuelle, du dernier rapport du GIEC, et tentent de résumer le bilan qu’il dresse et les solutions qu’il propose. 20 minutes de phrases et de formules creuses, de novlangue éco-technocratique — les scientifiques du GIEC ont une sorte de conscience morale, les injustices sociales les préoccupent, un peu, alors ils incorporent dans leurs préconisations à l’attention des faiseurs de loi des incitations totalement vaines à mettre en place une « gouvernance inclusive », à prendre en compte « les minorités et les peuples autochtones » et autres bienveillances du genre. Toutes celles et ceux qui ont écouté un spectacle de Franck Lepage savent combien la démocratie participative, la participation citoyenne et tous les différents avatars du citoyennisme ) sont des inepties, des mystifications, des illusions lénifiantes. Mais pas Étienne et Moritz, qui répètent docilement les imbécilités inoffensives des technocrates du GIEC.
Ça vaut le coût d’avoir des médias de gauche alternatifs et indépendants pour qu’ils se fassent le relai des appels à la soumission techno-bureaucratique future.
« Le culte de l’objectivité scientifique impersonnelle, de la connaissance sans sujet, est la religion de la bureaucratie. Et parmi ses pratiques de dévotion favorites figure bien évidemment la statistique, par excellence science de l’État, effectivement devenue telle dans la Prusse militariste et absolutiste du XVIIIe siècle, qui fut aussi la première, comme l’a remarqué Mumford, à appliquer à grande échelle à l’éducation l’uniformité et l’impersonnalité du système moderne d’école publique. De même qu’à Los Alamos le laboratoire était devenu caserne, ce qu’annonce le monde-laboratoire, tel que se le représentent les experts, c’est un écologisme de caserne. Le fétichisme des mesures, le respect enfantin de tout ce qui se présente sous la forme d’un calcul, tout cela n’a rien à voir avec la crainte de l’erreur mais plutôt avec celle de la vérité, telle que pourrait se risquer à la formuler le non-expert, sans avoir besoin de chiffres. C’est pourquoi il faut l’éduquer, l’informer, pour qu’il se soumette par avance à l’autorité scientifique-écologique qui édictera les nouvelles normes, nécessaires au bon fonctionnement de la machine sociale. Dans la voix de ceux qui répètent avec zèle les statistiques diffusées par la propagande catastrophiste, ce n’est pas la révolte qu’on entend, mais la soumission anticipée aux états d’exception, l’acceptation des disciplines à venir, l’adhésion à la puissance bureaucratique qui prétend, par la contrainte, assurer la survie collective. » (Riesel & Semprun, Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, 2008).
S’ils étaient conséquents dans leur désir de remédier aux injustices sociales, les technocrates du GIEC préconiseraient à l’État (principal instigateur des injustices sociales) de se démanteler, l’abolition de la propriété privée et l’expropriation des propriétaires. Mais non. Un saupoudrage de mots ou d’expression à la mode (justice sociale, justice climatique, droits des peuples autochtones et des minorités) sur un gratin de propositions développementistes, capitalistes, étatistes, industrialistes (le genre de proposition qui favorise l’ethnocide, la destruction des derniers peuples autochtones), centrées sur un mot-clé : adaptation. Nous (lire : nos dirigeants) devons adapter la civilisation techno-industrielle, que nous aimons tant (en tout cas que Camille Étienne, Paloma Moritz, les scientifiques du GIEC, les chefs d’État, etc., apprécient fondamentalement), aux évolutions climato-environnementales à venir. Mais qu’espérer d’autres de la part d’individus et d’organismes payés par des États ou des organismes para ou supra-étatiques (ONU, etc.) ?
Bref, si vous souhaitez que la civilisation techno-industrielle dure le plus longtemps possible, si vous souhaitez assurer la résilience du technocapitalisme : rejoignez le combat de Moritz et Étienne. Implorez nos dirigeants de bien vouloir écouter le GIEC et la Science. Faites entendre votre voix. Et rassurez-vous : tout n’est pas perdu. « Nous avons notre avenir climatique entre nos mains. » (Peu importe que « nous » n’ayons même pas la politique de notre propre commune, ville, ou pays, entre nos mains. L’important, c’est de s’identifier à ceux et ce qui dirigent.)
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