Contrairement à la communication intense des lobbies, l’énergie nucléaire n’est pas une solution pour maintenir un climat vivable, pas plus d’ailleurs que les énergies dites renouvelables industrielles. Tant qu’on reste dans le système de la civilisation industrielle, de la Croissance et du capitalisme, il n’y a en réalité pas de solutions.
- Ni l’énergie nucléaire ni les énergies renouvelables ne sont des solutions pour des sociétés vivables
- La civilisation industrielle demande toujours plus d’énergies et de matières premières, les énergies s’additionnent
Défi climatique : quand l’argumentaire des pro-nucléaires oublie l’uranium et les déchets radioactifs - Les positions pro-nucléaires reprennent de la vigueur. Les centrales émettant peu de CO2, ce serait la solution pour le climat. C’est faire abstraction des autres problèmes, de taille, induits par l’atome et des alternatives au nucléaire.
« Sur les déchets nucléaires, nous sommes déjà en train de déplacer le problème sur trois générations » - Le nucléaire peut-il être classé comme une énergie durable ? Jan Haverkamp, expert pour Greenpeace, a répondu à la question à l’aide de 26 critères de soutenabilité : émissions de CO2, transparence financière, ou encore renforcement de la démocratie.
Voir aussi : L’énergie nucléaire, une technologie à abandonner - Lutter pour le climat et l’écologie, c’est combattre le nucléaire
Quelle que soit l’énergie utilisée, même « douce » et « low tech », la question clé qui est souvent oubliée est : à quoi/qui sert-elle ?
A alimenter le techno-capitalisme, l’Etat policier et les institutions autoritaires, les infrastructures industrielles et commerciales qui détruisent le monde vivant et entraînent la planète vers un climat inhabitable ?
Ou à faire vivre des sociétés écologiques et démocratiques très sobres, qui partagent une qualité de vie pour toutes et tous ici et ailleurs, et donc qui se situent hors de la course à la croissance, à l’innovation technologique et à la compétitivité ?
En plus, la civilisation industrielle réclame tellement d’énergies que les types d’énergie s’empilent au lieu que les nouvelles remplacent les anciennes, que ce qui est économisé ici est consommé ailleurs.
Le pétrole s’ajoute au charbon, le nucléaire s’ajoute au pétrole, et les énergies dites renouvelables s’ajoutent au nucléaire.
Et globalement, à l’échelle planétaire, toujours plus d’énergies sont dépensées, toujours plus de matières premières sont extraites en détruisant le monde vivant, toujours plus de marchandises circulent dans tous les sens pour alimenter les centres logistiques, les e-commerces, les petits commerces et les grandes surfaces.
Le capitalisme et les Etats, la civilisation industrielle, ne PEUVENT pas fonctionner autrement.
En réalité, la question climatique, écologique, sociale n’est pas un problème solutionnable par la technique, on ne s’en sortira pas par des innovations technologiques (et encore moins via des technologies complexes), mais par de radicales remises en cause politiques et philosophiques, par la fin du règne de l’Economie et l’Etat.
La plupart des parties et mouvements de gauche ou assimilés, y compris EELV, sont donc à côté de la plaque puisqu’ils ne proposent que des aménagements de l’Economie et s’appuient sur le maintien et le renforcement de l’Etat. Ils ne rêvent qu’à des technologies « verdies », du numérique partout supposément « maîtrisé », des industries relocalisées et à un Etat « plus démocratique », ils ne sortent pas du cadre de la civilisation industrielle, l’échec et la désillusion cinglants sont donc à l’horizon, même si sur certains points c’est mieux que LREM, la droite et l’extrême droite.
Regardez leurs programmes pour les régionales et départementales.
A aucun moment ils n’envisagent franchement la sortie du capitalisme et de la civilisation industrielle ; même si leurs timides aménagements arrivaient à voir le jour, ça n’entraverait pas la marche de la méga-Machine.
- Ni l’énergie nucléaire ni les énergies renouvelables ne sont des solutions pour des sociétés vivables
- Nucléaire, éoliennes, extractivisme : tout est dans la même image, tout marche ensemble
LORSQUE LE FIGARO FAIT LA PROMO D’UN DOCUMENTAIRE,
il est à peu près sûr qu’il s’agit d’une calamité. Dans le mille. Deux heures de plaidoyer audiovisuel en faveur du nucléaire (documentaire "Eoliennes : du rêve aux réalités"), dans lequel les inévitables « experts » nucléaristes — l’immanquable polytechnicien (Jean-Marc Jancovici), un ancien PDG d’EDF, un « Directeur du centre de recherche en économie et droit de l’énergie », un « Ancien directeur de l’environnement à l’OCDE », un « Ancien président d’Elf et Gaz de France », un « cadre retraité de l’industrie pharmaceutique », Jean-Louis Butré, qui préside désormais la « Fédération Environnement Durable », un collectif d’associations visant, contrairement à ce que suggère son nom, à promouvoir frénétiquement le nucléaire et à vomir sur l’éolien, etc. — nous expliquent la Vérité, le Bon, le Beau, le Juste : les éoliennes, c’est moche, ça a un mauvais rendement, ça consomme trop de ressources, tandis que le nucléaire, c’est propre, sûr, efficace, exactement ce qu’il nous faut pour produire l’énergie nécessaire à la perpétuation de notre formidable système sociotechnique. Car nous voulons tous, bien entendu, perpétuer ce système sociotechnique qui, par le plus grand des hasards, se trouve être une machine à produire des « experts » fiévreusement dévoués à sa défense.
Ainsi le débat fait-il rage entre ceux qui souhaitent perpétuer notre chère dystopie industrielle au moyen du nucléaire et ceux qui veulent la même chose mais plutôt au moyen de l’éolovoltaïque, du photovoltaïque et des autres sources d’électricité dite « verte », « propre » ou « renouvelable ».
La peste ou le choléra ? Préférez-vous perpétuer votre dépossession politique, votre asservissement à un système sociotechnique sur lequel vous n’avez à peu près aucune prise, les inégalités croissantes qu’il génère, l’insupportable genre d’existence qu’il impose (d’où une population à laquelle on prescrit, grâce aux progrès technomédicaux, toujours plus d’hypnotiques et d’anxiolytiques), ainsi que son inexorable entreprise de saccage du monde :
A. Au moyen du nucléaire (et des barrages hydroélectriques, et de quelques autres types de centrales de production d’énergie).
B. Au moyen de l’éolovoltaïque, du photovoltaïque, de l’hydroélectrique, de la biomasse, de la géothermie, etc. (De tout ce qui est habituellement qualifié de vert/propre/renouvelable à l’exception du nucléaire).
Quelle misère. Deux camps de fieffés abrutis, qui s’identifient à la civilisation industrielle, qui aiment ce monde, ne voient pas vraiment le problème, sinon qu’il s’agit, selon eux, de trouver comment le perpétuer, de déterminer la meilleure source d’énergie pour la continuation du capitalisme technologique et industriel. Il importe, cela dit, de souligner que les abrutis nucléaristes sont certainement les pires. La bonne réponse est évidemment :
C. Qu’ils aillent tous au diable. On — quelques humains, toutes les autres espèces vivantes, — n’en veut pas de votre civilisation (industrielle ou non). Puissent-ils tous se tirer au plus vite sur Mars, où les attend apparemment la suite de leur destinée manifeste, pour ne plus jamais revenir ici.
(post de Nicolas Casaux)
voir aussi : Contre le régime Jancovichy - En ingénieur hautement lucide, quelques décennies après la publication des travaux du Club de Rome, Jean-Marc Jancovici (polytechnicien, président du conseil d’administration du think tank The Shift Project financé par Bouygues, Vinci, EDF & Co., ex-consultant et collaborateur de l’Ademe, membre du Haut Conseil pour le climat créé en 2018 et placé auprès du Premier ministre, etc., etc.), a repéré un problème, LE problème : il ne peut y avoir de croissance infinie sur une terre finie. « La bonne question désormais est donc de savoir comment gérer un monde sans croissance. » Voilà pour l’essentiel de l’analyse et de la proposition de ce polytechnicien dont la popularité croissante, y compris dans la nébuleuse des milieux écologistes, même parfois prétendument « radicaux », témoigne sans doute de la confusion idéologique généralisée, elle aussi croissante. (...)
Effondrement — comment ne pas déprimer face à notre impuissance ?
Collapsologues et autres écologistes ne nous parlent plus de transition écologique, comme dans les années 70, mais d’effondrement. Celui-ci serait plus ou moins inévitable, en tout cas selon eux.
Confrontés à ce portrait, assez sombre admettons-le, comment ne pas perdre le moral ? Comment ne pas déprimer face à notre impuissance ?
Mais de quel effondrement parlons nous ? Sommes nous si impuissant ?
1— Réaliser qu’il y a deux effondrements possibles
On parle de « l’effondrement », mais en réalité deux grands types de scénarios sont possibles.
Le premier, c’est l’effondrement des écosystèmes. Comme l’expliquent très bien Pablo Servigne et Raphaël Stevens, la biodiversité est un système complexe, une toile d’interdépendances et de connexions. Lorsqu’un élèment est retiré de l’ensemble, celle-ci est peu déstabilisée car de nombreuses alternatives existent. Jusqu’au jour où trop d’éléments ont été ébranlés : tout s’effondre assez subitement. L’écosystème change radicalement d’équilibre. Schématiquement, c’est le passage d’une forêt tropicale au désert du Sahara. Une quantité astronomique de biodiversité est perdue. Cela a déjà eu lieu, à des échelles plus ou moins locales et dans des amplitudes plus ou moins fortes. A l’échelle globale, l’effondrement des écosystèmes signifierait la disparition d’une grande partie voir de l’ensemble des espèces vivantes sur Terre, y compris l’humain bien entendu.
Le deuxième effondrement possible, c’est celui de notre société, de notre civilisation. C’est le passage d’une société complexe, hautement spécialisée, hiérarchisée, vers une société simple, peu spécialisée et peu hiérarchisée. Schématiquement, c’est le passage d’une société Maya à des petits groupes de chasseurs-cueilleurs. Elle peut s’accompagner, sans que cela soit nécessaire, d’une chute démographique. Ce scénario s’est répété de nombreuses fois dans le passé : en réalité, les sociétés complexes sont plus l’exception que la règle dans l’histoire humaine3. Appliquée à notre situation, cela signifie probablement que nous utilisions (beaucoup) moins de technologies, des transports plus lents, et que les Etats disparaissent, au profit de sociétés plus simple et plus petites.
2— Réaliser qu’un est préférable à l’autre
N’y allons pas par quatre chemins : autant l’humain est capable de survivre dans une société effondrée, autant il ne peut survivre dans un écosystème effondré.
La majorité de l’histoire humaine s’est déroulée dans de petites communautés. Encore en 1600, seulement un tiers de la population mondiale vivait sous le joug d’un État. Le capitalisme existe depuis quelques centaines d’années, l’industrie depuis environ 200 ans. Si certains peuvent considérer tout ceci comme des conforts souhaitables (ce qui n’est pas mon cas), on peut affirmer avec certitude que le retour à des communautés plus restreintes ne présente pas de risque existentiel pour l’espèce humaine.
À l’inverse, il n’y a eu que 5 extinctions de masse dans l’histoire de la terre. Aucune ne s’est déroulée pendant l’existence de l’espèce humaine. De la même manière, les épisodes de changement climatique aussi rapide n’ont jamais été connu dans l’histoire terrestre. Nous ne savons rien de ce à quoi ressemble un monde subissant de tels changements, mais il est probable que l’humain n’en fasse pas parti.
Pour résumer, des deux effondrements en présence, un est récurrent au cours de l’histoire humaine, l’autre est inédit. Un seul menace l’existence de l’espèce humaine. Un seul entraine la disparition de la plupart des espèces sur terre.
3— Réaliser qu’ils sont liés
Ce sont deux effondrements bien distincts donc, mais vous comprendrez que ces deux phénomènes sont interconnectés.
L’effondrement des écosystèmes à des niveaux plus ou moins locaux a souvent dans le passé engendré la fin de civilisations 6. Les habitants de l’île de Pâques ou les Mayas en sont des emblèmes. De la même manière, il est évident que l’effondrement des écosystèmes à l’échelle mondiale mènera, à terme, à l’effondrement de notre civilisation ; mais potentiellement trop tard. Nous pouvons maintenir artificiellement en vie notre système, en utilisant des ressources fossiles par exemple, de telle sorte à ce qu’il survive quelque temps à la disparition de la totalité des écosystèmes (ou en tout cas, qu’il la rende inéluctable).
Parallèlement, on comprend rapidement comment la poursuite de notre civilisation entraine la destruction progressive de la nature. A l’inverse, la fin de notre civilisation entrainerait une récupération des écosystèmes. Il suffit de voir comment le coronavirus, en provoquant un arrêt partiel de notre économie, a fait chuter la pollution et a permis à la nature de récupérer de manière parfois assez surprenante
4— Réaliser que nous ne sommes pas impuissants.
Un effondrement aura lieu dans tous les cas. C’est bien vrai. La question est : lequel adviendra le premier ? Celui de la nature ou celui de la société qui la détruit ?
Souhaitons-nous rester en observateur passif de cette course morbide ?
On nous présente comme impuissants face aux phénomènes auxquels nous faisons face. Est-ce vraiment le cas ? Oui, nous sommes impuissants quand nous tentons de sauver à la fois un modèle économique et sociétal en même temps que la vie sur terre. Mais dès que le seul objectif est de provoquer la fin de notre système économique avant la fin de nos écosystèmes, n’avons-nous pas des pistes d’action ?
Notre système économique est pensé pour être efficace, pas pour résister aux chocs. Provoquons ces chocs. Quelles sont les infrastructures dont dépend le plus notre vie économique ? Le transport du pétrole, l’électricité, l’extraction de matière première, etc.
Une seule maladie des arbres à caoutchouc provoquerait l’arrêt brutal de l’extractivisme et de l’usage des avions. La chute du réseau électrique mettrait à genoux l’économie mondiale. Nous ne sommes pas impuissants, nous devons juste donner un coup de main à un système au bord du précipice
👉 article original de Vert Résistance
(post de Deep Green Resistance Bretagne)
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