Jusqu’au bout, le débat continue dans les divers courants apparentés à gauche
- Ni Macron-ni Le Pen : analyse sur le sens de ce refus - Le débat continue
« Ni Macron-ni Le Pen » : le sens d’un refus - Le premier tour nous enferme dans une situation désastreuse, coincés entre fascisation et fascisme. Pour autant, dans ces conditions détestables que nous n’avons pas choisies, nous sommes condamnés à prendre une décision parce qu’il sortira bien de cette élection un·e président·e : Macron ou Le Pen. L’abstention ou le vote blanc sont évidemment des options possibles, mais si tou·tes les électeurs·rices de gauche s’abstenaient ou votaient blanc, il est assez probable que Marine Le Pen l’emporterait.
Pour autant, il faut refuser les injonctions moralisantes, bien souvent contre-productives, en particulier quand elles sont le fait de personnalités publiques qui ont contribué à la montée des « idées » d’extrême droite, qui sont restées silencieuses face à la brutalité du macronisme voire qui l’ont soutenu, parfois avec ardeur. Comme le propose ici Stathis Kouvélakis, il faut au contraire prendre au sérieux et comprendre les logiques et les mécanismes affectifs qui sont au principe de l’abstention ou du vote blanc, sous peine de se couper de secteurs sociaux qui ont été au coeur des mobilisations sociales des dernières années et qui le seront à l’évidence encore dans la période à venir.
« Que “les choses continuent comme avant”, voilà la catastrophe. Elle ne réside pas dans ce qui va arriver, mais dans ce qui, dans chaque situation, est donné. Ainsi Strindberg écrit-il : l’enfer n’est pas quelque chose qui nous attend, mais la vie que nous menons ici »(Walter Benjamin)
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Quelle que soit la position de chacun face à l’échéance du second tour – abstention, vote blanc-nul ou bulletin « tactique » Macron – il est crucial pour la gauche de gauche de ne pas se couper des secteurs sociaux qui refusent le chantage électoral qui leur est infligé. Pour cela, il faut se départir des habitudes bien ancrées qui consistent à se réfugier dans les postures moralisantes, ou dans le jeu de références historiques qui ne font guère sens pour de larges couches de la population – celles qu’il s’agit justement de convaincre. Il est tout aussi crucial de sortir de la culture de la peur, et de miser sur l’intelligence collective pour mener l’indispensable travail d’explication de ce qu’est la politique de l’extrême-droite.
Au point où nous en sommes, il est non moins urgent de nous libérer nous-mêmes de la peur pour réfléchir sérieusement à la stratégie à suivre dans l’hypothèse, assurément glaçante, d’une victoire de Marine Le Pen. Il est clair que les appels incantatoires au « soulèvement » ou aux « résistances » ne feront pas l’affaire. Car il n’est pas simple de se dresser à une échelle de masse contre un résultat électoral, a fortiori de créer les conditions de son renversement. La mobilisation populaire se construit, étape par étape, et son succès passe aussi par une stratégie d’alliance et de combats au niveau institutionnel, politique et électoral. À cet égard, le prochain scrutin législatif s’annonce d’ores et déjà comme une échéance décisive pour battre bloc macroniste et l’extrême-droite, dont il constitue le terrain le moins favorable. Quel que soit le résultat de la présidentielle, il peut être utilisé comme un « troisième tour » électoral comme l’a proposé J.-L. Mélenchon. Son appel à élire une majorité de gauche au parlement, dont il serait le premier ministre, vise clairement à briser la logique de la peur et à rassembler un bloc populaire en mesure de briser le cercle infernal dans lequel nous enferme l’iniquité de ce second tour.
LE NON DÉBAT, ÉPILOGUE D’UNE NON CAMPAGNE
Pathétique spectacle pour de duo entre le stagiaire de Mc Kinsey et l’héritière fasciste
➡️ Du jamais vu depuis 1965, époque de diffusion de la télévision dans les foyers. Le « débat » d’entre-deux tours organisé hier soir a réalisé la plus mauvaise audience pour un duel présidentiel : 15,6 millions toutes chaînes confondues, contre 16,5 en 2017, et bien davantage 5 ans plus tôt. En clair, personne ne veut du remake imposé, ce mauvais film écrit par les médias.
➡️ Il n’y a pas eu de campagne. Ni Macron ni Le Pen n’ont pris la peine d’intervenir, d’organiser de meetings, de subir la moindre contradiction. Tout juste quelques mises en scène verrouillées. Pourquoi se seraient-ils fatigués ? Les deux candidats étaient sélectionnés d’office. Depuis 5 ans les médias des milliardaires annonçaient l’affiche finale. Leur affiche. Celle choisie par les ultra-riche. Et depuis 5 ans, ces médias ont tout fait pour que le scénario se réalise. En s’aplatissant devant le pouvoir en place, en relayant ses mensonges, et en surmédiatisant l’extrême droite, en popularisant ses thèmes, en banalisant ses représentants.
➡️ S’il n’y a pas eu de campagne, il n’y a pas non plus de confrontation d’entre-deux tours. Un échange plat, à la fois fade et courtois, d’une durée interminable de trois heures. L’extrême droite et la droite extrême ont exécuté leur danse macabre sans passion.
Aucun échange de fond. Pas un mot sur le racisme de Le Pen, ni son héritage fasciste, alors que son parti a été fondé par des nostalgiques de Pétain et d’Hitler. Macron n’a jamais attaqué celle qui lui donnait la réplique, parachevant sa dédiabolisation totale. Et de l’autre côté, Le Pen n’a pas non plus attaqué Macron, alors que son bilan catastrophique lui offrait des prises innombrables. Une médiocrité telle qu’elle ne s’est même pas saisie du récent scandale Mc Kinsey. En réalité, il s’agissait d’un duo complice. Il était écrit depuis 5 ans. Il a eu lieu.
➡️ L’arrogance absolue de Macron, sa façon de répéter ces derniers jours qu’il sera élu par un vote « d’adhésion » à son programme néolibéral et autoritaire montre le sentiment de toute puissance du pouvoir en place. Il semble déjà certain de sa victoire. Le regard dans le vide du président-candidat lors du show télévisé donnait l’impression qu’il imaginait déjà l’après : comment, dès l’élection passée, il compte nous massacrer.
➡️ Avant le premier tour, un sondage évaluait que 80% des français et françaises ne voulaient pas d’un second tour Macron-LePen. Depuis le 10 avril, les enquêtes affirment que la population ne veut ni de Macron ni de Le Pen au pouvoir ces prochaines années. Les deux sont globalement détestés. La personne élue dimanche sera celle qui suscite un peu moins de répulsion que l’autre. La mascarade démocratique est à bout de souffle. La politique se jouera ailleurs. Collectivement.
https://nantes-revoltee.com/%f0%9f%93%ba-le-non-debat-epilogue-dune-non-campagne/
« Le Pen ne fait plus peur » : la faute à qui ?
« Le Pen ne fait plus peur » : la faute à qui ?
Ces derniers jours, deux questions ont rythmé partie de la scène médiatique : « Pourquoi Le Pen ne fait plus peur ? » et « Marine Le Pen est-elle d’extrême droite ? » Le fait que les journalistes (se) posent la seconde permet – en partie – de répondre à la première. Car hormis quelques sursauts journalistiques – heureux quoique de circonstance, entre-deux-tours oblige –, attachés à documenter (et rappeler) la nature autoritaire, raciste et xénophobe du projet frontiste, la « dédiabolisation » de l’extrême droite n’est désormais plus tant un processus qu’une donnée structurante du paysage médiatique.
Au premier tour de l’élection présidentielle, l’extrême droite culmine à 32,6% des suffrages exprimés . « Marine Le Pen est-elle d’extrême droite ? » se demandent en chœur les éditorialistes. Le seul fait que cette question soit à l’agenda témoigne de l’ampleur de la normalisation du RN dans les grands médias, de l’état du journalisme politique, de sa pratique et de sa dépolitisation ordinaire…
Dans ce « débat », peu nombreux sont les universitaires spécialisés à intervenir, cantonnés à quelques interviews dans la presse écrite et surtout, aux médias indépendants. À défaut, les traditionnels professionnels du commentaire – incluant éditorialistes, journalistes politiques, philosophes médiatiques, sondologues et autres fast thinkers – s’époumonent… pour le pire. Après avoir épluché moult émissions et éditos, nous pouvons dégager quatre tendances dans cette « communauté » : les VRP de l’extrême droite, les « communicants dédiabolisateurs », les « re-découvreurs » de Marine Le Pen et, enfin, les « décomplexés du racisme ». Explications et prototypes.
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Le Pen, le 2d tour et le danger fasciste. Réfutation de quelques objections courantes
Le Pen, le 2d tour et le danger fasciste. Réfutation de quelques objections courantes
Le premier tour nous enferme dans une situation désastreuse, coincés entre fascisation et fascisme. Pour autant, dans ces conditions détestables que nous n’avons pas choisies, nous sommes condamnés à prendre une décision parce qu’il sortira bien de cette élection un·e président·e : Macron ou Le Pen. L’abstention ou le vote blanc sont évidemment des options possibles, mais si une large part des électeurs·rices de gauche s’abstenaient ou votaient blanc, Marine Le Pen aurait de bonnes chances de l’emporter.
Il est donc important de savoir ce qu’il en est du danger que représente le FN/RN. Or, l’une des difficultés en la matière c’est l’incertitude qui entoure une éventuelle présidence Le Pen, alors qu’à l’inverse chacun·e sait par expérience ce que sera une présidence Macron : destruction sociale, répression des mobilisations, inaction climatique, stigmatisation des musulman·es, traitement ignoble des migrant·es, etc. En somme tout ce qui a été au cœur de son quinquennat – mais qui a commencé il y a plusieurs décennies.
Le Pen présidente, nous ne savons pas précisément comment les choses tourneront. Nous savons qu’elle s’en prendra en particulier aux migrant·es, aux étrangers·ères et aux minorités, mais nous ne savons pas à quel rythme et avec quelle intensité. Nous savons qu’elle cherchera à briser les oppositions mais nous ne savons pas pour quelle stratégie elle optera (guerre-éclair contre toute forme de contestation ou tentatives d’isoler la gauche sociale et politique de la majorité de la population), ni d’ailleurs quelles résistances lui seront opposées dans différents secteurs de la société, etc.
Il faut avoir cela en tête pour ne pas se trouver désorienté si jamais Le Pen était élue : un pouvoir d’extrême droite ne signifiera pas exactement la même chose aujourd’hui que dans l’entre-deux-guerres. Les conditions sociales, économiques, politiques et culturelles ont changé ; les dirigeant·es du FN/RN en sont parfaitement conscient·es, et ils savent qu’il leur faut adapter leurs stratégies, leurs discours, leurs manières d’exercer le pouvoir, etc.
Cela n’enlève rien au danger, car le projet de ce parti est bien celui d’une renaissance nationale par purification du corps social, ce qui suppose nécessairement de s’en prendre à celles et ceux qui empêcheraient la nation de demeurer elle-même et de retrouver sa « gloire » passée, en premier lieu les minorités (ethno-raciales, religieuses, de genre et sexuelles), mais aussi d’écraser politiquement (voire physiquement) toute forme d’opposition – syndicale, politique, associative, journalistique, artistique, etc.
Au vu des cinq dernières années, il y a mille raisons d’éprouver du dégoût et de la rage à l’idée de devoir utiliser un bulletin Macron pour écarter le danger Le Pen, au moins provisoirement, pour gagner du temps afin de renforcer l’antifascisme et construire une alternative politique. Mais la sous-estimation – ou pire encore la négation – du danger Le Pen ne sera jamais une bonne raison : celle-ci, son parti et l’extrême droite en général continuent de représenter un ennemi mortel pour les mouvements d’émancipation, pour tou·tes celles et ceux qui aspirent à l’égalité, à la justice sociale et à une démocratie réelle.
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Cyril Dion, Assa Traoré, Cédric Herrou... leur choix pour le second tour
Cyril Dion, Assa Traoré, Cédric Herrou... leur choix pour le second tour - Le 24 avril, date du second tour, approche. Que faire ? Dix-sept personnalités du mouvement social et écolo ont répondu à Reporterre. Beaucoup, dépités, glisseront un bulletin Macron pour faire barrage à Le Pen
Remarques :
Le cynique Macron en profite, il dit avec mépris que les votes pour lui seront pour son projet car il sait que la détestation et la peur de l’extrême droite forceront suffisamment de gens à voter pour lui.
Avec morgue, il méprise d’avance celles et ceux qui font barrage contre le lepénisme et qui détestent le projeeeeeeeeeet macroniste.
Comme les cons il ose tout, il se permet même de se dire écologiste !
Tant qu’on légitime le régime autoritaire étatiste et capitaliste en place en l’appelant "notre démocratie", on se retrouvera piégés par la légimité auto-proclamée des gouvernements issus du système électoral.
Sous couvert de la "légitimité" électorale, les gouvernements envoient leurs polices, d’extrême droite donc, réprimer les contestations "de-gauche"...
A un moment, faudrait arrêter de se tirer des balles dans le pied.
Au lieu de compter principalement sur les élections pour faire advenir des changements positifs, que bien davantage de personnes assument que ça doit venir principalement d’autres moyens, divers, et s’y mettre. Certes c’est moins confortable, mais on moins on se donne de vraies perspectives en assumant la réalité.
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