L’échelon local est un moyen important pour construire des sociétés vivables pour toutes et tous, soutenables écologiquement et socialement, par le biais de processus de démocratie directe et d’une réappropriation de nos existences.
Seulement, les municipalités sont toujours loin du compte, voir ces articles :
- Municipales : la majorité des candidats sont à la traîne sur le climat - Mardi 3 mars, le Réseau action climat a publié un décryptage des programmes des candidats aux élections municipales dans dix villes françaises. Bilan : « Une grande majorité des candidats n’intègrent pas les mesures incontournables pour faire face à l’urgence climatique. »
- Inaction climatique : une décennie perdue - Le constat est sans appel : les auteurs concluent que la lenteur des progrès en matière d’action climatique a mené à une « décennie perdue » et que les efforts déployés aujourd’hui pour atteindre les objectifs de Paris doivent quadrupler pour éviter les scénarios désastreux décrits dans le rapport 1.5 du GIEC.
- Emissions de CO2, climat et écologie : échec logique et total des Etats et de l’économie de marché - Ces institutions et cette économie n’ont donc plus aucune légitimité ni crédibilité, ils n’ont plus aucune leçon à nous faire
Remarquons au passage que les articles de Reporterre ne parlent que du climat, et pas de la destruction des écosystèmes et des animaux...
Les listes candidates sont comme toutes les institutions soumises au capitalisme et à la civilisation industrielle, il est hélas logique qu’elles restent à la traîne, ce contentant surtout de com et de belles phrases pour amadouer les électeurs inquiets.
D’autre part, le système électoral, les médias dominants et les institutions non-démocratiques en place poussent aux programmes les plus consensuels possibles pour ne pas faire peur aux votants.
- Municipales 2020 : climat et écologie, on est loin du compte !
Relisons André Gortz, extrait :
Car les partisans de la croissance ont raison sur un point au moins : dans le cadre de l’actuelle société et de l’actuel modèle de consommation, fondés sur l’inégalité, le privilège et la recherche du profit, la non-croissance ou la croissance négative peuvent seulement signifier stagnation, chômage, accroissement de l’écart qui sépare riches et pauvres. Dans le cadre de l’actuel mode de production, il n’est pas possible de limiter ou de bloquer la croissance tout en répartissant plus équitablement les biens disponibles.
Tant qu’on raisonnera dans les limites de cette civilisation inégalitaire, la croissance apparaîtra à la masse des gens comme la promesse — pourtant entièrement illusoire — qu’ils cesseront un jour d’être « sous-privilégiés », et la non-croissance comme leur condamnation à la médiocrité sans espoir. Aussi n’est-ce pas tant à la croissance qu’il faut s’attaquer qu’à la mystification qu’elle entretient, à la dynamique des besoins croissants et toujours frustrés sur laquelle elle repose, à la compétition qu’elle organise en incitant les individus à vouloir, chacun, se hisser « au-dessus » des autres.
Les institutions, et donc aussi les municipalités, ne veulent pas rompre avec le capitalisme, elles sont pieds et poings liés au système de la Croissance et de la compétition généralisée. L’Etat met d’ailleurs les communes elles-mêmes en concurrence pour des subventions obtenues sur « projets ».
De ce fait, elles ne peuvent/veulent pas engager les transformations radicales indispensables pour limiter la destruction du vivant et du climat. Elles se contentent de prôner des adaptations au changement climatique (doux euphémisme pour masquer les graves catastrophes en cours), des supposées résiliences alimentaires et énergétiques.
Ne voulant pas stopper les causes du désastre, elles ne font que des changements superficiels (ou inadaptés, dans le tout technologique et le capitalisme « vert ») et illusoires.
Tant que les communes et les habitants n’agiront pas pour vraiment démanteler le capitalisme et la civilisation industrielle, et ne construiront pas en même temps une toute autre société, on ne brassera que du vent, et on attisera les flammes.
Quasiment toutes les communes veulent favoriser la création d’emplois et le développement économique, le numérique et les énergies renouvelables. Aucune ne mise sur une forme de décroissance, de diminution drastique du temps de travail, de sobriété, de low tech, de diminution de la production pour diminuer l’énergie et les matières premières utilisées, aucune n’envisage une autre répartition des richesses et une vraie transformation radicale de l’économie permettant une bifurcation salvatrice.
A présent, la seule croissance matérielle doit concerner les plus pauvres, toutes les autres classes sociales doivent décroître, à commencer par les riches. La qualité de vie, la vie politique, le temps libre, la contemplation de la nature, remplaceront avantageusement les voyages en avion, les gadgets chinois, les tablettes et les SUV.
Les communes et l’immense majorité de leurs habitants restent largement prisonniers du modèle économique en vigueur, et se contentent de le relooker. Ils organisent très peu de débats sur ces questions, ils ne font aucun projet pour sortir du capitalisme et de la civilisation industrielle, au contraire ils s’imaginent garder à peu près intact et viable ce système « omnicidaire » en le « verdissant » à la marge, pour leur bonne conscience.
Malheureusement, dans le cadre capitaliste, c’est le toujours plus qui règne globalement, tout ce qui est économisé d’un côté est dévoré de l’autre, dans un autre secteur ou même un autre pays (voir effet rebond).
Dans ce domaine encore plus que dans les autres, c’est aux habitant.e.s de prendre les choses en main, de forcer aux changements radicaux nécessaires, les institutions ne le feront pas et les martiens ne viendront pas nous sauver.
Après avoir voté pour les listes les plus écologistes (ou les moins à la traîne), il faudra multiplier les assemblées autonomes, les groupes de réflexions, les actions collectives pour l’autonomie locale, l’arrêt des projets inutiles, la fermeture des industries polluantes, les pressions multiformes, les luttes, les alliances et les actions coordonnées pour abattre localement le capitalisme et ses ramifications.
Comme le capitalisme et ses structures, ses propriétés et ses capitaux, sont protégés par la loi, sacralisés par les merdias et les partis de gouvernements, défendus par les polices-milices du Capital, ces luttes pour notre survie seront forcément en opposition aux institutions, aux oligarques et notables, et devront nécessairement passer assez souvent par les chemins de l’illégalité collective et de la désobéissance civile généralisée.
Un des éléments clé serait notamment d’aider les travailleurs des secteurs clés de l’économie à comprendre que leur salut (y compris sur un plan matériel et social) ne passe pas du tout par davantage de Croissance, d’emplois ubérisés et de développement économique, mais par des grèves longues et insurrectionnelles afin de mettre à genou le monde de l’économie, et ainsi imposer aux Etats et au monde capitaliste d’autres scénarios que la fuite en avant consumériste et productiviste vers les désastres.
Voir aussi :
Le développement durable, une illusion dangereuse ? - Le développement économique capitaliste ne peut être durable