Les catastrophes climatiques, sociales et écologiques en cours deviennent plus criantes, alors que faire ? Commencer par bien identifier les causes des problèmes et ne pas se fourvoyer dans des impasses. On pourra alors imaginer des objectifs et stratégies adaptés.
Comme le démontrent les faits et les analyses de plus en plus de chercheurs et observateurs, la cause est le capitalisme et la civilisation industrielle (productivisme, croissance, compétition, mépris des humains et de la nature, extractivisme, destruction accélérée des bases de la vie, inégalités criantes, course au profit et au progrès technologique, colonialisme, patriarcat, militarisme...). Ce système hégémonique allié aux Etats et aux gouvernements émet massivement des gaz à effet de serre, asservi les humains et détruit le vivant partout, y compris au niveau des communes.
A présent, l’immense majorité des élus et entrepreneurs (comme certains acteurs de Biovallée®) croient voir une "solution" dans le développement "durable", la croissance "verte", avec ses énergies renouvelables, son économie circulaire, ses produits éco-responsables et son "écologie industrielle".
En réalité, l’immense majorité de ces « solutions » poursuit la civilisation industrielle, et donc continue les désastres.
Voici pourquoi :
- La croissance économique utilise toujours plus d’énergie et de matières premières, donc accroît la pression sur la nature et les émissions de CO2.
- Les industries alimentées par des énergies renouvelables servent très souvent à produire des choses qui n’ont rien d’écologique ni de durable (appareils électroniques, gadgets, aliments et matériaux importés de très loin...) .
- Les matériaux des énergies renouvelables et des voitures électriques proviennent d’extractions minières toujours désastreuses
- Les infrastructures de transport existantes utilisent un tiers des ressources consommées et les maintenir n’a donc rien de soutenable.
- L’efficacité énergétique et les économies d’énergies ne diminuent pas l’impact global car le paradoxe de Jevons, ou effet rebond, montre que l’optimisation des processus industriels permet à d’autres secteurs de consommer les ressources libérées. Le système-monde technologique engloutit tout pour sa croissance puis en redemande.
On préfère croire que cette civilisation industrielle pourrait devenir soutenable à l’aide de modifications techniques, mais rien n’est plus faux malgré l’intense propagande des médias dominants, des gouvernements et des élus (voir interview de la députée Lavergne qui avait paru dans le journal Le Crestois).
Admettons lucidement que la civilisation industrielle et son capitalisme ne seront jamais écolos, ni durables, ni soutenables, ni démocratiques, même si on change le vocabulaire.
On doit donc arrêter la croissance économique et ses fameuses « créations d’emploi ». Ces emplois étant liés très souvent à un système écocidaire, il va donc falloir inventer et mettre en place d’autres façon de vivre, de travailler, de produire et de distribuer. On sait heureusement que la sortie de la pauvreté dans les pays riches est une question de justice sociale et non de croissance.
On pourrait par exemple réduire le temps de travail et embaucher plus en partageant les profits afin de garder un bon niveau de salaire, diminuer les prix des loyers et des transports en commun, vivre sobrement avec des produits locaux, multiplier les coopératives à but non lucratif, les communs autogérés et les assemblées, les échanges sans monnaie, diminuer la propriété privée immobilière et des moyens de production, etc.
Ces pistes seront barrées par les puissants, il faudra donc avancer grâce aussi à des rapports de force, créer et développer une culture de résistance multi-facette, notamment pour stopper au plus vite ce qui détruit notre avenir.
Ce qui doit croître, c’est la démocratie réelle locale, la permaculture, les petits paysans, les low tech artisanaux, la convivialité, l’entraide, le partage, la coopération, l’imagination.
Collectif Les Indiens du futur
(cet article a été publié il y a quelques semaines dans le journal Le Crestois)
RDV mercredi 13 novembre à l’HYDRE à Crest pour faire grandir ensemble une culture de résistance locale, qui arrête les nuisances et fait grandir la vie. Reprenons contact avec le vivant autour de nous et en nous pour lutter efficacement ensemble contre la mégaMachine.
- L’arnaque et les illusions du développement « durable »
- Le mesonge du développement durable
La transition anti-écologique : comment l’écologie capitaliste aggrave la situation (par Nicolas Casaux)
Pourtant, ce développement passe par une croissance de la production et ses externalités que nous ne pouvons plus contenir avec de simples améliorations techniques. Le concept même de développement durable reste en effet intimement lié à la croissance, il s’attache à mettre en avant une croissance voulue « vertes » dont les écueils et les risques seraient suffisamment maîtrisés pour lui permettre de durer indéfiniment.
Cependant, le développement des technologies de production d’énergie dite « renouvelable » est également une catastrophe écologique[5], qui se double de catastrophes en cascade liées à l’utilisation de l’énergie produite[6]. Les énergies dites « vertes » servent à alimenter les mêmes appareils électriques, électroniques, informatiques, et électroménagers (futurs e-déchets dont la production est elle-même anti-écologique), les mêmes infrastructures de fabrication (usines, ateliers, etc.), que les autres types de production énergétique.
Mais l’insoutenabilité de la civilisation industrielle est plus fondamentale encore.
La production de masse et la distribution de masse sont anti-écologiques (insoutenables) par définition — de même que toute économie mondialisée. Que les articles produits et distribués soient « verts », « écos », « bios », ou pas. Les bananes, le cacao, le lait de coco, l’huile de coco, le sucre de canne bios et équitables, etc., importés de l’autre bout du monde, demeurent une hérésie anti-écologique (et bien souvent, un désastre social). D’où pensez-vous que proviennent les matériaux qui composent les panneaux solaires si écolos, les éoliennes, les voitures électriques ? Pensez-vous que les extractions minières dont ils sont issus pourraient, elles aussi, être bios et équitables, et non pas les désastres écologiques que l’on sait ?
Les infrastructures et les réseaux de transport qu’elle a développés — routes (terrestres et maritimes), couloirs aériens, voies ferrées — ne sont pas soutenables. Un tiers de la consommation de ressources de l’UE correspond au secteur de la construction[7] (logements et infrastructures). Leur seule maintenance consomme trop de ressources, ce qui signifie qu’elle nécessite trop de destructions du monde naturel.
l’ingénieur spécialiste de la finitude des ressources minières Philippe Bihouix écrit que :
« Avec la croissance ‘verte’, […] ce qui nous attend à court terme, c’est une accélération dévastatrice et mortifère de la ponction de ressources, de la consommation électrique, de la production de déchets ingérables, avec le déploiement généralisé des nanotechnologies, des big data, des objets connectés. Le saccage de la planète ne fait que commencer[12]. »
« La plupart d’entre nous sommes moins dérangés par l’idée de vivre dans un monde sans martre des pins, sans abeilles mellifères, sans loutres et sans loups qu’à l’idée de vivre dans un monde sans médias sociaux, sans cappuccinos, sans vols ‘low-cost’ et sans lave-vaisselle. Même l’écologisme, qui a un temps été motivé par l’amour du monde naturel, semble désormais plus concerné par la recherche de procédés un peu moins destructeurs qui permettraient à une civilisation surprivilégiée de continuer à surfer sur internet, à acheter des ordinateurs portables et des tapis de yoga, que par la défense de la vie sauvage. »
Le développement correspond à « la disposition de l’Occident à universaliser sa propre histoire au détriment » de celle des autres cultures du monde, et renvoie à un « imaginaire colonial qui guida durant tous ces siècles l’expansion spatiale, politique, économique et symbolique de l’Occident sur le reste du monde », ainsi que l’explique Joaquin Sabat
Enfin, une autre limite du fantasme de la croissance verte, c’est l’effet rebond ! En effet, lorsque nous améliorons des technologies, les rendant énergétiquement plus efficaces, cela a pour conséquence d’augmenter la consommation d’énergie globale. C’est le cas de l’impact environnemental d’Internet par exemple : nous améliorons l’efficacité énergétique des Data-centers, hélas leur stockage est tellement plus grand qu’avant, que la consommation d’énergie d’Internet explose. L’auto-partage, qui permet de mettre 3 personnes dans une voiture plutôt qu’une, rend finalement le voyage économiquement intéressant pour les 3 personnes, donc finalement le voyage a lieu alors qu’il n’aurait peut-être pas été effectué sinon. Les exemples les plus connus étant les ampoules, dont l’efficacité ne cesse d’augmenter, tout comme leur consommation d’énergie globale, ou des voitures qui consomment de moins en moins mais dont les émissions globales ne cessent d’augmenter.
le paradoxe de Jevons, ou effet rebond. L’augmentation de l’efficacité énergétique n’a pas pour effet de diminuer l’impact environnemental. L’optimisation des processus industriels qui constituent notre civilisation industrielle permet simplement à d’autres industries ou à d’autres particuliers de consommer les ressources libérées par ces gains en efficacité. Ainsi que le formule un célèbre mathématicien :
« Cela semble incroyable que ceux qui prônent les économies d’énergie n’aient pas remarqué ce qui se passe : dès que de l’énergie est libérée par des économies, le système-monde technologique l’engloutit puis en redemande. Peu importe la quantité d’énergie fournie, le système se propage toujours rapidement jusqu’à ce qu’il ait utilisé toute l’énergie disponible, puis il en redemande encore. »
Mark Boyle :
« La plupart d’entre nous sommes moins dérangés par l’idée de vivre dans un monde sans martres des pins, sans abeilles mellifères, sans loutres et sans loups qu’à l’idée de vivre dans un monde sans médias sociaux, sans cappuccinos, sans vols économiques et sans lave-vaisselle. Même l’écologisme, qui a un temps été motivé par l’amour du monde naturel, semble désormais plus concerné par la recherche de procédés un peu moins destructeurs qui permettraient à une civilisation surprivilégiée de continuer à surfer sur internet, à acheter des ordinateurs portables et des tapis de yoga, que par la protection de la vie sauvage. »
Durant des milliers d’années, les pays ont vécu sans croissance. »
Notre manière de vivre est insoutenable, qu’on utilise peu ou beaucoup d’énergies dites renouvelables n’y change pas grand chose.
Finalement, n’a t-on pas tous à gagner dans la mise en place d’un monde plus soutenable, où la pub et les lobbys disparaissent au profit d’un sens de la réflexion retrouvé, où les technologies ne prennent plus les décisions à notre place, où l’artisanat local reprend la main sur la grande distribution, où notre alimentation n’est plus synonyme d’empoisonnement, où l’on se déconnecte des technologies pour se reconnecter avec la nature et l’humain, où le but de la vie n’est plus de consommer mais de vivre ? En tout cas c’est notre meilleur chance de survie !
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