Rechercher le buzz et se conformer aux standards des médias, une impasse ?
Retrouver l’autonomie médiatique ?
Les médias dominants fabriquent l’information et surreprésentent les "violences" lors de manifestations.
Les organisations militantes ne disposent pas des mêmes ressources pour parvenir à pénétrer et s’imposer dans l’arène médiatique.
Le coût militant « insensé » du média-centrisme.
A-t-on forcément toujours besoin des médias ?
L’article "Mouvements sociaux : le jeu médiatique en vaut-il la chandelle ?" sur Acrimed tente de répondre à ces questions et problématiques.
intro de l’article :
La France bouillonne. Ouvriers, enseignants, personnels du transport, pompiers, soignants, étudiants, travailleurs précaires, femmes, défenseurs de l’environnement, immigrés, retraités, agriculteurs, policiers, travailleurs sociaux, avocats : l’agenda 2019 des luttes sociales aura été, en France, d’une intensité proportionnelle aux efforts déployés par le gouvernement pour réprimer les contestations par intervention des forces de l’ordre ou en saper la légitimité par des campagnes de relations publiques.
La grève générale reconductible du 5 décembre contre la réforme Macron-Delevoye des retraites, qualifiée par des éditorialistes avant même son lancement de moment « charnière » pour le quinquennat, n’a pas arrangé les affaires d’un gouvernement qui dit craindre un hiver « explosif » et opter pour une stratégie de mise en scène d’un « dialogue social » qu’il a pourtant largement contribué à mettre à mal.
La médiatisation de ces événements protestataires, régulièrement critiquée pour sa partialité et son spectacularisme, mérite une analyse en soi tant une bonne partie des organisations politiques, syndicales ou associatives semblent elles-mêmes s’être pris au jeu d’une cette forme de « militantisme médiatique » tournée vers la quête incessante de visibilité et de crédibilité journalistique.
Des travaux de sciences sociales, particulièrement prolifiques depuis vingt ans sur le sujet, montrent en effet, premièrement, que la fabrique journalistique de l’actualité sert des intérêts sociaux qui ne correspondent que rarement à ceux des groupes que ces mobilisations entendent défendre et, deuxièmement, que les stratégies militantes de production et de diffusion autonome de l’information n’atteignent que très exceptionnellement des niveaux de diffusion – et surtout de crédibilité - comparables à ceux des « grands » médias et ce, au prix d’intenses investissements qui ne débouchent presque jamais sur les changements politiques escomptés.
Un an après le déclenchement du mouvement des Gilets Jaunes, il est peut-être temps, pour paraphraser Laurent Jeanpierre, de tirer les leçons médiatiques des ronds-points : la question est-elle encore aujourd’hui de savoir comment les organisations du mouvement social peuvent s’assurer d’un traitement médiatique ample, durable et favorable de leurs revendications ou plutôt de se demander dans quelle mesure ce jeu médiatique en vaut - politiquement - la chandelle ?
D’autres réflexions et analyse sur Acrimed - L’observatoire critique des médias
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