Les peuples, et en particulier la jeunesse, ont toujours été poussés ou contraints à mourir salement pour la patrie et pour les choix politiques désastreux des gouvernements.
Comme le nationalisme marche moins bien qu’avant, c’est dorénavant la résilience et la solidarité qui sont convoqués par les autorités pour pousser les jeunes au sacrifice de leurs vies et de leurs corps, pour le bénéfice et la perpétuation de la civilisation industrielle, du modèle étatique et capitaliste.
Les catastrophes en tout genre fabriquées par la civilisation industrielle sont complètement intégrées à l’équation, il ne s’agit pas du tout d’arrêter ce qui les causes, mais de sacrifier les peuples pour s’adapter et contrer les menaces induites. Il s’agit pour les puissants « d’inviter » (par la force si besoin) à s’engager dans « leurs » guerres pour éviter de voir des foules en lutte et en révolte contre leur monde Machine.
Le macronisme, c’est le renforcement permanent de l’ordre et de l’autorité, de la militarisation et de l’endoctrinement. Comme l’extrême-droite, il s’agit de formater les esprits, de les embrigader dans les guerres utiles au Pouvoir, de les détourner des légitimes soulèvements vers des boucs émissaires et le culte des chefs et de la force.
En temps de crise difficile, les régimes étatico-capitalistes utilisent toujours la droitisation extrême, la guerre et la militarisation pour tenter de survivre aux coups mortels qu’ils assènent H24 au monde.
Plus prosaïquement, ce Macronistan bavard raide de la nuque et le bras droit haut levé c’est aussi de l’esbrouffe pour occuper la scène et les médias.
Le boucheries de 14-18 et 39-45, les bombes nucléaires, les guerres (néo)colonialistes, les carnages en cours, le réchauffement climatique et ses catastrophes... n’ont pas suffit ? Qui croit encore à l’Etat et au Capital pour bâtir un monde vivable ? Qui compte sur le libre marché, la bureaucratie, les armes et la technologie pour résoudre les problèmes gravissimes et insolubles posés par le libre marché, la bureaucratie, les armes et la technologie ?
Pour se dégager des voies vivables, il va falloir avoir le courage de sortir franchement du cadre idéologique et des problèmatiques du système en place, et se donner les moyens d’y parvenir matériellement. Surenchérir sur la croissance (verte ou sociale) et les emplois en restant dans le monde de l’Economie, la réindustrialisation, la peur du « déclassement », le développement (durable), la transition industrielle (avec énergies dites « renouvelables »), le partage des richesses issues du productivisme, la régulation du « libre échange », viser un meilleur gouvernement... nous mène fatalement aux mêmes pièges et impasses mortels. C’est de basculement radical dont on a besoin, d’une toute autre partition, pas d’une variation remixée de la même marche funèbre.
- Militarisation autoritaire : l’Etat macroniste veut embrigader la jeunesse dans ses guerres et détourner des luttes et révoltes contre le système en place
- Macronistan 2024 : obéir au pouvoir, et produire pour la Croissance, s’adapter aux désastres et tuer les ennemis désignés
« Macron prépare la militarisation de la société »
« Macron prépare la militarisation de la société »
Le « réarmement civique » prôné par le chef de l’État est un « appel au sacrifice du peuple », alerte le chercheur Thierry Ribault. Il prépare la jeunesse à une « inéluctable » mobilisation nationale.
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Un faisceau d’indices, d’événements et d’éléments de langage montrent que nous changeons d’époque. Le dernier discours d’Emmanuel Macron sur « la régénération » et « le réarmement civique » en est une illustration. On prépare les esprits à un endurcissement de la société et à un monde en guerre, alerte Thierry Ribault,
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aucune mention liée à l’écologie n’a été faite lors de la nomination de Gabriel Attal comme Premier ministre, mardi 9 janvier. Les dirigeants macronistes prônent désormais le « réarmement civique de la Nation » et la « régénération de la jeunesse » comme si nous étions à la veille d’une mobilisation générale. La visite d’un commissariat par le Premier ministre le 10 janvier augure les nouvelles priorités : l’attachement à « l’ordre » et à « la sécurité ».
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Le réarmement civique est un sous-produit idéologique de la doctrine de la résilience nationale élaborée par les dirigeants macronistes. C’est une phase préparatoire à un réarmement militaire et à une mobilisation nationale de la jeunesse.
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Nous sommes dans un culte de l’adaptation. Et l’incantation à la résilience peut aller jusqu’à l’éloge du sacrifice, sous couvert de solidarité. Le rapport de la mission pour la résilience nationale préconisait d’ailleurs d’accroître « la mobilisation des effectifs susceptibles d’intervenir en première ligne en cas de crise grave ».
L’uniforme et le SNU sont autant de moyens de nous discipliner et de nous apprendre le sens du devoir. « Chez de nombreux jeunes et moins jeunes, l’abondance inhérente à la société de consommation a fait oublier la possibilité du manque matériel ; l’habitude du confort a fait perdre l’aptitude à la rusticité », écrivaient les auteurs du rapport. Pour y faire face, le retour à un État fort, avec de l’autorité, est jugé indispensable.
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Face à une société qui s’endurcit avec brutalité, les dirigeants vantent l’endurcissement des individus. Plus concrètement, il s’agit de garantir l’engagement des corps.
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Dès qu’il y a appel à la résilience du peuple, il y a appel au sacrifice du peuple. Les dirigeants tablent sur une exaltation du sacrifice. Libres d’obéir et condamnés à résilier, tel est le mot d’ordre des administrateurs du consentement aux désastres. Plus nous sommes en guerre, moins nous sommes en lutte.
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Les appels à la résilience nationale sont des ordres adressés à la jeunesse. C’est une façon de les enjoindre à ne surtout pas s’autonomiser et à rester dépendants. Voire même à accroître cette dépendance vis-à-vis des puissants, dans les temps de catastrophe. Plus que jamais nous devons rester solidaires de la production en tant que telle. Produire pour produire, y compris pour produire des catastrophes, tel est l’impératif.
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Dans ce « monde en guerre » dans lequel nous sommes projetés, la quête effrénée de résilience nationale prend les allures d’une rhétorique de nationale-résilience. Et parmi les « modèles » de résiliocraties mis en avant, on retrouve des démocraties aussi exemplaires que la Russie avec son prototypique « ministère des situations d’urgence », la Chine « qui met en place un système unique », Singapour, « une démocratie hybride » où « la défense totale est présente dans tous les aspects de la vie des citoyens », ou encore Israël dont la « politique de résilience robuste et opérationnelle » avec des exercices pratiques permet de « préparer les esprits et les populations au spectre d’un conflit ouvert ».
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Or les pouvoirs publics entretiennent une confusion entre les deux champs sémantiques de la résilience et de la résistance, parce qu’ils ne veulent surtout pas résister, c’est-à-dire remettre en cause le système technocapitaliste et industriel qui est à l’origine des catastrophes. À travers cette sidération, qui consiste à nous dire qu’il n’y a pas de quoi être anxieux mais qu’il faut tout de même se préparer au pire, l’objectif des gouvernants est de perpétuer l’existant et d’y soumettre les populations.
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De ce point de vue, l’idée d’un réarmement civique s’inscrit dans la liste des technologies du consentement au désastre et à l’addiction au désastre, dont le triple objectif est : ne pas s’attaquer aux responsables ; ne pas remettre en cause le système ; éviter la révolte contre ce qui règne, gouverne, et agonise en ce moment.
Cette idée de réarmement civique fait partie de la quincaillerie idéologique survivaliste du gouvernement. Elle nous empêche de résister à l’ogritude en cours. Une ogritude qu’on euphémise d’ailleurs, en parlant aussi bien de « crise climatique » liée au réchauffement, qu’en parlant de « crise humanitaire » à Gaza, pour éviter de parler respectivement d’écocide et de génocide.
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article complet : https://reporterre.net/Macron-prepare-la-militarisation-de-la-societe
Voir aussi :
- Remaniement : l’écologie aux oubliettes, la droite dans le donjon
- Suite à la "conférence de presse" du tyran le 16 janvier : « Flippant », « paternaliste » : Macron inquiète à gauche - Lors d’une conférence de presse, Emmanuel Macron a présenté le cap de son nouveau gouvernement : à droite toute. S’il a annoncé des mesures concernant les jeunes et l’école, il n’a rien présenté de neuf sur l’écologie.
(...) un projet nostalgique, voire réactionnaire, pour la jeunesse et l’école : l’apprentissage systématique de la Marseillaise en primaire, l’étude des « grands textes fondateurs de la nation » une heure par semaine à partir de la 5e, la généralisation de l’uniforme en 2026 « si les résultats [de l’expérimentation actuelle dans 100 établissements] sont concluants », la généralisation du Service national universel pour les élèves en classe de seconde… Emmanuel Macron a également cité de possibles restrictions ou interdictions d’utilisation des écrans aux enfants – sans donner davantage de détails. (...) « Uniforme, réarmement, ordre, morale, autorité, natalité, "bon sens".
- Militarisation autoritaire : l’Etat macroniste veut embrigader la jeunesse dans ses guerres et détourner des luttes et révoltes contre le système en place
- Macronistan 2024 : marcher au pas sous les drapeaux pour les guerres utiles au système
Sur Le Monde, le 16 janvier : Service national universel, uniforme à l’école, théâtre... Les outils du « réarmement civique » voulu par Emmanuel Macron
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« Chaque génération de Français doit apprendre ce que la République veut dire : son histoire, ses droits, ses devoirs, sa langue, son imaginaire, et cela dès l’enfance », a fait valoir le chef de l’Etat.
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la création de « cérémonies de remise de diplômes » au collège et au lycée, un « rite républicain d’unité » pour « donner des repères »
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refonte des programmes d’enseignement moral et civique – qu’il a évoqué sous son ancienne dénomination d’« instruction civique » –, dont le volume horaire sera doublé au collège à partir de la 5e pour passer à une heure hebdomadair
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l’expérimentation de la « tenue unique » lancée en décembre, qui concernera une centaine de territoires en 2024 et sera « généralisée » en 2026, si les résultats sont « concluants »
(...)
- Militarisation autoritaire : l’Etat macroniste veut embrigader la jeunesse dans ses guerres et détourner des luttes et révoltes contre le système en place
- Natalisme forcené d’Etat, à rebours de la nécessité vitale de décroître sur tous les plans
Ailleurs, sur Le Monde :
- fin juillet 2023, misait sur « l’ordre, l’ordre, l’ordre » pour tourner la page des émeutes
- Une commission d’experts doit déterminer d’ici au mois de mars « le bon usage des écrans pour nos enfants dans les familles à la maison » comme à l’école
- Le service national universel sera, lui, généralisé pour tous les élèves de 2de
- Ce « réarmement civique » se couple d’un « réarmement démographique », visant à pallier la chute de la natalité, au plus bas depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
- rappelant qu’à ses yeux « l’autorité va avec l’émancipation » et « l’ordre avec le progrès »
- « acte II d’une loi pour la croissance »
- Militarisation autoritaire : l’Etat macroniste veut embrigader la jeunesse dans ses guerres et détourner des luttes et révoltes contre le système en place
- Marcon, le pétainisme du 21e siècle, visuel de Contre Attaque
🇫🇷 « POUR QUE LA FRANCE RESTE LA FRANCE » : MACRON, OU LE PÉTAINISME REVISITÉ
Le 16 janvier 2023, pas moins de 8 chaînes diffusaient en même temps une interminable intervention du Président de la République. Minoritaire politiquement, illégitime, détesté, gouvernant par 49.3 et appliquant le programme de l’extrême droite, Macron tente désespérément de relancer son quinquennat crépusculaire en allant toujours plus loin vers l’ignominie.
Pour commenter son intervention, on trouvait sur les plateaux de télévision Caroline Roux, qui est mariée à l’ancien conseiller de Sarkozy et actuel dirigeant de Facebook France, Nathalie Saint Cricq, la tante de la Ministre de l’Éducation, elle-même mariée au patron de Sanofi, ou encore Anna Cabana, l’épouse de Jean-Marie Blanquer. Un vrai petit clan, qui a réussi un coup d’État médiatique et politique dans ce pays.
Le 16 janvier donc, Macron a donné la pleine mesure de son idéologie : un pétainisme revisité, un remake du Régime de Vichy adapté au XXIe siècle, à base de militarisme, de nationalisme, de mépris et d’injonctions à la natalité. Un résumé :
🔴 Macron a d’abord résumé son programme « autour d’une ligne simple » : « que la France reste la France ». C’est littéralement le slogan de campagne de Zemmour, et une phrase inscrite dans l’imaginaire néofasciste depuis des années. Pour bien marquer son ancrage à l’extrême droite, Macron a multiplié les démonstrations, comme cette formule : « il n’y a pas de progrès sans ordre ».
🔴 Autre mot répété de manière systématique : celui de « réarmement ». Un gouvernement en crise qui utilise un lexique guerrier sur tous les sujets est toujours très mauvais signe. Macron parle de « réarmement moral », de « réarmement civique », autant d’expressions marquées à l’extrême droite. Comment ça se traduit ? Par un dressage militarisé de la jeunesse. Il annonce aller vers « la généralisation du SNU [Service National Universel] en seconde ». Il s’agit de stages pour les adolescents, encadrés par l’armée, avec des uniformes, des levées de drapeau, des humiliations, le tout coûtant plusieurs milliards d’euros prélevés au budget de l’éducation.
Ce SNU est déjà très critiqué, notamment suite à des violences sexistes et des propos racistes de la part de militaires encadrant ces stages. Mais Macron compte visiblement aller jusqu’au bout. Il présente même le SNU comme une solution aux révoltes suite à la mort de Nahel, accompagnée d’une « réponse pénale plus claire » contre les jeunes. Condamner la jeunesse et la dresser par l’armée, voilà le projet.
🔴 Dans la même veine, Macron souhaite la généralisation de l’uniforme dans les collèges et les lycées. La tenue unique pour les élèves est expérimentée dès cette année dans une centaine d’établissements scolaires. On ne saurait mieux résumer la vision de la République par le pouvoir en place : une masse d’individus identiques et obéissants. Ce qui échappe à cette uniformité est une menace, une communauté non conforme est un groupe séparatiste.
🔴 Le corps des femmes est présenté comme un outil pour construire une Nation « forte ». Macron parle de « réarmement démographique » et déclare : « Notre France sera plus forte par la relance de la natalité » Des ventres féconds pour la patrie, comme au bon vieux temps, et l’idée sous-entendue qu’il faut que les français fassent plus d’enfants pour pouvoir se passer de l’immigration. Deux clins d’œil à l’extrême droite. Cela passerait par un congé parental plus court mais mieux équilibré entre le père et la mère, afin de « remettre les femmes sur le marché du travail ». Il annonce aussi un grand plan contre l’infertilité. Qu’il commence par interdire les pesticides et l’agro-industrie qui en est la cause !
🔴 Quoiqu’il en soit, derrière un imaginaire nataliste, Macron ne parle ni de la crise écologique, ni des difficulté à trouver un emploi stable et à se loger, ni de la fin des protections sociales, qui poussent les jeunes couples à ne pas vouloir ou ne pas pouvoir avoir d’enfants. Cette posture inquiète même la droite réactionnaire, le chef des Républicains a réagi : « Il rentre dans notre lit maintenant pour vérifier que nos pratiques permettent de faire des enfants ».
🔴 Emmanuel Macron a aussi défendu un doublement des franchises médicales, c’est-à-dire l’augmentation de la part du prix des médicaments non remboursée. Une « bonne mesure » de responsabilisation, justifiée ainsi : « quand je vois ce que nos compatriotes peuvent dépenser pour leurs forfaits de téléphonie, passer de 50 centimes à un euro la boîte de médicament, ce n’est pas un crime terrible. Il faut responsabiliser ». Comme si nous étions des enfants. La sécurité sociale est une conquête sociale arrachée de haute lutte, et ce recul est une attaque gravissime.
🔴 Enfin, il a annoncé l’organisation, le 7 février, d’un hommage aux victimes de l’attaque du Hamas en Israël. Pas un mot pour les dizaines de milliers de victimes palestiniennes, pas une seule condamnation du régime fasciste et génocidaire israélien. Un soutien inconditionnel au colonialisme dont l’histoire se souviendra à tout jamais.
Macron installe un régime hybride entre Thatcher version radicalisée, le Général Pinochet et le régime de Vichy. Même Marine Le Pen paraît doublée sur sa droite.
Il y a quelques années, le vice-président du MEDEF, à la tête du patronat, déclarait : « il s’agit de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ». À présent, les descendants des patrons collabos sont au pouvoir avec Macron, et leur objectif est de massacrer ce qu’il reste du programme de la Résistance. Un programme qui garantissait un accès à la santé, une presse libre, des retraites, le droit à la culture et l’éducation pour tous : des progrès dont tout le monde a profité grâce au courage de quelques un-es, et que le gouvernement provisoire avait organisé dans un pays dévasté par la guerre.
Macron, c’est l’antithèse de la Résistance.
(post de Contre Attaque)
Voir aussi, pour une perspective plus large : Le Pen, Sarkozy, Macron : l’émergence d’un républicanisme de guerre - Retour sur deux décennies (et plus) de néolibéralisation, de dédiabolisation et de fascisation.
(...) Le fascisme se présente comme la radicalisation extrême des catégories de base du système capitaliste : le travail et sa division tant genrée que racialisée ; la famille et la domination masculine qui la structure ; la nation et ses différencialismes ethniques ou religieux ; les valeurs morales dominantes et l’abjection pour la déviance à leur égard ; la marchandisation infinie de de la nature et des rapports sociaux ; la soumission fanatique aux impératifs de croissance...
Notre système repose déjà sur son lot de massacres, de déshumanisation et de haines. Le fascisme les pousse à leur paroxysme dans un moment de crise. Sa proposition est celle d’une régénération de la communauté par l’épuration de ses éléments étrangers ou malades. Tout changer pour que rien ne change ; faire voler en éclat tout ce qui, dans les valeurs dominantes et les formes politiques et sociales en place, entravent la résolution de la crise et la survie du système : lutte contre l’influence religieuse au profit de l’autorité étatique, abolition du parlementarisme, suppression de l’État-providence, etc. Plus qu’un coup de force, c’est une thérapie de choc ; et elle a commencé.
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