C’est d’abord le port du masque que l’on compare encore au port de la ceinture de sécurité. Faire une telle comparaison c’est se méprendre sur l’utilisation du masque puisque la ceinture de sécurité sert à se protéger soi et non les autres, alors que le masque fait exactement l’inverse.
Ensuite, c’est le vaccin qui est également comparé à la ceinture par la protection qu’il offrirait d’une part et parce que d’aucuns aimeraient le rendre obligatoire d’autre part. Pourtant, une ceinture de sécurité peut s’enlever et se remettre ; un vaccin, non. On fait également le rapprochement entre le pass sanitaire et le permis de conduire. Le pass et le permis, comme leurs noms l’indiquent, permettent effectivement de circuler librement dans des lieux partagés. Mais là encore, la comparaison est erronée : le permis de conduire est avant tout la validation d’un acquis, d’un apprentissage. Si le pass sanitaire était aussi la confirmation de leçons qu’on aurait apprises, j’attends qu’on me dise lesquelles. Quoi qu’il en soit, mettre sa ceinture de sécurité et avoir un permis de conduire n’empêchent malheureusement pas les comportements irresponsables. On peut réduire la vitesse maximum autorisée à 80 km/h, on peut même faire porter un casque aux conducteurs et aux passagers d’une voiture, quel degré de contraintes devrons-nous atteindre pour éviter tout risque d’accidents et morts de la route ? Un moyen radical de stopper l’hémorragie serait d’interdire la voiture, ce qui parait inconcevable. Toutefois - et c’est un signe de plus de l’absurdité et du paradoxe de nos sociétés - on construit des véhicules qui sont autant de chars d’assaut à l’intérieur desquels on se sent tout-puissant et invulnérable.
Il est évident que les lois, les règles et autres codes sont des garde-fous, des contraintes nécessaires à la vie en communauté. Mettre un cadre n’interfère pas nécessairement à la pleine expression de notre liberté, au contraire. Nous sommes portés ainsi à nous servir de notre imagination et de notre intelligence pour se sentir en accord avec ces règles, avec les autres et avec soi.
Nos gouvernants s’obstinent cependant à insulter notre intelligence et à nous considérer tels des irresponsables patentés. Mais à traiter les gens comme des enfants, à être sur leur dos constamment, et vous les ferez se comporter comme des enfants en leur ôtant tout goût à l’émancipation et à la prise de responsabilités.
Les gouvernants se cantonnent au tout répressif : ils punissent, ils pénalisent, ils réprimandent. Ils pointent du doigt les conséquences sans jamais dénoncer les causes. Ils désignent des coupables à l’instar des jeunes qu’on accuse de mettre en danger de la covid leurs grands-parents. Ça évite bien la remise en question des politiques qu’ils mènent. Les effets d’annonce et les campagnes de communication font le reste et suffisent à noyer le poisson : les radars sont là pour notre sécurité, le vaccin pour recouvrer notre liberté.