Manifestations : analyses sur la répression et la situation - faire masse pour déborder le régime ?

Premier mai : le feu et la douleur, par Tristan Petident

dimanche 5 mai 2019, par Auteurs divers.

C’est fini, nous ne pouvons plus manifester. Le droit de manifester reste constitutionnel, mais la possibilité de manifester n’existe plus. Nous ne pouvons plus défiler avec cortège ou sans cortège, nous ne pouvons plus chanter des slogans et choisir si nous préférons le cortège de tête ou le cortège syndical. Nous ne pouvons plus aller en famille, avec nos enfants, en manif. Nous ne pouvons plus éprouver la joie de revoir des camarades, des proches, des ami.e.s, des collègues avec qui nous pouvons discuter, nous raconter les anecdotes de la dernière manif ou faire de grandes analyses sur la situation politique. Hier, tout le monde à été attaqué. Je suis arrivé vers 13h30 à Montparnasse et à peine 10 minutes après, j’ai vu les flics fracasser les cortèges pourtant inoffensifs comme celui de Lutte Ouvrière. J’ai vu la police noyer de gaz des cortèges syndicaux, toutes matraques sorties. Dès 13h30, pendant que les gens arrivaient pour la manif traditionnelle. Bien sur, il y a eu quelques espaces de la manifestation relativement calmes, mais c’est une petite partie de l’ensemble. Tout le monde a été visé. « Plus question de viser qui que ce soit : il faut juste terroriser tout le monde jusqu’à ce que ça s’arrête » comme le dit mon pote Matti. Fin du droit de manifester donc. Pas uniquement par la loi, mais par la terreur (quoique, ce n’est pas vraiment incompatible). C’est comme lorsque Macron à déclaré qu’il ne fermerai aucun hôpital public durant son mandat. C’est vrai, il ne fera pas ça. Ce qu’il fait par contre, c’est qu’il ferme des lits, supprime des postes, baisse les budgets. Il n’aura pas fermé l’hôpital, il l’aura poussé à la fermeture. Il n’a pas supprimé le droit de manifester, il nous pousse à fuir les manifestations.

1er mai à Paris, photo La Meute

Nous avons eu droit à tout : les CRS, les GM, la BAC, les voltigeurs par groupes de 30/40, les nouvelles équipe d’intervention rapide (les DAR), les canons à eau, les gazs, les flashball, les interpellations préventives et dans les cortèges, les matraques, les grenades de désencerclements, les GLI-F4, les comparutions immédiates. Même des pavés. Tout l’arsenal répressif, comme annoncé depuis le début de semaine. Le prétexte de la « menace black bloc » à tourné en boucle dans les médias pour justifier un tel dispositif. Sur place, quiconque d’honnête aura pu constaté qu’il n’y avait de black bloc solidement constitué (en tout cas dans le cortège parti de Montparnasse vers 14h). Quelques groupes oui bien sur, mais certainement pas le feu et la fureur de « 2000 black bloc près à en découdre ». Par contre il avait des milliers de Gilets Jaunes, des milliers de gens « normaux ». Et il a fallu leur faire payer l’affront des 5 derniers mois. Peu de casse, peu d’affrontements, peu de slogans. Nous étions, très vite, terrorisés par ce dispositif répressif hallucinant. Comme le dit Marion, mon amoureuse, nous n’avons pas manifesté, nous avons essayé de rejoindre place d’Italie en un seul morceau (ce que je n’ai pas pu faire après avoir pris, avec mon camarade Simon, une désencerclement dans les jambes).

Le gouvernement à usé jusqu’à la corde l’argument « casseurs vs manifestants pacifiques » et il tente une dernière fois de justifier sa politique par ce clivage inventé, au point d’instrumentaliser avec des mensonges ignobles une prétendue intrusion dans un hôpital, relayé sans filtre par les médias aux ordres mais déjà démenti largement par les vidéos montrant des gens apeurés essayent de trouver un peu de répit dans un endroit public qu’ils imaginaient hors d’atteinte de la flicaille (ce qui ne fut même pas le cas). Le clivage casseurs / manifestants pacifiques ne signifie donc plus rien. Lutte Ouvrière et son porte parole Jean-Pierre Mercier n’hésitent jamais à dénigrer les « manifestants violents » sur les plateaux télé, pour autant ils se sont fait autant défoncer qui n’importe qui. Le cortège de la CGT à été attaqué. La CGT. Les flics ne tabassent plus les prétendus casseurs, ils tabassent tout le monde. Nous en sommes au point ou étant blessé.e.s par la police, nous hésitons à aller à l’hôpital pour nous faire soigner, craignant d’êtres ensuite fiché.e.s. Nous en sommes au point ou nous avons tou.te.s conscience que d’aller dans la rue, c’est prendre le risque de perdre un œil.

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