Les médias militants des milliardaires : médaille d’or des horreurs et des manipulations

Au service exclusif de l’extrême-droite et du Capital

jeudi 29 août 2024

Alors que la création d’une chaîne de gauche (Le Media TV) a été refusée par l’Etat lors des récentes réattributions de fréquences TNT, les médias militants de milliardaires peuvent sans problème déverser non stop leur propagande nauséabonde pour le capitalisme, l’extrême droite, le système policier et la droite dure.
Pluralisme, démocratie, débat ? LOL
Tout le monde n’est pas dupe (le NFP est même arrivé en tête malgré tout aux législatives), mais les idéologies réactionnaires de ces médias toxiques imbibent quand même largement la société et le « débat » public. C’est comme la pub, même avec un esprit rétif elle intoxique inconsciemment quand on la regarde.
Dans ce modèle de société, c’est toujours la culture et l’idéologie des dominants qui dicte le LA, car ils ont l’argent et le pouvoir.

Les médias militants des milliardaires : médaille d’or des horreurs et des manipulations

📺MÉDIAS : TOUJOURS PLUS À L’EXTRÊME DROITE

Les milliardaires ont fait leur choix depuis longtemps : plutôt Hitler que le Front Populaire, c’est à dire plutôt l’extrême droite qu’une gauche qui menacerait leurs intérêts. Depuis des années, c’est une propagande éhontée pour le RN, des torrents de diffamations contre la France Insoumise, des reportages anxiogènes et islamophobes, des intox, des syndicats policiers tous les jours sur les plateaux, une surreprésentation ahurissante des thèmes et invités de droite… Pour cette rentrée 2024, de nouveaux caps sont franchis. L’empire de Bolloré et la chaîne BFM assument d’être des canaux officiels de diffusion du néofascisme, et ne font même plus semblant de mettre en scène une pseudo-pluralité.

🔴Une néo-nazie masculiniste sur Europe 1

Bolloré possède Paris Match, Europe 1, le JDD et Cnews, qui servent de tribune à son « combat civilisationnel », selon ses propres mots. Mais ce n’est pas encore assez. Sur la radio Europe 1, qu’il a aussi rachetée, le milliardaire a offert une émission sur mesure à Cyril Hanouna pendant la campagne législative avant l’été.
C’est simple, il a dégagé la présentatrice du jour au lendemain et donné carte blanche à son animateur phare pendant deux semaines avant les élections : ce dernier a ainsi pu diffuser ses fake news et sa propagande immonde, invitant dans chaque émission des personnalités d’extrême droite. Certains propos haineux et délirants tombaient sous le coup de la loi et ont même disparu du site de la radio.

Cette émission porte bien son nom : « On marche sur la tête ». Pour la rentrée, elle est reconduite, et Hanouna embauche carrément à l’antenne, tous les jours, une néo-nazie. Oui, rien que ça.

Anne-Thaïs du Tertre, dite Thaïs d’Escufon, est une militante fasciste issue d’une famille d’aristocrates. Obsédée par le « grand remplacement », elle a milité au sein de l’Action Française, groupuscule royaliste et pétainiste, avant d’être porte-parole de Génération Identitaire, groupe raciste aujourd’hui dissout, lui même issu d’un collectif néo-nazi, baptisé Unité radicale.
D’escufon a été condamnée pour « provocation à la haine raciale », affirme défendre la « race blanche » contre « le péril mortel » de l’immigration, et appelle à la « reconquête ». Elle n’a aucun mandat politique, ne représente rien en-dehors de son racisme mais bénéficie d’une immense visibilité médiatique. Elle a déjà été invitée dans l’émission Touche pas à mon post ! sur C8.

En 2021, elle est embauchée par l’équipe de Zemmour pour faire la campagne du candidat d’extrême droite. En parallèle, elle lance une chaîne YouTube violemment anti-féministe. Elle produit des vidéos masculinistes, dénigre les femmes, défend des agresseurs, appelle à interdire le divorce, donne des « conseils » aux hommes célibataires pour manipuler les femmes et obtenir une compagne « traditionnelle » et soumise… Dans ses contenus, elle nie le viol conjugal et estime que si une femme demande à son partenaire d’utiliser des moyens de contraception, « elle ne l’aime pas vraiment ». Ce créneau est un business destiné à escroquer les incels fascistes : elle a créé un site baptisé « Hommes de valeur », où elle vent des formations frelatées pour aider les masculinistes à trouver une compagne.
Thaïs d’Escufon a aussi milité aux côtés d’un cadre de Génération Identitaire, Adrien Ragot, qui est accusé de viol par une étudiante et de tentative de meurtre contre un jeune lyonnais. Voilà qui a fait sa rentrée médiatique, ce lundi 26 août, aux côtés d’Hanouna.

🔴Un plateau 100% réactionnaire sur BFM

On critique beaucoup Bolloré, mais la chaîne BFM a adopté la même ligne éditoriale. Médiapart révélait que pendant la campagne des législatives, la direction avait donné comme consigne de mettre à l’antenne davantage « d’éditorialistes de droite et droite + ».
Les chefs de la chaîne avaient même diffusé une liste d’éditorialistes d’extrême droite qu’il faut inviter : un ex-communiquant du RN, le “JDD” et des journalistes de « Valeurs actuelles ». Les « chroniqueurs » du journal d’extrême droite condamné pour racisme sont ainsi invités plusieurs fois par jour sur les plateaux. Le média Arrêt sur Image, avait par exemple comptabilisé les interventions de membres du Valeurs Actuelles : « Du lundi 10 au vendredi 14 juin inclus : pas moins de quatre journalistes du magazine d’extrême droite s’y sont succédés, jusqu’à 7 fois par jour, dans 21 passages au total ».
Pour la rentrée, BFM, dirigée par Marc Olivier Fogiel, chien de garde proche du couple Macron, qui avait interdit à ses équipes d’utiliser le terme de « violences policières » à l’antenne car il est, selon lui, « connoté politiquement », lance une Nouvelle émission en prime time, intitulée « Liberté, égalité, Brunet ! », chargée de « débattre passionnément de l’actualité ». Le plateau est 100% réactionnaire, et pourrait même doubler Cnews sur sa droite.

Le présentateur d’abord : Eric Brunet, est un droitard enragé qui fait passer Pascal Praud pour un modéré. Il a été éditorialiste au magazine Valeurs Actuelles. En 2018, il lance avec les sionistes d’extrême droite Gilles-William Goldnadel et André Bercoff le média La France libre, présenté comme une « télé anti-Mélenchon ». En 2017 déjà sur BFM, il hurlait que « la CGT, Solidaire et Mélenchon sont sur une ligne vénézuélienne » et ajoutait « y’a 19% d’abrutis » qui ont voté France Insoumise. En 2012, sur la même chaîne, il présentait déjà une émission baptisée "Direct de droite".
Parmi ses prises de position, il appelle à abolir le droit de grève et réquisitionner les grévistes dans les transports. Il est aussi « membre du Comité d’honneur de l’UNI », un syndicat étudiant d’extrême droite pro-Zemmour.
Enfin, Eric Brunet a été directeur de la communication du groupe Vitalia, une firme de cliniques privées. À l’antenne, il a longuement défendu l’hospitalisation privée. L’association Acrimed a pointé dès 2014 un grave conflit d’intérêt à l’encontre de l’animateur, sans qu’il ne soit inquiété le moins du monde.
Eric Brunet n’a pas de carte de presse, mais il a reçu la Légion d’honneur des mains de son ami Nicolas Sarkozy. La prochaine fois qu’un télespectateur de BFM ose qualifier un média indépendant de « militant », parlez lui d’Eric Brunet.

Sur le plateau de cette émission, on trouve Yves Thréard, directeur adjoint du Figaro, opposé au mariage pour tous, il squatte les plateaux télé depuis 10 ans. Sur LCI en octobre 2019, il affirmait : « Je déteste la religion musulmane. Il m’est arrivé, en France, de prendre le bus ou un bateau où il y avait quelqu’un avec un voile, et je suis descendu » avant de conclure « L’islamophobie, ça n’existe pas. »
Le 14 janvier 2019, il fantasme : « L’immigration, contrairement à ce qui a été dit, est au cœur aussi de la révolte des Gilets jaunes. » Quelques semaines plus tard, constatant qu’il s’agit d’un mouvement social et pas d’un mouvement raciste, il appelle finalement à réprimer le plus durement possible les Gilets Jaunes.
Sur son temps libre, Yves Thréard empoche des cachets pour animer des réunions du MEDEF, ou déclare sans rire que les magistrats sont des « crypto-marxistes ». En 2024 sur France 5, il estime que « Rachida Dati (…) c’est la petite beurette qui est monté dans les échelons » .

À ses côtés, l’insupportable Barbara Lefebvre, présentée comme « enseignante » mais qui est en réalité militante de droite extrême. Engagée en faveur de François Fillon, obsessionnelle sur l’Islam, elle commente l’actualité en hurlant sur les chaînes du groupe BFM depuis de trop longes années. En 2021 à propos de l’euthanasie, elle déclare : « j’vais être très triviale, quand on vous annonce une maladie incurable, bah vous sautez d’un pont ».
Depuis la rentrée médiatique, Barbara Lefebvre se surpasse. Voici ses chroniques en quelques jours seulement : un « tacle » contre le député insoumis Delogu, une intervention intitulée « Faure c’est le toutou de Mélenchon ! », puis « Les Français veulent de l’ordre, pas des irresponsables ! », et « Si vous mettez les électeurs du NFP dans la rue, il va y avoir des violences ! » ou encore « Il y a trop de vacances scolaires dans l’année ! » Oui, vous pouvez aller vérifier, c’est authentique.
Pendant les législatives, elle hurlait que « LFI est l’ennemi mortel de la démocratie » et que ce mouvement est « la plus grande force de trouble à l’ordre public de ce pays ! ». Précisons que Barabra Lefebvre passe aussi régulièrement sur la chaîne israélienne I24, qui appartient au même groupe que BFM et diffuse des propos génocidaires et fascistes.

Autres animateurs : Charles Consigny, qui a été « conseiller en communication » de Christine Boutin, qui a soutenu Nicolas Sarkozy et Valérie Pécresse, et qui se revendique d’une droite « cool », mais aussi Jean-François Achilli, « consultant » en communication pour le patronat, et rédacteur d’une autobiographie de Jordan Bardella.

Enfin, pour compléter le magnifique pluralisme de ce plateau, Marlène Schiappa, ancienne ministre macroniste qui a détourné les fonds publics créés après l’assassinat de Samuel Paty, et Patrick Vignal, ancien député macroniste qui déclarait en 2019 : « j’assume parfaitement de mentir pour protéger le président. On va être très clair, s’il faut dire la vérité aux français, ça veut dire 10 ans de sang et de larmes. » Pendant son mandat, il était remarqué par son absentéisme hors norme à l’Assemblée. Il a également défilé avec le Rassemblement National pour défendre la corrida.

Rêvons un peu en imaginant un équivalent de gauche à cette situation : c’est comme si, tous les jours, sur une télé nationale aux heures de grande écoute, une émission était présentée par un ou une militante anticapitaliste entourée d’intervenant.e.s allant de la France Insoumise aux anarchistes en passant par le NPA, pour commenter l’actualité en insultant les riches et la droite. Impossible n’est-ce pas ? Les puissances médiatiques ne sont pas de notre côté.

Ce triste état des lieux ressemble au musée des horreurs mais c’est simplement le paysage audiovisuel français en 2024. La pensée unique, c’est ça. Jeter votre télé et convaincre vos proches d’éteindre les leurs est une priorité politique absolue, en plus d’être excellent pour leur santé mentale.

📊 INSOLITE : COMMENT BFM SE FOUT DE LA GUEULE DE SES TÉLÉSPECTATEURS

- Décryptage

Un énième sondage visant à nier le résultat des élections législatives de juillet a été diffusé par BFM ce mercredi 28 août.

La chaîne titre : « Nouveau Premier ministre : 4 Français sur 10 souhaitent voir Attal à Matignon ». Notez la tournure de la phrase : le résultat n’est pas exprimé en pourcentage, mais « sur 10 », ce qui simplifie et renforce le résultat. Ceux qui rejettent Attal ne sont pas évoqués. Au contraire, BFM insiste : « C’est son nom qui revient le plus pour Matignon ». Autrement dit, Macron a raison de maintenir tel quel son gouvernement sans tenir compte de l’élection qu’il a provoquée.
Au milieu de l’été, BFM publiait un autre sondage, avec le titre : « pour 58% des Français, Macron ne doit pas nommer Lucie Castets à Matignon ». Ici, c’était exprimé en pourcentage et, surtout, BFM mettait en avant ceux qui rejettent la personnalité désignée par le Front Populaire plutôt que ceux qui la soutiennent. Comprendre : les français rejettent une Première Ministre de gauche, Macron a raison de ne pas tenir compte de l’élection qu’il a provoquée.
Pourtant, quand on lit ces sondages dans le détail, le résultat est rigoureusement identique au pourcent près. 41% des sondés se disaient favorable à Castets fin juillet. 41% ont répondu qu’Attal devrait être maintenu fin août. Un même résultat, deux façons diamétralement opposées de les présenter. C’est ce qui s’appelle de la manipulation caractérisée.

BFM est coutumière de ces pratiques. Au printemps 2024, la chaîne expliquait dans un de ses sujets : « Alors que le gouvernement prépare une nouvelle réforme de l’assurance chômage, 32% des Français estiment qu’il faudrait tailler dans les allocations des chômeurs pour baisser les dépenses publiques », sur la base d’un sondage de l’institut Elabe.
En regardant de plus près, la question posée aux sondés était « Par quels moyens faudrait-il réduire la dette publique française ? », et leur proposait trois choix. La proposition qui était arrivée en tête ne concernait pas le chômage mais les aides aux patrons. En numéro 1 : 36% des français voulaient « baisser les dépenses sur les aides aux entreprises ». Mais ça, BFM ne l’a même pas mentionné, préférant une réponse moins populaire mais qui convenait mieux à son idéologie.

En février 2023, BFM toujours, avec le même institut de sondage, estimait que « 72 % des français » pensaient que la réforme des retraites va être « votée et appliquée ». Une enquête qui ne veut rien dire, sinon que la majorité des gens ont compris que Macron était un autocrate autoritaire qui gouverne sans tenir compte de l’avis de la population, puisque la mobilisation était massive et le rejet ultra-majoritaire.
La chaîne utilisait ces chiffres pour parler de « résignation » et instiller l’idée que « les mobilisations ne servent à rien ». C’est un procédé d’endoctrinement classique pour soumettre quelqu’un. Si vous répétez sans cesse à une personne qu’elle ne peut rien changer à sa condition, que quoi qu’on fasse il est impossible d’améliorer les choses, l’esprit humain finit par abandonner toute idée de résistance et d’action.

Qui concocte ces sondages ? Bernard Sananès, un communiquant à la tête de l’institut Elabe. Quasiment toutes les semaines, il intervient en plateau pour « analyser » l’actualité. Boite de conseil et de sondage, Elabe est basée dans la ville cossue de Levallois. Le siège, composé « d’open spaces et bureaux vitrés » avec « une vue sur la tour Eiffel » a été créé en 2015, écrit le journal patronal Les Échos. La boite « qui ressemble à uns start up » selon le même journal, est donc dirigée par un certain Bernard Sananès. Le cinquantenaire est un de ces courtisans qui peuplent les couloirs du pouvoir, toujours au service des puissants, patrons milliardaires ou élus réacs.
« De Vincent Bolloré à Stéphane Fouks en passant par Xavier Bertrand ou Manuel Valls, son président connaît le Tout-Paris depuis de longues, très longues années » écrivait le journal Les Échos. Et son ami d’enfance, Olivier Pardo, n’est autre que l’avocat d’Eric Zemmour.
Bernard Sananès était macroniste avant Macron : il est responsable de la communication du groupe parlementaire centriste dès les années 1980, puis directeur chez Euro RSCG, entreprise devenue Havas : l’une des plus grandes boites de marketing et de communication du monde, possédée par Bolloré. Bernard y vend ses conseils à EDF, Veolia, Orange, McDonald’s, la RATP ou la SNCF, mais aussi aux personnalités politiques comme Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand.

Public, privé, publicité et politique, aucune frontière dans ce petit monde. Sananès dirigera l’institut de sondage CSA, lui aussi possédé par Bolloré, avant de fonder son institut Elabe, partenaire de BFM. Il a aussi reçu l’ordre national du Mérite créé par la République pour « récompenser les mérites distingués, militaires ou civils, rendus à la nation française ».

Des sondages frelatés, eux même présentés sous un angle systématiquement biaisé voire clairement mensonger : c’est la République des lobbyistes, des faiseurs d’opinion et des médias des milliardaires, celle qui fabrique la résignation, installe la défaite dans les esprits, et prépare au pire.

(posts de Contre Attaque)


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