Au moins 80% d’insectes en moins en 20 ans, et une destruction des oiseaux va avec.
Mais qui s’en soucit vraiment ? Il semble que la croyance irrationnelle dans l’impossible verdissement superficiel du capitalisme, l’accroissement du numérique (5G, mobiles, IA, algorithmes, écrans...) et des Metavers sont plus importants pour la majorité, et pour les dirigeants bien sûr, qu’ils soient locaux ou nationaux.
- Les insectes sont détruits en masse, mais l’IA, la 5G et les pesticides/engrais se portent bien
- Bientôt des drones partout pour « remplacer » les animaux détruits par le système industriel
Même Le Monde, le journal du Capital et de la civilisation industrielle, en parle :
- Biodiversité : les populations d’insectes s’effondrent en Europe - De nombreuses études récentes suggèrent des chutes d’abondance de 70 % à 80 % au cours des dernières décennies dans les régions dominées par les activités humaines et l’agriculture intensive.
- Biodiversité : « Si les insectes disparaissent, tout le reste disparaît avec eux », entretien avec le spécialiste de la biodiversité Dave Goulson - Dans un livre paru le 8 février, le scientifique britannique, qui travaille sur les effets des pesticides sur la biodiversité, alerte sur le « déclin catastrophique » des populations d’insectes qui pourraient avoir chuté de 80 % depuis une trentaine d’années.
Les pandas et les grands félins, la société civilisée et ses adeptes s’en soucient un peu, mais les insectes...!
Les insectes sont pourtant une des bases des écosystèmes et de l’édifice vivant sur Terre.
Sans insectes ni ver de terre (eux aussi dûrement détruit par le système industriel productiviste), les sols sont morts, et deviennent de simples substrats devant être mis sous perfusion d’engrais et de labour constant (c’est ce que fait l’agro-industrie).
Si la destruction accélérée des êtres vivants et des écosystèmes est une aubaine lucrative pour le techno-capitalisme toujours en quête de nouveaux marchés pour que son chaos destructeur ne s’effondre pas sur lui-même ; pour la beauté, pour l’altérité, pour la qualité de l’expérience terrestre, pour la liberté et la subsistance, c’est bien sûr une profonde catastrophe.
Malgré les inconvénients dues à la destruction de certaines espèces (pollinisateurs par exemple), l’éradication du vivant permet au techno-capitalisme de persister en ouvrant de nouveaux secteurs autrefois gratuits à son appétit insatiable pour l’argent : drones pollinisateurs, filtration d’eau, usines de dessalement d’eau de mer, techno-agriculture numérique avec GPS et robots, toujours plus d’engrais de synthèse à base d’énergies fossiles, systèmes d’irrigation....
Certains cyniques ou pragmatiques réalistes diront même que la disparition des oiseaux et des insectes c’est une bonne chose pour l’agro-industrie : plus de problème de ravageurs qui endommagent ou boulottent les produits standardisés ! Youpi !
Plus besoin de produire animaux et végétaux en usine avec milieu contrôlé et biosécurité high tech, la Terre elle-même devient une "grande salle blanche" stérile, une étendue silencieuse où les machines peuvent règner sans entrave.
...il restera juste à éliminer virus et bactéries pathogènes, qui vont sans doute proliférer dans ce désert sous perfusion, mais ça sera l’occasion de nouveaux marchés lucratifs, comme pendant le Covid-19, donc no problem.
Au delà de la question des retraites (dommage que la question du travail et du capitalisme est encore peu mise sur la table), il serait bon de remettre enfin franchement en cause la civilisation industrielle dans ses bases théoriques et pratiques, et de se mettre en mouvement, tous ensemble tous ensemble, pour la démanteler.
Les sociétés techno-industrielles préfèrent les désastres planétaires à leur remise en cause radicale
Biodiversité : « Ni l’ampleur, ni la rapidité, ni le caractère systémique de l’écroulement des insectes n’ont été anticipés par les scientifiques »
Chronique
En Europe, l’abondance d’insectes pourrait avoir chuté de près de 80 % au cours des trois ou quatre dernières décennies, mais il est très probable que nos sociétés soient incapables d’infléchir la course au désastre, explique, dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
L’écroulement des populations d’insectes, à peu près partout en Europe, est la composante la plus terrifiante de la crise écologique en cours. Non seulement parce que le problème est d’une gravité inouïe, mais aussi, et peut-être surtout, parce qu’il demeure complètement absent du débat public et de l’horizon politique de nos décideurs – il est d’ailleurs probable que la majorité d’entre eux n’en sachent à peu près rien. Le problème est immense, pressant, et nécessiterait des mesures d’urgence, mais la majorité d’entre nous ignorent jusqu’à son existence.
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Avec la fin des insectes, c’est l’augmentation du prix des fruits et légumes qui sera discutée, plutôt que le défaut de pollinisation ; ce sont les restrictions d’usages de l’eau qui feront les gros titres, plutôt que la détérioration des sols entravant la recharge des nappes phréatiques…
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Ni l’ampleur, ni la rapidité, ni le caractère systémique de l’écroulement des insectes n’ont au contraire été anticipés par les scientifiques. Ils mesurent, stupéfaits, des dégâts irréversibles déjà commis.
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Cette situation signale une faille profonde et inquiétante dans la connaissance que nous croyons avoir des impacts de nos activités sur le monde naturel, c’est-à-dire sur nous-mêmes. Les administrations qui encadrent et régulent les aménagements du territoire, les développements industriels, les systèmes alimentaires et agricoles procurent à la société un sentiment de contrôle rassurant. C’est en particulier le cas pour les centaines de pesticides autorisés – cause majeure du déclin de l’entomofaune sous nos latitudes – dont les usages sont strictement régulés pour ne produire, en théorie, que des dégâts sanitaires et environnementaux à la fois localisés, acceptables et contrôlables. L’effondrement des insectes nous renvoie à cette cruelle réalité : en vérité, nous ne contrôlons rien du tout.
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NOTE :
Des écologistes, paysans et autres ont alerté pourtant depuis des décennies sur le caractère destructeur des pesticides, de l’urbanisation, de l’étalement urbain, du remembrement agricole et des pratiques de l’agriculture conventionnelle, mais l’Etat-capitalisme (et ses serviteurs locaux) continue à les ignorer volontairement, à planifier les ravages et leur gestion, à s’embourber dans les croyances illusoires et dangereuses de la salvation par l’innovation et davantage de technologies, car la croissance des machines et du volume d’argent est infinement plus importante pour ce modèle social que la défense de bestioles, fussent-elles indispensables à la vie.
Et nous ? Est-ce qu’on préfère le techno-monde productiviste dont les nuisances croissantes sont (mals) gérées par l’Etat et son système sécuritaire, un système social voué au chaos du libre marché et à la fabrication d’argent qui ravage la Terre et tous ses habitants, ou est-ce qu’on veut prendre en charge directement la politique et notre subsistance, et donc démanteler l’Etat, la techno-industrie et le capitalisme, permettant à la vie et à d’autres horizons de prospérer ?
Est-ce qu’on est prêt à s’organiser et à se battre pour se faire ?
Possible mise en application pratique et locale de ces questions : SAUVER LES TERRES AGRICOLES DE CHAMARGES (DIE) (contre les appétits ravageurs de la mafia intéressée des aménageurs, BTP, élus, entreprises, spéculateurs...)
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