Alors que la pandémie de Covid-19 (ou syndémie) n’est pas terminée, une autre crise majeure, la guerre du dictateur Poutine à l’Ukraine, s’est imposée et préoccupe les esprits.
Avec les catastrophes climatiques, sociales et écologiques produites par la civilisation industrielle (Etat, capitalisme, productivisme, extractivisme, croissance, industrialisme, technocratie...), les crises en tous genre vont se multiplier, et avec elles les risques de guerres de toutes sortes.
Innondations, réchauffement climatique, canicules, sécheresses, tempêtes, incendies géants, fonte du permafrost et des glaciers, montée des eaux, pandémies, pollutions, famines, ruptures d’énergie ou de matières premières... vont continuer à empirer gravement si on laisse faire le modèle dominant.
Ces fléaux fabriqués avec acharnement par la civilisation industrielle vont attiser les tensions et les conflits. Dans un monde régit par le totalitarisme étatique et économique, ces tensions risquent de dégénérer de plus en plus souvent en conflits armés, en guerres d’échelle et d’intensité variable.
D’autant plus que les pénuries et tensions autour des énergies fossiles (notamment pétrole) et de matières premières (minerais rares, phosphore, métaux...) vont s’aggraver. Les Etas détenteurs d’armées s’en serviront quand ils le pourront pour accaparer si besoin par la force des ressources d’autres régions afin de maintenir leur puissance et leurs capacités productives industrielles.
Les cercles vicieux pourraient se multiplier et s’autoalimenter les uns les autres...
- Les guerres pour les ressources vont se multiplier, ...si on reste dans la prison mortelle de la civilisation industrielle
- Etats et puissances capitalistes sont en compétition permanente, par la guerre militaire si besoin
Traduction d’un passage d’un commentaire sous l’article Why is There War in Ukraine ?
« Les nouvelles concernant la guerre en Ukraine me font penser à la façon dont certaines cultures humaines ont mené une guerre contre le monde naturel depuis des millénaires. La guerre commence par une volonté d’exploiter le monde naturel. Et, non en fait, la guerre n’est pas aussi vieille que l’humanité. Le conflit, oui. La violence, aussi. Parfois une violence atroce. Mais pas les mobilisations à grande échelle d’une population, avec des tueurs professionnels, pour envahir et dominer de façon permanente des terres lointaines. Lorsque vous vivez en équilibre avec votre propre territoire, vous n’avez pas besoin de voler les ressources d’un autre pays.
L’horrible vérité est que : Les populations humaines ont tellement dépassé la capacité de charge de la planète que les soi-disant ressources que les humains exploitent pour soutenir ce dépassement de population s’épuisent. Lorsque ces ressources ne seront plus disponibles, les populations humaines s’effondreront et les humains souffriront à une échelle que nous n’avons jamais vue. La vérité est qu’actuellement, la culture dominante ne fait qu’imposer cette souffrance au reste de la vie.
Il n’y a pas d’issue à ce désordre sans une souffrance extrême. Nous pouvons volontairement démanteler la culture dominante qui est basée sur la destruction du monde naturel au profit de quelques humains. Ce démantèlement sera incroyablement douloureux si nous voulons vraiment honorer la capacité du reste du monde naturel à survivre et à prospérer. Si nous ne démantelons pas la culture dominante, ces guerres pour les ressources ne feront que s’intensifier, d’autres endroits comme l’Ukraine seront plongés dans des guerres brutales, et il devient de plus en plus probable que certains humains choisiront d’utiliser les technologies que nous possédons actuellement pour menacer sérieusement la capacité de la Terre à soutenir la vie dans le futur.
Et non, je ne préconise pas de tuer les gens. J’insiste cependant pour que nous reconnaissions la souffrance que la culture dominante cause aux innombrables autres êtres avec lesquels nous partageons cette planète meurtrie, mais toujours aussi belle. J’insiste pour que nous reconnaissions que le fait de remettre à plus tard les changements très difficiles que nous devons effectuer au nom de la préservation de la culture dominante ne fait que repousser le problème sur le monde naturel et sur les générations futures d’humains, beaucoup plus nombreuses et vulnérables.
Si nous voulons construire un monde sans guerre, le premier armistice que nous devons signer est avec le monde naturel. »
- Les guerres pour les ressources vont se multiplier, ...si on reste dans la prison mortelle de la civilisation industrielle
- Courir partout pour tenter d’éteindre les incendies géants après coup, ou stopper à la racine ce qui les déclenche et les alimente ?
Des cercles vicieux qui se renforcent multuellement
La civilisation industrielle génère donc inéluctablement diverses crises écologiques et sociales à l’échelle planétaire, lesquelles entraînent un accroissement des guerres, ce qui augmente le nombre de réfugiés et aggrave les désastres écologiques et climatiques. Des guerres et des tensions sur les approvisionnements n’aideront pas les solutions pacifiques, écologiques et solidaires.
Si par malheur on reste sous le joug de l’Etat-capitalisme, les voies suivies seront toujours celles de la fuite en avant, de la force, de l’accaparement violent de ressources, etc.
Dans la civilisation industrielle, chaque Etat, chaque conglomérat, chaque lobby, chaque entreprise, et même chaque individu se bat d’abord pour ses intérêts, ignore les autres en étant prêt à les flouer/écraser si le besoin s’en fait sentir. Exit la solidarité, l’entraide, l’autolimitation mutuelle négociée, la satisfaction d’une vie bonne, ce qui compte c’est la puissance, la croissance, l’accumulation, les alliances de circonstance. C’est donc le conflit permanent, toujours prêt à exploser d’une manière ou d’une autre (guerre, « accident » industriel, crise économique ou financière, catastrophe climatique...).
Le cercle vicieux ne se situe pas uniquement dans les emballements climatiques incontrôlables dus aux effets de seuil (seuil de température, effondrement de biodiversité ou autre seuil planétaire), on pourrait bien hélas voir s’emballer les problèmes du fait de la nature des structures socio-politico-économiques néfastes et destructrices en place.
Avec la pandémie de covid-19, on a pu assister au renforcement des tendances autoritaires, antidémocratiques, centralisées, policières. Au lieu de s’en prendre aux élevages industriels et aux déforestations/urbanisations effrénées, les Etats ont pris surtout des mesures sécuritaires.
Les mêmes logiques sont/seront à l’oeuvre pour les catastrophes climatiques et écologiques.
En résumé : la civilisation industrielle cause des désastres climatiques, écologiques et sociaux majeurs. Et la civilisation industrielle en proie à ces désastres ajoutent d’autres fléaux (guerre, militarisation, fermetures de frontières, autoritarisme, régime policier...) implacables dus à son monde de fonctionnement (concurrence, guerre économique, frontières, intérêts, lobbies...). Lesquels fléaux aggravent les désastres climatiques, écologiques et sociaux et les rendent toujours plus difficiles à appréhender et endiguer.
Avec des Etats, des institutions, des entreprises, des lobbys, des structures économiques et politiques qui reposent sur la guerre économique implacable, la prédation des ressources et de main d’oeuvre, la destruction du vivant, la tyrannie, l’exploitation, la compétition, le conflit permanent est déjà là. Chaque entité veut continuer, ne veut pas disparaître, et est prête à quasiment tout pour se faire.
Il suffit alors d’une étincelle - un dictateur plus brutal que les autres, une pénurie, une crise financière, une famine, une révolte... - pour que le conflit se transforme en guerre militaire ouverte.
Avec les désastres écolo-climatico-sociaux fabriqués par la civilisation industrielle (Etats, capitalisme...), avec les pénuries de matières premières, de nourriture, d’eau induits par ces désastres et par l’action et l’existence même des Etats et du capitalisme, les étincelles inflammables ne manqueront pas de jaillir un peu partout dans les années et décennies qui viennent.
Aussi, comme toujours, mieux vaudrait étouffer au plus tôt et à la source ces étincelles dangereuses en démantelant la civilisation industrielle. Car devoir lutter en même temps pour sa survie et contre des incendies géants est bien plus difficile, et puis c’est un peu tard.
Les fractions des peuples désireuses d’une vie bonne et d’émancipation sociale, sans guerres ni oppressions ni désastres, vont-elles continuer à réagir après coup contre certaines conséquences prévisibles de la civilisation industrielle, ou vont-elles s’en prendre franchement à la source noire, à la civilisation industrielle, à ses institutions, idéologies, infrastructures, assises ?