Les forêts françaises flamberont comme une torche australienne ou californienne

Si on reste spectateur et limité aux écogestes, la Drôme brûlera

vendredi 28 août 2020, par Les Indiens du Futur.

Quelques liens pour comprendre la menace ici et ailleurs, puis quelques observations percutantes.

  • 2019 : Drôme : la sécheresse vide les rivières, le cri d’alarme des pêcheurs - « Les nappes ne se rechargent pas. Les prélèvements sont supérieurs à la ressource » : le constat est implacable et alarmant pour la Fédération de la Pêche de la Drôme qui tire la sonnette d’alarme sur le manque d’eau. En ce début d’été ils publient une pétition pour exiger plus de mesures.
  • 2020 : Drôme - Alerte à la sécheresse ! - La baisse des cours d’eau entraîne le placement en alerte de la plaine de Valence, du sud Drôme et maintenant de la Valloire. Encore plus préoccupant : la Galaure, la Drôme des Collines et la rivière Drôme passent en alerte renforcée ! - Oui, la sécheresse est une des causes de cette situation mais la principale cause est le manque d’anticipation et de gestion de la ressource en eau des services de l’Etat. Il n’est plus possible de prélever plus que la ressource ne le permet. Faudra-t-il attendre que l’eau ne coule plus au robinet pour prendre les mesures qui s’imposent ?
La rivière Drôme en assec total à hauteur de Livron. - Photo : fédération de pêche 26
  • Quand les Vosges flamberont comme une torche australienne - La sécheresse récurrente menace les forêts françaises. En particulier les plantations des Vosges qui pourraient brûler comme les forêts d’eucalyptus en Australie ou les plantations en Californie. La France est-elle préparée à ce traumatisme majeur ?
  • La Californie ravagée par les incendies, 240.000 personnes évacuées… - « Le changement climatique est une réalité, dit le gouverneur. Si vous n’y croyez pas, venez en Californie » - En Californie, en proie à certains des pires incendies de son histoire, près de 240.000 personnes ont été forcées d’évacuer leur domicile. Ces incendies ont été déclenchés par une dizaine de milliers d’éclairs, alimentés par des températures records et une faible humidité. Selon les autorités, au moins cinq personnes auraient perdu la vie.
  • « Les mégafeux deviennent de plus en plus intenses, fréquents et redoutables » - Californie, Brésil, Argentine… les ravages des feux battent de nouveaux records du fait du changement climatique : températures élevées et sécheresse. En brûlant, les forêts accentuent encore le réchauffement mondial en émettant du CO2 et en réduisant leur capacité à absorber les gaz à effet de serre, comme l’explique Jean-Baptiste Filippi dans cet entretien. (...) Ces derniers mois, une myriade de feux ont été observés à travers le monde. Un arbre sur cinq est parti en fumée et trois milliards d’animaux ont été victimes des flammes en Australie. En avril, des feux ont dévasté 20 % de la forêt dans le nord de la Thaïlande. Actuellement, le delta du Paraná, en Argentine, la zone humide du Pantanal, au Brésil, la Californie, ou encore le sud de la France sont en proie aux flammes. 2020 est-elle une année exceptionnelle en matière d’incendies ?
  • En Argentine, sécheresse et agrobusiness incendient les forêts - Malgré l’hiver austral, l’Argentine brûle. La région de Córdoba lutte contre de multiples foyers d’incendie, les rives du delta du Paraná se consument depuis le début du mois. La sécheresse est en cause, mais l’origine humaine des feux éveille les préoccupations de l’opinion publique.
  • Le Groenland a perdu 532 milliards de tonnes de glace en 2019, un record - Cette donnée, révélée par une étude, inquiète notamment pour l’avenir des villes côtières du monde entier. (...) Notre société sera à jamais considérée comme celle qui a déclenché cette diminution de la glace continentale, a-t-il déclaré. Ce n’est pas seulement quatre ans, ou 10 ans ou 100 ans, cela va se poursuivre pendant très longtemps et nous n’en voyons que le début
Les forêts françaises flamberont comme une torche australienne ou californienne

- Extraits :

Les incendies sont plus fréquents et intenses, et ne permettent plus à la nature de se régénérer.

En France, près de 7 millions d’hectares de forêt sont menacés par d’incendies, dont 4,2 millions en région méditerranéenne et 1,2 million en Aquitaine, soit 13 % du territoire. Auxquels il va falloir rajouter les menaces pesant sur les forêts monospécifiques de résineux des Vosges en très mauvaise santé. Selon le rapport d’une mission interministérielle, publié en 2010, les surfaces sensibles aux feux de forêt pourraient augmenter de 30 % à l’échéance 2040 et de 50 % à l’échéance 2050. Quasiment l’ensemble du pays pourrait être concerné à l’horizon 2100.

Mais le changement climatique ne prépare pas seulement un terreau favorable aux incendies, il favorise plus largement la fréquence d’évènements extrêmes. Il est par exemple possible que le fleuve Paraná déborde l’an prochain… On est vraiment face à une perturbation globale. Pour revenir aux feux, l’ennui est aussi qu’avec la hausse des températures et les changements dans la pluviométrie, des incendies peuvent désormais démarrer dans des endroits où nous n’avions pas l’habitude d’en voir, et où l’on n’y est pas forcément préparé. En Europe, on a de plus en plus de feux d’hiver. À Fontainebleau (Seine-et-Marne), ça a beau nous paraître impensable, mais en cas d’énorme sécheresse, il est tout à fait possible qu’un incendie se déclare.

Comment les incendies contribuent-ils de leur côté à aggraver le changement climatique ?
Ils provoquent de grandes quantités d’émissions de gaz à effet de serre. Le programme de surveillance européen de la Terre, Copernicus, estime qu’ils représentaient entre 6 et 8 gigatonnes de CO2 émises en 2019. En comparaison, le Global carbon project a estimé à 43,1 gigatonnes la quantité de CO2 émise en 2019 par les activités humaines. L’autre effet est que l’efficacité des forêts en tant que puits de carbone diminue si elles n’ont plus le temps de se régénérer.

Les feux ravageront la Drôme également

Ici dans la Drôme on ne sera pas du tout épargnés, surtout si on laisse se poursuivre la trajectoire suicidaire actuelle, portée par quasiment tous les élus, agriculteurs industriels et entrepreneurs capitalistes.

- Exemple caricatural à Crest : le maire d’un autre âge Mr Hervé Mariton ne jure toujours que par la croissance du tourisme et de l’activité économique, avec toujours davantage de villas et lotissements en béton, de zones industrielles, de parkings, de destruction de terres par bétonnage... Son environnementalisme forcé n’est que communicationnel et homéopathique.
Suite à la manif à Crest récemment contre l’ASPAS et ses réserves (où se trouvait Mr Mariton), remarquons que ce ne sont pas les associations comme l’ASPAS qui font ce qu’elles peuvent qu’il faudrait incriminer, mais plutôt le bétonnage de terres agricoles, les monocultures d’arbres, la croissance économique, l’agriculture industrielle favorisée au détriment des petits paysans, etc.

Les méga-feux qui s’étendent ne sont qu’un des nombreux et monstrueux ravages causés depuis trop longtemps par la civilisation industrielle, son capitalisme, son productivisme et son étatisme.
Il y aura aussi les tornades, les innondations, les pandémies, les pénuries, les pollutions industrielles, les régimes autoritaires, etc.
Tant qu’on ne fera pas en sorte de bifurquer radicalement et rapidement, forcément contre le système en place et ses représentants/défenseurs, ces catastrophes s’accentueront et se multiplieront, pour former un cataclysme mondial auto-alimenté et totalement hors de tout contrôle qui menera sans doute à la destruction de la plupart des espèces, dont possiblement la nôtre. Et ce seront comme toujours les plus exploités, les exclus, comme pendant la pandémie de Coronavirus, qui morfleront en premier et davantage dans cette « société » inégalitaire et brutale vouée à la marchandise et au totalitarisme économique. Mais les riches ne seront pas épargnés non plus, qu’ils arrêtent de vouloir faire sécession illusoirement dans leur coin, leurs îles et leurs arches, qu’ils rejoignent les résistances à la Mégamachine.
Ca fait des années qu’on le sait, et pourtant on voit toujours trop peu de monde réellement actif pour arrêter réellement les causes profondes des désastres.

Après les sécheresses récurrentes viendront un peu partout en France les incendies géants, les pénuries sérieuses d’eau, puis les pénuries alimentaires.
Dans la Drôme, dans la Vallée de la Drôme, les pourcentages plus élevés qu’ailleurs d’agriculteurs bio et les voies cyclables n’arrêteront rien.
La mégamachine industrielle (élevage concentrationnaire, monocultures gourmandes en eau et en pesticides, entrepots logistiques géants, lotissements tout béton, goudron qui s’étend, zones industrielles Sévéso, tout numérique, 5G, Linky, etc.) poursuit sans encombre son écocide planifié, elle n’est arrêtée en rien par des toits de panneaux photovoltaïques, des vélos électriques et des marchés bio, bien au contraire.
Ces aménagements permettent de se rassurer et de se donner bonne conscience, de continuer la Croissance (qui a besoin de toujours plus d’énergies et de matières premières au final malgré certaines économies), de créer de nouveaux secteurs lucratifs et ils restent destinés à des marchés de niche.

Ici et ailleurs, des minorités consistantes et déterminées, soutenues activement par une part croissante des habitant.e.s vont-elles finir par se lever à temps pour limiter la casse et permettre peut-être une stabilisation des désastres dans des limites à peu près supportables ?
Réponse dans les années qui viennent.


Forum de l’article

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  • Les forêts françaises flamberont comme une torche australienne ou californienne Le 30 août 2020 à 00:40, par Tara Taggle

    Les forêts françaises flamberont comme une torche ? Oui. Et alors ?

    La forêt française, telle qu’on la connaît, est de formation récente ; elle a envahi peu à peu l’espace agricole autrefois dévolu aux cultures vivrières, alors qu’une grande majorité de la population vivait encore dans les campagnes. Pour s’en convaincre, il suffit de se reporter aux anciennes photos aériennes du territoire remontant aux années 1940-1960. Et si l’on considère qu’un arbre absorbe jusqu’à 200 litres d’eau par jour, on peut même avancer que l’extension forestière est la principale cause de certaines ’pénuries’ d’eau (étiage bas des rivières), loin devant l’irrigation irraisonnée des monocultures intensives.

    Avec l’air, l’eau et la terre, Le feu est l’un des quatre éléments naturels. Les forêts ont de tous temps brûlé, de façon fortuite (volcans, foudre...) ou provoquée par l’homme (cultures sur brûlis). Certaines espèces végétales dépendent d’ailleurs du feu pour se développer : les graines ne germeront que si elles ont été exposées à des températures élevées...

    Le vrai problème vient de ce que contrairement à ce que l’on nous (a) fait croire, l’homme ne maitrise absolument pas les éléments, pas plus le feu (incendies) <u<que les autres (inondations, tempêtes et tornades, tremblements de terre et glissements de terrain), et qu’il ne s’inquiète de ceux-ci que lorsque son habitat est directement menacé, d’autant plus fortement depuis la sédentarisation généralisée et l’artificialisation des sols (alors que du point de vue de Gaïa, il s’agit juste d’un rééquilibrage naturel du milieu). La seule chose qu’il soit en mesure de faire est de limiter un tant soit peu les risques (débroussaillage, limitation de l’accès et de certaines activités en période de sécheresse).

    Trop souvent dans nos départements, la gestion des forêts qui relèvent majoritairement de la propriété privée individuelle est mauvaise voire non-existente (pour cause d’exode rural quant à leur entretien, d’importation de bois d’œuvre et de chauffage à moindre prix depuis les pays de l’Est quant à la rentabilité de la production), laissant une large part de celles-ci à l’abandon.

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    • Les forêts françaises flamberont comme une torche australienne ou californienne Le 30 août 2020 à 20:05, par Indiens du Futur

      Oui, la forêt évolue selon les époques et usages humains, et oui il lui arrive de brûler.
      Sauf que là c’est autre chose, il y a des bouleversements climatiques très très rapides, avec sécheresses de plus en plus fréquentes et longues, et moins de pluies, donc animaux, végétaux n’ont pas le temps de s’adapter. Et le couvert végétal va en prendre un coup dans pas mal de régions...
      Même si on améliorait encore la surveillance des forêts et sa « gestion » pour limiter les risques d’incendies, on ne pourra plus suivre ni empêcher les désastres.

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    • Les forêts françaises flamberont comme une torche australienne ou californienne Le 31 août 2020 à 19:34, par mister renard

      le retrecissement de cette foret est très récent aussi chère tara, il s’agit de l’expansion démographique qui l’a rasé, exploité, déplacé. a l’échelle géologique le déboisement n’apparaît même pas tellement il est récent, la foret a été bien plus longtemps présente qu’absente.

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      • Les forêts françaises flamberont comme une torche australienne ou californienne Le 1er septembre 2020 à 09:05, par Tara Taggle

        Mince alors, il ne me serait jamais venu à l’idée de grimper à l’échelle géologique. Mais si vous y tenez, convenons que depuis que les forêts existent, il y a/y aura toujours des feux de forêts, plus ou moins étendus (ne me dites pas, tout de même, que le carbonifère serait imputable à l’activité humaine ?), récurrents et/ou destructeurs sans provoquer la fin de la planète, tout au plus celle de quelques espèces, vouées à être remplacées par d’autres -la nature ayant horreur du vide- mieux adaptées aux nouvelles conditions de vie (certaines bactéries résistent à des températures extrêmes, à l’absence d’oxygène et/ou à des concentrations de gaz carbonique ou nitrique voire à des niveaux de radioactivité inimaginables... et il faut de tout pour faire un monde). Mais trêve de digressions, l’essentiel de mon propos était le suivant :

        l’homme ne s’intéresse aux ’catastrophes naturelles’-dont les feux de forêts- que dès lors que son habitat -et ses intérêts économiques- sont directement menacés ; sinon, il s’en bat l’œil royalement.

        Si les grands media se sont particulièrement intéressés aux feux qui ont récemment ravagé la Californie (et les villas des ’pipoles’), l’Australie (et les gigantesques fermes d’élevage) ou l’Amazonie (et les vastes plantations d’OGM, raison première de déforestation massive -et de pollution), ils se sont bien gardés d’accorder la même attention à nombre d’autres grands incendies, en Asie ou en Afrique, en Syrie notamment ([...] bien que certains incendies soient apparus près des lignes de front alors actives, des feux de forêt ont également été signalés dans plusieurs autres régions du pays, y compris des champs de blé et d’orge dans la province fertile de Hassakeh. Comme le CAMS l’a signalé,la puissance de feu totale détectée en Syrie entre le 10 mai etle 5 juin était largement supérieure à la moyenne de 2003-2018. [...] ; ils sont du genre pince sans rire les gars du CAMS/Copernicus Atmosphere Monitoring Service. Pour télécharger le communiqué de presse relatif aux incendies dans le monde en 2019 http://www.datapressepremium.com/rmdiff/2005135/diff_2022466121219110439.pdf). N’oublions pas que le risque d’effondrement du système capitaliste est autrement plus grave que celui de l’extinction de l’humanité en tant qu’espèce vivante (le tiercé gagnant à l’arrivée étant surpopulation/déforestation/réchauffement climatique à la cote de 100 contre 1). Foin de catastrophisme, n’oublions pas : ’un coup de barre ? Mars et ça repart !’.

        On vit une époque formidable.

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