Nombre d’écologistes et de personnes de bonnes intentions se laissent trop volontiers berner par le discours ambiant qui veut faire croire que’une grosse augmentation des énergies dites renouvelables permettrait de sauver le vivant.
Peut-être que ça pourrait ralentir un peu les dérèglements climatiques, mais pour le tout reste...
Que veut-on : faire durer un système techno-capitaliste destructeur ou bâtir des sociétés vivables partout et pour toutes et tous ?
- Les énergies dites renouvelables alimentent un système techno-industriel insoutenable et destructeur
A gauche le docu (voir plus bas les 3 questions à se poser, et le lien du film sous-titré en français), et à droite un exemple concret, je cite ici Nicolas Casaux :
⚠⚙️ EOLIEN : « Déforestation, nuisances pour la faune et la flore, le sauvetage de la planète, c’est tout de même quelque chose. En réalité, l’électricité dite "verte" ou "propre" ou "renouvelable" qui sera produite ici (par des machines dont la construction et la maintenance reposent sur l’usage de combustibles fossiles et de divers matériaux non-renouvelables extraits on ne sait où avec on ne sait quels effets sur l’environnement, au moyen d’autres machines, dont la fabrication, etc., etc.), servira simplement à alimenter d’autres machines. Ce n’est pas la planète qu’on sauve, mais la civilisation des machines (et l’asservissement des humains par le système technologique) qu’on cherche à faire durer. »
https://www.liberation.fr/environnement/eoliennes-scene-de-crime-dans-la-foret-de-broceliande-20210503_W2D63SEDLBCODNU7QA3MLOSSFA/
♻️ 3 très bonnes questions posées par Nicolas Casaux sur les "energies vertes" 👇
➡️ 1. La première question serait : à quoi l’énergie produite va-t-elle servir ? C’est sans doute la plus importante, celle qui permet le mieux de faire ressortir l’absurdité générale de l’idée de parvenir à une civilisation techno-industrielle « verte » ou écologique au moyen d’une production d’énergie supposément vertueuse (verte/propre/renouvelable). Étant donné que l’énergie que la civilisation industrielle obtient, elle ne l’utilise que pour alimenter des machines (dont la production et/ou l’utilisation impliquent diverses pollutions et dégradations environnementales) ou chauffer des logements/bâtiments industriels, étant donné que toutes les industries sont, de diverses manières, polluantes et destructrices pour le monde naturel, il s’ensuit que tous les usages que la civilisation industrielle fait de l’énergie qu’elle se procure sont (et ne sauraient être que) nuisibles pour la nature. Partant de là, la question que l’on devrait être amené à se poser est : pourquoi vouloir procurer de l’énergie à la civilisation industrielle (qui plus est, une « énergie renouvelable ») ? (Il est assez consternant de constater que la propagande du Pouvoir parvient à faire croire à beaucoup que la seule manière dont la civilisation industrielle nuit au monde, c’est au travers de sa production d’énergie, alors que son usage de l’énergie est tout aussi mauvais).
➡️ 2. En deuxième lieu, s’il fallait vraiment continuer (bon sang, mais pourquoi ?!), on pourrait se demander quels sont, précisément, les tenants et aboutissants de la production d’énergie dite « verte », « propre » ou « renouvelable » en question ? Quels sont les matériaux nécessaires à la fabrication des machines productrices de ladite énergie ? Les matériaux nécessaires à la fabrication des machines servant à fabriquer les machines productrices de ladite énergie ? Les matériaux nécessaires à la construction des infrastructures nécessaires (routes, etc.) ? Les effets écologiques de l’obtention de ces matériaux, de la construction de ces infrastructures, etc. ?
Rapidement, et immanquablement, on se trouve face à un désastre écologique.
➡️ 3. Une autre question que l’on devrait poser et qui, de prime abord, ne semble pas liée à la question écologique, mais qui l’est évidemment au bout du compte, est : avez-vous besoin du capitalisme (des hiérarchies sociales qu’il implique, de l’organisation (anti-)sociale qu’il constitue, centrée sur le travail, la production de marchandises, l’argent) pour faire construire ces machines/installations de production d’énergie dite verte, propre ou renouvelable ? Si oui, votre production d’énergie propre, verte ou renouvelable repose sur un système social voué à dévorer le monde et sur l’entr’exploitation généralisée des humains par les humains.
👉 Le film de Julia Barnes, inspiré du livre 𝐵𝑟𝑖𝑔ℎ𝑡 𝐺𝑟𝑒𝑒𝑛 𝐿𝑖𝑒𝑠 (« Les grands mensonges verts », plus ou moins) de Lierre Keith, Derrick Jensen et Max Wilbert, paru le mois dernier, est désormais disponible avec sous-titres en français sur Vimeo
Après 𝑃𝑙𝑎𝑛𝑒𝑡 𝑜𝑓 𝑡ℎ𝑒 𝐻𝑢𝑚𝑎𝑛𝑠 de Jeff Gibbs, Ozzie Zehner et Michael Moore, il s’agit d’un deuxième excellent documentaire sur le sujet des illusions vertes, dénonçant la mystification promue partout et par tous selon laquelle il pourrait exister une civilisation techno-industrielle écologique, propre, durable ou soutenable. Ce n’est pas le cas.
post de Manio Radikal’East
VIVE JOE BIDEN, LE GREEN NEW DEAL ET LES MACHINES « VERTES »
Le désert, c’est désert, non ? Juste de grandes étendues de rien. De la poussière, du sable et des cailloux. Bon, d’accord, peut-être quelques bestioles, deux trois plantes, mais qu’est-ce qu’on s’en cogne ? Il faut bien qu’on puisse recharger nos smartphones, nos ordinateurs portables, faire fonctionner nos téléviseurs, nos réfrigérateurs, nos voitures ! Et sacrifier quelques zones désertiques, c’est toujours mieux que faire pire ! Peu importe que Kevin Emmerich, cofondateur de Basin and Range Watch, une organisation dédiée à la protection du désert au Nevada et en Californie, basée dans le Nevada, ait précédemment « déclaré qu’il était heureux que l’administration Biden ait arrêté le projet Crimson Solar » pour la raison que « le projet aurait un impact négatif sur des sites archéologiques » ainsi que sur « l’habitat des oiseaux migrateurs et les couloirs de déplacement des lézards à doigts frangés de Mojave ». Kevin est dépité : « Toute la région est en train de devenir une zone clé du développement de l’énergie solaire, alors qu’elle comprend des ressources irremplaçables sur des terres publiques précieuses. […] Les terres publiques ne sont pas des ressources renouvelables. »
Bien entendu, pour bien réaliser les implications environnementales de tout ceci, outre les destructions écologiques liées à cette installation de la centrale sur des zones naturelles désertiques, il faut compter celles liées à la construction des panneaux solaires (d’où viennent les matériaux, de quelles mines ?), à la construction des machines ayant servi à extraire ces matériaux, il faut prendre en compte la consommation de combustibles fossiles nécessaire à tous les niveaux de ce genre d’entreprise (extraction des matériaux, traitement, transport, maintenance des panneaux solaires, et des onduleurs, du câblage, etc.), et aussi les dommages écologiques liés à la production des machines que l’électricité produite par la centrale servira à faire fonctionner, et à la mise au rebut de tous ces futurs e-déchets (et plein de choses que j’oublie). De bout en bout, des dégradations environnementales. Sauver la planète, c’est vraiment émouvant.
post de Nicolas Casaux
𝐋𝐀 𝐅𝐀𝐂𝐄 𝐂𝐀𝐂𝐇𝐄́𝐄 𝐃𝐄𝐒 𝐄́𝐍𝐄𝐑𝐆𝐈𝐄𝐒 𝐕𝐄𝐑𝐓𝐄𝐒
1. « Purifient l’air en Europe » : quelle formule absurde, en soi, rouler en voiture électrique ou installer des éoliennes ou des panneaux solaires ne purifie évidemment pas l’air en Europe (sachant qu’on respire tous dans la même atmosphère, si leur production et transport, etc., polluent l’air ailleurs, c’est pour nous aussi).
2. « Il n’y a pas de produits qui soient zéro impact zéro CO2 100% écolo », « tout a toujours un impact » (Bihouix), sous-entendu : un impact négatif sur le monde. C’est exact, dans la civilisation industrielle, tout a toujours un impact négatif sur le monde. Toutes les industries polluent, toutes, toutes ont des effets délétères sur la biosphère. C’est pour cette raison que même si l’on trouvait une source d’énergie et notamment d’électricité abondante et réellement non-polluante, n’ayant aucun impact négatif sur l’environnement [ça n’existera jamais, mais admettons], le problème écologique de la civilisation serait très loin d’être réglé. Cela pourrait même le faire empirer : cette énergie serait massivement utilisée dans divers processus, pour diverses choses toujours nuisibles pour le monde naturel. Mais en dehors de la civilisation, nombre de cultures, de peuples savent (savaient, pour ceux que la civilisation a détruits) vivre, produire des denrées alimentaires, se divertir, etc., sans nuire au monde. Au contraire, le système technologique, issu du capitalisme et de l’État, est foncièrement incompatible avec la nature et la liberté humaine.
𝗛𝗘𝗨𝗥𝗦 𝗘𝗧 𝗠𝗔𝗟𝗛𝗘𝗨𝗥𝗦 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗖𝗥𝗜𝗧𝗜𝗤𝗨𝗘 𝗧𝗘𝗖𝗛𝗡𝗢𝗖𝗥𝗔𝗧𝗜𝗤𝗨𝗘 𝗗𝗘 𝗚𝗨𝗜𝗟𝗟𝗔𝗨𝗠𝗘 𝗣𝗜𝗧𝗥𝗢𝗡
Il y a quelques mois, je notais, à propos de ce documentaire coréalisé par Guillaume Pitron et Jean Louis Pérez, produit par JL Millan et JL Pérez (Grand angle Productions), et inspiré du livre de Pitron intitulé 𝘓𝘢 𝘎𝘶𝘦𝘳𝘳𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘮𝘦́𝘵𝘢𝘶𝘹 𝘳𝘢𝘳𝘦𝘴 :
Son principal mérite est d’exposer des réalités évidentes et pourtant largement occultées par les médias de masse (et les éco-célébrités, les éco-ministres, etc.) concernant les technologies de production d’énergies prétendument « vertes », « propres » ou « renouvelables », et les technologies dites « vertes » plus généralement, à savoir que la fabrication industrielle de tous ces appareils — panneaux solaires, éoliennes, voitures électriques, etc. — implique elle-même diverses pratiques polluantes, nuisibles pour le monde naturel — extractions minières de cuivre, de graphite, de lithium, transports et traitements de ces matières premières, etc.
Le problème, c’est que la perspective qu’il adopte est celle de technocrates désireux de gérer au mieux la civilisation industrielle. C’est-à-dire que ses réalisateurs et intervenants se fichent pas mal du fait que la fabrication de quoi que ce soit en usine, et plus largement que tout travail, dans la civilisation industrielle, repose sur l’entr’exploitation généralisée des êtres humains entre eux, et plus particulièrement sur l’exploitation du plus grand nombre par le petit nombre que permettent aussi bien les États prétendument démocratiques que ceux qui ne s’embarrassent pas d’une telle prétention.
Les deux principales critiques que formulent Pitron et Pérez, ainsi que Bihouix et les nombreux intervenants (Montebourg, etc.), c’est d’une part que les technologies de production d’énergies dites vertes et les technologies dites vertes plus généralement ne sont pas exactement vertes, et d’autre part que leur production implique un extractivisme et des pollutions délocalisées plutôt que locales. Non seulement ils n’ont rien à dire sur le système d’exploitation de l’humain par l’humain et de marchandisation de tout qu’on appelle capitalisme, mais en plus ils n’ont rien à dire sur l’usage de l’énergie faussement verte produite, sur le développement technologique — la technologie — et ses effets (sur les implications sociopolitiques de la technologie, l’antinomie entre démocratie et technologie).
S’ils déplorent le fait qu’en matière d’énergies et de technologies dites « vertes », des patrons chinois l’aient emporté sur des patrons français, autrement dit que ce soit des prolos chinois et non pas français qui aient présentement l’honneur de fabriquer des panneaux solaires en usine ou de travailler dans des mines, s’ils déplorent le manque à gagner en termes d’emplois, de travail (de servitude salariale) que cela représente, ils se moquent éperdument du fait que tout cela implique, en premier lieu, qu’il y ait des patrons et des travailleurs, une immense division hiérarchique du travail, etc. Le capitalisme et l’État — ces deux systèmes imbriqués de dépossession, d’exploitation et d’aliénation, qui se combinent pour former la technocratie mondialisée — ne leur posent aucun problème. À ce titre, ils rejoignent la plupart des écologistes, pardon, la plupart des électrologistes — de Greta Thunberg à Cyril Dion.
En outre, leur critique de la non-vertitude des technologies de production d’énergie prétendument verte débouche sur un plaidoyer à la fois en faveur de l’innovation-technologique-qu’elle-pourrait-nous-sauver (plus de recyclage, meilleur recyclage, même si Philippe Bihouix reconnait qu’en l’état des choses, les terres rares, on ne sait pas les recycler, nouvelles technologies, etc.), « il faut faire ce pari » (de l’innovation technocapitaliste) nous dit Olivier Vidal, directeur de recherche au CNRS, et en faveur de quelque « sobriété », diminution ou rationnement planifié et imposé par l’État dans la consommation (sorte de décroissance, purement matérielle, mais ils n’emploient pas le terme parce que Pitron ne l’aime pas).
C’est-à-dire que les technologies dites « vertes » ça pollue, oui, certes, mais on s’améliore, elles pourraient polluer moins à l’avenir (peut-être), ou du moins émettre moins de CO2 (peut-être) — et puis, ainsi que l’explique le documentaire, toute activité humaine pollue ou nuit forcément à l’environnement (« tant qu’il y aura des activités humaines, il y aura de la pollution » nous dit le secrétaire adjoint de la société chinoise des terres rares, en assimilant, en bon civilisé, activité humaine et activité industrielle), alors bon, un moindre mal comme objectif, une destructivité plus douce, un meurtre plus lent, c’est bien tout ce qu’on peut faire, contraints que nous sommes de continuer avec le mode de vie techno-industriel, avec la civilisation.
On peut donc toujours reconnaître à Pitron & Co. le mérite — que n’ont pas les électrologistes type Thunberg, Dion, YAB & Co. — d’admettre que de toute façon il n’existe pas vraiment de civilisation techno-industrielle capitaliste soutenable, bio, propre ou renouvelable. Même si, au bout du compte, ils se retrouvent à encourager à peu près la même chose qu’eux : innovation, technologie, sobriété-s’il-vous-plait.
Pour voir ou télécharger le documentaire entier
post de Nicolas Casaux
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