Quelques informations et réflexions sur le tourisme de masse en temps de pandémie mondiale et de catastrophes écologiques, sociales et climatiques produites en série par la civilisation industrielle.
Tribune — Économie : L’État ne doit pas soutenir Pierre et Vacances - Faut-il « déverser aveuglément des milliards d’aides publiques dans de grands groupes ? », interrogent les auteurs de cette tribune. Un exemple : Pierre et Vacances. Condamné bien avant la crise sanitaire, le groupe phare du tourisme de masse a en plus alimenté la bulle des hébergements touristiques et des parcs de loisirs.
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Avec l’arrêt du tourisme, l’écosystème construit pour les voyages de masse s’est évaporé - A l’aube d’un second été sans grande activité, les pays qui vivent du tourisme risquent de voir disparaître des dizaines de millions d’emplois. Les femmes et les travailleurs précaires, jeunes ou peu diplômés, seront les premiers concernés.
Quelques remarques
Le tourisme et le monde qui va avec participe à la dévastation du monde vivant et des cultures humaines de différentes manières : marchandisation de tout, destruction d’écosystèmes, extension de l’exploitation d’humains, contribution à l’effet de serre, dépenses d’énergies et de matières premières (pour les paquebots, avions, hôtels, complexes...), néocolonialisme, appui à la société de travail-loisirs-consommation...
Même si certaines formes sont plus nocives que d’autres, tourisme de masse industriel, tourisme de luxe pour ultra-riches, tous les tourismes font partie de la civilisation industrielle, de l’Economie et de son impératif continu de valorisation du capital.
Quelques réflexions et infos critiques sur le tourisme :
- Ce site mélange actus, réflexions et satires sur ces sujets : Le blog de l’Office de l’antitourisme de Grenoble - Un blog d’archives et d’analyse critique du tourisme
- Lisez « Le tourisme, une forme moderne d’aliénation » pour plus de détails - « Loin de l’errance et de l’imprévu, le tourisme encadre le voyage dans les chemins balisés de la routine et du conformisme marchand. »
- Tourisme pour tous ! Comment la modernité a tué le voyage
- Le tourisme de masse : une maladie fatale ?
- Les touristes sont une plaie : pour en finir avec cette espèce invasive
La perversité du système en place est telle qu’elle rend des pans entiers de populations, des millions de travailleurs et travailleuses précaires, dépendants pour leur survie d’activités néfastes socialement et écologiquement telles que le tourisme.
Pour le tourisme comme pour des tas d’activités, la question n’est pas de les redémarrer, de les subventionner, de tout faire pour la relance, de tenter de les rendre plus vertes et plus sociales, mais d’imaginer et construire d’autres modes de société où ces activités disparaissent, n’ont plus leur place, sans que pour autant les humains subissent la misère.
S’il est évident qu’il faut laisser couler des entreprises comme « Pierre et Vacances », c’est bien l’ensemble du secteur touristique, en tant qu’activité marchande liée au capitalisme et à la civilisation industrielle, qu’il faudrait faire disparaître idéalement.
A remplacer par d’authentiques formes de découvertes, d’immersions, de rencontres, d’entraides entre des peuples plus ou moins éloignés géographiquement et culturellement, le tout dans la lenteur et la mesure.
Au délà de mesures d’urgence aidant les précaires, il est grand temps de reconsidérer complètement ce modèle de société. Que ce soit pour des raisons sociales ou écologiques, on ne peut plus dépendre pour vivre décemment de l’emploi, de la Croissance, du développement économique, du marché concurrentiel, de l’accroissement de la production et de la consommation...
On doit s’efforcer collectivement de sortir du piège mortel du « monde de l’Economie », qui détruit inéxorablement les humains et tout le vivant en imposant le productivisme et la Croissance.
On ne peut plus viser le maintien ou l’augmentation des emplois et des rémunérations, on doit sortir non seulement du capitalisme, mais aussi de la centralité de l’Economie.
Sans ça on est contraint à continuer le même modèle par la dépendance aux emplois et à la Croissance, et on peut juste, au mieux, ralentir un peu la dévastation et atténuer la nocivité de certains secteurs.
Le but d’une société humaine ne peut pas être l’accumulation de biens matériels, la soumission à l’exigence infinie de valorisation du capital, la concurrence, l’intérêt individualiste des plus riches/puissants/malins dominants tout le reste, la poursuite de système hiérarchiques et autoritaires, le rêve d’une séparation avec la vie biologique...
Un objectif écologique et social qui ne cherche pas la fin de la civilisation industrielle, du capitalisme et du pouvoir, n’est que du placebo ou du pansement superficiel sur une plainte géante.
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