Macron nous fait la guerre, et sa police aussi, mais nous on est déter pour bloquer le pays !
C’était un des slogans populaires lors du soulèvement des gilets jaunes.
Macron, les gouvernements, le système en place (mégamachine, Etat-Capitalisme, technocratie, système policier, lobbies, patriarcat, système techno-industriel, productivisme, institutions anti-démocratiques, tyrannies...) et ses agents nous font en effet une guerre sans merci, une guerre contre les humains et l’ensemble des vivants.
Quand un tel système nous fait la guerre en toute conscience et avec acharnement planifié, quand il ignore et méprise volontairement nos doléances et refus, on ne peut pas « jouer à la contestation », en faire du théâtre symbolique, on ne peut pas compter sur le fait que ce système est raisonnable, à l’écoute, et qu’il finira gentiment pas changer d’avis si on lui explique mieux.
De plus en plus de personnes le comprennent.
On voit d’ailleurs des endroits (manifs, blocages..) et des secteurs où les actions et les discours se font nettement plus virulents.
Mais d’autres parient encore sur la durée en menant des actions d’usures, des journées régulières et éparses, espérant ainsi épuiser le Capital et le gouvernement. C’est une grave erreur. Ils ont davantage les moyens de tenir que nous. Il faudrait au contraire frapper vite et fort, tous ensemble, partout et en même temps.
Mais bon, on n’est pas une armée avec hiérarchie et commandements (et quelque part tant mieux), alors il faut du temps et ça tatonne.
Néanmoins, on voit encore beaucoup de personnes qui pourraient faire grève et qui ne la font pas, beaucoup de manifs qui restent calmes et dociles, trop peu d’auto-organisation collective, pas de temps de réflexions stratégiques et tactiques hors des stratégies des directions syndicales, beaucoup de personnes qui croient encore que le seul témoignage de notre nombre en manifs pourrait faire reculer le gouvernement.
Ce sont des erreurs.
Le système en place mène une guerre sans merci, il y est « obligé » pour sa survie par les règles de fonctionnement anonyme de l’économie de marché et par les exigences de puissance et de contrôle de l’Etat (et du système technologique).
Il ne renoncera donc pas facilement à cette guerre, il n’acceptera pas d’être démantelé et de disparaître, il ne ne la mettra pas en suspend suite à des protestations somme toute inoffensives, qui restent encore souvent dans le symbolique et l’éphémère (une journée par ci par là).
De plus, il est épuisant et défaitiste de répondre à cette guerre totale et sans merci par une lutte circonscrite à une bataille : cette réforme des retraites.
Car dans le cadre d’une guerre totale, gagner une bataille et en rester là c’est perdre toutes les autres batailles, c’est perdre la guerre. Le système continuera sa guerre sur tous les fronts, et il reviendra à la charge sur les retraites dans quelques années.
C’est sûr qu’on préférerait être dans le monde des bisounours et de la démocratie réelle donc directe, sans capitalisme etc., mais ce n’est pas le cas.
Le système est froid, machinique, commun un alien hostile il mène une guerre totale contre la biosphère, les sols, l’eau, les océans, les animaux, les plantes, les humains d’ici et d’ailleurs, les autonomies, les femmes, le climat, l’air, la pluie, les forêts...
Le système en place nous mène une guerre totale, et il ne s’arrêtera pas si on ne lui oppose pas par une forme de guerre d’une intensité au moins égale.
Le système se fout de nos géniales alternatives (sauf comme niches de marché ou si elles sont récupérables) et du fait qu’il va dans le mur climato-écologique, il ne peut/veut pas s’arrêter, il ne peut/veut pas faire autrement. (il nous faut néanmoins multiplier les zones d’autonomies)
Le système a des médias de masses, son système policier, ses politiciens, son argent, des experts en manipulations....
Nous on galère pour trouver de simples « maisons du peuple » pour se réunir et s’organiser, on n’est pas formé à la « guerre », on n’est pas payé pour faire l’insurrection, mais on peut avoir du nombre, de l’intelligence, de l’inventité, de l’audace, de la rage....
- Le système nous fait une guerre totale, donc on ne peut pas jouer symboliquement à la bataille
Que signifie mener une guerre d’une intensité au moins égale ?
Il ne s’agit pas ici de lever une armée pour attaquer le système avec des chars et des kalachnikovs.
Il s’agit de bien comprendre que les actions symboliques amusent et distraient le système et ses médias (elles peuvent avoir néanmoins une utilité pour la communication et pour dynamiser les rebelles), et que les actions plus ou moins légales (grèves, blocages, manifestations « bloquantes ») qui gênent le système pour de bon restent insuffisantes même si elles s’intensifient (ce qu’il faut souhaiter et faire).
En effet, quand les grèves, blocages et manifs gênent trop le fonctionnement du système, alors il lâche ses flics pour briser les grèves, réquisitionner, débloquer, réprimer, en criant à « la prise d’otage » et à l’atteinte à « la-démocratie ».
Et alors, pour résister il faut fatalement désobéir, s’opposer, donc rentrer dans l’illégalité. C’est ça ou renoncer.
C’est l’astuce puissante et systématique du système autoritaire en place qui se dit démocratique. Il ignore copieusement les contestations (ici c’est particulièrement criant vu les énormes % de personnes opposées à son projet) puis démantèle, ignore et rend difficiles les moyens légaux « efficaces » de luttes, puis il repproche aux contestataires qui persistent, à qui le système ne laisse volontairement pas d’autres choix, d’utiliser des moyens jugés par lui illégaux. Le système traite alors les rebelles de violents, d’écoterroristes, d’antitout. Comble du cynisme et de la manipulation.
On l’a vu dans d’autres pays et anciennement en France, mener une guerre d’une intensité au moins égale c’est d’abord voir qu’on est dans une situation très assymétrique.
Même si le système a sans doute certains de ses pieds en argile, il est surpuissant et surarmé par rapport à nous, et ne cesse de développer ses moyens de répression et de surveillance.
Il est donc de plus en plus inadapté et « suicidaire » de l’attaquer frontalement avec des moyens armés similaires aux siens. Si une masse de rebelles armés de frondes, coktails, boucliers, bâtons, arcs, pierres... affrontent en ligne une masse de flics surarmés, équipés de blindés et de grenades, le plus souvent ils se font « massacrer », ou en tout cas repousser. Parfois ils remportent héroïquement des batailles localisées (surtout sur des terrains plus favorables, type forêts) qui contribuent positivement au zbeul général, mais le système n’est pas vraiment ébranlé. Et du côté des rebelles les risques de mutilations, de blessés graves et de morts sont très importants, sans parler des nombreuses arrestations et emprisonnements (voir gilets jaunes 2018-2019) qui affaiblissent les moyens de lutter.
Dans toutes les situations de conflits assymétriques, on voit les résistants utiliser plutôt les moyens de la guérilla, du harcèlement, du sabotage clandestin d’infrastructures essentielles, de la furtivité, des actions directes éclairs.
Frapper fort et partir aussitôt, ne pas se fixer, éviter l’ennemi, le contourner, faire diversion et agir ailleurs, se fondre dans le décor et la masse, viser des cibles accessibles et pouvant affecter le système (voir « matrice de Carver »).
Comme, de toute façon, les centres névralgiques du système ne sont en réalité pas les flics ni les bâtiments du gouvernement, il vaut mieux directement frapper ailleurs.
Même si d’aventure les flics et le gouvernement étaient défaits, débordés, le système conserverait des forces importantes et la capacité à se refaire complètement si tout le reste est intact (institutions, bureaucraties, infrastructures capitalistes et industrielles, casernes scolaires et policières, système marchand, argent, propriété privée sacralisée, etc.).
Après une période de flottement, il y aurait juste de nouvelles élections, un nouveau gouvernement, avec éventuellement des retouches constitutionnelles, et la guerre totale contre nous et l’ensemble du vivant reprendrait vite comme avant.
Donc, autant viser directement les centres névralgiques du système au lieu de trop se focaliser sur certaines de ses défenses et rouages pouvant servir de fusibles au moment opportun.
Si une culture de résistance est présente, ancrée de longue date, c’est mieux que de devoir improviser et tout construire dans le feu de l’action.
Tout ça est connu de longue date, il resterait à le préciser et à le contextualiser, à chacun.e de le faire.
Il suffirait qu’émergent des forces vives motivées.
Tout le reste consiste à essayer au mieux de retarder l’avancée de l’armée ennemie. C’est aussi lutter par principe, pour rester vivant et ne pas devenir complètement cinglé.