En Drôme, deux actes de sabotages, qui sont peut-être bien, d’après des articles de presse, en soutien aux luttes contre la contre-réforme des retraites et le gouvernement Macron, ont eu lieu récemment, les 5 et 11 décembre 2019 :
Le 11 décembre : Des dégonfleurs de pneus s’en prennent aux cars de la ligne 28 entre Crest et Die - « Ce matin, nous avons retrouvé huit de nos véhicules stationnés à Die, Saillans, Vercheny et Crest avec les deux pneus avant dégonflés » rapporte Charles Nicosia, le directeur d’exploitation de Kéolis
Le 5 décembre :
- Chabrillan - Des actes de sabotage sur la ligne TGV - Des actes de sabotage ont été signalés par la préfecture de la Drôme sur des câbles électriques alimentant la ligne TGV, dans la matinée de jeudi 5 décembre. C’est au niveau du secteur de Chabrillan que la gendarmerie a été dépêchée, là où les dégâts ont été repérés.
- Chabrillan (Drôme) : Sabotage incendiaire de la LGV - Chabrillan (Drôme) près de Crest, plusieurs mètres de câbles électriques ont été incendiés, après que les plaques en béton des rigoles ont été soulevées. C’est une alarme automatique qui a donné l’alerte que le signal était coupé, mais les techniciens sont bien entendu arrivés bien trop tard, le feu avait déjà rendu son office en rendant la ligne inutilisable.
Voir aussi :
- COUPURE - La plus grande Plateforme CDISCOUNT France privé d’électricité (CESTAS), la cité administrative de Bordeaux sans gaz !
- Extinction Rebellion a saboté 3.600 trottinettes électriques en soutien à la grève générale
- Haute-Loire : Vague de sabotage contre les stations-service – 2 décembre 2019
- 5 décembre, sabotage de la ligne TGV Vallée du Rhône au niveau de Chabrillan
Historiquement, le sabotage a toujours été utilisé pour les luttes sociales, même la CGT l’a pratiqué activement dans le temps, à l’époque lointaine où les syndicats majoritaires avaient une optique anti-capitaliste claire. Actuellement, il est utilisé de manière plus sporadique par des syndiqués.
Le sabotage est aussi l’arme usuelle des résistants et des guérillas face aux armées d’occupation (résistance française aux nazis par exemple) et aux firmes destructrices anti-écologiques.
Quelques articles pour éclairer la réflexion théorique sur le sujet :
- Comment le sabotage est devenu « l’arme idéale du faible contre le puissant » ?
- Histoire du sabotage. De la CGT à la Résistance
- Listes d’article sur la question du sabotage
- France : Quand le sabotage rend la grève plus efficace…
- Repenser l’action directe : la complémentarité comme force de lutte
Actuellement, on constate que les voies « habituelles » de luttes sont étouffées ou niées par le gouvernement et son monde capitaliste :
En effet, les manifestations, spontanées ou déclarées, mêmes importantes, sont réprimées ou ignorées. Le gouvernement se moque complètement des revendications et des doléances des peuples et en rajoute sans cesse des couches dans le mépris, la répression policière féroce et les mesures anti-sociales criminelles. La voie électorale, dominée par les riches, les médias dominants et les « duels » entre la peste et le choléra, est devenue encore plus obsolète qu’avant. Les éventuels restes de démocratie sont de plus en plus noyés dans les lacrymos, la matraque, le LDB, l’autoritarisme brutal et le rouleau compresseur capitaliste.
La grève massive est devenue difficile, car la culture de grève et de résistance se sont un peu perdues (individualisme, « ramollissment » dans la consommation, ubérisation...), les gens sont toujours plus précarisés par le capitalisme et ont peur de la perte de salaire, ils sont écrasés par le capitalisme tout puissant et ont peur de se faire licencier s’ils font grève. La grève devient alors un droit et un moyen de lutte de plus en plus théorique, que moins de monde parvient à mettre en pratique durablement. On est curieux de voir ce qui va se passer dans les semaines qui viennent à ce sujet.
Alors, dans ce contexte, il ne serait pas du tout surprenant que de plus en plus de personnes révoltées en viennent à utiliser plus souvent l’arme du sabotage.
En effet, à un moment, les contestataires vont forcément réfléchir, prendre du recul, faire le même constat, et se faire le raisonnement logique suivant :
- La grève devient difficile à être menée massivement, et donc à être efficace à elle seule
- Les manifestations sauvages et les blocages deviennent de plus en plus réprimés et dangereux (risques d’arrestation et de mutilation), et de toute façon pèsent généralement peu sur la marche de l’économie (tout le monde sait bien par ailleurs qu’il faut entraver vraiment et durablement l’économie pour faire plier le gouvernement et le capitalisme)
- Le sabotage clandestin semble en revanche avoir le potentiel d’une grande efficacité avec des risques moindre si des précautions sont prises
- Contrairement à la grève et aux manifestations, le sabotage clandestin ne demande pas des foules importantes de personnes pour être mené à bien
On est bien obligé de constater objectivement, qu’on le déplore ou pas, que des sabotages ciblés sont bien plus efficaces pour bloquer l’économie du pays que des manifestations à des centaines de milliers de personnes et des grèves sporadiques.
Si des dizaines ou des centaines de sabotages efficaces ont lieu en même temps, l’atteinte à l’économie et à ses flux pourrait être important.
Les pouvoirs le savent, c’est pourquoi leurs médias mettent davantage en avant les manifs traditionnelles et les actions symboliques, et parlent peu des sabotages, où alors pour les décrier et dire que c’est horrible et immoral afin de dissuader les révoltés de saboter.
En toute logique, la police, le gouvernement et les capitalistes préfèrent largement faire face à des manifs, même sauvages, même celles qui entraînent des barricades enflammées et des bris de vitrines, que d’avoir affaire à des centaines de sabotages simultanés et efficaces partout sur le territoire qui contribueraient efficacement à bloquer l’économie.
C’est toujours le pouvoir, le capitalisme et leurs polices qui induisent le niveau de la contestation. Etant extrémistes, cyniques, inflexibles, autoritaires et brutaux, ils appellent mécaniquement la contestation à évoluer, à s’intensifier et à se diversifier.
L’observation de l’évolution de la situation dans les semaines et mois à venir sera sans doute riche d’enseignements.