D’aucuns diront que je suis Nuit Debout, ou des intermittents du spectacle ou encore des professionnels du désordre. D’aucuns ont toujours eu besoin de mettre en case ce qui est pluriel et sans nom. De trouver des responsables alors que je ne suis personne.
Je suis juste le monstre qui enfin s’est réveillé après 8 années d’hibernation, reprenant la rue et la parole.
Sur mon passage, des myriades de confettis et de farine ont éclaté, un rire multiple et contagieux a envahi les sens, les yeux des petits et des grands ont brillé de mille étoiles, la musique a pulsé dans les veines et les murs sont devenus poétiques et colorés.
Aucune dégradation sur les caméras, mais de simples boîtes en carton en guise de masques, comme le veut la tradition du carnaval.
Si un commerce a (peut-être) fermé sa porte, qu’en est-il de tous les autres qui recevaient, sourire aux lèvres, les musiciens et carnavaliers costumés ? Et tous les habitants surpris, à leur fenêtre, riant et lançant de l’eau sur la parade ? Et les enfants et adultes courant joyeusement et librement dans les rues sans que, pour une fois, personne ne les empêche de vivre ?
C’est un grand NOUS qui a parcouru les rues ce samedi 8 avril 2017 et le fait que certains en soient fâchés (comme une injonction paternaliste vers ses indociles enfants ?) prouve seulement qu’il n’est pas dans leurs habitudes d’accepter ce qu’ils ne contrôlent pas.
Le jour des fous a bien eu lieu, ces fous qui sont si sages de l’être, et cette folie va continuer de nous animer pendant longtemps, si l’on en croit les visages éberlués de joie des passants et habitants.
Demain n’est-il pas déjà là, et nos rires ne sont-ils pas plus puissants que leurs plaintes ?