Jaunes les jonquilles, mauve les primevères, tendre le bleu du ciel couché dans l’herbe où grouille le printemps tout charnu de rosées, de sucs, d’essences, de vers, d’amibes, de cirons chitineux, de mycorhizes gonflées du plus sensuel des liquides : l’eau.
Mais bientôt vient l’été.
Saoû brûle bleu sous le dard du soleil. Bleu de cobalt, dense, solide des tonnes d’eau qui par millions s’évanouissent dans l’azur. Torride premier été du toboggan sec.
Sur les pelouses irrigués du complexe aquatique batifolent le touriste étranger et sa marmaille bruyante. Malgré l’étiage estival, le tourisme fait vivre la vallée. Le reste de l’année, le complexe profite aux retraités aisés soucieux de leur corps, aux dynamiques actifs de la cyber-bio et leurs familles éco-éthiques®. Le prix fait le tri : bien-être du corps et de l’âme.
Trop de déprédations pourtant, bien qu’on puisse, de derrière les grillages, regarder gratis s’amuser les gosses sans misère. On a installé des caméras pour la sécurité. Des vigiles assermentés patrouillent. Pas de vendeurs à la sauvette.
Aucun mendiant n’altère l’agrément du séjour. A leur intention, avec le soutien de généreux mécènes, inspiré de la philosophie du Care, l’Etat lance ces jours-ci son 58e Grand Plan, radicalement nouveau, de Concorde Sociale Holistique et de Développement des Territoires-Marge (GPCSHDTM).