Les médias et les politiciens parlent de manière simpliste de pouvoir d’achat au lieu de niveau de vie, de conditions d’existence, qui sont liées à tout un tas de facteurs complexes de courts et longs termes.
Ce mercredi 21 avril, les deux candidats du système discuteront de comment faire durer le système qui nous broie et nous précarise tout en détruisant la nature et le climat.
Ils causeront en premier du pouvoir d’achat, un des sujets de préoccupation majeure, avec l’écologie.
Leurs discussions convenues n’aborderont jamais les sujets de fond, que j’évoquais dans :
Défendre un fragile pouvoir d’achat qui enchaîne à la marchandise et à la destruction du vivant OU conquérir durablement la puissance de l’autonomie et de l’agir ? - Reconquérir les moyens de subsistance et les capacités d’autonomie populaire au lieu d’être soumis à l’Economie
Pour diverses raisons structurelles, nos moyens de subsistance, et en premier lieu pour les plus pauvres d’ici ou d’ailleurs, vont continuer à se dégrader dramatiquement tant qu’on reste dans le système actuel de la civilisation industrielle (capitalisme, productivisme, extractivisme, Croissance, marché de l’emploi, techno-industrialisme, non-démocratie autoritaire, hiérarchie, domination des riches et des puissants...).
- Le pouvoir d’achat et nos conditions d’existence ne peuvent que se dégrader, ...si on reste dans le système en place
En effet, vont se cumuler :
- Les restes de syndémie Covid-19, avec encore, ici ou ailleurs, des restrictions de déplacements, des confinements, avec des contraction des échanges, et donc des pénuries et inflations
- Les effets de la guerre de Poutine contre l’Ukraine : pénuries, inflations, pompage des budgets publiques pour l’industrie militaire...
- Les catastrophes écologiques et climatiques produites par la civilisation industrielle (incendies, sécheresses, canicules, inondations, pandémies, espèces animales et végétales détruites...) vont être de plus en plus coûteuses, vont détruire ou abîmer nos moyens de subsistance, et donc là aussi entraîner des pénuries, inflations, pertes, possibles famines...
- La fin du pétrole pas cher qui était prévu pour les alentours de 2030 semble avoir pris durablement de l’avance. Là aussi c’est aggravé par la guerre en Ukraine. C’est et ce sera une des causes majeures de la crise économique permanente et irréversible du système en place.
- Ces problèmes génèrent des tensions. Pour mater les révoltes, les Etats investiront toujours plus dans les systèmes policiers plutôt que dans des secteurs sociaux ou écologiques.
- Avec toutes ces contraintes, et en ajoutant la pression de la concurrence et de la rentabilité, le capitalisme doit chercher par tous les moyens à continuer de valoriser l’argent, le capital (à augmenter le volume d’argent, ce qui est sa fonction et son impératif de survie), donc il va accentuer toujours plus la pression sur les travailleurs, sur les chômeurs, il va continuer à détruire les services publics qu’il ne peut valoriser tandis qu’il va finir de privatiser les services publics potentiellement rentables. Ce n’est pas que tous les dirigeants sont des affreux cyniques avides de profits (souvent ils le sont), mais ils doivent suivre obligatoirement les lois du capitalisme puisqu’ils veulent que le système continue, puisqu’ils ne se dressent pas contre. Qu’ils soient politiciens, patrons ou technocrates, ils doivent s’y plier. Le problème c’est donc bien d’abord le système et ses lois de fonctionnement antisociales.
- Pour tenter de durer, les Etats et la civilisation industrielle, les riches et les bourgeois, miseront de plus en plus sur des régimes très autoritaires, voir néo-fascistes si ça ne suffit pas, pour mater les révoltes et gérer de manière sécuritaire les désastres (voir politique menée durant le Covid-19) au lieu de les empêcher. Le duo Macron / Le Pen n’est qu’un avant goût de cette montée brune nauséabonde.
Pour toutes ces raisons, et d’autres sans doute que j’oublie, notre « pouvoir d’achat », nos moyens de subsistance, ne peuvent que continuer à se dégrader, quelle que soient les promesses de n’importe quel politicien, celà TANT qu’on reste dans le système sans solution de la civilisation industrielle ce sera le chaos, l’insécurité, la précarité, voir la guerre.
Taper toujours plus sur les étrangers et les minorités, nationaliser les entreprises productivistes industrielles, relancer la Croissance du système productiviste qui est la cause des problèmes, taxer les riches, économiser l’énergie, ajouter les énergies alternatives aux fossiles, technologiser tout toujours plus, artificialiser le vivant, numériser tout, renforcer l’Etat, planifier et prétendre « verdir » l’économie de marché, remplacer le capitalisme par un productivisme d’Etat planifié, taxer les financiers, relocaliser l’industrie... ne ferait que, éventuellement dans certains cas, reculer un peu le problème, ce qui lui laisserait davantage de temps pour s’aggraver.
Les pouvoirs essaieront tout, y compris, si le Marché le permet, des mesures assimilées à gauche (mais plus probablement à l’extrême droite, comme on en a eu un avant goût avec le macronisme), pour faire tenir le système et empêcher les révoltes légitimes. Ils saliront même les termes de résilience, et même d’écologie, c’est dire leur détermination sans faille à « changer tout ce qu’il est nécessaire de changer pour que rien ne change ».
Au lieu d’imiter les riches et les bourgeois dans leur quête (non généralisable et entraînant des désastres sociaux et écologiques) de la délivrance matérielle via les machines et les employés, retrouvons le goût de l’autonomie et de la subsistance, de la liberté et de la vie politique locale au quotidien où tout le monde participe.
Au lieu de réduire la politique à une lutte entre factions qui veulent toutes gérer et faire durer la civilisation industrielle, à une technocratie et une oligarchie élective, prenons en charge la vie politique directement nous-mêmes.
Au lieu de suivre la volonté des puissants de nous « adapter » par la résilience militarisée aux multiples désastres fabriqués par la civilisation industrielle, détruire cette dernière.
Au lieu de s’accrocher de manière suicidaire à un modèle dévastateur en lui demandant du « pouvoir d’achat », des emplois, de la Croissance, occupons-nous plutôt à le démolir intégralement, à le remplacer par bien mieux, ce qui limiterait la casse, et ouvrirait des perspectives d’avenir bien plus réjouissantes, à base de solidarité, de quallité de vie dans la sobriété choisie, d’autonomie et de libertés de fin des systèmes d’exploitation et de domination qui accaparent tout (voir fortunes croissantes des milliardaires), de démocratie directe, etc.