BEHIGORRI, REVUE ÉCOFÉMINISTE
Le second numéro de Behigorri, une revue écoféministe éditée par Minski Ana
vient de sortir. Entre critique sociale, poésie et roman, on y retrouve, outre plusieurs contributions d’Ana, Ursula Le Guin, Julia Butterfly Hill, Gail Dines (un extrait du livre Pornland, que j’ai traduit et qui a été publié aux éditions Libre), et d’autres plumes à découvrir, comme Laura Outan, par exemple, qui écrit, dans un texte intitulé « #JeSuisPangoline » :
« […] Pour Françoise d’Eaubonne, le capitalisme a certes poussé ce système de destruction récréative à son paroxysme, mais « la dominance, l’appropriation, l’agressivité compétitive, l’absolutisme et l’illimitisme sont antérieures aux structures capitalistes ». Le capitalisme est un patriarcat. La colonisation est un patriarcat. Le spécisme écocidaire est un patriarcat. Il n’est pas question de verser dans un essentialisme angéliste niant que les femmes puissent être racistes, classistes, spécistes ou exercer n’importe quelle autre forme de violence, mais de comprendre que ces oppressions en tant que systèmes ont non seulement été historiquement instaurées par et pour des hommes – pas tous les hommes, mais exclusivement par des hommes, puisque les femmes à l’époque n’étaient légalement rien d’autre que leurs propriétés –, mais qu’ils sont également sous-¬tendus par le même rapport au monde que celui que les hommes entretiennent aux femmes depuis des millénaires.
Et donc, quel rapport avec le coronavirus ? Et bien, la propagation du coronavirus chez l’espèce humaine ainsi que la gestion politique de la crise qui en découle sont des révélateurs de ce paradigme du pouvoir¬sur et de ses conséquences mortifères. Le covid¬19 en tant que tel existe depuis longtemps. Il s’agit d’un organisme vivant, comme il en existe des milliards sur cette planète. S’il a acquis un tel pouvoir de nuisance sur l’espèce humaine, c’est à cause de décisions de certains d’entre nous. Si l’hypothèse du pangolin est avérée, étant donné que l’une des principales « vertus » qui sont prêtées aux écailles de ce pauvre animal est d’être aphrodisiaques, le patient zéro du coronavirus est très certainement un homme qui a sacrifié l’un des derniers représentants de cette espèce pour... bander. Et je doute fort qu’un homme considérant qu’une hypothétique érection a plus de valeur que la vie bien réelle d’une créature sentiente ait employé ladite érection à autre chose qu’à faire du mal à autrui. D’une manière générale, en patriarcat, les hommes emploient leurs érections, a fortiori celles qu’ils ont artificiellement provoquées de la sorte, plus souvent à détruire qu’à construire. Si l’on remonte vraiment à la source de cette pandémie mondiale, l’on y trouve donc des hommes qui traquent, séquestrent et massacrent des animaux en voie d’extinction pour pouvoir en ingérer des parties supposées leur procurer des érections, qu’ils utilisent ensuite comme arme de guerre pour violer des femmes et des enfant∙e∙s. Ce sont des hommes qui détruisent des vies pour pouvoir détruire des vies qui sont à l’origine de cette hécatombe planétaire… dont le plus lourd tribut est payé par les femmes et les enfant∙e∙s. […] »
(post de N. Casaux)
- Le patriarcat : ce sont des hommes qui détruisent des vies pour pouvoir détruire d’autres vies
- Behigorri, revue écoféministe - Imaginaire, féminisme et écologie
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