Aucun changement de fond n’a eu lieu depuis la Covid 19 pour prévenir les pandémies favorisées par la civilisation industrielle : les élevages intensifs et les brassages d’animaux et d’humains continuent de plus belle. En France, l’Etat a même au contraire facilité l’installation et l’agrandissement d’élevages intensifs, tandis que les personnels des hôpitaux sont laminés.
Le capitalisme n’a cure de la santé humaine et encore moins de celle des animaux sauvages, seule lui importe la fabrication d’argent et sa circulation mondialisée.
Ainsi, les risques de grave pandémie mondiale sont toujours là.
Aux USA le H5N1 de la grippe aviaire circule et mute, se rapprochant d’une souche dangereuse capable d’une large circulation interhumaine.
Après le SARS-CoV-2, la grippe HN1 ?
Le produtivisme et l’élevage intensif, la déforestation et l’urbanisation... favorisent la circulation des virus et leurs mutations accélérées. Les éventuelles mesures technologiques coûteuses de "biosécurité" ne pourront jamais tout arrêter et ne peuvent pas toujours "rattraper le coup".
L’option salvatrice c’est le basculement révolutionnaire, pas la politique de l’autruche ou l’espérance dans le technosolutionnisme.
« La gestion américaine de la crise du virus H5N1 met, et va continuer à mettre, le monde entier en danger » - L’administration Biden n’a pas pris la mesure de la menace due au virus de la grippe aviaire, qui circule intensément dans les élevages bovins américains. Or celui-ci est désormais un bon candidat pour être le fauteur de la prochaine pandémie, explique, dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
- La prochaine pandémie mondiale viendra-t-elle des USA et du H5N1 ?
Camille Besombes, infectiologue : « La circulation du virus H5N1 met en lumière les interdépendances de l’ensemble du vivant »
Alors que monte l’inquiétude autour d’une potentielle circulation interhumaine du virus de la grippe aviaire H5N1, l’épidémiologiste rappelle, dans une tribune au « Monde », que seule une remise en cause des processus de production et de consommation alimentaires à l’échelle mondiale pourra prévenir une future pandémie.
Depuis le mois de mars, le virus de la grippe aviaire H5N1 a été retrouvé dans le lait de vaches de 832 élevages bovins de 16 Etats outre-Atlantique, et depuis mai chez des travailleurs agricoles de ces élevages bovins et aviaires, réveillant les risques d’une pandémie grippale. Depuis, alors qu’une transmission du virus H5N1 à la suite d’une consommation de lait cru a été suspectée chez un adolescent hospitalisé pour une forme grave en Californie, et que deux autres individus ont été diagnostiqués positifs au virus H5N1 sans source d’exposition ou lien avec des élevages atteints, l’inquiétude autour d’une potentielle circulation interhumaine non reconnue s’actualise.
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La perturbation des migrations de l’avifaune [ensemble des oiseaux d’une région] sauvage par les changements climatiques, et la diminution des zones de quiétude en lien avec la raréfaction des zones humides, favorisent également une plus grande densité et concentration d’oiseaux sauvages, et donc de potentiels échanges viraux.
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L’adaptation du virus à différents mammifères (renards, grizzlys) souligne sa facilité de circulation entre différents compartiments du vivant. Si cette atteinte de nouvelles espèces est préoccupante en elle-même car elle précipite le déclin d’espèces déjà en voie d’extinction, elle signe également l’accentuation du risque d’adaptation aux humains. Or, en 2024 aux Etats-Unis, ce sont désormais les bovins qui ont été contaminés par le virus H5N1, majorant encore les risques d’exposition du virus aux humains.
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Au total, 61 cas humains ont été déclarés cette année aux Etats-Unis. Alors que, depuis le premier cas humain à Hongkong en 1997, environ 900 cas humains liés au virus H5N1 avaient été détectés dans 23 pays avec un taux de létalité de 50 %. Ces évolutions récentes sont pour le moment tempérées par la prédominance de formes sans gravité clinique, et l’absence de détection d’une transmission interhumaine soutenue.
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Si l’agence américaine Center for Disease Control and Prevention continue d’estimer que le risque de grippe aviaire pour le grand public reste « faible », la revue Science révèle cependant que le virus infectant les vaches américaines n’est plus qu’à une mutation d’une propagation plus aisée parmi les humains, et la possibilité de chaînes de transmission interhumaine évoluant sous les radars reste difficile à évaluer. Aux Etats-Unis, les hautes concentrations de virus dans le lait et la forte consommation de lait cru en Californie éveillent des craintes sur ce mode de contamination.
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Cette circulation virale, plaçant différentes espèces face à la même menace infectieuse, met en lumière encore une fois les interdépendances de l’ensemble du vivant.
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La situation vient ainsi rappeler la nécessité de traiter les causes structurelles des émergences infectieuses. Selon un avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire sur la grippe aviaire en 2022, « les épizooties récurrentes posent la question de la structure des productions et des pratiques d’élevage à un niveau global ». La situation actuelle soulève l’impact des élevages de grande densité, des larges déplacements commerciaux d’animaux entre les fermes et les pays, de la circulation d’employés journaliers précaires entre les fermes, et souligne les insuffisances du paradigme actuel.
En effet, sans remise en cause des processus de production alimentaire et de consommation au niveau mondial, sans remise en cause profonde de nos modes d’habiter la Terre avec des visions utilitariste et extractiviste, sans changement profond de paradigme, nous ne sortirons pas des pandémies récurrentes et des crises sanitaires.